Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Le Poiré sur Vide

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Avant-match
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Auteur(s)
Par jpdarky, iuliu68, meem, slade
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C'est dans le cadre bucolique d'une retraite campagnarde que, après bien des exploits et des excès, la folle équipe de rédacteurs tordus a décidé de s'isoler afin de se recentrer, de se retrouver. Comme les Choucroutiers après un lonzu mal digéré. Énormément d’émotion.

(NDLR : cet article fait partie d'une série d'articles au ton décalé et résolument second degré. A lire avec précaution et son Yi King.)

“Le Poiré-sur-Vie”. Un nom qui sent les douces couleurs et les parfums floraux du printemps, un nom qui évoque le retour de la vie, des animaux qui glapissent, roucoulent, tintamarrent, coulent, mugissent, rugissent, (Sepp)blatèrent, vrombissent, braient, cancanent et bahokennent. Le général Hiver bat en retraite et laisse la place à la symphonie chamarrée de la végétation qui réapparaît avec son cortège de pollens tout rigolos qui donnent le nez tout rouge et les yeux coulants comme une fête de la Saint-Jean. Oui, on se drogue.

Opération rédemption


La Poire, la verdeur, la douceur un peu sucrée du fruit pas printanier mais on fera comme si. De toute façon vous y connaissez quelque chose aux poires ? Plus personne ne mange de poire, malheureusement, dans ce pays où les arbitres sont des trous du cul. Du coup on vous la met dans une ode au printemps, personne ne tique, mais enfin MERDE, sortez de votre carcan, réagissez ! … Pardon. C’est le printemps, les teintes pastels du souffle enchanteur des arômes encore légers de la vie qui reprend ses droits, tout ça. Inspire. Expire. On se reprend. Haaaa, mais que c’est beau putain. Vous ne pouvez pas vous rendre compte à quel point ça nous réjouit, nous et nos âmes de poètes.

Comment ça “nos âmes de poètes” ? Et bien oui. Sous l'apparence délurée et excessive se cachent des hommes avec un cœur, une sensibilité, un goût prononcé pour les belles choses que nous réserve la nature, cette pute. Oui, cette pute, avec ses insectes de merde qui piquent dès qu’on fout le nez dehors. Et les animaux de la forêt ? Vous les trouvez choucards, les sangliers ? Ils vous embrochent pour un rien parce qu’ils sont bigleux ces cons-là. Et les ours ? Ces gros cons avec des griffes ça comme qui vous défoncent la tronche alors que vous venez juste cueillir des champignons, et que, par hasard, c’est leur territoire. Et, oui, on peut cueillir des champignons au printemps. Si on a une vie de merde bien sûr. Quand on est normalement constitué, c’est à la terrasse d’un troquet qu’on passe son printemps, pas les bottes dans la boue. Les serpents, les tiques, les araignées, les cerfs bourrés qui vous prennent pour une biche et du coup, bon, bref, tout ça, ça fait chier. La nature est une connasse… Non, non, non, ouvre tes shakras, reprends toi. Sérénité, harmonie, poésie, délicatesse, Racing, espoir. Pardon encore. Je me sens bien, je fais un avec le ciel bleu et l’herbe verte. Pardon à nouveau. Humilité. Relaxation.

Le Poiré, c’est la Vie


Il nous est apparu comme une évidence que le Poiré-sur-Vie serait la marque, le temps et l'heure de notre rédemption. Fini l'alcool, finie la débauche, fini le stupre, nous redevenons de simples terrestres. Oh, rassurez-vous, pas de simples terrestres comme vous, nous restons bien au-dessus, quand même. Mais de simples terrestres qui préfèrent la philosophie et la botanique aux libations et à la perdition. Nous avons trouvé la Voie.

https://racingstub.com/uploads/cache/big500/uploads/media/5508a70...La mouette dunkerquoise accompagne toujours les poètes au Poiré-sur-Vie

Puisque nous aimons le beau, nous vous offrons cette image d'un oiseau dans son vol, les ailes déployées, que rien ni personne n'empêchera de parvenir à sa destination, tels Sheila et les rois mages guidés par l’étoile du Berger. Retrouvons-nous donc au cœur de cette nature bienveillante, les pieds dans l’eau du canal, le séant sur l’herbe, et devisons au gré des changements de directions du petit vent frais fripon de ce mois de mars frétillant. Sautons du coq à l’âne, de la poésie à la philosophie, de l’art à la science, comme nous y invite tous les samedi après-midi Etienne Klein, ce génie.

Conclave à l’ashram


Nous voici tous les quatre, détendus dans nos yukatas aux couleurs personnalisées en harmonie chromatique avec notre totem intérieur : l’ôcre pour Iuliu68, le lapis-lazuli pour MEEM, le verre profond de la Chrysoprase pour Slade et le safran Ducros pour JPDarky.

Iuliu68 - Amis philosophes et amis scientifiques, en un mot, amis artistes, ne croyez-vous pas que la trajectoire décrite par cette mouette dans sa migration rappelle immanquablement les fractales, le mur de Planck et donc par là nous apporte la preuve de l'existence de Dieu ? Si tant est que nous ayons besoin d’une preuve ! (rire candide déferlant en cascade fraiche qui n’est pas sans rappeler le bruit d’une cascade fraiche)

JPDarky - Dieu, à coup sûr. En Vérité, il a créé tant de belles choses qu'on ne saurait lui reprocher de placer des adversaires comme le Poiré-sur-Vie sur la route triomphale du Racing. Mais je m'égare. Cette mouette, c'est comme les travaux du Professeur Guézeure sur la super-symétrie des particules élémentaires dans le modèle standard. Mais comme ses romans aussi. En fait, cette mouette, c’est comme tout Guézeure.

Slade - Non, cette mouette me fait plutôt penser à l'anatocisme. Vous connaissez, n'est-ce pas ?

MEEM - L'anatocisme, c'est comme un mouvement artistique qui mélangerait anatomie et cyclisme. Vous ne trouvez pas ?

Gérard - Je vous ressers, les gars ?

MEEM - Un jus de sureau bio s'il vous plaît.

Iuliu68 - Pareil, mais dilué, sinon c’est trop fort.

JPDarky - Oui mon brave, pour moi aussi, vous serez bien urbain.

Slade - Et une part de tarte à la rhubarbe équitable.

MEEM - En fait, pour la Pastorale, Beethoven a dû s'inspirer de la paisible sérénitude du Poiré-sur-Vie.

Slade - Ce qui ne lasse de me sidérer, c’est que pour atteindre la plénitude, il faille appréhender le rien, le néant. Se vider de toute idée, de tout, afin de pouvoir être pleinement. C’est paradoxal et à la fois une évidence.

Iuliu68 - Du coup, question néant, vide et nada total, on a bien fait de nous retirer au Poiré. Je ne sens même plus le bracelet électronique au mollet.

meem - Ha ! J’ai une vision mes amis, je vois, je vois Salim Arrache ! Son regard m’attire, m’absorbe, hoooo, aaaah, le vide, ça y est, le néannnnnnnt… HAAA ! C’est beau ! Je vois, je vois… LE POIRE !

http://i1369.photobucket.com/albums/ag237/jpdarky/Racingstub/LeVi...
La vision métaphysique et transcendantale qui permit à MEEM de toucher du doigt le vide, le néant, le Grand Rien. C’est à ce moment qu’il atteint un stade supérieur de conscience.

« Qu’as-tu fait des promesses de ton Baptême ? »

C’est au moment même où MEEM (assonance) atteint le Satori (qui rappelons-le est un état transitoire s’opposant à la permanence du Nirvâna hindouiste, tandis que la carrière de Nirvana a été elle paradoxalement transitoire. D’ailleurs, Kurt a-t-il atteint le Satori au moment de son passage au néant ? La question mérite d’être posée, même si paradoxalement elle ne mérite pas vraiment de réponse) que Iuliu68, par le souci de l’équilibre cosmique qui le caractérise, décida de revenir à des choses plus prosaïques et plus matérielles. Pris par l’émotion, c’est dans sa langue maternelle que Ιουλιανός s’exprima. Ses condisciples, en nobles érudits qu’ils sont, n’eurent aucun mal à le comprendre malgré son accent crétois. Dans un souci de nous rapprocher de toi, Lecteur, nous offrons une traduction des débats :

Ioulianos68 - Notre pleine prise de conscience de l’évanescence de l’illusion que nous qualifions d’existence ne doit pas nous faire perdre de vue la possibilité d’une réalité bien matérielle et permanente. Ce qui s’oppose finalement à l’enseignement du Bouddha qui nous dit que rien ne persiste, si ce n’est le changement. En effet, que dire de la terre, la terre de France qui elle, ne ment pas ?

Slade - Tu fais sans doute allusion à ce qui fait l’identité française, à savoir l’attachement à un terroir et au catholicisme, bien sûr. C’est fort à propos, car nous sommes après tout en Vendée.

Cet échange suscita l’intérêt de JPDarky, bien qu’étant un ignoble parpaillot. Tout en accordant son shamisen sur une harmonique transcendante à la tierce, il déclara :

JPDarky - Comment en effet ne pas penser à l’appel papal de 1980 « France, fille aînée de l’Eglise, qu’as-tu fait des promesses de ton Baptême ? » ! Et dans quel autre endroit, si ce n’est au Poiré, peut-on mieux prendre toute la mesure de la permanence de l’identité française, de Clovis à Nicolas Dupont-Aignan, en passant par Bézu ?

MEEM (revenu du néant) - L’universalité du caractère catholique de l’identité française et l’aspect pan-cosmogonique des valeurs humanistes qui la caractérisent sont en effet incompatibles avec le soi-disant « humanisme rhénan », qui n’est rien d’autre qu’un gant de velours vulgaire habillant la main invisible du marché au bout du bras de la finance capitaliste protestante.

JPDarky feint d’ignorer ces dernier propos en s’absorbant dans le solo de Child In Time sur les trois cordes de son shamisen Ibanez.

Ioulianos68 - Et cela Bernanos l’avait très bien compris dans « La France contre les Robots », ajoutant que « ce n’est pas un hasard si l’Allemagne est le premier exportateur de machine-outils au monde ».

Slade - En effet, la France a donné au monde Bernanos, François de Salles et Virginie Ledoyen. Sans parler des prix Nobel de littérature, et encore, certains ont eu l’humilité de le refuser. L’Allemagne quant à elle ne nous a donné que des prix Nobel de chimie, prompt à rallier le premier régime fasciste venu.

JPDarky - C’est paradoxalement les pieds solidement enracinés dans la terre de France que nous parvenons le mieux à nous élever au sublime, à l’image de cette mouette que nous apercevons et qui vole pourtant dans le ciel.

Interlude conclusif Kabuki - « Sommes-nous notre passé ? » - Et si oui pourquoi ? Vous avez deux heures


S’en suivit un long silence figé et passablement ennuyeux, digne de n’importe quel film européen ayant gagné un prix et diffusé dans votre cinéma d’art et d’essai. Ayant réajusté son chignon blond, Slade, tout en servant le thé au jasmin, s’interrogea :

Slade - Est-ce un hasard si notre quête de sens et de rédemption s’effectue en même temps que la reprise des expériences du CERN ? Après tout, n’avons-nous pas nous-mêmes cherché à repousser sans cesse les limites du champ de la connaissance du Grand Un ?

Iuliu68 (revenant de sa rêverie inspiré de The Picture of Sasha Grey) - Tu voudrais donc dire que tout ceci n’a rien d’un hasard, mais que notre présence hic et nunc serait le fruit d’une volonté transcendantale supérieure ? Le fruit, comme une poire, ou le fruit défendu du péché originel. Cela nous renvoie donc à Bernanos, tout est lié en somme, et pourtant nous sommes en Vendée.

Slade - Quelque chose comme cela, oui.

MEEM - Il y a fort à parier que l’Univers avant l’instant zéro, si tant soit possible que l’on puisse imaginer un instant avant l’instant zéro alors que le Temps n’existe pas encore, devait avoir la même constitution que le Poiré-sur-Vie.

JPDarky - Les travaux sur la gravité de l’anti-matière menés par le CERN mette en évidence l’existence d’un Anti-Univers. Et qui dit Anti-Univers, dit Anti-France, ce qui mène odieusement et par voie de conséquence à l’Anti-Alsace ! Brrrrrr.

Iuliu68 - Ainsi qu’une anti-mouette.

Tous acquiescèrent.

Slade, dont le manuel « Annabac Philo Série ES 2006 » dépassait du Yukata, brisa le silence comme on brise un ligament d’Emil Gargorov , c’est-à-dire de façon prévisible et consentie.

Slade - Cette volonté de regarder dans le passé de l’Univers nous ramène à la question actuelle : sommes-nous notre passé ? Je veux dire, en nous voyant là aujourd’hui sous ce poirier, peut-on dire que nous sommes des débauchés pervers et cyniques, car par le passé nous nous sommes allègrement vautrés dans le stupre et l’opprobre ?
Iuliu68 - cela reviendrait à dire que le Racing est champion de France, car il l’a été dans son passé.


JPDarky - Le Racing est un éternel passé.

MEEM - Certes.

Une douce brise printanière fit frémir les branches fleuries des cerisiers japonais. L’éphémère devenue éternité plongea Iuliu68 dans une mélancolie béate :

https://racingstub.com/uploads/cache/big500/uploads/media/550a05f...Benoit Poelvoorde contemplant le trop fameux canal de Dunkerque, au printemps : ”Ils avaient pensé installer des cerisiers du Japon, est-ce que tu crois qu'ils l'ont fait ?

Iuliu68 - Tout ceci, la mouette, l’instant zéro, le championnat du National, ne sont qu’une illusion et course vaine contre le vent. Quelle importance que le match soit ou non diffusé sur Alsace 20, car rien ne subsiste, si ce n’est le changement ? La chair flétrit, pourrit et se disperse et seule persiste la terre, qui elle, ne ment pas.

Et sur ces paroles, il se fit Seppuku, mettant fin conjointement et concomitamment à cette illusion appelée existence, à cet article déjà beaucoup trop long et à ses problèmes de reflux gastriques.

https://racingstub.com/uploads/cache/big500/uploads/media/5509ffd...L’enterrement de iuliu68 sera diffusé sur Alsace 20.

Papier cosmogonique calligaphié par iuliu68, meem, slade et jpdarky

jpdarky, iuliu68, meem, slade

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