RCS - Le Havre, côté tribunes

Dès 9h30 une cinquantaine d'UB90 font des aller-retour entre Meinau et parking devant le stade pour dérouler, rescotcher, plier et transporter les voiles (l'ensemble devant peser dans les 1,5 à 2 tonnes environ !). Cinq heures de travail plus tard chacun repart dans son coin avec tous les curieux qui se sont arrêtés pour regarder ce qui se passait. A 18h30 les grilles s'ouvrent mais il n'y a pas encore foule. Ce n'est que tardivement que le stade se remplit réellement des 16 000 supporters alsaciens. Les tribunes sont relativement bien garnies sauf la tribune Est où sont souvent mis les clubs invités par le Racing mais ce dernier n'a pas daigné faire un petit effort pour attirer plus de monde au stade (et dans cette tribune en particulier) alors que les Ultras l'avaient prévenu de l'animation. Et c'est finalement peu surprenant quand on voit la manière dont le centenaire de manière générale est préparé...

Pour en revenir à l'avant-match, des tracts ont été posés sur tous les sièges des trois tribunes concernées par l'animation afin d'expliquer le choix de la date du tifo par les UB90 (en gros pour des questions d'organisation parce que le club était incapable de dire, pour le match officiel du centenaire, contre qui les pros joueraient et quel jour exactement....). On peut aussi y lire que l'ambiance à la Meinau est meilleure journée après journée parce que les autres tribunes participent de plus en plus, fait assez rare ces dernières années. Et à tifo exceptionnel, le kop attend une participation exceptionnelle des autres spectateurs. A 19h30 environ 150 supporters du Kop quittent le quart de virage Nord-Ouest et se partagent les trois tribunes. Un UB90 explique au micro du speaker le déroulement des opérations. Les deux voiles derrière les buts (tribunes Est et Ouest) font 80 mètres de long sur 30 mètres de haut. L'un représente quelques-uns des logos du club depuis sa création, l'autre le palmarès du club. Le voile en tribune Nord (latérales) fait 120 mètres de long sur 30 mètres de haut. En bas de ce voile, une phrase "100 ans d'histoire et de passion pour la gloire de l'Alsace, la plus belle des régions". En somme, le plus grand tifo jamais tenté à la Meinau.

Quelques minutes avant le coup d'envoi, le voile de la tribune Ouest descend, c'est le signal ! Et les deux autres voiles de la Nord et de la Est dévalent les tribunes. La Meinau s'enflamme puis retient son souffle quand elle voit qu'un voile a du mal à descendre en Est. Quelques secondes d'éternité plus tard, le voile finit par se dénouer, c'est un soulagement et le Kop se remet à chanter plus fort. Du côté visiteur, les 50 Havrais accompagnés d'une quinzaine de supporters messins participent aussi à la fête en déployant un voile « Fiers d'être Havrais » sur tout leur secteur. On notera au passage une petite bâche en hommage à un certain entraîneur des gardiens « Alex dans nos coeurs ». Les joueurs arrivent enfin sur le terrain et applaudissent le public. Le spectacle valait bien les trois mois de travail et les plus 6 000 euros dépensés en matériel.

Après plusieurs minutes, les voiles disparaissent à une vitesse phénoménale et l'ambiance est excellente. De bonnes conditions pour voir du beau jeu, des buts et surtout un Racing qui gagne. Hélas, comme souvent, le terrain n'est pas à la hauteur des espoirs des supporters. Le Racing se fait légèrement dominer, le match n'est pas bien folichon et l'ambiance dans les tribunes s'en ressent. Heureusement il y a le trio de clowns en noir pour égayer tout ce petit cirque. Lorsque le maître clown du milieu indique les vestiaires aux protagonistes peu inspirés, quelques sifflets se font entendre des gradins.

En deuxième mi-temps, ultras havrais et strasbourgeois déploient une banderole commune : « Non aux matches le vendredi » pour protester contre les décalages des matches de Ligue 2 par Eurosport et la LFP, puis s'échangent des amabilités d'ordre sexuel sur la dernière institution nommée. Puis le Kop s'embrase sous les torches, bougies du centenaire pour l'occasion. Ça a le mérite de relancer un peu l'ambiance. Mais c'est surtout le but de Mouloungui à la 61ème minute qui fait chavirer la Meinau. Le stade exhulte. La tribune Ouest reprend le « Aux Armes » lancé par le Kop et se lève lorsque ce dernier l'y invite en chantant « Lève-toi si t'es Strasbourgeois ». La communion est parfaite, tous les supporters peuvent enfin fêter comme il se doit le centenaire. Sortez les cotillons, les paillettes et la dinde à fourrer ! Aïe non, pas Fouret, et paf à la 81ème minute, un but normand dans la figure. Grosse désillusion pour tous ceux qui croyaient dur comme fer à la victoire ; enfin tout le monde en fait... Le match prend fin laissant les 16 000 supporters également sur leur faim. Le staff et les joueurs saluent le public et le Kop en particulier mais avec beaucoup moins d'envie que d'habitude. Vu l'animation d'avant-match, on pouvait vraiment s'attendre à un peu plus de zèle. Tant pis, les spectateurs ne sont plus à une désillusion près...

Les gradins se vident peu à peu. Ca parle du tifo bien évidemment, du résultat décevant aussi naturellement. Et cette interrogation récurrente sur toutes les lèvres : « le Racing va-t-il monter ? ». Question à laquelle les supporters normands vous répondront avec l'accent bien de chez eux :« ptet ben qu'oui, ptet ben qu'non ! ». Forcément.


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