Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

André Rey, suscité en Moselle

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Par kitl
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Ce gardien bien charpenté a bénéficié d’une seconde chance après avoir été laissé de côté au Racing. Sa régularité et son envergure en ont même fait un potentiel gardien de la sélection nationale en Coupe du monde…

« Avec son faciès de boxeur repenti et ses mains comme des battoirs de lavandières […] » : dans son indispensable Les Bleus (Larousse, 2004), Denis Chaumier n’a pas son pareil pour nous évoquer des joueurs lointains, qu’ils figurent parmi les pionniers du début du vingtième siècle ou même au sein des contemporains de Michel Platini.

La carrière d’André Rey fut jalonnée par deux coupures : il fit de la première une opportunité et rencontra davantage de difficultés à surmonter la seconde. Arrivé au tout jeune RPSM à l’été 1970, il profite de l’indisponibilité de Johnny Schuth, expulsé à Valenciennes pour intégrer les cages strasbourgeoises en février 1971, contre Metz en Coupe de France.
Les deux challengers s’étant déjà séparés sans vainqueur quelques jours plus tôt à Nancy, ils durent passer par un match à rejouer, cette fois au stade Bauer. Incapables de se départager, là encore, Messins et Strasbourgeois allaient expérimenter une nouveauté, succédant à la bonne vieille pièce du tirage au sort. André Rey garda les cages du Racing au moment de sa toute première séance de tirs au but ! L’une des premières en France d’ailleurs, sauf erreur, ce supplice venant à peine d’être introduit. Pour l’anecdote, Strasbourg s’imposa 9 à 8.

L’intérim du jeune Rey dura six matchs, avant que Johnny Schuth ne reprenne sa place sans pouvoir éviter la relégation en deuxième division. La saison suivante voit l’arrivée de Christian Montès. Schuth rejoint… Metz et André Rey est envoyé à Mulhouse, autre club de D2 que le RPSM n’affrontera cependant pas, ayant été placé dans un groupe à forte composition méridionale.
Rey effectue une saison pleine et gagne la considération de l’entraîneur strasbourgeois, Casimir Novotarski, qui décide de le placer en concurrence avec Montès. Intervient alors la première ecchymose dans la carrière de notre « boxeur ».

En effet, le tout nouveau comité Fass, arrivé aux manettes début 1973, choisit sans y être vraiment contraint de doter le Racing d’un directeur sportif, en la personne de Robert Domergue. Ce technicien novateur, connu notamment pour son combat pour la défense en ligne à Valenciennes, n’en reste pas moins controversé, en attestent son passage mitigé à l’OM ou sa participation à la chienlit technico-tactique de l’Equipe de France à la World Cup 1966.
Après quelques semaines d’observation, et tandis que Christian Montès semble avoir pris le pas sur André Rey, Domergue invite tout bonnement ce dernier à changer de métier ! Derrière ce diagnostic d’une rare rudesse se cache en fait une redistribution des cartes au sein des gardiens du Racing à l’été 1973. Montès quitte le club, l’ancien Valenciennois Dominique Dropsy arrive et André Rey en est réduit à ronger son frein, face à un concurrent plus jeune avec qui il partage le même gabarit solide.

Octobre 1974. Alors qu’il n’a pas disputé le moindre match professionnel depuis un an et demi et l’arrivée de Domergue, André Rey va profiter des malheurs d’un collègue et relancer sa carrière. Le portier messin Patrick Barth s’est en effet gravement disputé au genou. Le tout jeune Michel Ettorre (17 ans) est encore trop tendre, il vient d’ailleurs d’en prendre trois au stade de la Meinau. Un accord gagnant-gagnant est vite trouvé entre les deux clubs.

Alors qu’il naviguait en eaux troubles, le FC Metz va réaliser une fin de saison en boulet de canon : huit victoires et six nuls de janvier à juin. Rey peut légitimement revendiquer une part du redressement, mais il faut y ajouter le buteur argentin Curioni, qui sème la terreur dans les surfaces de réparation, associé au Luxembourgeois Nico Braun.

Parvenu en haut du panier des gardiens hexagonaux, l’Alsacien prophète chez les Lorrains est logiquement testé par Michel Hidalgo début 1977. Le sélectionneur national cherche encore sa hiérarchie chez les gardiens, les prestations du robuste Bertrand-Demanes ou du souple Baratelli ne l’ayant pas vraiment convaincu. Hidalgo anticipe surtout le voyage à Dublin au mois de mars et cherche un gardien capable de résister dans les airs aux assauts irlandais.
Titularisé contre le RFA, le grand Rey (1m87) réussit son essai et gagne le droit de jouer à Lansdowne Road un mois plus tard. Il participe ensuite à la tournée sud-américaine qui voit l’Equipe de France décrocher deux matchs nuls méritoires en Argentine et au Brésil. Gardien le soir de la qualification obtenue face aux Bulgares, le Messin fait figure de numéro 1 en vue de la prochaine Coupe du monde.

Encore aligné lors du fameux 2-2 au stade San Paolo lorsque Platini rendit chèvre Dino Zoff, puis face au Portugal le 8 mars, André Rey est terrassé la semaine d’après, en fin d’entraînement. Sur une frappe anodine de Patrick Battiston – qui lui ira en Argentine – il se fracture le scaphoïde, un os du poignet. Ce second traumatisme de sa carrière bénéficiera à son ancien concurrent Dominique Dropsy, qui fera ses débuts en sélection lors du mythique troisième match de poule du Mundial contre la Hongrie. Un coup du sort que l’on peut rapprocher de celui qui profita à Johnny Schuth en 1966 : le gardien nantais Daniel Eon se fractura le talon d’Achille en sautant de joie sur un but de son partenaire Gondet et dut renoncer à la Coupe du monde. Schuth et Dropsy, deux des meilleurs gardiens qu’ait jamais connu le Racing, entre lesquels Rey évolua.

Michel Hidalgo rappellera le Messin par deux fois, mais la place était solidement occupée par Dropsy, dernier rempart de la meilleure équipe française de la période, le RC Strasbourg. En 1980, André Rey quitte le FCM, où Ettorre a pris de la bouteille, pour Nice. Pour lui comme pour l’OGCN, les heures de gloire des années 1975-78 sont bien loin : rescapé de la grosse équipe finaliste de la Coupe de France 1978, le buteur yougoslave Nenad Bjekovic ne dispute que 14 matchs. Malgré quelques « noms », – l’ex-international B Henri Zambelli, Robert Barraja, les jeunes Daniel Bravo et Gérard Buscher –, le club azuréen sombre en 1982 après avoir déjà frôlé la correctionnelle la saison d’avant.

A 34 ans, André Rey rentre au bercail, non pas au Racing où Dominique Dropsy fait toujours bonne garde, mais au FC Mulhouse, promu emballant sous la houlette de Jean-Marc Guillou. Décidés à se maintenir par le jeu, les Haut-Rhinois font mieux que rivaliser dans leur pimpant stade de l’Ill. Mais la récolte à l’extérieur (deux points) est bien trop maigre pour espérer. Ce FCM joueur prend quelques tôles – 6-0 à Nancy, 7-3 à Lyon, 4-0 à Brest et à Lille – et André Rey fait de plus en plus son âge. Retour à la case deuxième division et fin de l’expérience Guillou.

Après une dernière pige à la Roche-sur-Yon, notre gardien se retire et songe à sa reconversion. Les staffs techniques étant encore réduits à leur plus simple expression, il n’y a pas de débouché comme entraîneur des gardiens. André Rey monte alors à Ernolsheim/Bruche une entreprise spécialisée dans les fermetures, portes et fenêtres. Logique pour un gardien. Aux dernières nouvelles, il passerait le plus clair de sa retraite dans les environs de Béziers.

kitl

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