Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Le Phénix Valenciennois

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Par captainflirt
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Le Phénix Kombouaré à la Meinau ? © Karim Chergui

Refondé un certain 1er avril 1996, pour ce qui aurait pu être le plus gros poisson de l'histoire, voici l'incroyable aventure du VAFC. Un club et une ville qui depuis la nuit des temps, ont toujours su renaître de leurs cendres.

Ascenseur pour l'échafaud


1935, la même année où la ville met au monde l'un des plus grand talent du cinéma français, Pierre Richard (l'autre Wilfried Gohel), l' USVA appuie pour la première fois de son histoire sur le bouton qui mène au sommet de la hiérarchie des clubs de football français. Mais son premier match tourne à la catastrophe : Sochaux, fleuron de l'élite à cette époque, lui fait immédiatement comprendre sa douleur en administrant aux hommes du Nord une copieuse fessée (12-1), qui reste à ce jour le plus gros écart entre deux formations de D1. Valenciennes s'était-il trompé d'étage ?
C'est ce qu'on pourrait se laisser tenter de croire si l'on regarde les soixante-dix ans de l'histoire du club qui suivent. Une période parmi l'élite qui ne suffirait sans doute pas aux plus brillants analystes pour répondre à cette question. Pas même au regretté Jean Lefebvre, autre star valenciennoise du grand écran.
Montées, descentes puis remontées, puis relégations ont longtemps fait croire aux plus cruelles langues parmi les amateurs de football que sous le sigle USVA se cachait en réalité celui d'une grande marque d'ascenseur. Qu'à cela ne tienne, le club a toujours su rehausser les épaules en recommençant inlassablement sa quête vers le sommet de la L1.

L'histoire se corse dans les années 80, lorsque le club commence à avoir des ennuis d'ordre financiers. Là encore, la fatalité n'est pas de mise. La reprise du club par Jean-Louis Borloo, le retour de Didier Six et le travail de Daniel Leclercq redonnent l'espoir à tout un peuple fier de ses deux grands comiques troupiers. Après plusieurs échecs aux pieds des barrages et de l'accession, le désormais USVAA est enfin récompensé de ses efforts en 1992. C'est l'époque des Wilfried Gohel (le Grand Blond avec un poteau d'or), David Régis et Jacques Glassmann, emmenés par Francis Smerecki en Première Division en une seule petite année. L'histoire serait belle si elle s'arrêtait là. Mais de renaissance il sera encore longtemps question du côté de VA.
En effet, ce retour en première division tourne rapidement au cauchemar, tant sur le terrain qu'en coulisses avec la trop célèbre affaire « VA-OM ». Le club redescend en deuxième division après un match de barrages perdu devant l'AS Cannes de Luis Fernandez, avant de vivre ses heures les plus noires : relégation sportive en National en 1994 malgré un quart de finale de Coupe de France perdue à Nantes 3-1, relégation administrative en CFA la saison suivante accompagnée du dépôt de bilan du club.

La sempiternelle renaissance d'un club...


Probablement inspiré par l'histoire du club mais aussi par celle de la ville, Bernard Moreau et Jean-Claude Brienne décident un certain 1er avril de refonder le club sous le nom de VAFC.
On change de nom, mais pas de réputation aussi facilement. Après deux saison seulement le club devient champion de France amateur puis accède en National. Il y reste deux saisons pour finalement s'écrouler lors de la troisième. Le yoyo est toujours de mise à Valenciennes, qui retrouve la CFA.

En 2002 commence pourtant une nouvelle ère qui n'a pas son pareil dans le football français. Sous la houlette de Didier Olle-Nicolle, le club retrouve le National pour deux saisons tout à fait correctes, et regagne ainsi l'estime de son président de maire Jean-Louis Borloo.
Mais cette fois-ci, on se dit que le club a besoin de changer de statut pour viser plus haut. Trop occupé par ses fonctions ministérielles, Jean-Louis laisse les rênes du club à Francis Decourrière, qui le transforme en SASP. Le VAFC entre ainsi dans la sphère économique du football moderne et ses résultats ne vont pas tarder à justifier ce franchissement de pallier. En deux petites années seulement, Valenciennes décoche successivement deux titres de champion de France, celui de National puis celui de Ligue 2 après une saison pleine d'audace menée par les hommes d'Antoine Kombouaré.
Steve Savidan, attaquant maison du club décroche au passage lui aussi deux titres successifs, celui de meilleur buteur de National puis de L2 l'année suivante. La machine est enfin relancée. En moins de dix ans après sa sempiternelle refondation, le club accède à nouveau à l'élite.

La surprise est de taille et bon nombre d'adversaires de L1 se font croqués par cet étonnant promu la saison suivante. Mais cette fois-ci pas question de descendre, ce groupe plein de coeur et d'audace, qui évoluait en National deux ans auparavant accroche le maintien dans le plus grand des soulagements. Steve Savidan n'est d'ailleurs pas loin de rafler la mise du meilleur buteur une fois de plus, en terminant l'exercice à deux longueurs seulement de l'éternel Pedro-Miguel Pauletta.
Le club n'en finit vraiment plus d'étonner, et pour sa deuxième saison de L1, le voici auréolé d'une magnifique 6è place à la veille d'affronter leur vieil ennemi strasbourgeois, qui l'avait privé de son seul trophée national à Colombes, il y a 55 ans de ça.

Et d'une ville


Vraiment, il est assez impressionnant de caler ce parcours sur celui de l'histoire de la ville.
Tout comme son club, celle-ci n'a pas été épargnée par les mésaventures au fil des siècles, pour à chaque fois elle aussi renaître de ses cendres.
Pillée et saccagée au IX° siècle par les terribles Normands, la ville se relève pour devenir une place forte de l'économie médiévale par la suite, grâce notamment à sa renommée en matière de dentelle. Plus tard, tout au début de l'an Mil, la population valenciennoise est décimée par la famine qui entraîne une terrible épidémie de peste. Mais la ville se relève une fois encore grâce à son développement monastique. Décidemment elle est toujours dans les bons coups comme dans les mauvais. Puis ce fut le tour des Guerres dites de religion au XVI° siècle. Valenciennes fut le premier lieu de résistance contre la persécution des protestants. Mais elle ne devait pas tenir bien longtemps et subit alors la conquête des Pays-Bas espagnols, jusqu'à la reconquête de la ville par les troupes de Louis XIV lors des Guerres de Hollande au XVII° siècle. C'est là que Vauban fut tué au cours d'un siège colossal, qui devait une fois de plus mettre la ville à sac.
Le XVIII° siècle permet à la ville de trouver un nouvel essor, grâce à la découverte d'un énorme bassin houiller près d'Anzin (qui donne son initial à la deuxième lettre de VA). Passons sur les carnages qu'entraînent la Révolution française et les guerres contre Anglais et Autrichiens qui s'en suivent. On risquerait de se répéter, Valenciennes est à nouveau saccagée...
De même, au cours de la Première et de la Deuxième Guerres mondiales, où Valenciennes est le théâtre de nombreuses batailles qui mèneront à son bombardement et à un terrible incendie qui anéantit la ville en 1940.
L'après-guerre est moins douloureux. Grâce au développement du réseau autoroutier et ferroviaire, la sous-préfecture du Nord retrouve des couleurs. Mais la seconde partie du XX° siècle ne lui épargne aucune des crises économiques majeures : celle du textile, du charbon et de l'automobile...

Que vient faire cette analogie dans un article consacré à un club de foot dont on ne comprend ni ne sait pas grand-chose ? Eh bien, il s'agit justement d'essayer de chercher des raisons à cette éternelle volonté qui pousse et la ville et son club à toujours refaire surface.
Au cours des années 90 et 2000, Valenciennes puise un nouvel essor, somme toute relatif, dans les techniques d'informatique et de communication, mais aussi avec l'implantation d'une usine Toyota et bientôt du géant de la pneumatique Michelin.
Alors, on se dit que comme son club de foot, la ville semble condamnée à un éternel cycle de mort et de résurrection.
Symbole culturel de cette légende, le grand théâtre national qui fut construit sous l'ère Borloo. Un haut lieu de culture dont le nom ne s'invente pas : le Phénix !

captainflirt

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