Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Tourisme vert

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Par zottel
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Puisque la ville de Saint-Etienne, son club, ses supporters traditionnels avec R5 et volant en fourrure ont aujourd'hui presque sombré dans un oubli mérité, le match de mercredi oblige à quelques rappels fastidieux.

(NDLR : cet article fait partie d'une série d'articles au ton décalé et résolument second degré. A lire avec précaution et humour !)

Suivez le guide (vert)

Dès l'origine, les pères fondateurs de Saint-Etienne optèrent pour le patronnage d'un saint désopilant, vénérable martyr catholique oublié dont chacun honore tradionnellement la mémoire par sa crise de foie annuelle. En comparaison, les choix audacieux de Nabor ou Croix-en-plaine forcent le respect.

Après de longs siècles passés à l'écart du fracas de l'histoire (des chroniqueurs égarés y seraient morts d'ennui), tout changea avec la découverte de charbon en sous-sol, qui coincidait avec l'invention du barbecue.
Cette rencontre avec la préhistoire stéphanoise, peuplée de quelques fossiles et d'une flore épatante, susicta une certaine émotion. Mais enfin, tous comprirent qu'il faudrait désormais partager la triste condition de taupes et des mineurs mosellans. Et qu'il faudrait renoncer pour longtemps à porter du linge blanc.
Soulignons que le sort aura épargné une telle misère à notre belle Alsace, qui ne se sera jamais consacrée qu'à l'extraction distrayante et propre de l'argent ou de la potasse.
Soumis au joug des ingénieurs des mines, la région résonnait sans trêve du cliquetis de leurs pioches. Région qui fut d'ailleurs baptisée «Forez !», réponse universelle des nouveaux maîtres. Ils ignoraient donc jusqu'au potentiel comique inouï de la question « Où est Saint-Etienne ?» (qui appelle, par exemple, la réponse toujours populaire : « dans ton nombril »).

Après cela, le Stéphanois aurait pu s'en tenir à besogner placidement son jardin ouvrier, en attendant la prochaine grève.
Au lieu de cela, il inventa la manufacture des Armes et Cycles, mondialement connue (sinon notez bien, ça fera un malheur à la prochaine réunion du Rotary). Et ça ne manquait pas d'audace, de fabriquer des bicyclettes plus d'un siècle après l'invention du moteur ! Quant aux armes, elles valurent à Saint-Etienne l'inimitié éternelle des lapins de garenne, et ne furent pas étrangères à nos piètres performances dans les diverses guerres mondiales qui suivirent.

Ces manifestations du génie stéphanois nous amènent directement à ce qui reste leur principal apport à la sous-culture des bassins industriels, un joyau que seul surpasse « les Corons » de Pierre Bachelet : l'AS Saint-Etienne.

Le vert est dans le fruit


Qu'on s'en souvienne, le championnat de France avait sû maintenir jusqu'alors une certaine idée du prestige, et tout se décidait toujours entre notables parisiens et vignerons champenois. Tout changea lorsque les Stéphanois inventèrent par surprise la détection des jeunes, la formation et la caisse noire.

Durant la période obscure qui suivit, le beau football partit se réfugier à Nantes et on vit bientôt grouiller, du nord au sud de la France, tout un peuple vert. Vert, comme la tunique des coupables, dont la hideur survécut à l'invention de la télé couleur. Il est certain que tant qu'à se rouler dans la pelouse, autant choisir la couleur la moins salissante : ainsi en avaient décidé les ménagères stéphanoises, rendues revêches par les années passées à récurer la suie à l'eau glacée du Massif Central.

Mauvais goût encore, les Stéphanois - grands lecteurs du catalogue de Manufrance, le rejeton des Armes et Cycles - prirent l'habitude d'appeler leur stade le « chaudron » ! Si les Strasbourgeois avait eu un aussi brillant esprit d'à-propos, la Meinau se serait-elle appelée le Romertopf ?

Quoi qu'il en soit, grisée par la plèbe vociférante, l'ASSE entreprit de remporter la Coupe d'Europe. Ce fut là une rupture avec notre longue tradition de nation footballistiquement non-bélligérante. Les Verts nous firent perdre, sans doute à jamais, la précieuse amitié du peuple ukrainien (Saint-Etienne - Dynamo Kiev, 0-2, 3-0, quarts de finale 1976). Et ceci, on l'aurait compris, si encore ils avaient pu nous venger de l'ennemi héréditaire teuton. Mais les Foréziens en furent bien incapables (Bayern Munich 1 - 0 Saint Etienne, finale 1976), et tout ça pour une sombre histoire de poteaux, dont nous n'avons rien à carrer.

Au diable vos Verts !

Bref, c'est au nom de tels "exploits" que nous serions tenus d'admirer Saint-Etienne, semble-t-il pour l'éternité (et c'est long, surtout vert la fin). C'est oublier que depuis lors, le Français avide d'épopées héroïques aura aimé les Bleus, l'OM ou le Racing.
Et quand les résultats plus récents devraient rappeler les Stéphanois à plus de modestie, il faudrait au contraire saluer les ultimes tréssaillements de l'ASSE comme les prémisses d'une « reconstruction »...
Soyons sérieux un instant, il s'agit seulement du club qui aura bien voulu aligner d'aussi célèbres bouchers que Johnny Rep, Platini ou Rocheteau - les moins grossiers ayant au mieux fini consultants sur TF1. Le club qui a osé choisir cette année une tunique vert fluo, couleur que l'on croyait elle aussi disparue sans regrets avec les années 80.

Malgré cela, chaque victoire des Verts ne fait que raviver l'aigreur des Stéphanois, et bientôt, les canons s'enrayent, à Casino(*) les nouilles en promotions enchérissent. C'est pourquoi, pour le bien de tous, pour la gloire de France Pare-brises, le Racing doit gagner mercredi.

(* Enseigne fondée par feu M. Geoffroy Guichard)

zottel

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