Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Dans le rétro : novembre 1986

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Souvenir/anecdote
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Par kitl
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Simon 1er match.jpg
Le libero argentin Simon, première recrue de l'ère Hechter

Catastrophe écologique, terrorisme et manifestations : l’actualité en l'ère pré-BFM TV maintient son rythme effréné. Au Racing, les ajustements se poursuivent sur fond de conflit entre la corporation des journalistes et les dirigeants du football français.

Résumé de l’épisode précédent : Le revers du Racing face à Mulhouse à la Meinau, au succès populaire et médiatique remarquable, semble confirmer l’inversement de tendance entre RCS et FCM. Alors que s’achève le cycle aller, l’idée d’une saison « perdue » a fait son chemin.

En déplacement chez le leader niortais à la veille de la Toussaint, le Racing s’est logiquement incliné (1-0), sur une réalisation de la vedette locale, Abedi Pelé. Au stade de la Venise verte, Philippe Schuth, auteur d’un mauvais renvoi sur corner, a sans doute commis l’erreur de trop.
A mi-saison, Daniel Hechter enregistre comme attendu l’arrivée de sa première recrue. Barré par le Danois Busk à l’AS Monaco, Juan Ernesto Simon débarque jusqu’à la fin de la saison, sous la forme d’un prêt aux conditions fort avantageuses, pris en charge intégralement par l’ASM et « transformable » en transfert. Les premiers mots du libéro (francophone) à son arrivée à Entzheim valent leur pesant d’or : « Il fait moins froid que prévu ».

Simon est titularisé quelques jours plus tard, contre Valenciennes. Ce match marque également les débuts de Philippe Flucklinger, gardien mosellan recommandé par Robert Szczepaniak, le vainqueur de la Coupe de France 1966 et longtemps entraîneur de Merlebach. Au cours du succès une nouvelle fois très laborieux – deux buts inscrits aux 80ème et 81ème minutes de jeu –, Didier Six sort à la pause, touché aux adducteurs.

Ce début novembre 1986 s’est ouvert sur un événement au cours duquel la communication des autorités suisses rivalisa d’opacité avec celle des Soviétiques quelques mois auparavant. Une fuite de mercure dans le Rhin, consécutive à l’incendie de l’usine Sandoz, engendre un véritable désastre pour la faune alsacienne : on ne compte plus les cadavres de canards, d’anguilles et de hérons. Cet accident prendra rapidement le finaud sobriquet de Tchernobâle.
Au plan national, le groupe Action directe réapparaît à travers un nouvel attentat, en réaction à l’expulsion de clandestins maliens par charter. On apprend par ailleurs que la régie Renault projette de supprimer de nombreux postes afin de poursuivre son redressement.

Le Racing a également une restructuration à mener. Enfin débarrassé de ses pépins physiques, Rémy Vogel retrouve le capitanat et son association avec l’Argentin Simon promet enfin de l’hermétisme. Son retour à Abbeville n’empêchera le RCS de sombrer une nouvelle fois. Les semi-pros de la Somme profiteront de l’aubaine pour passer devant Strasbourg au classement.

Pour d’autres hommes en bleu, cette fin d’année prend des allures de chemin de croix. L’Equipe de France d’Henri Michel est non seulement contrainte de se rendre en RDA, mais elle doit en outre défier les redoutables Allemands de l’Est au Zentralstadion de Leipzig. L’attaque française reste à nouveau muette, pour la quatrième fois de suite depuis le Mexique. En face, on note la présence de Thom, Kirsten et d’un débutant nommé Matthias Sammer, mais pas de trace de Rainer Ernst ou Uwe Zoetzsche.

La presse française a réclamé en vain la titularisation de Gérald Passi, révélation du début de saison. Elle se livrera à partir du lendemain de ce triste 0-0 à une opération de rétention d’informations, mesure de rétorsion vis-à-vis des instances du football français, particulièrement préjudiciable au public. A travers ce service minimum, l’USJSF (syndicat des journalistes sportifs) entend protester contre les projets de la Ligue nationale de football visant à réguler les pratiques journalistiques du milieu. Sont ainsi évoqués l’idée de verrouiller l’accès des vestiaires aux micros indiscrets ou encore d’interdire les multiplexes radiophoniques, suspectés de cannibaliser les affluences. Ce conflit picrocholin tient son origine à Bordeaux : mécontent du traitement journalistique de son équipe, Claude Bez interdit aux journalistes de L’Equipe l’accès à Lescure et conseille aux supporters bordelais de boycotter le fameux quotidien sportif.

A Mulhouse, en réponse au black-out journalistique de la 20ème journée de D2, Raymond Domenech « boude » et refuse de communiquer son onze de départ, tirant parti de cette quarantaine pour expérimenter ses relations avec la presse. Comme les autres affiches, le match Strasbourg-Guingamp n’aura donc droit qu’à un mince entrefilet en guise de compte-rendu. Nouveau succès du Racing, en fin de match, sur un doublé de Reichert doublement servi par Vincent Cobos.
La veille de la rencontre, le docteur Eberhardt a pris la parole et annoncé son départ. Au club depuis 1980, le successeur du légendaire Mendel Spruch s’était vu proposer par la nouvelle direction d’intégrer le centre de formation, ce qu’il considéra légitimement comme une dégradation inacceptable.

Le plan d’économies annoncé en début de mois par le PDG de Renault lui sera fatal. Georges Besse est assassiné en bas de son domicile par un commando d’Action directe. Cette nouvelle secoue les milieux d’affaires, le show-biz ne finissant de pleurer Thierry Le Luron, mort d’un mal mystérieux.
Alors que débute l’examen parlementaire du projet de réforme des universités, les syndicats étudiants commencent à mobiliser. Leur hantise vis-à-vis d’un texte d’inspiration aussi « libérale » que les premières dispositions adoptées par le gouvernement Chirac en matière économique ou culturelle se focalise autour de l’autonomie des universités, de la hausse des frais d’inscriptions et surtout de la sélection à l’entrée.
Le 22 novembre, une première manifestation massive fragilise ce projet de loi Devaquet. Le mouvement prend peu à peu de l’ampleur, allant jusqu’à pousser dans la rue la quasi-totalité des lycées publics d’Alsace, de Wissembourg à Saint-Louis. Le texte est renvoyé en commission, ce qui signifie peu ou prou son abandon, mais les organisations étudiantes restent aux aguets, tandis que le ministre souhaite toujours réformer la loi Savary sur l’enseignement supérieur.

Si le Racing s’incline encore une fois, dans une purée de pois dunkerquoise à dérouter les mouettes les plus aguerries, et se résigne à l’anonymat du milieu de tableau, la véritable information du mois émane à nouveau du Haut-Rhin. Laissons André Goerig détailler son propos : « Mulhouse bénéficie d’excellentes infrastructures techniques et sportives. Dans cet ordre d’idée, nous disposons également d’un stade neuf dont la capacité pourrait être augmentée très facilement pour accueillir l’un ou l’autre match de seconde zone ». Mulhouse s’affiche donc le plus sérieusement du monde sur la liste des postulants pour faire partie de la future candidature française à l’organisation de la Coupe du monde en 1998. Le président Goerig ajoute, taquin : « Metz est candidate. Pourquoi pas nous ? ».

Article réalisé à partir des archives des Dernières Nouvelles d'Alsace, consultables au musée historique de Haguenau.

kitl

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