Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Et pour toujours

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5.0 / 5 (23 notes)
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Humeur
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Par diogene
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© evaristeg

J'aime ce club. J'aime ce maillot. J'aime ce public. Parce qu'il nous fait vivre des moments de pure magie. Parfois le temps d'une action ou d'un chant. Parfois le temps d'un match. Parfois le temps d'une journée entière. Et parfois le temps d'un regard. Comme samedi dernier.

Elle est belle et elle ne le sait pas. Et c'est ce qui fait son charme. Au milieu de cet incroyable cortège dans les rues de Lille, le temps s'est arrêté. Et un instant je ne vois qu'elle. Son sourire, un petit nez mutin, l'oeil brillant et de jolis cheveux bouclés. Un rayon de soleil supplémentaire dans cet après-midi de folie douce. Dans cette marée humaine, cette nuée bleue, qui avance à la fois d'un pas tranquille et qui en même temps dégage cette force que procure le nombre.

Le chemin vers Pierre Mauroy a le goût de la revanche. C'est la marche de la renaissance après des années de misère, où on avait presque honte de s'afficher supporter du Racing.
Fini ! Fini ça ! On est 10 000 à marcher. 15 000 ? 20 000 ? Et elle. Tous heureux d'être là. Mais il y a un sentiment bien planqué, mais qui est bel et bien là. On est fiers. Fiers d'être là, fiers d'être revenus de nulle part, jusqu'en haut de l'affiche. Fiers d'être en finale, fiers d'être aussi nombreux, de ne plus se sentir seuls.

Cette marche a le goût de la plénitude. Un peu comme quand tu es fou d'une fille, et qu'un soir elle te regarde. Dans les yeux. Que le temps s'arrête à la table d'un bar, que la musique s'étouffe, que les autres disparaissent, que sa main effleure la tienne, et que tu ne vois plus que la lumière dans ses yeux, au ralenti, que le monde se fige dans un nuage, que plus rien d'autre n'existe.
C'est ce qui me traverse dans cette marche. Nous sommes là, nous sommes ensemble, fraternels et égaux. Nous sommes tous venus pour la même chose, pour vivre la même émotion. Un peu pour chercher un trophée. Beaucoup pour nous sentir tous appartenir à quelque chose de puissant. Une identité. Une fraternité.

Le stade. On ne serait que spectateurs de ce match, de ce moment ? Quedal ! Quand on est là, si près du terrain on est acteur. On a l'impression de pouvoir toucher les joueurs. De pouvoir repousser le ballon en soufflant, ou au contraire de l'aspirer. Physiquement. C'est officiel, je crois à la kinesthésie. Une foule peut déplacer un objet.
Quand elles y croient fort, évidemment que 35 000 âmes peuvent déplacer quelques centaines de grammes d'un bête ballon en plastique.
Alexandre Mendy pose son ballon. Lui veut le mettre au fond, mais nous on le voit bien sur le poteau. Ou à côté. Ou dans les tribunes, sur la lune, dans son cul, n'importe où, mais dehors ! Il s'élance, frappe. Au dessus ! Dans les nuages. Il suffisait de le vouloir. Fort, très fort. Et le ballon s'est envolé, et la foule a exulté. Et d'un !

Dim. Putain, Dim. Le paysan de Belfort, comme il le dit lui-même. Avec son accent, sa bouille, sa hargne, le Franc-Comtois au franc-parler.
Il ne joue pas pour le Racing, il EST le Racing, ce nouveau Racing. Et soudain j'ai peur qu'il rate, ce serait horrible. Non, pas lui, pas maintenant ! Allez ! Mets-là, mets-là au fond, putain ! Et il arrive en marchant. Doucement. Je sais qu'il ne faut pas courir. Jamais. Mais j'ai envie qu'il accélère, car plus ça traîne et plus j'ai peur...
Il finit par s'élancer. Allez tire ! Tire fort ! Mais la balle s'élève lentement… et reste suspendue… c'est pas normal ça. Qu'est ce qu'il se passe ? Qui a appuyé sur pause, bordel ? Et il est où le gardien ? Couché à gauche, ça c'est bon ! Et la balle elle va où ? Elle monte, elle monte ! Trop ? Non ! Elle redescend mourir dans le but. Panenka ! Le con! Le con ! Il l'a fait ! Le seul mec capable de jouer 180 secondes dans une finale et de nous claquer un truc pareil…

Lionel Carole. Peut-être pour le dernier. On y est presque. Si près. Si proche. Le moment où tout peut basculer. Où des yeux se croisent. Où des doigts s'effleurent. Une décharge d'adrénaline. Juste un coup de pied. Onze malheureux mètres pour atteindre notre but. 35 000 personnes ont fait 500 kilomètres et il nous manque onze mètres. Ca ne peut pas nous arrêter. Si ? Allez, une frappe, une seule. Une demi-seconde pour effacer 7 années.
Et il a tiré. Sec, précis et clinique. Comme une claque qui réveille. Comme on sabre une bouteille. Comme un coup de pistolet pour donner le départ. Alors on est parti. Tous. Loin. Haut.

C'est une explosion, une décharge électrique, une libération. Ca saute et ça crie, ça s'empoigne et ça s'embrasse dans un joyeux bordel. De la joie brute, pure sur tous les visages. Il y a des tatoués aux yeux embués de larmes, des filles le poing serré, c'est le monde à l'envers, la tête à l'envers, la tribune à l'envers, l'envers à l'envers. Putain ! On l'a. On l'a ! Puisse ce moment durer toujours. On est en suspension, on hurle des secondes de bonheur et des années de malheur. On l'a ! On est là ! On est de retour. A nous la coupe ! A nous l'Europe ! Incroyable !

Je regarde autour de moi. Elle est là. La fille de cet après-midi. Elle a le regard vide, les joues rouges, le souffle court et ses beaux cheveux bouclés en désordre, collés au front comme après l'amour. Elle est en apesanteur. Et un voile de spleen m'envahit. C'est déjà fini. La magie s'estompe déjà un peu. Comme une décrue. On plane toujours, mais le pic est passé...

Et si ce n'était pas fini ? Qui sait, avec ce Racing…

diogene

Commentaires (14)

Flux RSS 14 messages · Premier message par irlandais67 · Dernier message par kitl

  • Putain, ça m’arrache une larme
  • C'était exactement ça ! Tous les ingrédients y étaient !!! Et la fille... Ah la fille... (soupirs).
  • Magnifique article qui m'a également tiré une larme ou deux
  • Belle description ! J'étais cloué à Stras mais, d'esprit, là-bas avec vous. On va remettre ça !
  • Merci pour ce retour d'émotions en pleine tête
    Content de pas être le seul à avoir une larmichette d'amour ;)
    Très bel article Diogène
  • Bravo pour cet magnifique article
    Le cortège restera à jamais un moment inoubliable Allez les bleus Allez Racing ⚽️⚽️
  • Je n'étais pas à Lille, mais c'est tout comme avec cet article; MERCI !
  • Juste magnifique !
  • Bravo pour ce texte c'est juste magnifique, C'est exactement ça, 35000 personnes en train de prier les dieux du foot pour que Mendy rate, un ballon qui arrête le temps quand il est tiré par Lienard, une joie indescriptible quand Carole fait trembler les filet, la biere qui s'envole j'embrasse mon voisin d'un soir ce n'est pas un inconnu, c'est mon frère comme ces 35000 personnes. Et pour finir j'embrasse mon père à qui j'ai offert ce moment de pure bonheur, je lui devais cela, c'est lui qui m'a transmit cette passion pour ce club, passion que je transmet aujourd'hui à mon fils. Ce fut un moment inoubliable pour nous tous dans ce stade ! C'est ça notre Racing, ce club nous appartient Ce virus je suis fier de le transmettre à mon tour autour de moi, un seul amour et pour toujours !
    Ce club est dingue et nous fait vivre tant d'émotion, on se sent si vivant quand on le supporte ! On réalise une des plus belles saison depuis 20ans, mais on a faim on en veut plus et on va très vite. qui sait jusqu'où notre passion et notre racing va nous emmener, ce racing est capable de tout ce racing j'en suis fier, nous en sommes tous fiers !
  • Franchement chapeau pour cet article. C'est ce que j'ai ressenti dans ce stade constellé de drapeaux bleu et blanc, de maillots bleu et de drapeaux alsacien disséminés partout dans le stade. Samedi dernier c'était l'Alsace réunie autour du Racing et c'était trop trop bon.
  • @diogene est rare. @diogene ne prend guère la plume, mais lorsqu'il la trempe, nuls pleins ou déliés, elle dégouline d'émotions qui vous inondent vous prennent jusqu'aux tripes. Certains commentaires sont ............. du même tonneau.


    A choisir, je prendrais le paragraphe sur le paysan de Belfort, mais je sais, je suis terriblement subjectif. Tu l'as dit, il ne joue pas pour le Racing, il EST le Racing. Il ne lui manque que ces deux années de Forbach à Raon ou Epinal, enfin un bled dans les Vosges,
  • Bravo l artiste.
    Bravo les artistes de cette finale !
    J aime ces sentiments forts que nous procure ce club.. notre club...
    Merci pour ces instants magiques...
    Vivement les prochains....

    Aller les bleus !
  • Je n'étais pas présent à Lille, mais cet article m'a aussi fait sortir une larme.
    Merci pour ce récit tant chargé d'émotion, on sent que ça a été un très grand moment.
  • Au début j'ai cru lire le synopsis du dernier Brigitte Lahaie, mais je ne peux que souscrire à cette évocation romantique du weekend lillois :x

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Stammtisch
  • athor Il fait des efforts en français, c'est bien
  • sigur 2 minutes à écouter Emegha en conf. Déjà mythique.
  • pliughe Bonne nuit
  • takl bonne nuit
  • takl 2024 devrait accoucher d'un 2025 appaisé et empathique. Tout va bien se passer, le Racing sera en L1, paix amour liberté et fleurs.
  • takl futur antérieur : [lien]
  • takl mais bon on a pas le droit de les exterminer. Y'en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes.
  • takl le monde serait mieux sans "les gens"
  • takl les gens tu leur donne une pelle ils creusent avec le manche
  • pliughe Pff si les gens creusé un peu plus ça nous éviterait de polluer
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  • takl il manque plein de choses dans la dernière phrase, dont des mots, la honte.
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