L'adversaire : Niort

Habitué de la deuxième division depuis la fin des années 80, les Chamois Niortais ont tout de même connu quelques soubresauts depuis cette période, avec quelques aller-retours en National voire en CFA, comme en 2010. Revenue en L2 en 2013, sous la houlette de Pascal Gastien, le club au nom le plus étrange du foot français (qui a déjà vu un chamois dans les Deux-Sèvres?*) est tout proche d'enchaîner avec une promotion en L1 lors de la première, avant de craquer en fin de saison. Malgré cela, Gastien n'est pas reconduit, après près de quinze ans au club, et son départ provoque la colère des supporters. Pour lui succéder, Karim Fradin, le très controversé manager général, engage Régis Brouard, alors coach à la mode, suite au parcours de Quevilly en coupe de France. Celui-ci ne parviendra jamais à imprimer sa patte sur le jeu, et Niort achève la saison 2014/2015 dans le ventre mou, trop irrégulier pour espérer autre chose, et ce, malgré un effectif de bonne qualité (Florian Martin, Dona N'Doh, Koné ou encore le gardien Delecroix). La saison dernière est bien plus compliquée : rapidement engluée en queue de classement, la faute à un début d’exercice catastrophique (une seule victoire en dix rencontres), la Team Chamois ne parvient pas à redresser la barre, malgré les nombreux changements, de système ou de joueurs, opérés par Brouard. Sans solutions, et plus ou moins lâché par son groupe, le coach à la chevelure impeccable finira par être poussé vers la sortie au mois de mars, après une nouvelle série noire de cinq défaites et trois matchs nuls. Pour le remplacer, Jean-Philippe Faure et le mythique Carl Tourenne, tous deux déjà présents au club, ont été appelé, d’abord en tant qu’intérimaires, puis, avec le redressement en termes de résultat et de jeu, pour terminer la saison. Et grâce à un beau finish, Niort est parvenu à assurer son maintien dans l’antichambre.

Pour tourner la page de cette saison bien compliquée, et vivre une année plus calme, tout en posant les bases d’un club capable de s’installer durablement en L2, Karim Fradin et les dirigeants se sont montré plutôt malin sur le marché des transferts, avec le renfort des expérimentés Jonathan Brison, Laurent Agouazi, Romain Grange et Aliou Dembélé, l’ancien capitaine de Bourg-en-Bresse. Surtout, l’ensemble de ce recrutement a été réalisé très tôt, de façon à ce que ces joueurs participent à la préparation collective. Mis à part Paul Delecroix et Djiman Koukou, les cadres sont restés fidèles, à l’image de Jimmy Roye, qui entame là sa sixième saison dans la Venise Verte.

Pour encadrer cet effectif, c’est un autre ancien entraîneur révélé par un parcours en coupe de France qui a été engagé. Traumatisé par une expérience difficile au Paris FC, pour ses débuts sur un banc professionnel, Denis Renaud s’est ainsi vu offrir une deuxième chance de prouver sa valeur, et de confirmer sa réputation de tacticien, bien connue dans la région. Pourtant, après une série de matchs amicaux très encourageante, le début de championnat est on ne peut plus compliqué : à la recherche d’un premier succès durant huit journées, et auteur de deux prestations catastrophiques face à Tours (1-4) et Nîmes (1-3), Niort revoit le spectre de la saison passée, et l’entraîneur semble revivre son expérience parisienne. Ce dernier remise un temps sa philosophie offensive : « j’ai dit à mes joueurs“il faut qu'on arrive à devenir une équipe solide”. On n'était pas assez agressif et il fallait qu'on se bouge défensivement pour ne pas revivre ce que le club avait vécu la saison dernière. Il fallait qu'on soit beaucoup plus rigoureux, dans les duels notamment. Ça été notre premier angle de travail : resserrer les lignes et ne plus prendre de buts. Quand tu ne prends pas de but, tu peux avoir des résultats ». Le déclic a lieu au Red Star, avec un succès 1-0, acquis grâce une défense hermétique. Et malgré un revers à Valenciennes et un score loin de refléter la physionomie de la rencontre, Niort commence à enchaîner les bons résultats. Peu à peu, avec un secteur défensif rassuré et rassurant, le jeu se met en place. Ainsi, à la veille d’un déplacement compliqué sur la pelouse du leader brestois, plutôt de chercher à gratter un 0-0, Renaud affiche son ambition dans la manière : « On ne jouera pas avec un bloc bas, même si on joue chez le leader. Plus on leur laissera le ballon, plus on sera dans la difficulté. Après la récupération, il faut qu’on ait cette capacité à se projeter vers l’avant au bon moment, ou à garder le ballon pour éviter de se mettre en danger ». Résultat, un succès probant 3-2.

Déjà connu pour ses méthodes novatrices avec Carquefou, Denis Renaud a déjà expérimentés plusieurs schémas de jeu, qui sont désormais maîtrisés par ses hommes, rendant son équipe plus difficile à appréhender, que ce soit en 4-4-2 à plat, en 4-3-3 ou en 4-4-2 losange (logique pour Renaud…). Surtout, le coach a mis l’accent sur un secteur de jeu encore trop souvent laissé de côté dans les entraînements en France : les coups de pieds arrêtés. Pascal Grosbois, spécialiste de la question, et responsable de ce travail spécifique à Angers, intervient un jour par semaine à Niort. Résultat, le pourcentage de réussite dans cet exercice s’élève à 45%, contre à peine plus de la moitié dans les autres clubs de L1 et L2. Il faut dire que l’équipe compte dans ses rangs un spécialiste en la matière, avec Romain Grange et sa belle patte gauche.

A quelques jours de la trêve hivernale, le bilan de la première moitié de saison des Chamois est donc plus qu’honorable, surtout après un début de saison raté. Bien calé en milieu de tableau, ce qui correspond peu ou prou à l’objectif final du club, Niort pourra donc aborder la phase retour avec une pression moindre et surtout, la volonté de jouer les trouble-fêtes.

* Le club a en fait été fondé par le fils du propriétaire d'une chamoiserie.

Citations extraites du Petit Chamois et de la Nouvelle République.