Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

« Jacky était une référence pour moi »

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Par athor
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Entraîneur adjoint du Racing depuis quatre ans, Sébastien Roi revient sur son parcours et nous fait découvrir le fonctionnement du staff sportif.

racingstub.com: Vous êtes originaire de Valence, comment s'est passée votre arrivée au Racing en 1994 ?

Sébastien Roi: Je jouais en 15 ans nationaux à Valence, en étant aussi dans le groupe élargi des pré-France, et c'est Raymond Hild qui m'a repéré. J'ai donc signé deux ans aspirant en juillet 1994, avec la génération des Cédric Kanté, Rafik Mezriche ou encore Gilles Domoraud. Le centre de formation était alors situé sous la tribune nord du stade. Mon premier entraîneur était Jacky Duguépéroux, pendant six ou huit mois, avant qu'il ne prenne en main l'équipe première.

Après trois ans, et une dernière année stagiaire, j'étais en fin de contrat l'année où Mc Cormack est arrivé, et comme pour tous ceux qui étaient dans cette situation, mon contrat n’a pas été renouvelé.

Après cette période, vous revenez dans votre région d'origine.

Je repars sur Valence car, au moment où ils m'annoncent que mon contrat ne sera pas renouvelé, je suis blessé à la cheville, et je me fais opérer par le professeur Jaeger fin mai. Je suis donc dans l'impossibilité de pouvoir rebondir, de pouvoir faire des essais, n'étant pas apte physiquement. Je retourne donc à Valence car ils me sollicitent. Mais ça ne se passe pas très bien, parce que les dirigeants me font un peu payer le fait que je sois parti trois ans plus tôt alors que le club était encore en D2 et qu'ils voulaient me garder.

Je fais donc un an là-bas, en m'entraînant de temps en temps avec la D2 et en étant dans le groupe de CFA2, puis je pars à Montélimar en CFA2, avec Eric Pegorer qui prenait le poste d'entraîneur et que j'avais eu comme éducateur à Valence. En fin de saison, ce dernier s'en va prendre la tête du centre de formation de Gueugnon, et moi, je suis sollicité par Vauban qui vient d'accéder en CFA2.

Vous revenez donc en Alsace, c'est un choix de vie ou c'est une opportunité ?

C'est une région attachante et où je me plaisais bien, et comme j'ai eu l'opportunité de revenir, c'était un peu un concours de circonstances.

Je reste deux ans à Vauban, puis deux ans à Mars Bischheim, et l'année où Mars descend de CFA2 en DH, j'ai une opportunité de rebondir dans le sud en CFA. Finalement je décide de mettre une croix sur ma carrière de joueur et je pars à Dinsheim, qui est à l'époque en D2, pour me lancer dans le coaching. J'y suis devenu entraîneur-joueur, grâce au président que j'avais rencontré à Vauban et qui m'avait déjà aidé professionnellement. C'était donc aussi une manière de lui renvoyer l'ascenseur

Vous n'aviez pourtant que 25 ans...

J'étais arrivé à un point où continuer en CFA/CFA2 ne m'intéressait plus. Personnellement, j'en avais fait le tour et il fallait que je donne une nouvelle orientation à ma carrière, car je pensais que je n'irai pas plus haut. Comme j'avais déjà cette envie depuis tout jeune, j'avais passé mes diplômes à 18 ans. Je me suis dit que c'était une bonne opportunité de commencer d'en bas, de voir comment cela se passait dans les tout petits clubs et de me construire dans cette carrière.

Vous aviez un modèle d'entraîneur, quelqu'un qui vous a convaincu de faire ce choix ?

J'ai eu des coachs comme Eric Pegorer, à Valence, ou Denis Zanko qui est actuellement à Laval. Ce sont les deux éducateurs qui m'ont marqué à Valence. A Strasbourg, c'est vrai que même si je ne l'ai connu que huit mois, Jacky Duguépéroux était pour moi une référence parmi ceux que j'avais connus. Ce sont eux, sans doute, qui m’ont donné l’envie.

Vous gravissez les échelons, puisque vous arrivez vite en DH.

Avec Dinsheim, on est parti de la D2 jusqu'en Promotion d'Excellence. Puis j'ai l'opportunité de pouvoir aller entraîner Biesheim, qui est alors une équipe ambitieuse de DH. Je reste donc deux ans. Parallèlement, j'étais aussi au centre de formation avec François Keller pour l’équipe réserve du Racing.

Vous arrivez donc au centre de formation dès 2010 ?

Pendant un an et demi, je suis resté aux côtés de François à ses côtés. D’abord bénévolement, puis avec un contrat auprès de la section sports-études et comme adjoint. Ça m'a permis d’acquérir de l'expérience et de poursuivre ma progression.

A l'été 2011, après les différents événements autour du Racing, vous vous retrouvez donc quasiment tout seul au centre de formation, notamment avec François Keller.

Quand j'ai arrêté à Biesheim, mon contrat au Racing s'est également arrêté. On est tous dans la même situation, et moi, comme j'ai épuisé quasiment tous mes droits au chômage, ça ne me permet pas forcément de voir l'avenir sereinement. J'accepte donc le challenge Obernai qui me sollicite fin juin.

Et puis, quand le Racing repart, que François est nommé entraîneur et qu'il cherche quelqu'un pour l'accompagner, je décide d'y aller comme adjoint. On repartait de zéro, il n'y avait plus de joueurs, il ne restait finalement que François, Guy (Feigenbrugel, le team manager) et moi.

Comment fonctionnait le binôme avec François Keller ?

On a gardé le même fonctionnement. Rien n'avait vraiment changé au niveau des séances. Par contre, quand François a passé son DEPF l'année de CFA et la première année de National, c'est moi qui avais la charge du groupe pendant ses absences, sur les débuts de semaines notamment. On avait alors des échanges réguliers, par téléphone, parfois trois ou quatre fois dans la journée.

Quand François Keller est parti, vous êtes resté adjoint de Jacky Duguépéroux. Y'a-t-il eu des changements dans les méthodes de travail ?

Non, il n'y a pas eu de changement dans le fonctionnement, dans le fond ou dans la forme. Après, il y a deux personnalités différentes, mais pas sur le contenu du travail et dans l'approche.

Y'a-t-il une différence au quotidien entre le CFA2 et aujourd'hui en National, par exemple avec les joueurs ?

Il n'y a pas énormément de différence sur le travail, c'est surtout sur la qualité individuelle du joueur. On a aujourd'hui un groupe qui est plus aguerri et de meilleure qualité. Mais, en terme de management, de séance, de tactique, l'approche reste la même. A l'époque, on avait récupéré pas mal de joueurs qui avaient goûté au monde professionnel, donc ils avaient déjà cette approche du métier. On a fonctionné comme un club pro en CFA2.

L'évolution, c'est plus sur les à-côtés, on fait plus de travail vidéo depuis qu'on est en National. On travaille sur les adversaires et sur nous-mêmes.

Pendant 4 saisons, vous étiez à la fois à Obernai et au Racing, comment vous gériez ça ?

C'était des journées très remplies, mais c'était finalement assez facile pour moi de passer de l'un à l'autre, puisque c'est vraiment deux mondes à part. Mais c'est vrai que ça laissait peu de libertés pour couper un peu ou penser à autre chose. Il y avait toujours des choses à gérer. J'étais sur la brèche quasiment sept jours sur sept, 24h/24, c'était assez usant mentalement.

Il y avait quelques cas particuliers, comme quand vous affrontiez la réserve du Racing.

Oui, c'est toujours des moments délicats, mais à partir du moment où tu es engagé dans un projet, il faut défendre ton projet à fond. Ces matches n'étaient pas évidents à aborder pour moi au départ, surtout que la réserve avait l'objectif de monter en CFA2. Mais la satisfaction était qu'on a pu aller faire un résultat à Vauban (ndlr: 1-1, à cinq journées de la fin du championnat), donc on a pu jouer notre rôle d'arbitre de la DH à fond. Ce qui est positif, c'est que la réserve a fini par monter en CFA2.

Depuis la saison dernière, un préparateur physique, Florian Bailleux, est au club. Qu'est-ce que ça change dans l'organisation ?

Ça change beaucoup de chose, puisque ça m'a libéré du temps pour préparer les séances, les mettre en place, les planifier. Ça m'a aussi allégé le travail de la réathlétisation puisque Florian gère maintenant toute la partie athlétique, du travail collectif au travail individuel. Ça m'a permis d'avoir plus de temps pour me consacrer à la vidéo, aux séances. C'est donc une évolution positive pour le staff et pour le club.

Il y a beaucoup d'évolutions au niveau des méthodes d'entraînement, avec l'utilisation de la vidéo ou des statistiques par exemple. Vous êtes aussi amené à évoluer par rapport à cela ?

On essaie de professionnaliser au maximum le contenu des séances avec le matériel dont on dispose. On a un entraîneur principal qui délègue énormément, qui fait confiance à son staff, qui donne les orientations du travail, mais qui nous laisse beaucoup de libertés dans la conception et la réalisation.

Avec Florian, on gère vraiment la préparation physique et la préparation de l'équipe en vrai binôme. Une fois qu'on a décidé des thématiques et des exercices, on les soumet à Jacky, pour validation. Les séances évoluent constamment. Parfois, sur le ressenti qu'on a à la fin d'une séance, par rapport à ce qu'on avait prévu en début de semaine, ça peut aussi évoluer le lendemain. On est sans cesse en train de regarder ce qui se passe pour aménager le lendemain, ou l'après-midi quand on double. L'objectif, c'est d'arriver fin prêt le vendredi soir.

Vous participez aussi au recrutement des joueurs. Comment cela se passe au niveau du club ?

Le club dispose de plusieurs collaborateurs qui observent des matches, surtout de L2 et de National, voire quelques matchs de CFA, tout au long de l'année, et sur pratiquement toute la France. C'est un secteur qu'on est en train de mettre en place depuis l'année dernière et qu'on améliore régulièrement. Moi je centralise toutes les informations, que ce soit sur les rapports de matchs ou sur les rapports d'observations. En fin de saison, quand le coach nous dresse les besoins pour l'effectif de l'année suivante, on lui soumet une liste de joueurs qu’il valide ou non, et puis c'est le club qui prend en charge les négociations.

Vous regardez aussi à l'étranger ?

On est sur un logiciel qui nous permet de récupérer beaucoup de matchs, pratiquement sur le monde entier. Quand les joueurs évoluent à l'étranger, dans des championnats majeurs de leurs pays, on arrive à voir les images. Ça nous permet de voir un joueur qui jouerait en D1 roumaine ou en D1 bulgare par exemple. Ça complète les observations faites sur le territoire français. Mais l'observation terrain reste importante, car on ne voit pas forcément tout à la vidéo.

Le Racing est favori pour cette saison. Ça ajoute une pression supplémentaire par rapport à la saison dernière ?

Pas forcément. La satisfaction c'est d'avoir été compétitif tout au long de l'année, en échouant à un point. Mais il ne faut pas oublier qu'au 14 juillet de l'année dernière, on était encore en CFA. Donc on a construit un effectif plus tard que les autres. A l'arrivée, il ne nous manque pourtant pas grand-chose. Dans une année normale, on serait même monté, puisqu'on finit avec 65 points, soit le total du premier l'année d'avant. Ce qu'on retient, c'est que si en début de saison, on nous avait dit qu'on terminerait avec 65 points, on aurait signé tout de suite, car en général, c'est un total qui permet de monter en L2. Malheureusement, il y a trois équipes qui ont fait un parcours de haute volée et qui nous laissent en bas de la troisième marche. Il y a donc la frustration et la déception.

On sait qu'on va être étiqueté favoris mais après, c'est la vérité du terrain qui va parler. On a vu des exemples dans un passé récent, comme Colmar qui était 4ème il y a deux saisons, et qui se maintient à 3 ou 4 journées de la fin avec une équipe pourtant annoncée meilleure, ou encore Ajaccio qui descend en L2 l'an dernier, annonce jouer la montée avec un recrutement intéressant et qui joue le maintien jusqu'à la fin. Nous on a gardé une base solide, avec des joueurs qui ont fait leurs preuves. Il va falloir continuer à progresser. Il faut remarquer que beaucoup d’équipes se sont terriblement renforcé, comme nous, avec des joueurs venant de L2 et L1 ou même de l’étranger. Nous faisons partie d’un peloton assez large d’ambitieux parmi lesquels les clubs relégués de L2 (Orléans, Châteauroux) ou d’autres comme Boulogne, Amiens, Sedan, Dunkerque et Colmar, qui a réussi de jolis coups au mercato.

Vous commencez votre cinquième saison avec l'équipe première, y'a-t-il un souvenir particulier qui vous reste de ce parcours jusqu'à présent ?

Comme beaucoup de monde je pense, l'image la plus marquante, la plus forte en émotion, c'est ce match de Raon l'Etape, où quand plus personne n'y croyait à cinq ou six semaines de la fin. Si on avait demandé à beaucoup d'Alsaciens si le Racing allait y arriver, pas beaucoup n'auraient misé une pièce sur nous, mais nous, on a continué à y croire. Dans le vestiaire, les joueurs n'ont jamais lâché et c'est vrai que ce match à Epinal contre Raon l'Etape a été un dénouement très heureux, contrairement à celui de cette année, où on joue une finale aussi, mais on n'avait pas les cartes en main pour pouvoir passer.

Il y a eu des hauts et des bas, mais ça fait partie de la vie d'un sportif de haut niveau et d'un coach. Mais surtout, on a la chance d'avoir un public incroyable. 25 000 personnes contre Colmar, finir sur un guichet fermé, à ce niveau, c’est un peu fou quand même. On sait qu'on a un 12ème homme, qu'il a joué son rôle la saison dernière. J'espère qu'il le jouera encore une fois et que cette fois-ci, on arrivera à finir dans les trois premiers.

Entretien réalisé le 13 juillet 2015. Un grand merci à Sébastien Roi pour sa disponibilité.

athor

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