Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Krimau était presque parfait

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Par kitl
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Krimau, au centre

Retour sur la carrière prolifique du buteur marocain des années 1980, qui fit le bonheur de nombreux clubs de première division. Mais c'est à Strasbourg et Tours, adversaires ce vendredi, qu'il eut le plus de mal à s'épanouir.

Appelés baroudeurs ou bien plus péjorativement mercenaires, de nombreux joueurs se sont fait la spécialité de changer fréquemment de clubs, avec une réussite inégale mais une trace comptable.
Parmi ces joueurs capables de marquer pour plus d'une demi-douzaine de clubs différents, on pense à Dominique Rustichelli pour les plus anciens, Jacques Vergnes dans les années 1970, plus récemment les inénarrables Xavier Gravelaine et Bruno Rodriguez.
Point commun de ces buteurs, ils sont tous passés par le Racing Club de Strasbourg. Dans les années 1980, ces détenteurs de la carte de fidélité chez les entreprises de déménagement eurent pour nom Gérard Soler ou Merry Krimau, autres anciens Strasbourgeois.

Natif de Casablanca, Abdelkrim Merry, dit Krimau, se signala au cours d'un tournoi de juniors disputé en Corse au milieu des années 1970, au cours duquel il tapa dans l'oeil du Sporting Club de Bastia. Il se cantonne pour ses débuts à l'équipe réserve, barré par Vergnes puis Fanfan Félix.

Club parvenu dans l'élite depuis moins de dix ans, Bastia attire néanmoins des joueurs internationaux confirmés, en la personne du génial Yougoslave Dragan Dzajic, puis de l'attaquant batave Johnny Rep. Troisième du championnat en 1977, le Sporting dispute la Coupe de l'UEFA la saison d'après. C'est seulement en cours de saison 1977-78 que Krimau montre le bout de son nez. Il supplante peu à peu Félix, essentiellement grâce à un doublé inscrit sur la pelouse du Stadio Communale face au Torino. Vainqueur du Scudetto 1976, l'équipe emmenée par le duo d'attaque Graziani-Pulici était invaincue sur son terrain depuis de longs mois. Ce match marque le véritable point de départ de l'odyssée corse, qui se poursuivra face au Carl-Zeiss Iéna et aux Grasshoppers de Zurich, avant de s'achever dans la boue de Furiani contre le PSV Eindhoven.

Notons que contrairement à la légende, les Corses sont largement minoritaires dans l'équipe de Pierre Cahuzac : on retrouve les Alsaciens Weller et Burkhardt, le Lorrain Mariot, les Basques Cazes et Lacuesta, le Béarnais pied-noir Larios, le gardien breton Pierrick Hiard... Mais le public s'identifie au charismatique meneur de jeu chauve Claude Papi et au taureau de Vescovato Charles Orlanducci, patron de la défense.

Krimau au paradis ?


La digestion de l'exploit est délicate pour Bastia. Le ferry relie alors la Corse à Saint-Etienne : Lacuesta et Larios étaient arrivés en contrepartie du transfert de Jacques Zimako dans le Forez. Ensuite Johnny Rep rejoint les Verts. Tandis que Krimau peine à confirmer, Cahuzac quitte le club en 1979.

Le Marocain signe en effet une années 1979 catastrophique, sans marquer le moindre but en près de 40 matchs. Souvent placé au milieu de terrain par Jean-Pierre Destrumelle, il ne cache pas ses envies d'ailleurs. Convoité par le PSG, il atterrit finalement à Lille. Si les Nordistes jouent le maintien comme depuis les années 1950, il s'appuient sur une triplette d'attaquants particulièrement prolifiques : Cabral-Pleimelding-Olarevic. Si bien que Krimau poursuit son intérim dans l'entrejeu. Après une saison à 35 matchs et 12 buts, il est décidé à bouger, d'autant plus que les dirigeants du LOSC ne retiennent pas ce joueur à l'hygiène de vie douteuse et au tempérament fantasque.

Krimau rejoint alors Toulouse, en deuxième division, où il retrouve Pierre Cahuzac. La recrue vedette Robby Rensenbrink se révélant un flop absolu, Krimau tient la baraque en compagnie de Robert Pintenat. La Ville rose retrouve l'élite avec ce nouveau club, mais notre attaquant quitte le club. A 27 ans, on ne sait toujours pas ce que vaut vraiment Merry Krimau.

Krimau prend l'Orient-Express


Metz le récupère et lui adjoint un autre buteur à pseudonyme. Le barbichu Krimau et le moustachu germano-yougoslave Kurbos - Zvonko pour l'état-civil - martyrisent les défenses avec respectivement 23 et 17 réalisations. Mais à l'image des hauts-fourneaux et des puits de mine de charbon voisins, le FC Metz est proche de la banqueroute. Krimau est alors transféré au RC Strasbourg, lequel court désespérément après sa courte gloire passée.

Cette intersaison 1983 voit la ligne d'attaque intégralement repensée. Albert Gemmrich fait son retour après une saison désastreuse à Lille. Outre Krimau, le Racing engage également le Burkinabè Issicka Ouattara et l'espoir lensois Claude Quéry. Avec Olivier Rouyer et Carsten Nielsen, Strasbourg ne manque pas d'atouts offensifs mais se singularisera davantage par son nombre de matchs nuls (17 dont 8 0-0).
A l'issue d'une saison collectivement confortable, puisque le Racing oscilla entre les sixième et huitième place de D1, mais frustrante pour les attaquants et les spectateurs, Krimau fait à nouveau ses valises. Il vient de signer sa pire saison depuis six ans, avec trois maigres buts, et de longues absences en septembre, octobre, décembre, janvier et février : il fut victime de son caractère, le niveau de jeu qu'il afficha n'étant au surplus pas de nature à influencer les choix de Jürgen Sundermann.

Krimau et châtiment


Il rejoint le promu tourangeau, orphelin de Delio Onnis mais qui s'appuie sur Omar Da Fonseca, lequel n'a pas encore découvert le pouvoir d'un micro. Jean-Marc Furlan fait figure de chef de défense et ce n'est finalement guère surprenant d'apprendre la relégation du FC Tours, après une année mouvementée. Krimau réalise une saison en dessous des attentes du président-député-maire Jean Royer, surnommé en son temps "le père la pudeur". Avec six maigres buts, il semble sur la pente descendante.

Krimau retrouve pourtant ses jambes au Havre : il inscrit 17 buts dont un quadruplé contre Toulon et sa défense d'agneaux Bérenguier-Alfano-Boissier-Marsiglia. Une résurrection qui tombe à pic, puisque la sélection marocaine est qualifiée pour la CAN à venir et surtout pour le Mundial mexicain. Sélectionné sur le tard à 30 ans, Krimau participe à la Coupe d'Afrique des Nations, puis brille en Coupe du monde.
Il marque le troisième but lors du succès 3-1 face au Portugal, faisant du Maroc le premier pays africain à sortir de la phase de poule. Un double bonheur pour les Lions de l'Atlas, qui coupent l'herbe sous le pied du voisin et rival algérien. Zaki, Bouderbala et El Haddaoui seront finalement battus à l'allemande, sur un but de Matthäus à la 87ème minute...

Comme à chaque intersaison depuis 1980, Merry Krimau change de club. Sa destination est un nouveau promu, mais un club prestigieux : l'AS Saint-Etienne, qui n'a d'autres ambitions et moyens que le maintien. Ils y parviendront, le Marocain apportant son quota de buts, dont un doublé au Parc des Princes face au (pas encore Matra) Racing Club de Paris. On ignore si le recrutement d'un joueur de 33 ans aux côtés de Francescoli, Buscher, Umpierrez et autres joueurs offensifs répondait à un caprice de M. Lagardère ou une volonté de René Hauss, directeur sportif des Ciel et blancs. Toujours est-il que Krimau rejoint la capitale et ce club érigé en modèle sur la seule foi de son recrutement onéreux été après été.

Arnaques, Krimau et botanique


Tout frais vainqueur de la C1 avec Porto, Artur Jorge cède aux sirènes de Jean-Luc Lagardère. Campé à la troisième place à l'orée du printemps, le Matra Racing s'écroule complètement, incapable de gagner le moindre des duze derniers matchs de championnat. La Coupe d'Europe part en fumée...

Sans doute abattus, les Matraciens vivent une saison 1988-89 harassante, ne se sauvant qu'à la dernière journée, alors que le bailleur de fonds venait d'annoncer son retrait immédiat. Entouré de David Ginola, Philippe Anziani et Francescoli, Krimau vit son crépuscule, puisqu'il disparaît de l'équipe en seconde partie de saison. Un an plus tard, le Racing Paris 1 tombe dans les limbes après une défaite en finale de Coupe de France. Un nouveau coup du sort pour notre attaquant, qui avait déjà quitté Bastia et Metz un an avant leur succès dans cette compétition et qui n'aura jamais connu les joies d'une finale au Parc des Princes...

Bien après la fin de sa carrière, on retrouve le chemin de l'insaisissable Krimau à la rubrique des faits divers. Retiré dans l'Essonne, il est condamné en 2009 à de la prison avec sursis dans le cadre d'une affaire de machines à sous. Plaidant d'être la victime de ses mauvaises fréquentations, Merry Krimau est depuis rentré au Maroc, où il vient d'ouvrir une académie pour footballeurs en herbe.

kitl

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Stammtisch
  • the-naturel Hello mon prono 1-8, triplé de Stephan
  • tenseur Rennes joue vraiment bien ces derniers temps, donc je pense 1-3 Rennes
  • iuliu68 c'est qui le prochain? Ginestet?
  • iuliu68 'tain les retours ça dénote quand même d'un manque d'idées chez les scénaristes
  • iuliu68 Jafar, Fontenla, Keller 1, 2 et 3...
  • guigues hopla
  • chris68 le trio direct racing Menes Keller hyper malaisan
  • il-vecchio Wie bitte? MK veut une presse Propagandastaffel ou la Pravda pour les russophones.
  • iuliu68 bon normalement Thomas Fritz devrait pointer le bout de son parapluie
  • iuliu68 Jafar, Fontenla
  • chris68 le racing leur menace de plus les accepter en conf" qu'ils se doivent de relayer la com' officielle?
  • chris68 c'est quoi encore cet article de direct racing?
  • takl ça y est je suis énervé.
  • takl vivement la flamekueche burger vegan sans gluten. Avec sauce samourai.
  • takl les flammekueches chimiques de kauffer's sont un signe précurseur de l'Apocalypse.
  • takl après Alain Falento, verrons-nous réapparaitre Jafar Halali?
  • gibi68 Le malheur des uns va peut être faire le bonheur des autres
  • chrischarp Ouh la, ça va être vraiment compliqué pour Nantes qui vient de perdre Simon...
  • guigues hopla
  • alainh68 0 - 0 , à la fin du temps réglementaire et des prolongations et 5-4 aux tirs aux buts

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