Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

80 ans de rencontres Sochaux - Racing

Note
5.0 / 5 (4 notes)
Date
Catégorie
Souvenir/anecdote
Lectures
Lu 16.388 fois
Auteur(s)
Par kitl
Commentaires
10 comm.
p1030106.jpg
© gui

Moins tendues dans les tribunes qu’avec le FC Metz, mais porteuses d’enjeux à travers les décennies : l’histoire des rencontres entre le FC Sochaux Montbéliard et le RC Strasbourg mérite qu’on s’y attarde. Retour sur 80 ans de confrontations, en se concentrant sur les matchs disputés dans le Doubs.

I. Le temps des pionniers : Courtois et Marcel, Heisserer et Hauss.


Deux acteurs présents aux balbutiements du foot pro français


Le professionnalisme en France doit beaucoup à la famille Peugeot, et par là même au FC Sochaux. Le premier embryon de championnat de France regroupant les meilleurs clubs du pays porte en effet le nom de « Coupe Peugeot ». Cette épreuve fut organisée entre 1930 et 1932, et vit la victoire du FC Sochaux Montbéliard en 1931 puis du FC Mulhouse en 1932.
C’est naturellement que le FCSM intègre le premier championnat de France professionnel en 1932, majoritairement composé de clubs parisiens, nordistes et méditerranéens. Les Francs-Comtois terminent deuxièmes du groupe B, derrière Cannes, le futur finaliste, en bénéficiant du déclassement d’Antibes, coupable de corruption. Les premières années sont marquées par un tâtonnement compréhensible quant à l’organisation du championnat. De deux groupes de 10, le deuxième championnat passe à une poule de 14 équipes pour 1933-34, les relégués étant incorporés dans la nouvelle deuxième division.

En deuxième division, nous retrouvons le Racing Club de Strasbourg, dont la quatrième place suffira pour accéder en première division 1934-35, à la faveur de l’élargissement à 16 du nombre d’équipes engagées. Cette saison verra se tenir le premier Sochaux-Strasbourg de l’histoire. Au stade des Forges, le Racing s’impose trois à deux et s’affiche comme la meilleure équipe de la phase aller. Mais le FCSM finira par conquérir son premier titre de champion, porté par les attaquants Roger Courtois et André ’Trello’ Abegglen et la ligne défensive Mattler-Maschinot.
Le Racing et le « FC Peugeot » trustent sans vergogne le haut du tableau tout au long des années 1930, en compagnie de l’OM ou du RC Paris. Les deux clubs de l’Est se retrouvent à Colombes pour la finale de la Coupe de France 1937. Malgré l’ouverture du score d’Oskar Rohr (alias Ossi) pour Strasbourg, Sochaux s’impose finalement 2-1. Le gardien volant Laurent Di Lorto résista aux assauts de la formidable ligne d’attaque alsacienne, composée notamment de Frédéric Keller (Fritz), de Rohr et du jeune Oscar Heisserer.



Une capacité à rebondir après-guerre, avec cependant moins de réussite



La Seconde Guerre mondiale porta un rude coup au FC Sochaux, qui fut notamment contraint de fusionner avec l’AS Valentigney en 1942. Le RCS vécut lui aussi son lot de malheurs, mais les deux équipes sont toutefois sur le pont pour le coup d’envoi de la saison 1945-46 de première division, qui repart à 18 clubs. Les saisons qui suivent sont moins fructueuses qu’avant-guerre : le groupe Peugeot, focalisé sur la reconstruction dans un contexte de rationnement, rompt avec sa politique de vedettes étrangères (anglo-saxonnes ou sud-américaines) pour s’orienter vers la formation. Sochaux fait figure de précurseur dans ce domaine dès les années 1950. Cela n’empêche pas de réaliser de jolis coups, comme le recrutement du Tchécoslovaque Josef Humpal, futur Strasbourgeois. Roger Courtois est lui toujours vaillant à bientôt quarante ans. A l’instar de l’Italien Silvio Piola, le buteur franco-suisse prolonge sa carrière bien après la guerre qui lui prit ses plus belles années de footballeur. Courtois signe d’ailleurs un doublé à 38 ans le 5 novembre 1950, au cours d’une victoire cinglante cinq buts à zéro à Bonal contre le Racing. Dans cette équipe évolue le jeune Méridional Jean-Jacques Marcel, futur international français de 1958 décédé cet automne. Le RCS de René Bihel, Edmond Haan et René Hauss se consolera quelques mois plus tard en soulevant la coupe de France.

Aucun des deux clubs ne jouera de rôle significatif en championnat au cours des années 1950 dominées par Nice et Reims. Le Racing inaugurera d’ailleurs une fâcheuse tendance au yo-yo entre première et deuxième division au cours de la décennie. Cela ne va pas mieux dans le Doubs, puisque Sochaux descend en D2 en 1960 et en 1962. En 1964, la remontée des Jaunes et Bleus s’accompagne d’un succès en Coupe Charles Drago, trophée de consolation entre les équipes éliminées avant les quarts de finale en Coupe de France. Le FCSM s’était défait du Racing de Farias, Remetter, Szczepaniak et Gress en quart de finale.


II. Deux décennies d’âge d’or ? Des affrontements réguliers et décisifs.


Années 1970 : la mise en place de la formation à la sochalienne et le « coup » strasbourgeois


On l’a mentionné, le FCSM a très tôt suivi la voie de la formation, en mettant en chasse des recruteurs partout en France. Portant le nom de code peu banal d’« Opération Lionceaux », digne d’un épisode de SAS, cette politique novatrice s’appuie sur le groupe Peugeot, qui peut établir un emploi du temps alternant football et travail à l’usine. Outre Jean-Jacques Marcel déjà cité, sont sortis de cette académie plusieurs internationaux français des années 1960, tels le Gardois Bernard Bosquier ou le Marseillais Henri Bianchieri. On note également la présence d’un jeune joueur qui comptera pour le club doubiste, Pierre Tournier. Récoltant les premiers fruits de son travail, le FCSM s’invite sur le podium des championnats de France 1968, 1972 et 1976. Sochaux accorde une large confiance à ses entraîneurs, ce qui le distingue de son voisin alsacien, éternel coupeur de têtes. Ainsi le club compte seulement trois entraîneurs en quinze ans : Paul Barret entre 1969 et 1977, Jean Fauvergue (1977-1981) et Pierre Mosca (1981-1984).

Mais l’homme-orchestre de cette nouvelle dynamique est une vieille connaissance de la Meinau. Il s’agit de René Hauss, recordman du nombre de matchs joués pour le Racing, modèle de fidélité, qui a préféré s’exiler en Belgique une fois passés ses diplômes d’entraîneur. René Hauss revient en France en 1974 en tant que directeur sportif du FC Sochaux. Il est associé à la mise en place du centre de formation, dont les rênes sont confiées à Pierre Tournier, l’ancien « Lionceau ». C’est l’acte fondateur d’une parenthèse vertueuse pour le FCSM, qui fera rapidement figure de modèle en matière de formation.
En Alsace, l’heure est également au renouveau. Profitant d’une génération exceptionnelle, le Racing remonte en première division, termine troisième en 1978 et devient champion en 1979 ! Sur la route du titre, l’étape à Bonal figure en bonne place. Le 20 avril 1979, pour le compte de la 32è journée de championnat, le Racing s’impose 2-1, avec notamment un formidable but d’Albert Gemmrich.

En face, les jeunes sochaliens Philippe Anziani, Thierry Meyer, Yannick Stopyra, Jean-Luc Ruty, menés par l’indispensable mais tout aussi juvénile Bernard Genghini attendront 1980 pour briller. A la clé, une deuxième place en championnat et un billet pour la Coupe UEFA. En Coupe d’Europe, le FCSM élimine le Servette de Genève, le Boavista Porto, l’Eintracht Francfort – tenant du trophée – et les Grasshoppers de Zurich, avant de tomber les armes à la main contre l’AZ ’67 en demi-finale. Sochaux bouclera encore la saison 1981-82 à la troisième place, mais perd peu à peu ses joyaux. Genghini part à Saint-Etienne en 1982, Stopyra va jouer le maintien à Rennes en 1983 et Anziani signe à Monaco en 1984. Délaissé par ses internationaux, le FCSM croise dans les mêmes eaux incertaines que le Racing, dont la digestion du titre de 1979 est pour le moins difficile.

Années 1980 : une nouvelle génération talentueuse au FCSM, tandis que le Racing quitte les écrans radars


Par chance, Sochaux a de la ressource. Tandis que Strasbourg multiplie les recrutements hasardeux ou malchanceux (Betancourt, Rouyer, Krimau, Soler…) et s’aveugle dans la filière allemande, les Doubistes peuvent toujours compter sur le travail du duo Hauss-Tournier. Le directeur sportif alsacien fait venir le Yougoslave Silvester Takac, son ancien joueur au Standard de Liège devenu entraîneur, à l’été 1984. Contraint par un budget serré, Takac (et déjà Mosca avant lui) lance en première division une nouvelle génération, composée des vainqueurs de la Coupe Gambardella 1983 : Laurent Croci, Jacky Colin, Fabrice Henry, le gaucher mulhousien Thierry Fernier, Franck Sauzée, Stéphane Paille, Jean-Christophe Thomas, Philippe Lucas (pas le coach de Manaudou)… Certains deviendront internationaux, d’autres se contenteront d’une jolie carrière en première division.

Les affrontements Sochaux-RCS reflètent la tendance : cinq matchs nuls se succèdent entre 1980 et 1984. En 1985 et en 1986, Sochaux s’impose 3-1 à Bonal. Ils assurent, non sans mal, le maintien en première division, alors que le Racing, sur la corde raide en 1984-85, finit par trébucher en 1986. Malgré une ultime victoire à la Meinau contre le FCSM 3-0…Sochaux suivra en 1987, défait en barrage contre l’AS Cannes de Jean Fernandez. Les Lionceaux s’étaient en quelque sorte retrouvés orphelins à l’été 1985, suite aux départs pour le Racing Club de Paris – en deuxième division – de René Hauss et Silvester Takac. Il apparaît pour le moins curieux a posteriori que Jean-Luc Lagardère se soit attaché les services de formateurs, habitués à manager des équipes jeunes et prometteuses, pour diriger le futur Matra Racing, épopée clinquante d’une constellation d’étoiles (Bossis, Fernandez, Tusseau, Francescoli, Littbarski, tous arrivés en 1985 ou 1986). Takac mena le club en première division, mais fut remplacé dès l’automne par Victor Zvunka. René Hauss cherchera à reprendre la main en faisant venir des espoirs français de l’époque tels Guérin, Jean-Luc Dogon ou Casoni, engagés à l’été 1988, mais l’entreprise tourna court. Il finira la saison sur le banc et apprendra le désengagement de Matra au printemps 1989, prélude à la mort du club.

Au tournant des années 90 : presque inséparables trois saisons durant


Ce printemps 1989 marque en quelque sorte un sommet, non pas de la rivalité, mais du croisement des destins du Racing Club de Strasbourg et du Football Club Sochaux Montbéliard. Pour la dernière journée de championnat, le Racing se déplace à Bonal. Revenons un instant sur les épisodes précédents.
On l’a vu, les deux clubs sont tombés. Le Racing, cornaqué par un Sphinx, réalise en 1986-87 la pire saison de son histoire pré-Hilali. Il repart donc pour un tour en deuxième division, où vient de chuter Sochaux. Les Doubistes peuvent compter sur le retour aux affaires de Silvester Takac, tandis que leur génération dorée n’a pas tellement été décimée (seul Fernier est parti au…RC Paris), et que le club vient d’engager deux internationaux yougoslaves, le libéro Faruk Hadzibegic et le numéro 10 Mecha Bazdarevic. Le Racing du président Hechter a conservé Peter Reichert et Juan Ernesto Simon et fait revenir Léonard Specht après sa moisson de titres bordelaise. Etonnamment, les deux voisins ne sont pas dans le même groupe de D2 : Sochaux ferraillera avec Lyon, Nîmes et Bastia en D2 (A) plutôt au sud, alors que Strasbourg devra se défaire de Nancy, Caen ou encore Mulhouse.

Rétrospectivement, on peut saluer le coup de chance dont a bénéficié le RCS. En effet, le FC Sochaux écrasera tout sur son passage : 29 victoires, 3 nuls et 2 défaites, 97 buts marqués et 17 encaissés ! Avec une finale de Coupe de France contre Metz pour couronner le tout. Egalement vainqueur de son groupe, le Racing tient l’occasion de s’étalonner contre ce rouleau-compresseur à l’occasion du Match des champions, affrontement entre les deux premiers de D2 afin de déterminer l’équipe qui pourra se prévaloir du titre de champion de France de deuxième division. Fin mai, Strasbourg s’impose 2-1 à Bonal, face à l’équipe-type du FCSM, qui préparait une demi-finale de Coupe de France à Nice. Le retour de ce Match des champions tombait comme un cheveu sur la soupe pour Takac et ses hommes, concentrés sur la demi-finale retour prévue trois jours plus tard. Sochaux aligna donc ses remplaçants à la Meinau, laissant le titre de champion de D2 1988 au Racing. A noter que Mickaël Madar a joué ce match : il manquera dix jours plus tard le cinquième tir au but en finale de Coupe de France face à Michel Ettore.
Nos deux larrons se retrouvent…dès la première journée du championnat, le 16 juillet 1988 à la Meinau (car on jouait au foot en été à l’époque, étonnament). Sochaux n’a perdu que Franck Sauzée, parti à l’OM. Le Racing a laissé filer son libéro argentin Simon, dans l’optique du recrutement de l’international brésilien Pita, et enregistre les arrivées de Francis Gillot, Jean-Pierre Bade, Fabrice Mège, joueurs confirmés de D1. Henryk Kasperczak ne passera pas l’hiver, et le Racing rarement la tête hors de l’eau. Alors que Sochaux poursuit sur la lancée de sa saison de D2 et se retrouve en lice pour la Coupe d’Europe, le RCS se déplace à Bonal pour l’ultime journée avec l’ambition de prendre un point et d’éviter les barrages. Au final, un 3-0 sans appel envoie le Racing au casse-pipe face à Brest et Sochaux en Coupe de l’UEFA. Strasbourg finit dix-huitième à égalité de point avec le Matra Paris (décidément…), et s’est fait dépasser à la dernière journée par Caen et son incroyable buteur Fabrice Divert.
Strasbourg retrouvera la D2 et verra le FC Mulhouse s’écrouler en fin de saison 1989-90 de D1 puis descendre en compagnie du…Racing Paris (promis, après ils disparaissent définitivement), avant qu’il ne vive une soirée surnaturelle au stade du Ray. Mulhouse, où le Racing disputa son ultime 32ème de finale de Coupe de France sur terrain neutre, pour un Sochaux-Strasbourg le 18 février 1990. Victoire 2-0 face au futur quatrième de D1 pour la seconde année de suite. Mulhouse, enfin, où le RCS trébucha face au FCM le 10 mars 1990 en 16ème de finale aux tirs au but, à l’époque où les matchs de Coupe de France se déroulaient parfois le dimanche…

III. Depuis vingt ans, comme si les deux clubs cherchaient à s’éviter…


Remontée strasbourgeoise et crise sochalienne


Le Racing en prendra finalement pour trois ans ferme. Entre 1986 et 1992, Strasbourg et sa Meinau toute neuve vécurent cinq saisons de D2 sur six. Une deuxième division très hétérogène, où l’on jouait le plus clair de sa saison en mai-juin lors des barrages. C’est finalement le Stade Rennais qui consentira à laisser sa place au RCS. Pas de Division 1 rime avec pas de Sochaux. Mais l’heure n’est plus à la fête chez Peugeot. Stéphane Paille est parti rater sa carrière à Montpellier et Bordeaux, le gardien Gilles Rousset a choisi Lyon, l’ancien Barcelonais Francisco Carrasco marque mais pas assez, les Yougos commencent à prendre de l’âge… Si bien qu’entre 1990 et 1995, le FCSM ne dépasse plus la quatorzième place au classement final. Le Racing prend alors l’habitude de s’imposer dans le vieux Bonal (3-1 en 1994 ; 0-1 en 1995). Dans les cages franc-comtoises, brille un jeune portier condamné par sa défense à multiplier les prouesses : Stéphane Cassard, héritier de Joël Bats, Albert Rust et Gilles Rousset. La dernière génération du centre de formation est en effet moins talentueuse que ses devancières : Bertrand Piton, Bernard Maraval, Lionel Prat ou Olivier Baudry ont davantage fréquenté le stade Francis-Turcan que Clairefontaine. Seule éclaircie, l’abattage d’Alain Caveglia, déniché à Gueugnon en 1990, mais dont le départ pour le Havre en 1994 eut pour effet d’affaiblir encore davantage Sochaux. Franck Silvestre fut transféré à Auxerre en 1993, alors que Faruk Hadzibegic partit en préretraite à Toulouse en 1994.

Ce qui devait arriver arriva : engagé en cours de saison 1994-95 en remplacement d’un Takac usé (il entamait une neuvième saison au club), Jacques Santini ne parvient pas à redresser la situation. Le retour en D2 est rude : Didier Notheaux se casse la moustache, pardon les dents en 1996, et il faut attendre 1998 pour que le FCSM retrouve l’élite. Hélas l’équipe coachée par Hadzibegic puis Anziani (deux anciennes gloires) est bien trop limitée pour s’en sortir. Malgré une belle génération naissante – Frau, Meriem, Ljuboja – Sochaux redescend illico. Le Racing ne serait pas le Racing, si dans sa grande bonté, il n’avait pas laissé Sochaux prendre deux points face à lui, notamment un 1-1 dans un Bonal en reconstruction où Strasbourg menait 1-0 à 11 contre 9…

Dernière génération dorée pour le nouveau Bonal


Les deux clubs se croiseront en 2001 : Strasbourg coule en D2 pendant que Sochaux réalise un cavalier seul sous la direction de Jean Fernandez. C’est le temps des Frau, Santos, Mickaël Pagis, Maxence Flachez et d’un gamin aux dents de lapin nommé Benoît Pedretti. Cette saison restera d’autant plus dans les mémoires doubistes qu’elle fut la première disputée dans le nouveau stade Auguste-Bonal. L’ancienne ruine avec sa piste d’athlétisme défraîchie et sa vue imprenable sur les usines Peugeot avait fait son temps. Place à une enceinte de 20 000 places, construite sur le modèle « photocopie » de Michel d’Ornano à Caen, qui se singularise cependant par une charpente en bois.
Sorti de la D2 par Ivan Hasek, le RCS retrouve un FC Sochaux Montbéliard à nouveau euphorique. Guy Lacombe a succédé à Jean Fernandez, mais les Lionceaux ont encore franchi un cap. Sochaux dispute deux finale de Coupe de la Ligue, gagne la seconde grâce à la panenka de Landreau, et s’offre un parcours en UEFA marqué par une démonstration devant Dortmund. Les Allemands qui ont vu ce match se souviendront toujours de cet homme au nom de femme, Pierre-Alain Frau.
Le Racing n’en mène pas large, avec quatre défaites consécutives face à Sochaux entre 2002 et 2004. Sylvain Monsoreau et Jérémy Mathieu sont destinés à l’Equipe de France que connaît déjà Pedretti et que Frau caressera du bout des crampons en suivant une rencontre sur le banc mais sans jamais entrer en jeu.

Au printemps 2005, à son tour touché par la grâce, le Racing succède à Sochaux au palmarès de la coupe à Moustache. Le 7 mai, Strasbourg dirigé par un certain Jacky Duguépéroux s’impose 2-1 à Bonal. Il s’agit du dernier succès alsacien en terre doubiste…
La fin de saison en boulet de canon n’a en effet pas trouvé de prolongement en 2005-06. C’est un RCS condamné qui fait match nul 1-1 à Sochaux au printemps 2006. Le dernier Sochaux-Strasbourg de l’histoire fut un 0-0 peu trépidant en septembre 2007, alors que le Racing de Furlan naviguait encore en eaux calmes.
Sochaux tient bon malgré quelques choix de coachs relativement hasardeux (Bijotat, Hantz, Bazdarevic) mais finit par descendre au printemps 2014. Les chemins des deux clubs se quittent pour un bon bout de temps. Tout juste peut-on mentionner deux matchs amicaux en été.
Les supporters alsaciens ont bien retrouvé Sochaux à l’été 2012, mais il s’agissait de la réserve du FCSM. Par une température caniculaire, à 15 heures en plein mois d’août, les deux équipes passèrent plus de temps à se rafraîchir qu’à jouer au foot. Au cours de ce 0-0, les Strasbourgeois eurent l’insigne honneur de voir Roy Contout sur la pelouse, incarnation malgré lui de l’affaiblissement du football français et singulièrement du FC Sochaux Montbéliard.
https://racingstub.com/uploads/cache/big500/uploads/media/53a9347c34716.jpeg

Clubs historiques s’il en est, le Racing Club de Strasbourg et le Football Club Sochaux Montbéliard figurent parmi le top 10 des clubs ayant disputé le plus de saisons en première division. Sochaux occupe la première place avec 66 saisons, Strasbourg est huitième avec 56 saisons, mais un compteur bloqué depuis 2008. Les deux clubs ont connu des hauts et des bas, mais le Racing bat son voisin franc-comtois à plates coutures en termes de désillusions et de retours d’entre les morts.
Le palmarès est comparable : deux titres de champions (1935 et 1938) pour Sochaux contre un en 1979 côté RCS ; deux Coupes de France en 1937 et 2007 contre trois (1951, 1966 et 2001) ; une Coupe de la Ligue en 2004 contre deux alsaciennes en 1997 et 2005. Les deux ont vécu de sacrées émotions en Coupe d’Europe, avec plus d’exploits côté bleu et blanc, mais une meilleure performance en valeur absolue de Sochaux en 1981.
On peut relever d’autres points communs entre Strasbourg et Sochaux. Les deux clubs font généralement appel à des anciens de la maison en cas de souci. Ainsi Silvester Takac et avant lui Jean Fauvergue et Paul Barret ont chacun réalisé deux passages distincts sur le banc. Paul Frantz, Gilbert Gress et Jacky Duguépéroux vont même au-delà avec trois passages.
De nombreux joueurs du club sont devenus entraîneurs : Francis Piasecki, Albert Gemmrich, Léonard Specht pour rester parmi les héros de 1979, ou bien Yvon Pouliquen ou Ivan Hasek plus récemment. A Sochaux, Faruk Hadzibegic et Philippe Anziani ont tenté de faire décoller leur carrière d’entraîneur.
Enfin, un constat amer peut être établi : les deux clubs ont eu la capacité de former des générations exceptionnelles, mais ont échoué à les conserver ensemble. Les Lionceaux de la fin des années 1970 n’ont au final rien gagné sous le maillot jaune et bleu, pas plus que leurs héritiers de la Gambardella 1983. Ah si, il y a eu la Coupe de la Ligue 2004 pour Pedretti, Frau et Mathieu. Côté Strasbourg, comment ne pas songer avec nostalgie à l’équipe de 1994-96, alliage de joueurs expérimentés et de jeunes loups (Djetou, Ismaël, Dacourt, Yannick Rott). Ou bien au démantèlement pierre par pierre de l’équipe championne de France en 1979.
A l’issue de ce regard prolongé dans le rétroviseur, c’est bien gonflés d’ardeur mais aussi gonflés par la programmation horaire, que les suiveurs alsaciens se rendront au stade Bonal le 8 décembre prochain.


Sources :
L’annuel du football 1990-1991, Marabout, Michel Hidalgo et Jean-Pierre Frimbois, 1990.
La grande histoire des clubs de foot champions de France, Jean-Philippe Réthacker, Reader’s Digest, 2001.
Les Bleus, Denis Chaumier, Larousse, 2004.
Et bien entendu les fiches de matchs et de joueurs de racingstub.com, ainsi que les témoignages de stubistes contenus dans certains sujets d’après-match.

kitl

Commentaires (10)

Flux RSS 10 messages · Premier message par matteo · Dernier message par cernay68

Commenter


Connectés

Voir toute la liste


Stammtisch

Mode fenêtre Archives