RCS - Laval, côté tribunes

« Je vis de bonne soupe, et non de beau langage » disait Molière dans un interview d’après match. Il devait surement être supporter du Racing. En effet, pour la réception de Laval, c’était bel et bien la soupe d’Egon qui faisait saliver les supporters, plus que les belles paroles de la conférence de presse d’avant match. Mu par ma conscience professionnelle, je me rend dès l’ouverture des grilles à la Meinau pour sentir l’atmosphère et humer les flagrances de légumes. Il y a déjà foule sous le quart de virage Nord Ouest où se déroule maintenant cette tradition remontant à plus d’une dizaine d’années.

Les associations ont installé leurs tables, profitant de l'occasion pour proposer aux supporters soupophiles leurs produits dérivés. Un t-shirt aux couleurs du club, de la ville et la région ainsi qu’un drapeau siglé RCS chez les UB90. Pulls et T-shirts célébrant les 110 ans du club chez la fédération des supporteurs. A noter qu’il était également possible de se procurer le livre autobiographique du seul supporter du Racing ayant eu le courage d’assister à toutes les rencontres depuis 13 ans. Un courage qui aurait mérité une anthologie.

Après avoir accepté, par pure curiosité professionnelle, la bière que les ultras tirent allégrement des futs offerts également par Monsieur Gindorf et tailler le bout de gras avec les jeunes et les moins jeunes qui refont le match autour de leur gobelet fumant, je me décide à entrer dans la danse et faire la file pour récupérer le précieux breuvage. Il faut pour cela présenter le ticket qui m’a été remis au stand des associations. Pas que la soupe soit réellement réservée à ses dernières mais plutôt un moyen de réguler la distribution.

Après avoir reçu mon gobelet, ma serviette, mon morceau de pain, j’arrive à l’étape cruciale de la soupe et comme la saison dernière c’est la stupéfaction. Pas de knack, mais des fumées coupées en rondelles. Les puristes s’arrachent les cheveux, s’ils leur en restent après la dernière prestation du Racing à l’extérieur et il ne me reste que mes yeux pour pleurer en attendant la rencontre. Je me console en me disant qu’il reste encore la fameuse soupe de pois d’un célèbre stubiste qui lui ne lésine pas sur les knacks. Néanmoins comme tous les supporteurs, j’ai apprécié ce moment de convivialité un peu à part qui fait que le Racing n’est pas un club tout à fait comme les autres. Marc Keller fera un discret passage à la case soupe, par contre je n’ai pas aperçu Egon.

Revenons à nos moutons et à l’ambiance de ce RCS-Laval qui avait un coté très vintage, notamment en raison des tuniques oranges inchangées des Lavallois. L’ambiance comme le match a du mal à décoller, c’est mou du genou, même si le kop comme les joueurs y mettent de la bonne volonté. Le pic émotionnel de la mi-temps c’est la banderole de soutien aux fans Nantais : « Kita la passion ne s’interdit pas, soutien à la BL » BL ou Brigade Loire, les ultras nantais dont le conflit larvé avec Waldemar Kita, le président du club, vient de prendre un nouveau tournant. En effet, après s’être ignorés cordialement quand le FC Nantes retrouvait des couleurs sur le terrain, les deux entités s’affrontent frontalement depuis le début de la saison. Pendant que l’équipe déjoue, une partie des habitués de la Tribune Loire, le kop nantais, a tenté d’aller s’expliquer avec son président en tribune officielle. Un mouvement de foule pas du goût de la direction et c’est l’ensemble de la tribune qui se retrouve privée de drapeaux, banderoles, mégaphones, etc. Une manière dictatoriale dans la pure tradition Kitarienne, président qui dans son temps n’hésitait pas à faire le coup de poing contre certains supporteurs l’invectivant. Bref rien de bon augure pour les Nantais.

Après des arrêts de jeu qui semblent interminables et provoquent l’agacement du public, le Racing remporte miraculeusement le match, grâce un penalty transformé par Boutaïb. Néanmoins, c’est encore une fois Blayac qui consolide son statut de chouchou de la Meinau, acclamé à son entrée. Acclamé aussi, l’homme du match, Alexandre Oukidja qui passera de longues minutes au sol après un contact avec l’attaquant adverse. Le Kop lui manifestera son soutien bruyamment. Soulagement à la fin d’une partie qui ne fut pas une promotion du football. Les joueurs soulagés également, viennent saluer la tribune Ouest sous l’impulsion d’Ernest Séka. Ce sera mieux la prochaine fois.

Coté Laval, une poignée de fans, déployant leurs couleurs orange dans le quart de virage visiteur. Une immense bannière Forza, et des drapeaux un peu partout. Bizarrement ils disparaîtront à la mi-temps. Certains les ayant aperçu en Sud ou au stand de tartes flambées.