L'adversaire : Épinal

Le club spinalien naît durant la Seconde guerre mondiale d’un mariage consanguin entre deux clubs de la ville, dans la plus pure tradition vosgienne. Inexistant aux yeux du grand public jusqu’au début des années 1990, le SAS accède à la D2 durant deux saisons (1995-1996 et 1996-1997) après 50 ans d'existence.
Cette performance pour des clubs secondaires, où la D2 est l’objectif d’une vie, est entachée par une relégation - finalement logique - en National. Cet échelon correspond à l’envergure du club et fort de sa désormais expérience de ce qui fut l’antichambre du football professionnel français, le SAS aurait pu devenir un club résident de la troisième division.

Las, le dépôt de bilan ponctue la saison 1997-1998 pour le club spinalien, et constitue un traumatisme pour ceux qui prirent par la suite des fonctions dans le club.
Le Stade Athlétique Spinalien retombe dans l’anonymat des joutes très amateures et jusqu’en 2011, progressera lentement dans les divisions, non sans un certain mal.


Un retour en forme de renaissance

La première saison en National du SAS depuis sa liquidation judiciaire est des plus remarquées, en étant le désormais traditionnel club surprise qui se place dans les prétendants à une montée en seconde division. Pour cinq points, les rêves de montée s’envolent et Epinal ne dérogera pas à une autre tradition, bien plus cruelle, transformant le prétendant d’une saison en l’amoureux éconduit la saison d’après. Epinal est relégué en 2013 et, pour une place, ne bénéficiera pas du jeu estival des relégations administratives.

Ce manque de réussite sera au final sans grande conséquence, le club vosgien rejoignant à nouveau le National cette saison. L’équipe reste quasiment inchangée par rapport à la saison passée, en ayant notamment réussi à conserver le milieu de terrain Romain Chouleur (19 réalisations en CFA) et les liens incongrus entre les Vosges et le Sénégal : à Seck notamment, ont succédé Diallo et Diabaté. Le Messin Lancina est la recrue spinalienne la plus connue, c'est dire.

Séchet nous!

L'Alsace connaît surtout son adversaire pour son stade, La Colombière. On se rappelle tous de l'incroyable imbroglio qui a amené le Racing à jouer le match de la montée face au prétentieux Raon dans la ville d'Epinal. Un stade plein à craquer, principalement rempli par les Bleus et blancs, qui a vécu l'un de ses rares émois. En effet, depuis la deuxième division dans le milieu des années 90, La Colombière ne se remplit plus que pour quelques occasions. Et encore.
Les matchs de Coupe de France constituent l'essentiel de ces dernières, puisqu'Epinal a régulièrement un tirage avantageux sur le plan du spectacle. Le PSG et l'OL se sont dernièrement produits dans les Vosges et ont pu renflouer les recettes du club.
Le contraste avec l'affluence en championnat est impressionnant, puisque seules 2 500 personnes sont venues voir le match décisif face à Moulins pour la montée. Preuve s'il en fallait, qu'Epinal dans une région footballistiquement sinistrée, n'attire pas, ne passionne pas, et pour tout dire, on s'en moque un peu.

Toutefois, le public de la Meinau se languit de revoir jouer les siens et les joueurs n'attendent que ça. Le stade devrait donc être bien rempli pour ce premier match de championnat à la Meinau pour voir les acteurs de Confessions intimes.

Attention à la marche

Epinal fait donc partie de ces quelques clubs au statut amateur qui sont par nature imprévisibles. Tantôt relégué après avoir cumulé les défaites, tantôt dans la course à la montée, le parallèle avec le club de Colmar peut être fait aisément.
Les Strasbourgeois devront donc être vigilants et prudents tant Epinal a tout à gagner à la Meinau. Une exposition tout d'abord, face à un des mammouths de l'Est, et des points, accessoirement. Le beau succès du club alsacien la semaine passée face à Colomiers ne doit pas effacer aussi rapidement le cataclysme des mois précédents. Strasbourg dispose largement des moyens de battre le SAS, mais Epinal sera sans nul doute ravi de gâcher la soirée.