- Note
- 5.0 / 5 (4 notes)
- Date
- Catégorie
- Avant-match
- Lectures
- Lu 3.999 fois
- Auteur(s)
- Par athor
- Commentaires
- 4 comm.
Relégué cette saison en National, Châteauroux est sur la corde raide depuis déjà quelques années, miné notamment par des querelles internes et par un manque de moyens. Faisons le point avec Jérémy, supporter de la Berri, avant le match de vendredi.
racingstub.com: Après près de 20 ans en deuxième division, la Berri est tombée en National, un an après avoir déjà été repêché, au terme d’une saison catastrophique sportivement. Quel est ton sentiment personnel sur cette chute ?
Jérémy: Pour commencer, la saison n'a pas été catastrophique que sportivement. Elle l'a également été administrativement avec la décision des dirigeants de retirer (non licencier) l'équipe première à Pascal Gastien par SMS puisqu'à ce moment de la saison (janvier) le président et président délégué étaient tous les deux partis en vacances, ce qui personnellement je trouve lamentable, au vu de la situation dans laquelle était le club.
Pour le sentiment personnel, je n'ai pas vraiment eu de réaction mis à part un sourire. Sincèrement ça serait de la mauvaise foi de dire que personne ne s'y attendait. Cela faisait six saisons que le club frôlait la relégation bien que l'équipe a déjà failli couler quelques années auparavant. Je pense, au match truqué contre Ajaccio (2-1 en 2008-2009) ou encore contre Strasbourg (2-1 en 2009-2010).
Mais si on compare les stats, on voit que la Berrichonne coule d'année en année, c'est un fait. Lors de la saison avec le repêchage au détriment de Luzenac qui fut très litigieux, j'avais déjà dit que cette saison le club n'y couperait pas, que l'équipe jouerait la 17e place jusqu'à la fin du championnat mais finirait 18e et c'est ce qu'il s'est produit avec cette 18e place récupérée à 3-4 journées de la fin du championnat et ce 3-0 infligé par Brest lors de la dernière journée.
De plus, pour la saison dernière, c'était à prévoir que le club finirait encore plus mal classé. Je les voyais finir 19 ou 20e, car une relégation fait mal au moral, mais aussi, car la saison a été calamiteuse et pour laisser le doute sur la gestion, la préparation a débuté bien en retard. Donc, je pense que j'ai eu le même sentiment que beaucoup de personnes, car tout le monde s'attendait à cette relégation et avec l'équipe en place, on avait une équipe de National, il faut se dire les choses.
Sur le plan sportif, le club a connu quatre entraîneurs en quatre ans (Tholot, Garcia, Gastien, Daury). Comment expliquer cette instabilité ?
C'est difficile à expliquer. Demandez à n'importe quel Berrichon, il ne sera pas vraiment capable de répondre d'où vient exactement le problème. On pourrait presque penser à une dictature au sein de la direction, avec une direction qui dit qui recruter, etc… C'est d'ailleurs ce qu'avait dit un entraîneur après s'être fait limogé : "j'avais les pieds et mains liées." Ça veut bien dire ce que ça veut dire. Il aurait fallu que ces entraîneurs réussissent en un claquement de doigts. Seulement, ils ne sont pas Mimi Mathy (sic) et la réussite ne se bâtit pas en deux-trois tours de main.
L’instabilité est également très présente en coulisses, avec un président et un président délégué, ainsi que l’ombre de Michel Denisot, toujours présent. Peux-tu nous expliquer un peu l’organisation du club ?
Tu as réussi à me faire sourire avec ta question. Ici, tout le monde se demande s'il y a encore quelqu'un au-dessus de l'entraîneur ! Michel Denisot a, pour moi, lâché l'affaire. Après, Thierry Schoen (président), est bien apparu deux ou trois fois et Bruno Allègre (président délégué) se fait tout petit. Ils donnent l'impression que personne ne veut endosser le dossard du fautif, le club avance dans l'inconnu et tant qu'ils ne mettront pas un peu d'ordre, ça n'ira pas mieux. Mais bon, ils préfèrent se faire tout petit et ne plus envoyer d'invité à l'émission "Le lundi c'est Berri" (ndlr : émission de radio sur France Bleu Berry), que de se réunir et mettre les points sur les i en apportant de véritables actions.
Au printemps dernier, Florent Malouda semblait bien parti pour prendre la direction du club, avant que l’affaire ne capote. Peux-tu nous expliquer cette affaire ?
C'est une affaire très compliquée, avec une bonne dose de mystère. Malouda avait un projet, inconnu par les gens hors du club, mais sans aucun doute bien connu par la direction. Au départ, tout le monde était d'accord pour discuter et la direction trouvait son concept intéressant. Cependant, à la Berri, rien n'est jamais simple.
La veille de la réunion avec le conseil d'administration, Malouda avait tenté de joindre Denisot, en vain. Ce dernier devait lui céder toutes ses parts, ce qui lui assurait déjà un bon chemin sur les 51% qui lui fallait pour prendre place à la tête du club. Schoen a ensuite sorti une excuse totalement étrange, en disant que Malouda avait proposé une somme risible (42 000 €) et que son projet n'était pas clair alors qu'il l'avait lui-même validé.
Le problème, c'est que lorsque Schoen s'est expliqué, on sentait dans sa voix que lui-même ne croyait pas ce qu'il disait. Son bégaiement, ses hésitations et le choix des mots prouvent que ses explications ne sont pas claires, comme s'il avait quelque chose à cacher. Sentiment un peu plus conforté lors de l'interview de Le Seyec, l'ancien président du club. Malheureusement, nous ne serons pas exactement ce qu'il s'est produit durant la réunion entre les différents partis.
Tu parlais de l'absence de direction, mais depuis cet été, Jérôme Leroy semble s'impliquer dans le club. Quel est son rôle ?
Il est le conseiller du président sur le choix du recrutement. Ayant été un joueur avec un long parcours sportif, il avait toutes les armes requises pour apporter à cette équipe un véritable plus. Sauf que malheureusement, ses choix de recrutement ont été, à mon sens, étranges. C’est la première fois que je vois la Berrichonne en National, mais reconstituer une équipe avec 60 à 65% de joueur à caractère défensif… Pourtant, le club annonçait fièrement que c'étaient des joueurs aguerris de National.
Avec la fin de saison dernière difficile et le début de celle-ci qui l'est tout autant, l'entraîneur Cédric Daury est vivement critiqué, notamment pour son organisation de jeu très défensive. Tu confirmes ?
Je ne le remets pas en cause sur la totalité des choses qui se passe, étant donné que le mercato s'est terminé très tard pour le club et que plusieurs bons joueurs sont partis, alors que lui voulait finir le mercato le plus rapidement possible pour créer une véritable cohésion de groupe et garder ses bons joueurs. Sinon oui, c'est vrai que jouer avec trois défenseurs centraux et deux latéraux pour un total de cinq défenseurs c'est énorme surtout lorsque tu es un club pro qui vient d'être relégué. Ça montre très nettement un manque de confiance, comme s'ils avaient peur de ce championnat, mais personne n'est dupe, on savait déjà que ce championnat était un piège avec beaucoup de clubs qui ont été relégués en CFA2 après leur première saison de National, sans compter les dépôts de bilan.
La direction a dû trop se focaliser sur les clubs qui ont échoué plutôt que sur les clubs qui ont réussi. Après comme j'ai déjà dit, l'entraîneur n'a pas forcément une totale liberté et il doit faire avec les moyens du bord.
L'effectif de cette saison est extrêmement jeune, comme lors des précédentes. Est-ce une politique assumée, avec le centre de formation, ou le symptôme de ce manque de moyens du club ?
Un peu des deux, car aujourd'hui, peu de clubs ont vraiment les moyens de recruter de véritables bons joueurs sauf lorsqu'il s'agit de bonnes pioches, mais la balance penche plus du côté du centre de formation. La Berrichonne a la chance de posséder un centre qui forme de bons voire de très bons jeunes joueurs talentueux. Malheureusement, certains voient leur talent exploser dans d'autres clubs qu'ici. Certains ont bien percé comme Denys Bain (Le Havre), Christopher Maboulou (Bastia), Hamza Sakhi (Metz), Romain Grange (Paris FC) et bien d'autres.
Parmi ces jeunes, certains semblent sortir du lot comme Yoane Wissa, le meilleur buteur, ou Ulrich Nnomo, international U20. Peux-tu nous parler d'eux ? Y'a-t-il d'autres joueurs à suivre ?
Je n'ai pas vu tous les matchs à domicile, mais Wissa est un joueur qui explose cette saison, c'est un attaquant qui en veut et dans un groupe très "peureux" ça peut aider. Pour Nnomo, il est sur une bonne lancée suite à sa dernière saison qui a été très intéressante. Ils ont tous les deux une grosse marge de progression et vont encore monter en puissance.
Flavien Tait, c'est un joueur à suivre de près. Bien qu'il ait du mal à se remettre d'une blessure au genou subie courant 2014, il reste un très bon joueur, et lorsqu'il aura repris la possession totale de ses moyens, il sera encore plus dangereux. Oumare Tounkara est également un joueur qui monte en puissance un peu plus à chaque match bien qu'il ne soit pas toujours dans le bon tempo sur les actions offensives.
Un grand merci à Jérémy pour son éclairage.
Jérémy: Pour commencer, la saison n'a pas été catastrophique que sportivement. Elle l'a également été administrativement avec la décision des dirigeants de retirer (non licencier) l'équipe première à Pascal Gastien par SMS puisqu'à ce moment de la saison (janvier) le président et président délégué étaient tous les deux partis en vacances, ce qui personnellement je trouve lamentable, au vu de la situation dans laquelle était le club.
Pour le sentiment personnel, je n'ai pas vraiment eu de réaction mis à part un sourire. Sincèrement ça serait de la mauvaise foi de dire que personne ne s'y attendait. Cela faisait six saisons que le club frôlait la relégation bien que l'équipe a déjà failli couler quelques années auparavant. Je pense, au match truqué contre Ajaccio (2-1 en 2008-2009) ou encore contre Strasbourg (2-1 en 2009-2010).
Mais si on compare les stats, on voit que la Berrichonne coule d'année en année, c'est un fait. Lors de la saison avec le repêchage au détriment de Luzenac qui fut très litigieux, j'avais déjà dit que cette saison le club n'y couperait pas, que l'équipe jouerait la 17e place jusqu'à la fin du championnat mais finirait 18e et c'est ce qu'il s'est produit avec cette 18e place récupérée à 3-4 journées de la fin du championnat et ce 3-0 infligé par Brest lors de la dernière journée.
De plus, pour la saison dernière, c'était à prévoir que le club finirait encore plus mal classé. Je les voyais finir 19 ou 20e, car une relégation fait mal au moral, mais aussi, car la saison a été calamiteuse et pour laisser le doute sur la gestion, la préparation a débuté bien en retard. Donc, je pense que j'ai eu le même sentiment que beaucoup de personnes, car tout le monde s'attendait à cette relégation et avec l'équipe en place, on avait une équipe de National, il faut se dire les choses.
Sur le plan sportif, le club a connu quatre entraîneurs en quatre ans (Tholot, Garcia, Gastien, Daury). Comment expliquer cette instabilité ?
C'est difficile à expliquer. Demandez à n'importe quel Berrichon, il ne sera pas vraiment capable de répondre d'où vient exactement le problème. On pourrait presque penser à une dictature au sein de la direction, avec une direction qui dit qui recruter, etc… C'est d'ailleurs ce qu'avait dit un entraîneur après s'être fait limogé : "j'avais les pieds et mains liées." Ça veut bien dire ce que ça veut dire. Il aurait fallu que ces entraîneurs réussissent en un claquement de doigts. Seulement, ils ne sont pas Mimi Mathy (sic) et la réussite ne se bâtit pas en deux-trois tours de main.
L’instabilité est également très présente en coulisses, avec un président et un président délégué, ainsi que l’ombre de Michel Denisot, toujours présent. Peux-tu nous expliquer un peu l’organisation du club ?
Tu as réussi à me faire sourire avec ta question. Ici, tout le monde se demande s'il y a encore quelqu'un au-dessus de l'entraîneur ! Michel Denisot a, pour moi, lâché l'affaire. Après, Thierry Schoen (président), est bien apparu deux ou trois fois et Bruno Allègre (président délégué) se fait tout petit. Ils donnent l'impression que personne ne veut endosser le dossard du fautif, le club avance dans l'inconnu et tant qu'ils ne mettront pas un peu d'ordre, ça n'ira pas mieux. Mais bon, ils préfèrent se faire tout petit et ne plus envoyer d'invité à l'émission "Le lundi c'est Berri" (ndlr : émission de radio sur France Bleu Berry), que de se réunir et mettre les points sur les i en apportant de véritables actions.
Au printemps dernier, Florent Malouda semblait bien parti pour prendre la direction du club, avant que l’affaire ne capote. Peux-tu nous expliquer cette affaire ?
C'est une affaire très compliquée, avec une bonne dose de mystère. Malouda avait un projet, inconnu par les gens hors du club, mais sans aucun doute bien connu par la direction. Au départ, tout le monde était d'accord pour discuter et la direction trouvait son concept intéressant. Cependant, à la Berri, rien n'est jamais simple.
La veille de la réunion avec le conseil d'administration, Malouda avait tenté de joindre Denisot, en vain. Ce dernier devait lui céder toutes ses parts, ce qui lui assurait déjà un bon chemin sur les 51% qui lui fallait pour prendre place à la tête du club. Schoen a ensuite sorti une excuse totalement étrange, en disant que Malouda avait proposé une somme risible (42 000 €) et que son projet n'était pas clair alors qu'il l'avait lui-même validé.
Le problème, c'est que lorsque Schoen s'est expliqué, on sentait dans sa voix que lui-même ne croyait pas ce qu'il disait. Son bégaiement, ses hésitations et le choix des mots prouvent que ses explications ne sont pas claires, comme s'il avait quelque chose à cacher. Sentiment un peu plus conforté lors de l'interview de Le Seyec, l'ancien président du club. Malheureusement, nous ne serons pas exactement ce qu'il s'est produit durant la réunion entre les différents partis.
Tu parlais de l'absence de direction, mais depuis cet été, Jérôme Leroy semble s'impliquer dans le club. Quel est son rôle ?
Il est le conseiller du président sur le choix du recrutement. Ayant été un joueur avec un long parcours sportif, il avait toutes les armes requises pour apporter à cette équipe un véritable plus. Sauf que malheureusement, ses choix de recrutement ont été, à mon sens, étranges. C’est la première fois que je vois la Berrichonne en National, mais reconstituer une équipe avec 60 à 65% de joueur à caractère défensif… Pourtant, le club annonçait fièrement que c'étaient des joueurs aguerris de National.
Avec la fin de saison dernière difficile et le début de celle-ci qui l'est tout autant, l'entraîneur Cédric Daury est vivement critiqué, notamment pour son organisation de jeu très défensive. Tu confirmes ?
Je ne le remets pas en cause sur la totalité des choses qui se passe, étant donné que le mercato s'est terminé très tard pour le club et que plusieurs bons joueurs sont partis, alors que lui voulait finir le mercato le plus rapidement possible pour créer une véritable cohésion de groupe et garder ses bons joueurs. Sinon oui, c'est vrai que jouer avec trois défenseurs centraux et deux latéraux pour un total de cinq défenseurs c'est énorme surtout lorsque tu es un club pro qui vient d'être relégué. Ça montre très nettement un manque de confiance, comme s'ils avaient peur de ce championnat, mais personne n'est dupe, on savait déjà que ce championnat était un piège avec beaucoup de clubs qui ont été relégués en CFA2 après leur première saison de National, sans compter les dépôts de bilan.
La direction a dû trop se focaliser sur les clubs qui ont échoué plutôt que sur les clubs qui ont réussi. Après comme j'ai déjà dit, l'entraîneur n'a pas forcément une totale liberté et il doit faire avec les moyens du bord.
L'effectif de cette saison est extrêmement jeune, comme lors des précédentes. Est-ce une politique assumée, avec le centre de formation, ou le symptôme de ce manque de moyens du club ?
Un peu des deux, car aujourd'hui, peu de clubs ont vraiment les moyens de recruter de véritables bons joueurs sauf lorsqu'il s'agit de bonnes pioches, mais la balance penche plus du côté du centre de formation. La Berrichonne a la chance de posséder un centre qui forme de bons voire de très bons jeunes joueurs talentueux. Malheureusement, certains voient leur talent exploser dans d'autres clubs qu'ici. Certains ont bien percé comme Denys Bain (Le Havre), Christopher Maboulou (Bastia), Hamza Sakhi (Metz), Romain Grange (Paris FC) et bien d'autres.
Parmi ces jeunes, certains semblent sortir du lot comme Yoane Wissa, le meilleur buteur, ou Ulrich Nnomo, international U20. Peux-tu nous parler d'eux ? Y'a-t-il d'autres joueurs à suivre ?
Je n'ai pas vu tous les matchs à domicile, mais Wissa est un joueur qui explose cette saison, c'est un attaquant qui en veut et dans un groupe très "peureux" ça peut aider. Pour Nnomo, il est sur une bonne lancée suite à sa dernière saison qui a été très intéressante. Ils ont tous les deux une grosse marge de progression et vont encore monter en puissance.
Flavien Tait, c'est un joueur à suivre de près. Bien qu'il ait du mal à se remettre d'une blessure au genou subie courant 2014, il reste un très bon joueur, et lorsqu'il aura repris la possession totale de ses moyens, il sera encore plus dangereux. Oumare Tounkara est également un joueur qui monte en puissance un peu plus à chaque match bien qu'il ne soit pas toujours dans le bon tempo sur les actions offensives.
Un grand merci à Jérémy pour son éclairage.
