Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Partir sur les Châteauroux

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Par zottel
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Paysage verdoyant du Berry © zero-zero

Il paraît que le Racing reçoit la Berrichonne de Châteauroux ! Un nom d'une folle audace marketing, car nul ne sait où est le Berry (pour l'En avant Guingamp, on a au moins la direction).

(Ceci est un article satirique sans aucune allusion aux mœurs de Gilbert Gress révélées dans les "Panama papers")

Oh non, on ne sait pas très bien où c’est ça, le Berry. Les limites de région deviennent des fictions administratives à mesure qu’on s’éloigne des régions frontalières pour gagner le vieux cœur bordélique du pays (i.e. la région Centre-Basse Austrasie).

Formé au Centre


Il peut évidemment arriver qu’on puisse y identifier deux destinations. C’est utile tirer une ligne droite et s’échapper à toute vitesse, comme un Anglais qui perd la guerre de 100 ans. La Touraine entoure Tours, l’Anjou frange Angers, l’Orléanais ourle Orléans ; oui, que peut bien border le Berry ? Berlin ? Bergheim ? On signale ça et là une Berrichone à Châteauroux ; est-ce à dire qu’il y en aurait de par là aussi ? Et pourquoi pas sous votre oreiller, ou dans un endroit plus saugrenu ? D’ailleurs Pierre Desproges souleva un problème concomitant, depuis le Printemps Bourges où il était égaré : quel Berry ? Richard Berry ? Claude Berri ? Strawberry ?

Bref, pour résoudre deux énigmes à la fois, on pourrait décider que Bourges est le chef-lieu du Berry (ou l’inverse, peu importe). C’est une simple proposition. Et ce serait même très commode pour l’orientation, car Bourges est le centre géométrique de l’Hexagone. Centre qui donne son nom à une région sans aucune autre trait régional caractéristique si ce n’est l’habitude d’y avoir deux bras et deux jambes (la région Grand Centre-Terre du Milieu).

Vive Leroy

C’est pourquoi le Berrichon ne se sent quasiment jamais opprimé par l‘état jacobin. Il râle un peu, pour ne pas se faire remarquer du Breton de la compta, bien sûr, mais sans excès. Pire même, il invite souvent l’état jacobin à boire une bière ; son patois lui est parfaitement familier, y compris l’accord du complément d'objet direct, et on les entend de loin s’extasier sur un accord du subjonctif. Copains comme larrons en foire (de Champagne) (ou Centrasie).

Une enquête approfondie sous les ponts d’autoroute le confirme : il faut le carbone 14 pour dater les les plus récents graffitis « Freie Berry ». Qui pourraient fort bien être l’œuvre de Clovis ou Mérovée (encore jeunes ou peu aguerris aux nécessités de la realpolitik). Pour un Berrichon, demander l’indépendance reviendrait à l’accorder à tous les autres, ce qui est insupportable.
Le dernier grand mouvement d'indépendance n’a jamais été plus loin en Berry que création d'un nouveau logo vert-jaune-rouge, qui est toujours l’acte fondateur de grands bouleversements et de l’arrivée de Claude Leroy. Ouf.

Drapeau du Sénégal (1960) :
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/fd/Flag_of...
Drapeau du Cameroun (1960) :
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/4/4f/Flag_of...
Drapeau hideux, lieu incertain en néo-Austrasie (1997-2006) :
http://nsa38.casimages.com/img/2016/02/28/160228021519524183.png
Drapeau de Chateauroux/Berry d'après Wikipedia (avorté) :
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/9/9e/Flag_of...

Le Champi et les psylos

Et de toute façon, central ou pas, pourquoi diable aller à Bourges ? Car enfin, que nous propose ce printemps (de Bourges) pourri, en dehors de ces spectacles nauséabonds ? s’exclamait encore Desproges, avant d’éreinter l’exposition d’ « instruments de musique traditionnels berrichons » présentée lors de cette édition. Il pointant là les prétentions de la petite région à rejoindre elle aussi la grande fête du monde moderne. Qu’on se rassure, on ne doit plus entendre beaucoup y résonner la harpe en boyaux de chèvre qu’on exposait encore naguère candidement aux sarcasmes du clown des villes.

Et c’est pourtant dommage : il est émouvant d’imaginer que si on a jeté quelques routes par ci par là, la région est quasiment toujours celle de Georges Sand, auguste contemporaine de votre arrière-arrière-grand-mère. Dans l’épaisse forêt de la Brenne elle croisait tous les jours le merveilleux; on ne sait jamais si on va y marcher sur Monsieur Bourdon, la Reine des Prés, dans du crottin de licorne ou un titre du Racing jeté là par Bernard Gardon.

Du moins l'auteur le croyait fermement à l'âge tendre, et il préfère conserver ses illusions en s'interdisant d'aller du côté du Berry.
On sait qu'en Bretagne, on s'est avisé bien tard, dans un obscur bureau sous-préfectoral, d'apposer un écriteau « Chêne de Merlin – Forêt de Brocéliande » au carrefour de deux peupleraies à rotation de 25 ans. C'est aussi peu féérique que possible. A cet endroit funeste, on ne compte plus les imaginations éteintes à jamais par l'épouvantable froideur de l'administration. On y vit la même tragédie que celles de ces âmes ardentes prêtes à s'exalter pour la Marseillaise (ou plus secrètement pour du Wagner), qui consentent à aimer Jump de Van Halen, et auxquelles on inflige du Virgine Schaeffer.

C'est pourquoi le Berry doit rester ce havre de ruralité, cet ultime refuge de l'humour anti-pèquenot, cette ultime réserve d'éléphants inviolée à Romain Gary grâce à laquelle le monde pourrait se garder l'expansion infinie de la machine. Il ne reste qu'à lui trouver un nouveau nom et un beau logo.

zottel

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