Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

« La relégation sportive est une menace réelle »

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Par kitl
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En aout, le LOSC a vécu un cauchemar à la Meinau © fsrcs

A quelques jours d'une double confrontation entre Strasbourg et Lille, faisons le point sur les tourments du club nordiste (mais pas que) avec les auteurs de DBC LOSC.

Alors que les analyses se rapportant au foot se font de plus en plus expéditives, Drogue, bière et complot contre le LOSC a choisi au contraire de miser sur des articles fouillés, archives et statistiques à l’appui. Pourrais-tu présenter davantage le site ? Et te présenter par la même occasion ?

Déjà, c'est gentil de nous identifier comme tels ! Nous sommes trois à rédiger sur ce site, lancé fin 2015. On est bien entendu supporters du LOSC, de 27, 33 et 35 ans, qui avons fréquenté pour la première fois Grimonprez-Jooris dans les années 1990 en D1, ou en D2 pour le plus jeune d'entre nous. Le nom du site révèle l'idée qu'initialement, il avait pour but de proposer des articles un peu absurdes, visant à démontrer avec toute la mauvaise foi possible qu'il y avait un complot contre le LOSC. Il y a toujours des articles absurdes à prendre au 8e degré, mais à mesure qu'on traitait certains thèmes ou qu'on racontait nos souvenirs, on a naturellement sourcé et documenté nos écrits. Notre but, très prosaïquement, c'est de comprendre comment fonctionne un club de foot. Au-delà de la connaissance de sa vitrine – les joueurs - on essaie, dans la mesure du possible, de regarder notre club de manière globale, en le replaçant dans l'environnement dans lequel il évolue, en partant du principe que le foot n'est pas imperméable à son environnement (social, politique, économique...), qu'il en est à la fois un précurseur et un révélateur. Pour cela, on lit beaucoup de littérature sur le foot, on s'appuie sur pas mal de documents qu'on a gardés de notre enfance et adolescence, on fait parfois des sessions « archives » pour aller lire de vieux journaux et savoir ce que la presse disait de tel événement en rapport avec le LOSC. Ça aboutit à des articles parfois factuels qui n'ont pas d'autre ambition que de se remémorer des bons et moins bons souvenirs, et d'autres qui se veulent plus analytiques. Évidemment, c'est parfois partiel, mais on aime aussi le foot pour les débats qu'il suscite, débats qu'on souhaite sortir du temps médiatique et de ses logiques fondées sur la petite phrase voire l'outrance. On est d'ailleurs assez peu dans l'actu, hormis pour suivre l'équipe féminine du LOSC, montée il y a quelques mois en D1, et qu'on prend plaisir à suivre depuis un an environ. Par exemple, on a peu parlé de Bielsa et, quand on l'a fait, on a eu une position de principe qui consistait à plutôt le défendre, mais on n'avait aucune envie de réagir aux nouvelles quotidiennes que sa présence a générée. On n'est pas dans le club, on connaît peu les relations qu'il avait avec la direction, les joueurs, le personnel, et on ne s'est pas sentis autorisés à asséner une opinion à son sujet. On a écouté, on a noté, mais on n'avait nullement envie d'ajouter des hypothèses basées sur des impressions aux supputations fondées sur des infos partielles. On y reviendra dans quelques mois quand le débat sera dépassionné, et quand on l'aura entendu, surtout.
Supporter ne signifie pas que l'on est béat devant tout ce qui se rapporte au club. On n'a pas envie de tout justifier. Mais les critiques qu'on porte sur tel ou tel sujet ne remettent pas en cause notre envie de voir le club réussir sportivement.

Le site fait la part belle à l’histoire du LOSC. Quels sont les grands faits d’armes, les grands événements à connaître sur le club (grands matchs, joueurs) ?

Il faut d'abord savoir que le LOSC est le produit de la fusion entre le Sporting Club de Fives (Fives étant un quartier de Lille) et l'Olympique Lillois (OL), deux clubs créés respectivement en 1901 et 1902. Lors du premier championnat professionnel en 1932, les deux clubs sont présents, et sont même rivaux, une rivalité bien plus exacerbée qu'avec d'autres adversaires locaux comme l’Excelsior Roubaix, le RC Roubaix, Valenciennes ou Lens. Avec autant de représentants en D1, les années 1930 étaient véritablement l'âge d'or du foot nordiste ! Puis les rivaux ont fusionné en 1944, formant le LOSC (l'acronyme du club reprend les lettres des clubs d'origine). Le LOSC est – en toute objectivité – le grand club français de l'immédiat après-guerre, avec deux titres de champion en 1946 et en 1954, ainsi que 5 finales consécutives de coupe de France de 1945 à 1949 (record inégalé) dont 3 remportées. Les noms associés à cette glorieuse époque sont Jean Baratte (le meilleur buteur de l'histoire du club), Marceau Somerlinck (le joueur le plus capé), Jean Lechantre ou encore François Bourbotte. Le club a ensuite connu un déclin sportif, conduisant même à l'abandon du statut professionnel en 1969. Dans les années 1970 et 1980, le club remporte quelques titres de D2 (1971, 1974, 1978) et fait parler de lui avec quelques performances ponctuelles en coupe : par exemple, l'élimination de Bordeaux en quarts de finale en 1985 (1-3 ; 5-1 après prolongation) est un grand moment de ferveur au stade Grimonprez-Jooris. Le club voit tout de même passer de bons joueurs comme Philippe Bergeroo, Zarko Olarevic, Pierre Pleimelding, les frères Pascal et Stéphane Plancque, Abedi Pelé, ou les Belges Filip Desmet et Erwin Vandenbergh. Mais l'instabilité sportive et administrative du club fait valser les présidents et les entraîneurs, notamment dans les années 1990, sans relief. Endetté, menacé de disparition (et même, horreur suprême, d'absorption par Lens !) le LOSC doit sa survie financière au président Bernard Lecomte, arrivé en 1993, et sa survie sportive à Vahid Halilhodzic. Arrivée en septembre 1998, Vahid mène le club de la 17e place de D2 à la Ligue des champions en 3 ans. On sait que ça fait marrer, mais les Cygan, Bakari, Boutoille, Ecker, D'Amico, Wimbée et Collot, associés à un incroyable renouveau, sont ici des demi-dieux. Ils ont emmené le club vers sa première campagne européenne, initiée avec l'élimination de Parme en août 2001 (2-0 ; 0-1). L'Europe est d'ailleurs devenue une régularité, Claude Puel ayant parfaitement pris le relais de bâtisseur du club, et menant deux nouvelles campagnes de Ligue des champions avec Tafforeau, Sylva, Bodmer, Cabaye, Odemwingie... La progression constante du club a eu pour point d'orgue un deuxième doublé en 2011, avec Landreau, Debuchy, Rami, Mavuba, Balmont, et un trio offensif exceptionnel : Hazard-Gervinho-Sow. Le club est depuis dans une phase de transition qui dure et génère bien des inquiétudes. L'arrivée à la présidence de Gérard Lopez il y a un an n'a pas encore permis de nous rassurer sur l'état des finances du club et la possibilité de les assainir sans vendre chaque année nos meilleurs joueurs, bien au contraire.

Lille est dans le dur depuis plusieurs saisons, avec moult changements d’entraîneurs, on y reviendra. Avec le recul, as-tu suffisamment savouré les succès de l’ère Vahid-Puel-Garcia ?

« Dur » avec « moult », oui, bien vu.
Il est indéniable que ces 3 entraîneurs évoquent de grandes performances du club, et que plus le temps passe, plus on idéalise certains moments vécus en leur compagnie. En comparaison (et peut-être même sans comparaison), Girard, Renard, et Antonetti font pâle figure. La période Halilhodzic, notamment, était exceptionnelle, presque irréelle. Ce qui l'a rendue d'autant plus exceptionnelle, ce sont les années de médiocrité qui l'ont précédée. Les joueurs, pour la plupart inconnus et dont on n'a plus entendu parler après, ont adhéré à l'exigence de Vahid, et le public a été gâté. Il faut quand même se rappeler que durant 2 ans en D1, tout le stade se levait dans les arrêts de jeu pour pousser l'équipe, qui bien souvent a marqué dans les dernières minutes ! Les Lensois s'en souviennent encore... Claude Puel, après 18 mois compliqués, a continué à faire grandir le club. Surtout, sa période a été associée à la satisfaction de voir émerger et s'intégrer à l'équipe première des jeunes du centre de formation, comme Yohan Cabaye ou Stéphane Dumont, tout en allant chercher des joueurs peu onéreux et talentueux comme Bodmer, Keita ou Acimovic. On a aussi vu apparaître avec lui un jeu plus diversifié. Et bien entendu, de sacrées perfs comme la victoire contre Manchester en 2005, et à Milan en 2006. Et il est par ailleurs un personnage très réfléchi et modéré (du moins, face aux médias) qu'on apprécie beaucoup. Rudi Garcia, à partir de 2008, a apporté un jeu séduisant et offensif. Mais durant ses années, le club a explosé sa masse salariale et s'est mis à recruter (très) cher en délaissant la formation. Un tournant dans l'évolution du club, dont on paie le prix depuis quelques saisons, ce qui explique en partie le décrochage relatif du club depuis 2012, sans oublier le coût exorbitant de notre stade dernier cri (dernier cri qui pourrait être « au secours » par exemple).

Vu de loin, la digestion du doublé de 2011 a été compliquée – on connaît cela à Strasbourg… – avec le gros morceau que représentait l’entrée dans le Grand Stade. Crois-tu à la « malédiction » des nouveaux stades ?

Depuis 2014, il n’y a aucune saison constante au club. Jusqu’en 2016, on réussissait à être convaincant une demi-saison, ce qui permettait d’apparaître dans la première partie de tableau (8ème puis 5ème). En 2016/2017, la saison a été morne de la 1ère à la 38ème journée.
On ne croit pas à la malédiction des nouveaux stades. On croit à la malédiction des mauvais élus et des mauvais projets.

Parenthèse stades, comment as-tu vécu la destruction de Grimonprez-Jooris ? Et le séjour prolongé au Stadium Nord ?

La destruction de Grimonprez-Jooris, c'est bien sûr un grand pincement au cœur, car c'est le stade de nos débuts. Il était placé du côté de la citadelle Vauban, le seul poumon vert de Lille. Quand on s'y promène, on ne peut s'empêcher de s'arrêter au niveau de l'espace vert qui l'a remplacé et de se remémorer de beaux moments. C'est comme un pèlerinage ! Le Stadium Nord est tout sauf un stade de foot, mais les résultats qu'on y a obtenus durant nos huit saisons d'exil l'associent finalement à de bons souvenirs. Son architecture particulière avait toutefois une qualité régulièrement sous-estimée : la pelouse a été la meilleure de France jusqu’en 2010.

Venons-en à la période actuelle. Cela va faire un an que Michel Seydoux a cédé le LOSC à Gérard Lopez, comment as-tu accueilli son arrivée à la tête du club ? Et avec un an de recul ?

Il était sans doute temps pour Seydoux de passer la main. Il était là depuis 2002 et pensait initialement rester dix ans. Sauf qu’en 2012, l’entrée dans le Grand Stade l’a poussé à rester. C’est en tout cas la version officielle. On peut aussi supposer qu’il n’y avait pas d’acheteurs, malgré la bonne tenue financière du club à ce moment-là. Le problème est, comme on l’a vu, que le stade est démesuré et que Seydoux avait probablement déjà exploité tout son réseau, ce qui n’a fait que renforcer les premiers déboires économiques et sportifs. Quand Digne (2013), Origi (2014), Traoré (2015) ou Boufal (2016) partent après une saison (plus ou moins) pleine, ça n’est pas un choix sportif, c’est une question de survie.
La situation du LOSC en janvier 2017 ne permettait sans doute pas de refuser l’offre de Lopez, quel que soit son projet. Au sein du blog, on a rapidement été méfiants. Deux semaines après le début la présidence de Lopez, on se demandait si ça n’était pas 20 ans de LOSC qu’on assassinait. Les différentes enquêtes de Mediapart et France 3 Nord ont confirmé nos craintes. Néanmoins, on mentirait si on disait qu’on n’a ressenti aucune excitation lors de la pré-saison. Les prestations étaient convaincantes, et Bielsa sur le banc pour succéder à Antonetti et Passi, ça avait de la gueule. De juin à novembre, on n’a pas raté une conférence de presse (toutes diffusées sur Internet), parce qu’il est passionnant.
Le bilan de la première année de Lopez est évidemment mauvais. Les limites de son projet sont apparues et on ne peut même pas se cacher derrière les résultats de l’équipe première pour se donner un peu d’espoir.

L’effectif lillois a été considérablement remanié depuis un an, essentiellement selon les desiderata de Marcel Bielsa. Qu’as-tu pensé de la mise à l’écart d’un Mavuba ou de cadres tels Basa ou Enyeama ? Et dis-nous sincèrement si tu connaissais chacune des dernières recrues du LOSC ?

Sportivement, les mises à l’écart des cadres se justifient. Les absences de Mavuba ont souvent coïncidé avec de meilleurs résultats sportifs depuis 2012. Béria n’est jamais revenu à un bon niveau après s’être fait les croisés à 32 ans et avoir raté 18 mois de compétition. Les quelques matchs de Maignan la saison dernière étaient plus convaincants que ceux d’Enyeama, et le jeu au pied de Maignan correspondait mieux aux intentions de jeu de Bielsa. Quant à Basa, il est sans doute celui qui a conservé le meilleur niveau, mais ses blessures récurrentes et le fait qu’il ne soit pas un leader dans un vestiaire ont sans doute joué dans la décision.
Mais humainement, c’est évidemment scandaleux. Certains ont été des acteurs majeurs des deux premiers trophées majeurs du club depuis les années 1950. Ils font partie de l’Histoire du club et sont soudainement déconsidérés et poussés vers la sortie. Quelles que soient leurs performances récentes (et ça inclut les autres lofteurs), la méthode est détestable et humiliante. C’est symbolique, mais Enyeama (dernier lofteur et plus gros salaire du club) n’a aujourd’hui plus le droit de se garer sur le parking des joueurs.
Quant aux nouveaux joueurs, à part Malcuit, c’était la grande découverte.

Plus largement, quel bilan tires-tu du passage éclair de Bielsa sur le banc lillois ? On pensait le technicien argentin parti pour un long bail, comme l’attestait le réaménagement du domaine de Luchin…

Pour Racingstub, on va donc pour la première fois révéler quelques éléments sur nos discussions au sujet de Bielsa ! On ne peut pas se satisfaire de ses résultats. On attend une équipe dans le premier tiers, une équipe offensive. Il a pris 13 points en 13 matchs, on n’a marqué que 12 fois. On peut accepter une période d’adaptation, mais c’est insuffisant. En revanche, d’un simple point de vue sportif, le timing surprend. Le vrai creux a lieu de mi-août à mi-octobre. Si le renvoi de Bielsa intervient après une lourde défaite à Amiens, il faut aussi se souvenir qu’il avait pris 50% du total de points sur les 8 jours précédents. Et qu’avant ça, il y avait une « défaite prometteuse » contre Marseille. Certains joueurs commençaient vraiment à intégrer les particularités tactiques et progressaient (Pépé, Maia).
Néanmoins, on peut émettre deux critiques majeures envers l’entraîneur :
• Avoir choisi un effectif inexpérimenté, trop restreint et bancal. Certains postes n’étaient pas doublés et la moindre absence devait être compensée par un jeune du centre de formation sur le banc de touche, tandis qu’un joueur sur le terrain découvrait les spécificités d’un poste auquel on ne l’avait jamais aligné. Encourager la polyvalence peut être une bonne chose, mais lorsque trois joueurs découvrent une position et que trois autres ne sont pas (encore) bons à leur poste de prédilection, ça fait beaucoup de paris. Les départs de Xeka et Terrier lors des derniers jours du mercato ont surpris.
• Bielsa a totalement isolé l’équipe première du reste du club. Il n’y avait aucun contact entre les joueurs et les autres salariés. Il n’y avait donc aucune dynamique au sein du club, aucune intégration. Évidemment, on regrette que personne n’ait osé lui présenter les choses différemment. Seul Campos (qui ne peut pas avoir que des défauts) semble avoir tenté de conserver certains joueurs finalement prêtés.

Christophe Galtier est-il l’homme de la situation ? Il lui faudra jongler avec l’interdiction de recrutement prononcé par la DNCG. Crains-tu d’ailleurs sérieusement une descente du LOSC ?

Son arrivée est bien perçue. Il a laissé un bon souvenir en tant que joueur ici, de 1987 à 1990, et son travail à Saint-Étienne plaide en sa faveur. Les Verts 2010-2014 nous ont souvent fait penser au LOSC des débuts de Garcia : l'équipe était en progrès chaque année, proposait un jeu séduisant, et il semble que les 2-3 dernières saisons plus mitigées de Galtier à Sainté soient dues au refus de ses dirigeants de recruter « mieux ». Et le côté droit et franc de Galtier plaide d'autant plus en sa faveur qu'il tranche avec l'opacité, dans la communication, de son prédécesseur.
Quant à la situation financière du LOSC, on sait que le projet actuel est très dépendant de bons résultats à court terme. C'est en effet une politique porteuse de grands risques pour la survie du club. Il ne nous semble pas exagéré d'énoncer ce risque. Mais, pour rappeler que, même supporters, nous savons mettre le football à sa juste place, si on craint la descente du LOSC, c'est surtout en tant que contribuables ! Le partenariat public/privé sur lequel a reposé la construction puis l'entretien du stade est une arnaque sans nom pour les finances publiques : la location du stade coûte 16M€ par an à la métropole lilloise, dont 4,7M€ sont payés par le LOSC, et ce jusqu'en... 2043. Mais ce n'est pas tout : si le club est relégué en L2, sa contribution passerait à 1 M€ par an, la métropole, c'est-à-dire nous, prenant en charge la différence. En clair, puisque l'institution publique assure les arrières économiques en cas de relégation sportive, une descente du LOSC coûterait au contribuable métropolitain près de 4M€ par an ! Ça, c'est un des problèmes du foot comme reflet et même comme avant-garde du capitalisme le plus cynique : la socialisation des pertes et la privatisation des gains.

Quels changements as-tu pu noter lors de l’intérim et lors des premiers matchs sous Galtier ?

On a encore assez peu de recul, mais on voit deux visages chez cette équipe, et le mauvais a pour l'instant tendance à davantage se montrer. D'abord, au Mans, en coupe, on a eu la confirmation que le chantier était profond. La façon dont les Manceaux ont remonté deux buts en 10 minutes, puis les difficultés rencontrées pour sauvegarder le 3-2 ont brutalement rappelé bien des travers du début de saison. Puis le LOSC a fourni un match plutôt solide et rassurant à Caen, même s'il a encore fallu compter sur trois arrêts décisifs de notre gardien. Quant aux deux matches de championnat suivants, on a atteint un niveau faible comme rarement. Si les deux buts bretons sont arrivés en fin de match, Rennes s'est logiquement imposé chez nous, après un match d'une grande passivité, doublée d'un relâchement coupable en fin de match, alors que sans rien faire, la victoire 1-0 nous tendait les bras. Quant au match à Troyes... On a été pathétiques. On peut espérer que toucher le fond permet à un moment de rebondir, mais on découvre un fond toujours plus profond à mesure qu'avance la saison. Au niveau des joueurs, on remarque tout de même que Pépé est de mieux en mieux, et que Benzia est aussi plus en vue. Mais ces progrès semblent se faire au détriment de Thiago Mendes, la grosse satisfaction du mercato estival, que Galtier a placé en position plus offensive, dans un poste proche de celui de n°10. Galtier semble par ailleurs ne pas vouloir insister à tester les joueurs à de nouveaux postes. Il a planté le décor lors de sa conférence de presse d'intronisation : il faudra être pragmatique. Par exemple, lorsque Ballo-Touré a été expulsé à Caen, Thiago Maïa a pris sa place en jouant arrière latéral gauche comme il l'avait fait, avec bien peu de réussite, sous Bielsa. Mais ça n'a duré que 3 minutes : il a été remplacé par Mendyl, un latéral gauche de formation. Le problème, c'est qu'hormis Malcuit, actuellement blessé, on n'a pas d'arrières latéraux de métier, et Galtier ne peut pas en sortir de son chapeau.

Le prêt de Martin Terrier au RC Strasbourg a été ciblé parmi les décisions les plus erratiques du précédent staff. T’attendais-tu à ce qu’il démontre un tel niveau ? En tout cas, nous n’avons pas vu un tel talent depuis des lustres…

Au cours de sa formation, Terrier était talentueux mais « enfermé » dans un registre assez stéréotypé. Sa frappe enroulée au deuxième poteau lors de votre match à Bordeaux rappelle assez bien ce qu’il faisait de mieux il y a quelques années.
Lors de sa quinzaine de matchs la saison passée, il s’est régulièrement retrouvé en bonne position de marquer, mais il semblait avoir peur de son premier but professionnel. Il avait un côté « trop propre » dans son jeu, qu’il a gommé au fil des mois : après quasiment trois mois d’absence dans le groupe, Passi lui donne 25 minutes à Montpellier. Dix minutes après son entrée, il gagne un duel aérien, pose le jeu, fait le bon appel et se jette pour inscrire son premier but en Ligue 1.
Sans prétendre que ses bonnes prestations allaient être une évidence, on n’est donc pas totalement surpris parce qu’il avait déjà montré un aperçu de ce qu’il pouvait faire. On ne s’enflamme pas non plus, c’est sur la régularité qu’il est désormais attendu. Et, comme toutes nos plus hautes valeurs marchandes, on craint fortement de ne jamais le revoir sous le maillot lillois…

Depuis que le Racing tourne mieux et a fortiori après avoir fait chuter le PSG, on a parfois l’impression que les médias en font des caisses : « super public », « la belle histoire »…
Et toi, t’en penses quoi du retour du RCS ?


C’est évidemment une bonne chose pour le football français. Ce qui nous intéresse, c’est qu’on a l’exemple d’un club qui est aujourd’hui parfaitement sain économiquement tant il a souffert sur ce point dans le passé. Il a fallu repartir de zéro, regagner la confiance des partenaires, retrouver un centre de formation. Mais ça a également permis de moderniser des modèles parfois vieillissants mais qu’on n’ose pas changer.
Concernant la « belle histoire », retrouver le RCS(a) en L1 (et réussir ce retour, pour le moment) six ans après la chute en CFA 2, c’est évidemment remarquable. Néanmoins, aux yeux du grand public, on a parfois l’impression que la remontée a été linéaire, sans problème majeur, parce qu’il n’y a qu’un an entre le retour à une exposition médiatique nationale régulière (la montée en Ligue 2) et le retour parmi l’élite. Mais comme on suit un peu votre club, on n’oublie pas que la montée en National a été décrochée dans la difficulté contre Raon-l’Etape, et que votre maintien en National la saison suivante n’est dû qu’aux déboires de Luzenac et au retrait de Carquefou, qui vous permet d’obtenir un repêchage inattendu. Sans ce dernier, il y aurait eu un sacré coup d’arrêt dans le projet de retour rapide au professionnalisme, parce que les installations du club nécessitaient de retrouver rapidement des recettes plus proches de leur coût. Mais aujourd’hui, personne n’en tient rigueur à la direction, parce que Keller a été suffisamment compétent dans certains domaines pour ne pas avoir à être jugé sur d’autres. Enfin, un dernier point sur ce renouveau : on est un peu gêné quand on lit que Keller se présente comme le premier repreneur après le dépôt de bilan et quand les articles reprennent ce mensonge plus ou moins volontaire. L’histoire réelle de votre club depuis 2012 est suffisamment belle pour ne pas avoir à être réécrite et embellie.
Enfin, concernant le public, il faut évidemment se réjouir d’avoir un stade animé et bruyant. Mais, sans vouloir donner de leçons, les quelques records d’affluence que vous avez battus dans les divisions inférieures nous font penser qu’il y a aujourd’hui une surestimation de la taille du noyau dur. C’est surtout qualitativement que ce dernier se fait remarquer. Et à en croire les récentes déclarations des dirigeants concernant le futur de la Meinau, c’est une excellente nouvelle pour la réputation du public strasbourgeois de ne pas avoir la folie des grandeurs. Il n’y a rien de plus laid qu’un stade vide. On en sait quelque chose.

Un dernier point, on va se jouer deux fois en quelques jours. Comment aborder cet enchaînement au cœur d’un hiver chargé ? À choisir, la qualif’, les trois points ou les deux ?

L'enchaînement en hiver, c'est pratique pour les pneus. S'agissant des joueurs utilisés pour nos futures confrontations, on aurait eu d'abord tendance à penser que l'effectif tournerait peu : Galtier a plusieurs fois dit que c'était l'avantage de la jeunesse de l'effectif. Mais l'entraîneur a poussé une gueulante après le match à Troyes, et a annoncé que certains joueurs feraient un tour en tribunes. Et en effet, quelques joueurs de cet effectif ne méritent pas leur place sur le terrain. Mais on n'a pas non plus un banc très fourni. On peut aussi considérer que ça ne mange pas de pain de menacer de ne pas faire jouer les cadres supposés avant un 1/16e de coupe qu'on a de toute façon tout intérêt à laisser filer. Dans un contexte où on a un besoin urgent de points, l'entraîneur cherche à provoquer une réaction, mais en a-t-on seulement les moyens ? Si on a espéré après la victoire à Caen accrocher le ventre mou et avoir une fin de saison assez tranquille, on a désormais compris qu'il y avait grand danger : la relégation sportive est une menace réelle. On connaît, pas loin d'ici, de bons effectifs pas préparés à jouer le bas de tableau qui sont piteusement descendus. Ça nous pend au nez et il n'y a pas à atermoyer : contre Strasbourg, il nous faut trois points. Et on vous laisse filer en 1/8e, ça vous va ?

Un grand merci aux fines plumes lilloises pour leur hospitalité et leur disponibilité. Pensez à suivre le blog DBC LOSC, qui gagne vraiment à être connu !

kitl

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