Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

La misère de l'Isère

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Par takl
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Le Racing joue demain soir son joker sur la pelouse du Grenoble Foot 38, à moins qu'une météo trop favorable ne vienne une fois de plus perturber l'organisation de ce match. En attendant, rigolons un peu avec le club le plus japonais de France.

S'il n'y a qu'une heure de route entre le stade Gerland et le stade Lesdiguières, c'est en années-lumière que se mesure le fossé qui sépare le quotidien footbalistique des deux grandes métropoles de la région Rhône-Alpes. C'est que le cadre grenoblois ne se prête à première vue qu'assez peu au football. En effet, sise dans la vallée de l'Isère, cette ville semble davantage destinée aux sports alpins tels que le ski, le VTT ou la fondue au fromage qu'au maniement du ballon rond. Pas évident de trouver un terrain plat pour bâtir un stade entre toutes ces montagnes... Mais nous reviendrons sur ce problème spécifique plus loin.

Cent ans de galère


Malgré ces handicaps structurels, d'authentiques têtes brulées ont quand même décidé de créer un club de football au crépuscule du XIXème siècle dans la capitale du Dauphiné. Des rituels vaudoux mal effectués en ont-ils précédé la fondation? Quoi qu'il en soit, les cent premières années d'existence du club seront marquées par le syndrôme du "pas de bol". Accédant au professionalisme en 1942, ils auront à peine le temps d'en humer la saveur que le régime de Vichy réinstaure l'amateurisme. Il faudra attendre 1960 pour qu'un titre de champions de L2 leur permette d'apparaître en Division 1. Un coup de yoyo plus tard, le club remporte un second titre, avant de repartir vers le purgatoire. Pas de bol...
Et là, ça va de mal en pis, les échec sportifs et les gestions malheureuses envoient croupir Grenoble dans les oubliettes du football français, allant même jusqu'à passer quelques saisons en DH. La décennie 80 permettra de retrouver la Deuxième Division, mais encore une fois, pas de bol, après le départ du jeune Youri Djorkaeff vers Strasbourg, le club sombre à nouveau et voyage entre les deux divisions du National.
C'est alors qu'une fusion avec le Norcap, autre équipe de la ville, permet de rompre le sortilège et de redonner un coup de fouet à un club moribond qui retrouve la L2 en 2001. Après avoir sauvé sa tête de justesse, il s'installe en pensionnaire permanent à ce niveau. On croit enfin partir pour un long fleuve tranquille et sans heurts... et sans grandes ambitions.

Japoniaiseries


Tokyo, Quartier d'affaire, 2004.


La scène se déroule au 87ème étage d'une tour de verre et d'acier. Les grands pontes d'Index Corporation sont réunis pour un Conseil d'Administration extraordinaire.

Le président prend la parole:
"Honorables collaborateurs, aujourd'hui est un jour particulier dans l'histoire de notre groupe. La conjoncture nous encourage à investir en Europe pour donner une meilleure visibilité à notre entreprise. C'est ainsi que j'ai décidé d'acheter un club majeur de football en France et d'en faire la vitrine occidentale de notre réussite".
Murmures, regards échangés à la dérobée. Va-t-on réellement racheter le PSG ? L'OM ? Quelle folie! Une hôtesse entre dans la pièce et sert le thé. Silences gênés.
Le président reprend son discours :" Messieurs, je suis fier de vous annoncer que nous allons devenir propriétaires de l'honorable club de Grenoble Foot 38"
Nouveaux silences, plus appuyés cette fois. Un ange passe...
Le président se tourne vers son n° 3 (son bras gauche en quelque sorte, le bras droit étant un autre honorable collaborateur jouissant de l'enviable statut de n°2, conquis de haute lutte après 30 ans passés à bosser 120 heures par semaine, 52 semaines par an).
"Watanabe San, vous menerez cette mission à bien, je vous confie un des fleuron du football français. Puissiez-vous faire fructifier cet investissement"
Soupir de soulagement de tous les autres cadres présents autour de la table. Watanabe encaisse sans broncher. La honte...
Il faut se souvenir que les sports de prédilection des Nippons sont le base-ball et le sumo. Ceci pouvant expliquer cette petite distorsion de jugement.

Monsieur Watanabe est un employé consciencieux. Il débarque sur les rives de l'Isère et prend la présidence du club en novembre 2004. Le ton est donné, la japonification est lancée.
Symbole de cette évolution, de nouvelles mascottes sont adoptées un an plus tard. Dessinés par Yoichi Takahashi, créateur de la célebrissime série "Olive et Tom" qui a marqué l'enfance de nombre d'entre nous, Nico, Greg et Kakerü (sic) deviennent les trois princes, présents sur les produits dérivés.

http://www.grenoblefoot38.fr/htm38/graph/3p-02n2.jpg

Et là on se prend à rêver : Le GF 38 doit en effet se doter d'un nouveau stade. Vont-il enfin réaliser un vieux fantasme de manga-fan et créer le terrain sur lequel la New-Team du dessin animé réalise ses exploits, à savoir un colline d'environ deux km de long, sur laquelle les longues courses balle aux pied peuvent donner lieu a des conversations stratégiques de haute volée de la part des joueurs, voyant le but adverse enfin se profiler à l'horizon ?
Même pas.. La déception est telle que les recours de la part des citoyens grenoblois se multiplient pour protester contre l'edification d'un stade tout ce qu'il y a de plus banal, plat, 1OO mètres de long comme partout ailleurs, au sud de l'agglomération. Certains iront même jusqu'à s'attacher aux arbres pour qu'on ne les coupe pas, prétextant de vagues motifs écologiques, plus populaires dans l'opinion publique que l'avenir d'un club dont pas mal de monde se contrefiche, à vrai dire...

Un effectif de biques et de broc


Sur le terrain, la touche nippone se matérialise avec l'arrivée de l'international Oguro avant la coupe du monde. Malgré ses origines extrême-orientales, les mauvaises langues diront rapidement de lui qu'il était carrement à l'Ouest. Encore une bonne histoire à raconter le soir au coin du feu pour les quelques fidèles supporters du groupe Red Kaos.

Le vide laissé par son départ est cette année comblé par la présence de deux espoirs de l'empire du soleil levant : Ito et Umesaki.
Dans les cages, la présence de Gregory Wimbée, gardien qui résume à lui seul le côté franchement spectaculaire de la L2 française, témoigne du hiatus existant entre les ambitions du club et les moyens qu'il se donne d'y parvenir. Viser la Ligue 1 en alignant l'innénarable Cyril Chapuis reste quand même conceptuellement assez punk. Etant parvenu en six mois à Strasbourg à imprimer ad vitam eternam son nom dans l'inconscient collectif de la Meinau par ses prestations tragico-comiques, il trouve dans cette équipe iséroise un défi à la mesure de son talent.

Pourtant cette année, tout avait bien commencé, les Dauphinois donnant l'impression en début de saison de pouvoir s'accrocher au wagon de tête et d'être un prétendant sérieux au podium. Etat de grâce passager, mais symbolisé par un but venu d'ailleurs qu'Olivier Aton n'aurait pas renié.
Depuis, les hommes d'Yvon Pouliquen sont rentrés dans le rang. Il faut dire qu'avec une défense où jouent des joueurs ayant plus des patronymes de skieur ou d'attaquants de légende (Alphant, Pelé), le risque de se trouer existe.
Malgré tout, Grenoble demeure la preuve tangible qu'on peut être Bulgare, milieu de terrain gaucher et pas blessé. Hristo Yanev ou l'anti-Gargorov...
Peu de noms rigolos parmi les joueurs, dans un effectif qui fait la synthèse entre des jeunes formés au club et des joueurs aux trajectoires plus erratiques. On espère cependant qu'ils nous amuseront plus sur la pelouse demain soir. Pelouse qui demeure un acteur central du match. On se souvient qu'elle fut déclarée injouable une semaine après avoir accueilli un Grenoble-Le Havre s'apparentant plus à de l'aquaplanning qu'à du foot, bien qu'étant en meilleur état. Va comprendre, les arcanes de la Ligue sont impénétrables.


Le Hagakure (code des samouraïs) précise: Il est mal de médire, il n'est pas mieux de louer autrui à tout propos.
Si même la sagesse japonaise me donne son aval, il était de bonne guerre de me moquer un peu d'un club qui devrait à terme parvenir à remplir son objectif. Puissent-il s'engager sur la voie du succès à partir du week-end prochain, c'est tout le mal qu'on leur souhaite.

takl

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