Un raid si tard et match très nul

Quatre jours après avoir gagné contre Orléans à la Meinau, c’est dans le très chic XVIème arrondissement de Paris qu’on retrouve l’équipe de Thierry Laurey. Non pas pour fêter la montée en L1, prendre la Bastille ou la grosse tête, mais pour remettre le bleu de travail et, justement, commencer par gagner les derniers points permettant d’assurer une fois pour toute le fameux " maintien tranquille ". Et rencontrer donc, au stade Jean-Bouin, les camarades de Saint-Ouen, aujourd'hui Sans Domicile Fixe après avoir joué au Stade De France naguère.
Et aussi quatre jours avant un nouveau match. Donc autant dire que le onze de départ rappelle cette réalité, hormis l’absence de Jérémy Grimm qui s’est auto-octroyé des vacances ce week-end en prenant un rouge dispensable au dernier match. Marester toujours blessé, c’est donc aussi une deuxième titularisation de suite pour Laurent Dos Santos à droite d’une défense devant prouver qu’elle peut terminer un match de L2 en 2017 sans prendre de but. A noter aussi le choix de laisser Liénard souffler l’air froid des tribunes vides du stade, et mettre à sa place sur le banc l'essoufflé Nogueira. Sur la feuille de match cela donne ceci :




A noter dans l’équipe du Red Star l’absence de Jonathan Mexique, Claude Robin ayant sans doute lu Racingstub et voulu éviter que son joueur fasse les frais d’un emmurement qui l’aurait empêché de jouer.

Un tas de déchets et dans tout ça : Toudic

Sur le terrain, cela donne deux équipes qui commencent par se jauger et qui semblent se neutraliser. Le spectateur qui découvrirait les Bleus et Verts serait incapable de savoir laquelle des deux équipes vise le podium et laquelle regarde les trois dernières places avec encore un peu de peur. Mais face à des Audoniens qui vivent dans l’ombre du PSG et puisque nous sommes juste à côté du Parc des Pince-moi-je-rêve récent, ils se présentent comme leurs voisins face à Barcelone et se disent qu’eux aussi peuvent bien bousculer le gros (qui n’en est officiellement pas un) à force de courage et en oubliant tout complexe au vestiaire. Il faut dire que les visiteurs les aident à la tâche en jouant de manière assez brouillonne. Il y a bien un tir intéressant de Boutaïb, auquel les Verts rendent la pareille, mais pas de quoi soulever les deux Kops se faisant face de part et d’autre de la pelouse. Un bon moment des Audoniens se concrétise à la 16ème minute par un centre parfait dans la surface d’Oukidja, venu de la gauche, que Salmier ne peut qu’accompagner du regard et que Julien Toudic récupère pour le transformer en un magnifique but. 1-0 et coup d’éclat dans un match jusqu’ici ouvert mais sans qu’aucune équipe ne soit capable de produire un jeu enthousiasmant, faute à de trop nombreux déchets techniques qui annihilent toutes velléités de combinaisons.

Après le but, les Strasbourgeois sont un peu assommés. Boutaïb, plombé par de gros cernes, n’a pas le sourire. Guillaume est un peu gêné par sa grande taille qui n'arrive pas totalement à se cacher. Dos Santos fait ce qu’il peut, essaye de monter, mais le manque d’entente avec Gonçalves se ressent déjà, ce dernier ne lui faisant la passe uniquement lorsqu’il n’a pas de choix et dans une différence de tempo flagrante entre les deux. Bahoken tente, c’est chouette à voir mais sa dernière passe ou son tir par défaut annule l’esquisse de bonne action. Ndour remue sur son aile et Gonçalves se bat, mais rien n’est très précis, comme ses coups de pieds arrêtés qui s’avèrent tous sans danger pour la défense adverse.

A la 29ème, le Red Star s’offre une énorme occasion une occasion mais Mhirsi n’arrive pas à bien contrôler le ballon en profondeur que lui avait adressé Chavalerin, et il ne réussit pas à cadrer alors qu'Oukidja était sorti vers lui à sa rencontre. Toudic n’arrive pas à en profiter non plus au 2ème poteau, le ballon ayant échoué vers lui.

Le reste de la mi-temps voit le Racing prendre peu à peu la maitrise du ballon mais les jambes sont lourdes, les gestes imprécis et les petits détails précieux qui permettent de se créer une occasion manquent. Pour autant les Bleus ne paniquent pas. Conscients qu’ils sont venus pour gagner puisqu’ils sont aux portes d’un podium auquel il faut faire semblant de ne pas s’intéresser, ils restent figés sur cet objectif. Il reste du temps et dans le jeu c'est faisable. Mais figés était bien le mot tant ça patauge, obligeant à user et abuser de longs ballons pour tenter de violenter la chance, plus que de combiner. Anatole Ngamukol, est averti à la 42ème mais ne vous attachez pas à lui : pour éviter le rouge, il sera remplacé au profit d'Abdoulaye Sané à la deuxième mi-temps. Et puisqu’on parle de mi-temps, tiens, voilà que l’arbitre siffle la première.

Mais tout n’est pas dit

Les mêmes Strasbourgeois reviennent sur le terrain avec 45 minutes pour tenter d’arracher au moins un nul… et de ne pas prendre d’autre(s) but(s). Le problème est que si les Strasbourgeois paraissent moins nerveux que le dernier quart d’heure de la première mi-temps, ils produisent le même jeu. Le même début de jeu, disons. Gonçalves court toujours autant, jure, rate, râle, mais n’essaye même plus de tirer les corners directement comme en première mi-temps, après les avoir tous mal négociés. Les combinaisons à deux ou trois qui succèdent aux longs ballons ne donnent rien de plus. Les Audoniens eux, à défaut de se procurer des occasions restent solides et dangereux en contre.

Surnageant de tout ceci, à la 64ème, un centre de la droite de N'Doye trouve la tête de Boutaïb au 2ème poteau, et celui-ci, plutôt que de tirer dans un angle fermé, l’offre à Aholou, seul aux 8 mètres, qui gâche le cadeau en frappant le ballon de la tête… bien au-dessus du but.

Puis après cette éclaircie, le jeu retombe dans l'approximation méthodique. Laurey fait entrer Blayac à la place d’un Boutaïb éteint, que seul le talent sauve un peu lorsque l’action est faite mais qui n’arrive pas à les créer. Le nom du 13 bleu a été cité une fois dans ce compte-rendu, notez-le, il n'en sera plus question. Et son entrée est d’autant plus vite oubliée qu’une minute plus tard, 74ème, les Verts passent de près de doubler le score : Sané profitant et d’une illumination de Mhirsi et d’une sortie en retard d’Oukidja, cadre son ballon mais trop mollement et Salmier est revenu pour l’empêcher d’entrer à nouveau.

Mais les Bleus ne lâchent pas et lancent leurs dernières forces pour un dernier raid sur les cages de Geoffrey Lembet, en (mé)forme de baroud d'honneur.
A dix minutes avant la fin de ce nouveau festival de l’à-peu près ponctué de longs ballons, Gragnic remplace le pâle Ndoye qui aura su mettre un joli centre à la 64ème mais aura raté la plupart de ses passes ou de ses centres. Sans que le nouveau venu n'y soit pour rien, à la 81ème minute, l’infatigable Gonçalves, auteur un peu auparavant d’un tir aux abords de la surface totalement dévissé qui semblait avoir éteint jusqu’à son habituelle rage, s’arrache du marquage et entre à l’extrémité droite de la surface adverse. Son centre trouve Guillaume qui sauve son match en ayant l’intelligence de la remettre à Bahoken, aux 8 mètres, qui montre, mais du pied, à Aholou comment il fallait faire. 1-1, Strasbourg revient dans la place. Un peu. Le raid pas dingue, dingue, des Bleus se voit néanmoins récompensé d'un but pas volé sur l'ensemble de l'esquisse de l’œuvre !

Les dernières minutes se déroulent avec un sentiment mêlé pour les Strasbourgeois : faut-il déraisonnablement tenter de voler un match qui ne leur revient pas totalement ou se contenter d’un petit nul à l’amiable ? Thierry Laurey apporte la réponse en sortant Gonçalves à la 88ème, dans une frénésie de chaises vides qui font la ola pour saluer sa persévérance, à la faveur de Nogueira.
Puis plus rien : on gardera le nul en se félicitant d’un point de pris, car des deux autres à gagner il n’en était pas vraiment question, ce soir. La chance veut bien qu'on la secoue un peu mais elle ne se donne pas aussi facilement.
C'est donc au soulagement de tout le monde que M. Petit clôt un match à qui il aura donné son nom, et renvoie tout le monde reposer ses jambes lourdes à la douche.

Les raisons de positiver

Certes ce ne sera pas le match le plus mémorable qui a eu lieu à Paris cette semaine. Ici c'est Paris, mais il y a Paris de Saint-Germain et Paris de la Ceinture Rouge, la Ligue des Champions et les champions du pari sur le ballon-qu'on-sait-jamais. Néanmoins voyons le verre à un tiers plein et pensons à l'avenir avec des raisons d'y croire :
1. La défense n’a pris qu’un seul but et aucun carton rouge à déplorer et ça c’est un progrès
2. Aucune sortie en retard d’Oukidja n’a porté à conséquence – son nouveau look, sans mèches blondes et avec une barbe de papa sérieux, préfigure un nouveau gardien moins foufou
3. Ndoye et Dos Santos ont encore une marge de progression énooooorme devant eux !!!
4. Dos Santos et Gonçalves vont faire un stage de survie ensemble prochainement et apprendre à s’apprécier
5. Le prochain match est à la Meinau (contre Tours, mardi à 18h30, si vous êtes d’équipe de nuit, enfant, chômeur, enfant-chômeur ou avez des heures de RTT à poser)
6. Grimm revient au prochain match (ça valait d'être la 6ème raison)
7. Les jours rallongent, l’hiver se préparent à filer au Maroc pendant que les cigognes reviennent et Ihsan Sacko est bientôt de retour
8. Aholou va être de moins en moins timide
9. Haha, non, là à vous de trouver celle-ci et les prochaines…