L'adversaire : Gueugnon

Pour le quidam amateur de football, un match opposant son équipe au FC Gueugnon rappelle une évidence : c'est bien de Ligue 2 qu'il s'agit. En effet, fort de 37 saisons de présence à ce niveau, le club charolais fait figure de valeur étalon de la deuxième division française, malgré des moyens somme toute limités. Une permanence qui n'empêche pas des coups d'éclat et la constitution d'un palmarès respectable pour un club qui sait vivre selon ses moyens limités, mais avec l'ambition de demeurer un représentant sérieux du panorama footballistique français. Après deux titres de Champions de France Amateurs remportés à l'orée des 30 glorieuses, c'est en 1979 qu'il parvient à décrocher le titre de Champion de deuxième division malgré son statut de club amateur, qui le prive dans la foulée d'une accession parmi l'élite.
La transition vers le professionnalisme a lieu en 1987, date à laquelle le club résident de cette bourgade de 9000 âmes se tourne vers une vision plus moderne de sa gestion interne, démarche qui aboutit à une accession en première division en 1996-97, suivie d'une rétrogradation immédiate.
Le confort d'un statut de patriarche de L2 n'empêche pas de goûter aux joies de la coupe, et c'est ainsi qu'en 2000, les Forgerons accrochent la Coupe de la Ligue à leur palmarès au dépend du PSG.

Cette année encore, le petit poucet des budgets de L2 (5.8 millions d'Euros, soit 4 fois moins que le Racing) parvient une fois de plus à obtenir des résultats honorables qui lui assurent une place dans les replis confortables du ventre mou du championnat, grâce à un savant dosage de formation et de recrutement peu onéreux.
Les pensionnaires du stade Jean Laville ont été renforcés au mercato par le prêt d'Alexandre Licata en provenance de Monaco, et par le retour d'un ancien, Abderaouf Zarabi. Le Strasbourgeois Rudy Carlier, qui après avoir peiné à trouver sa place dans ce collectif, à l'instar d' Eric Mouloungui l'an dernier, est parti sous d'autres cieux.
Les Forgerons s'appuient sur une équipe de jeunes du cru, de joueurs prêtés et de bons joueurs de Ligue 2. Des footballeurs d'expérience à l'exemple de Laurent Morestin ou Frédéric Adam forment la moelle épinière d'une équipe où l'on retrouve de vieux baroudeurs tels Philippe Correia ou David le Frapper (35 ans chacun), encadrant de leur expérience des jeunes du cru (Acedo, Tsoumou, Gomez, Kaba) et des joueurs un peu plus expérimentés aux trajectoires tortueuses, comme le natif de Schiltigheim Jeremie Rodrigues, l'Américain White ou le produit de la formation lilloise Larsen Touré.

Sous la houlette de Victor Zvunka, les Gueugnonnais réalisent une deuxième partie de saison convenable, solides à domicile où ils parviennent à s'imposer devant des équipes du calibre du Havre, mais peinant plus à l'extérieur où les revers sont plus fréquents, même s'ils ont su trouver les ressources pour s'imposer à Montpellier en tout début de saison, puis à Istres et Bastia. Néanmoins leurs cinq dernières sorties n'ont rapporté que deux points.
Pour équilibrer le bilan, de bons résultats à domicile permettent aux Bourguignons de figurer honorablement entre la 15ème et la 9ème place depuis la 3ème journée de l'exercice en cours, et de vivre une saison sereine à l'abri des affres de la relégation, mais sans le strass et les paillettes d'une position plus en vue au classement. Mais après tout ne dit-on pas que pour vivre heureux, il faut vivre caché ?

C'est donc une équipe sans noms ronflants, sans autre ambition désormais que de se maintenir et de figurer au mieux au terme de la saison, mais non sans sa poignée de fidèles supporters, qui viendra au stade de la Meinau vendredi soir défier un Racing en quête de victoire pour s'assurer d'une marge de manoeuvre sur ses poursuivants immédiats. Et dans l'antre d'un club promis à l'élite, c'est avec leurs valeurs de sérieux, d'humilité et de courage que les Forgerons tenteront de démontrer que la Ligue 2 n'est pas une promenade de santé pour club centenaire.

Les titres auxquels vous avez échappé :
Gueugnon : La L2 a un nom.
Forgeron, on t'enclume !