Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Légende : Ivica Osim

Note
0.0 / 5 (0 note)
Date
Catégorie
Legende
Lectures
Lu 7.721 fois
Auteur(s)
Par filipe
Commentaires
0 comm.

Ivica Osim fut l'un des meilleurs joueurs du monde en son temps. Au cours de ses deux passages au Racing, il marqua profondément les esprits.

Quand la presse alsacienne sollicita les supporters du Racing pour élire l'équipe strasbourgeoise du 20ème siècle, un nom s'est largement imposé devant tous les autres, celui d'Ivan Ivica Osim.
Meneur de jeu à la technique extraordinaire, Osim a laissé en Alsace un grand souvenir : unanimement apprécié des supporters alsaciens pour son professionnalisme et sa disponibilité, il était un équipier exemplaire sur les pelouses et un véritable artiste du football. Sa science du dribble, ses passes millimétrées, son tir puissant et sa couverture de balle parfaite étaient les qualités qui ont fait de lui l'un des meilleurs joueurs de l'histoire du Racing.

Né en 1941 en Bosnie, Ivica Osim débuta son parcours de footballeur au Zélénicar de Sarajevo à la fin des années 1950, en parallèle de ses études de philosophie. Cette science qui l'accompagnera d'ailleurs tout au long de sa vie (« comme le pain quotidien, la philosophie est nécessaire à la vie ») et qui lui vaudra plus tard le surnom de "footballeur philosophe".

Sur les pelouses, après des brillantes saisons au Zélénicar, sa carrière devait être brutalement interrompue en 1965 suite au scandale du « Planinic » : suspendu un an pour avoir volontairement perdu un match contre l'Hajduk Split, Osim avait toujours clamé une innocence que la fédération yougoslave finira par admettre vingt ans plus tard. Il faut dire qu'en 1965, le petit club du Zélénicar, multi-ethnique et sans appui haut placé, commençait à faire de l'ombre aux grands clubs soutenus par le pouvoir.

Surnommé "Strauss" à Sarajevo parce qu'il jouait au football comme d'autres composent de la musique, Osim gagna rapidement sa place de titulaire au milieu de terrain de l'équipe nationale yougoslave.
En France il se fit connaître au cours du quart de finale de la Coupe d'Europe des Nations 1968, où il contribua à l'humiliation des tricolores (victoire de la Yougoslavie 5-1 et 1-0). Alors au sommet de sa carrière, il participa cette même année à une rencontre de prestige opposant le Brésil à une sélection du reste du Monde.

En 1970 le régime de Tito autorisa enfin Osim à quitter le pays pour tenter sa chance dans un championnat d'Europe de l'Ouest : au terme de négociations serrées et d'une concurrence féroce d'autres clubs comme l'OM, les dirigeants du Racing obtenaient sa signature après un voyage éclair et mouvementé à Sarajevo.
Au moment où le club venait de fusionner avec les Pierrots Vauban et se cherchait une identité, Osim était attendu comme le Messie. Hélas, dans une bien faible équipe et suite à quelques problèmes d'acclimatation du yougoslave, le club fut relégué en deuxième division en 1971.

La saison suivante, Osim s'imposait enfin comme le patron de l'équipe et contribua grandement à la remontée immédiate du club en première division. Parfaitement intégré et heureux à Strasbourg, l'attachement entre lui et le public alsacien était réciproque.
Pourtant, dans la foulée de cette belle saison, Osim fut mis à la porte par les dirigeants. Trop lent qu'ils disaient...
Il est vrai que sa grande taille (1,90m) contribuait à cette impression de lenteur qui était pourtant largement compensée par une grande intelligence de jeu.
Stupéfait et en pleurs, Osim devait donc quitter Strasbourg pour rebondir du côté de Sedan.
Une énorme erreur du Racing doublée quelques jours plus tard avec l'engagement à prix d'or des Allemands Libuda et Van Haaren, deux joueurs qui n'arriveront jamais à le faire oublier.

Dans les Ardennes se produisit le même phénomène qu'à la Meinau : Ivica Osim fut tout de suite adopté par ses partenaires : « le football est un jeu d'équipe et je ne serais toujours qu'un équipier ! » répétait-il à l'envie. Contribuant à l'éclosion de nombreux jeunes joueurs, Osim fut l'idole des supporters sedanais pendant trois ans avant de passer une saison du côté de Valenciennes.

En 1976, pas rancunier, Osim accepta de revenir au Racing alors que le club se retrouvait une nouvelle fois en deuxième division. Le sérieux avec lequel il mena sa carrière lui permit d'être encore à 35 ans un joueur décisif dans la lutte pour la remontée : avec le talent intact et la classe de son leader, le Racing devint champion de France de D2 en 1977. Terminant la saison blessé, il poursuit l'aventure une année supplémentaire sous les ordres d'un nouvel entraîneur : Gilbert Gress. Malgré le poids des ans, il endura avec courage les séances physiques imposées par Gress, avant de tirer définitivement sa révérence à plus de 37 ans.

Osim se lança alors immédiatement dans une carrière d'entraîneur dans le club de son enfance, le Zélénicar de Sarajevo. Adepte d'un football offensif, il collectionna les belles saisons avec ce club jusqu'en 1986 (deux fois vice champion de Yougoslavie, vainqueur de la Coupe nationale, demi-finaliste de la Coupe UEFA) ainsi qu'en tant que sélectionneur de l'équipe olympique yougoslave (médaille de bronze à Los Angeles en 1984).

En 1986 il prit la tête de l'équipe nationale et arriva jusqu'en quart de finale de la Coupe du Monde 90, éliminé au tirs aux buts par les champions du Monde en titre.
Avec une équipe composée notamment de Dejan Savicevic, Robert Prosinecki et Zvonimir Boban, Osim devait se présenter à l'Euro 92 avec un statut d'outsider de la compétition. Malheureusement la situation politique du pays poussa la FIFA à exclure la Yougoslavie quelques jours avant le début de l'épreuve, laissant la place au Danemark, futur vainqueur.

Et pendant que les Danois fêtaient un succès inattendu, la Yougoslavie s'enfonçait dans une longue guerre civile. Osim quitta le pays pour trouver refuge en Grèce où il entraîna le Panathinaikos (vice champion de Grèce et double vainqueur de la coupe nationale), laissant derrière lui toute sa famille : il ne reverra plus sa femme pendant 3 ans et sa fille pendant 4 ans. Et chaque nuit de tenter un contact téléphonique avec ses proches restés dans l'enfer de Sarajevo, généralement sans réussite.

Lui qui reconnaît être d'un naturel pessimiste (« la vie est trop longue pour qu'on puisse être optimiste ») reste profondément meurtri par cette guerre qui déchira son pays.
Nostalgique du Sarajevo de son enfance, où les différentes ethnies et religions cohabitaient dans l'harmonie ; triste en repensant à sa Yougoslavie natale et à son football : « parfois j'ai envie de prendre ma voiture et de rouler de Ljubljana à Zagreb, en passant par Sarajevo, Novi Sad, Belgrade, Podgorica et Skopje. Vous savez, simplement regarder les matchs qui n'ont peut-être plus la même qualité qu'auparavant, mais où les joueurs n'ont certainement pas oublié comment on jouait au football ».

Malgré la guerre, Ivica Osim poursuit son parcours d'entraîneur et rejoint le Sturm Graz en 1994, un club qu'il emmena jusqu'au second tour de la League des Champions en 2000.
Reconnu unanimement en Autriche pour ses qualités, Osim étonna également par un discours original. « Comment voulez vous que je me réjouisse ? Pensez un peu aux autres, notre adversaire voulait aussi gagner ».
Et bien qu'adulé par les supporters autrichiens, il quitta le Sturm Graz en septembre 2002 pour poser ses valises au Japon. Dans le modeste club du JEF United d'Ichihara, et malgré l'un des plus faibles budgets de la League, Osim parvient à mener l'équipe par deux fois à la seconde place du championnat et à remporter la coupe Nabisco en 2005.
La réussite du jeu offensif prôné par Ivica Osim a fait de lui l'un des techniciens les plus populaires et respectés du Japon, comme il le fut partout ailleurs.
Sans doute parce qu'Osim, passionné par le football, n'a jamais dévié des qualités qu'on lui a prêté depuis le début de sa carrière, lui qui ne se reconnaît que dans une seule religion : « je pense que ceux qui aiment le football – qu'importe leur couleur ou leur confession – sont différents des autres. Je crois que le football est en soi une religion ».

Artiste puis artisan d'un sport dans lequel il affirme retrouver tous les ingrédients de la vie (« le football c'est dur, injuste, mais beau, bien que tout soit trop rapide et démesuré ») et qui l'accompagnera jusqu'au bout : « ce serait tout de même beau que je meure sur mon banc d'entraîneur ».

filipe

Commentaires (0)

Flux RSS
  • Aucun message pour l'instant.

Commenter


Connectés

Voir toute la liste


Stammtisch

Mode fenêtre Archives