RCS - Châteauroux, côté tribunes

On n'y croyait plus et certains se sont frottés les yeux en découvrant l'événement de la soirée : un nouveau panneau d'affichage digne de ce nom a enfin été installé à la Meinau ! Ce panneau électronique n'a rien de véritablement extraordinaire, les spectateurs n'ont notamment plus le droit au nom des joueurs qui défilent à l'énoncé des équipes, mais il a le mérite d'être clair et de faire « pro ». Voilà qui est toujours cela de pris...

Sur ces considérations techniques place au sport et l'enjeu de la soirée est de taille : une victoire face aux oranges de la Berrichonne assurerait la 5e place au classement et une place dans le bon wagon des prétendants à la montée. De quoi motiver le public, malheureusement relativement peu nombreux (un peu plus de 10 000 environ), conséquence de l'horaire un peu folklorique de la rencontre (un lundi soir à 20h30) et de la diffusion du match sur Eurosport. Les UB90 profitent de l'occasion pour exprimer leurs revendications et réclamer un calendrier plus adapté aux gens souhaitant se rendre au stade malgré une vie sociale et professionnelle normale. Des banderoles réclament des matchs le samedi soir et des chants fleuris invitent à faire subir aux gens de la chaîne câblée des pratiques qu'on dit très en vogue du coté du Péloponnèse.

Sinon il est à noter une intéressante innovation du speaker au moment de l'énoncé des équipes qui demande à l'ensemble du public de se lever sur l'air de « Go West », fameuse chanson des Village People reprise au début des années 90 par les Pet Shop Boys. Pour une première, l'initiative est bien suivie et ne demande qu'à être poursuivie.

Coté castelroussin, comment passer sous silence le retour à la Meinau de Teddy Bertin, qui a passé 5 ans sous le maillot alsacien. Son nom est chaleureusement applaudit par le public qui n'a pas oublié les exploits de son ancienne gloire à la frappe de balle si subtile.

Le match débute et l'ambiance est franchement bonne avec des moments vraiment excellents. Il faut dire que sur le terrain, le spectacle offert par le Racing est emballant. Hervé Tum ouvre le score rapidement, les offensives se succèdent et les joueurs strasbourgeois mouillent le maillot tout en se permettant des gestes techniques étonnants ainsi que des mouvement collectifs spectaculaires.

La mi temps est ponctuée par un incident tragi-comique dans le kop : certains énergumènes d'un groupe prônant à qui veut l'entendre le fair-play prennent à partie un jeune portant un maillot marseillais. Couverts par la sécurité qui évacue le Marseillais perdu tel un chien dans un jeu de quilles, la vingtaine de gars insulte copieusement le garçon et une bonne partie du Kop suit en l'invitant à visiter le Parthénon, sans doute en compagnie des dirigeants d'Eurosport. Beaucoup de bruit pour pas grand-chose et séquence assez ridicule, il faut bien le dire. Si seulement tous ces apprentis gros durs des stades pouvaient s'enflammer avec autant de ferveur pour le Racing durant 90 minutes, le Racing serait comparable au Panathinaïkos, pour rester dans les images grecques.

L'incident est vite oublié et la partie reprend, toujours dans une ambiance festive. Le clou de la soirée a lieu dans les ultimes minutes du match, lorsque Dimitar Rangelov, vaillant comme à son habitude et courant comme un mort de faim pour effectuer un pressing sur Vincent Fernandez, qui se rappelle au bon souvenir de sa peu glorieuse époque strasbourgeoise en partant à la cueillette des fraises de jardin loin de sa surface de réparation. Mitko lui chipe le ballon et marque le but libérateur qui donne lieu à une belle communion devant un Kop en liesse, le Bulgare embrassant son maillot au milieu de ses équipiers qui le félicitent, visiblement heureux comme des gamins de cette belle victoire. L'osmose entre l'équipe et son public se prolonge au coup de sifflet final, toute l'équipe accompagnée du staff salue le Kop qui vibre à l'unisson. Le Racing a frappé du poing sur la table et montré qu'il avait les moyens de ses ambitions. Et ce message, la Meinau tient à le faire passer bruyamment.

En définitive, ce Strasbourg- Châteauroux est exactement le type de soirée qui rappelle combien c'est chouette d'aller au stade pour soutenir le Racing...