Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Dans le rétro : septembre 1986

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Souvenir/anecdote
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Par kitl
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Robert Herbin, assisté de Freddy Zix

Le conflit Willaume-Hechter trouve une issue attendue avec la démission du premier nommé. Un célèbre entraîneur roux débarque à Strasbourg. Enfin, la rentrée politique se veut moins féroce qu’à l’accoutumée, en raison de la vague d’attentats frappant la capitale.

Résumé de l’épisode précédent : Le début de saison du Racing, favori déclaré, est largement en deçà des attentes. Orpheline de Peter Reichert, blessé, l’équipe laisse une terrible impression d’impuissance. Francis Piasecki semble déjà résigné, alors que la campagne en faveur de l’arrivée de Daniel Hechter à la tête du club se fait de plus en plus active. Une rencontre entre le couturier parisien et le président Willaume est prévue au début du mois.

Comme l’esquissaient les Dernières Nouvelles d’Alsace au lendemain de l’énième contre-performance du RCS contre Orléans, un compromis intervient à l’issue d’un été passablement meurtrier. L’arrivée de Daniel Hechter est entérinée le 3 septembre. Au cours de leur entretien téléphonique, Jean Willaume, président destitué – en dehors des formes statutaires –, lui a annoncé qu’il préférait démissionner du comité, plutôt que de cohabiter. Les hommes que Willaume avaient cooptés au mois de mai – MM. Maechler, Kappeler, Wiltberger et Koenig – ont, par solidarité, choisi de quitter le comité de gestion, qu’intègrent des soutiens d’Hechter, comme Pierre Kubel, Paul Giegel ou Patrick Spielmann. Les animateurs de la météorique « Association pour le renouveau du Racing » sont donc immédiatement récompensés pour leur travail de lobbying.

Daniel Hechter ne devient pas directement président du Racing Club de Strasbourg, il ne dispose officiellement que du titre provisoire de « chargé de mission », ceci afin de se conformer aux statuts du club, qui ne devraient, eux non plus, faire de vieux os. C’est également le cas de Francis Piasecki, qui se voit retirer la charge de l’équipe première. Ce limogeage est après tout peu surprenant, l’ancien numéro 10 ayant manifesté sa solidarité avec le président Willaume au long du mois d’août. Surtout, la situation sportive du club est alarmante (une victoire en six matchs, 16ème place du classement).

Succède à Piasecki un attelage baroque, composé de Jean-Pierre Dogliani et Didier Six, qui auront la responsabilité de composer l’équipe à Caen. International français à une reprise, Dogliani est employé du groupe Hechter depuis la fin de sa carrière professionnelle, qu’il acheva au PSG. Didier Six est en outre promu capitaine, au grand dam de Rémy Vogel, lequel ne cache plus son spleen et ses rêves de Principauté. Freddy Zix reste en place et se voit confier la préparation physique.
A Venoix, le « nouveau » Racing ne fait pas plus illusion que l’ancien. Sans véritable entraîneur, il s’incline lourdement (4-1) contre le Caen d’Eric Pécout. Devant l’échec de cette solution bricolée, Daniel Hechter fait appel, non pas au « plus illustre des Français » mais à un entraîneur qu’il avait lui-même mentionné au cours de sa conférence de presse du 22 août à l’Holiday Inn : Robert Herbin.

En attendant « le Sphinx », une autre pointure débarque à Strasbourg à l’occasion de la Foire européenne. Le ministre de l’Equipement, du Logement et de l’Aménagement du territoire, Pierre Méhaignerie, par ailleurs président du CDS, rend visite à ses camarades démocrates-chrétiens alsaciens, toujours en quête de subsides pour leurs projets d’infrastructures. Son collègue Adrien Zeller rebondit sur les incendies de l’été dans le sud de la France et propose d’engager des chômeurs pour débroussailler les forêts ravagées par le feu.

Quelques semaines après cette visite ministérielle, on apprend que la participation de l’Etat au financement du grand dessein de Marcel Rudloff, le VAL, risquait d’être fort ténue. Le maire de Strasbourg, après avoir pris la mesure de la congestion générale du trafic automobile, s’est positionné fin 1985 en faveur de ce nouveau moyen de transport en commun, mi-métro, mi-tramway. Lille a inauguré une telle infrastructure en 1983, pour Strasbourg sont imaginées deux lignes nord-sud convergeant place Kléber et formant un stéthoscope. Il faut dire que le premier tronçon part du CHU de Hautepierre. Mais les aménagements nécessaires à la transformation de la ville risquent de saler sérieusement l’addition…

Dans ses premières interventions comme entraîneur du RC Strasbourg, Robert Herbin est presque observé comme une bête curieuse par la presse régionale. Parmi les raisons l’ayant décidé à rejoindre le « Récing » (prononciation à la parisienne), Herbin évoque le stade de la Meinau (« Le plus beau de France ») et n’oublie pas de faire référence au dynamisme économique alsacien. Le deal avec Hechter est clair dès le départ : il revient en France après une expérience dans le Golfe et se donne le droit de quitter le club en fin de saison s'il ne se sent pas à l'aise en Alsace.
A l’entraînement, les DNA notent ce lapsus amusant : « Bien, Johnny ! », alors qu’Herbin souhaitait évidemment relever un bel arrêt de Philippe Schuth. Le gardien du Racing, souvent abandonné par sa défense au mois d’août, vient d’intégrer l’Equipe de France Espoirs, aux côtés de joueurs promis à un bel avenir comme Laurent Blanc ou Franck Sauzée.

Pour la venue du FC Tours de Claude Quéry et José Souto, Herbin demeure en retrait, laissant les rênes à l’intérimaire Freddy Zix. Strasbourg s’impose 1-0 sous une pluie continuelle, grâce à Walter Kelsch. Dans le même temps, le leader niortais a concédé le nul contre le FC Mulhouse : fin de série pour les Chamois après sept succès de suite ; septième match nul pour les hommes de Raymond Domenech, toujours invaincus mais vainqueurs à une seule reprise. Le Racing est loin des sommets, il vient de quitter la zone des relégables.

L’enthousiasme naissant et les premières rumeurs fantaisistes, de type Bernard Genghini et Bernd Schuster sont rapidement tempérés par le match nul peu glorieux rapporté trois jours plus tard de Saint-Dizier (0-0). Pour sa véritable première, Robert Herbin avait, il est vrai, aligné un onze particulièrement défensif, avec les jeunes Cobos, Andrieux et Niesser chargés d’animer le milieu de terrain.
Le Sphinx a fait de la solidité défensive le nouveau leitmotiv du Racing. Il sait pouvoir compter sur un avant-centre de classe, qui fête sa première titularisation contre le Red Star, à l’occasion de la 10ème journée. La triplette du VfB Stuttgart de 1983 est enfin assemblée : Reichert marque deux minutes après la superbe ouverture du score de Vincent Cobos. Kelsch clôturera la marque.

De quoi redonner le sourire aux 2500 courageux, alors que le mois de septembre est marqué par une vague terroriste de grande ampleur visant la capitale. Paris est frappée en des points aussi stratégiques que l’Hôtel de Ville, la Préfecture de Police et le centre d’affaires de la Défense. Les poseurs de bombes se revendiquent du Hezbollah libanais et plus précisément d’un « Comité de solidarité avec les prisonniers politiques arabes et du Proche-Orient », avec en toile de fond la guerre Iran-Irak et la poudrière du Liban.
Une sorte d’union sacrée prévaut dans la classe politique, les épées sorties pour la rentrée politique retrouvent prématurément leur fourreau et la mesure de contrôles renforcés aux frontières de l’Hexagone fait globalement consensus.

A l’échelon local, un syndicat de coopération interrégionale du Grand Est est relancé. Cette association réunit des ténors politiques de droite et de gauche issus des cinq régions composant le Nord-Est de la France : Alsace, Bourgogne, Champagne-Ardenne, Franche-Comté et Lorraine. On y retrouve Edgar Faure, Jean-Marie Rausch, Jean-Pierre Chevènement, Bernard Stasi… Leur objectif commun est de faire venir le TGV dans leurs gares et ne pas laisser le dynamisme économique à l’Ouest et au Sud du pays. Il n’est pas dit si ce syndicat s’est doté d’une identité visuelle.

Après trois matchs sans avoir encaissé de but, fort du retour de Peter Reichert, le Racing se rend à Angers. Il s’incline trois buts à un malgré un nouvel exploit individuel de son attaquant moustachu. Cette fois-ci, les espoirs de barrages sont définitivement enterrés. Robert Herbin est parti pour de longues soirées de questionnements, au moins aussi longues que celles des enquêteurs chargés de tirer au clair une sordide affaire de double meurtre d’enfants commis le 28 septembre à Montigny-lès-Metz.

Article réalisé à partir des archives des Dernières Nouvelles d'Alsace, consultables au musée historique de Haguenau ou à la médiathèque André Malraux de Strasbourg.

kitl

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