Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Aux sombres héros de l'amer-bière

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Par zottel
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Lande bretonne, novembre 2006 © id

Finitude et incomplétude, le Finistère est un rappel constant de la condition humaine : car que serait la Bretagne sans la mer à l'infini ? La Lorraine, et encore.

(NDLR : cet article fait partie d'une série d'articles au ton décalé et résolument second degré. A lire avec précaution et humour !)


Rien que de l'eau


Oui, la Bretagne sans la mer, c'est comme "Pêcheurs d'Islande" sans l'Islande, une morue sans arêtes, un biniou sans l'atmosphère, une coiffe bigouden sans la grand-mère en dessous : tout s'écroule. Mais avec la mer aussi, tout s'écroule ! Comme le répète sans cesse le propriétaire du Cap Gris-Nez, dont des arpents entiers s'abiment régulièrement dans l'Atlantique.
Enfin en tout cas, il est prêt à en jurer. Quelle idée, aussi, de placer son héritage dans ce bout de calcaire !

L'horizon du Breton, au Nord, c'est la Manche ; à l'Ouest, l'Atlantique ; au Sud, idem ; à l'Est, les Vosges, muraille (heureusement) infranchissable ; s'il regarde le Ciel, la mer lui tombe dessus ; à ses pieds, c'est une flaque. La mer est partout, qui lui lance sans arrêt le lancinant appel des abysses : dans son beurre, qui est salé ; dans son beefsteak, plein d'écailles et d'arêtes ; dans ses messes du pardon, qui confinent au paganisme posséidonien ; dans ses draps, qui s'en souviennent encore.
On comprend mieux sa mélancolie profonde : tourmenté par sa double nature mi-homme mi-poisson, il ne rêve secrètement que de retour vers la matrice aquatique originelle. Si possible, rangé dans une boite de sapin comme une sardine dans l'huile. Car le Finistère est cet endroit où l'homme cesse enfin de lutter, vaincu, offert au vent mauvais, ses chèques-vacances dans la main, après une longue et vaine quête d'une crêpe complète abordable.

Brest


Abandonné comme la feuille morte de Verlaine, on finit fatalement par le retrouver piégé à la pointe de Brest comme dans un coude de gouttière - le vent étant, quant à lui, toujours extrêmement mauvais, 15 noeuds Nord-Nord Est, marée 110, mer agitée, drapeau rouge. Là, il se bâtit sans hâte un abri en granit, avec un couteau à beurre, puisqu'on vous dit qu'il est maudit.
Notons que contrairement au grès rose des Vosges qui est rose, le granit est couramment gris, tirant sur le sombre et l'indéfinissable ; c'est parce qu'il est pétri de tristesse (demandez à un géologue ou à aragon). C'est pourquoi on peut le remplacer avantageusement par le béton, sitôt-dit-sitôt-fait ! On voit bientôt surgir la ville de Brest là où il n'y avait qu'un village.
Les esprits tatillons objecteront que, plutôt qu'une affaire de moeurs, c'est suite à divers bombardements qu'il a bien fallu reconstruire Brest en béton ; pourquoi pas. Mais était-ce peut-être par anti-fascisme, et non par goût du grisâtre, que le Brestois a préféré bouder le marbre de Carrare ? On en doute !

Enfin quoi qu'il en soit, que les esthètes s'en préservent, Brest n'est vraiment pas une jolie ville. D'ailleurs, les plus sains d'esprit et ceux qui ont quelque talent s'en échappent, comme Corentin Martins ou Vincent Guérin, mais pas Stéphane Guivarc'h - nous y reviendrons. Enfin, pas à Brest - certainement pas - à Stéph'. Qui y est revenu, lui. A Brest.

Des visages, des figures


Dans ce contexte pénible, la principale activité de Brest est l'élevage de porte-avions nucléaire. On les voit souvent faire des ronds dans l'eau, retrouver les baleines, parler aux poissons d'argent dans la rade de Brest : la rade de Brest qu'il ne faut pas confondre avec l'Arabe du coin, qui est plus exigu, mieux tenu, et franco-tunisien comme son surnom ne l'indique pas.
Le porte-avion nucléaire s'appelle en Général « de Gaulle », précision inutile car il n'en fait qu'à sa tête ; en tout cas, que celui qui en a déjà vu revenir à l'appel de son nom envoie un message privé à Monsieur lepatron, il a gagné un t-shirt et un panier garni. Cette attitude signe la supériorité du labrador sur le porte-avions nucléaire.

A part cette contribution nuancée à la gloire nationale, on cherchera en vain à quoi a bien pu servir la conquête de la Bretagne, dont la loyauté profonde échappe encore au pouvoir comme s'échappe son crin-crin geignard des orifices multiples du biniou. Tiens, en parlant de folklore, on remarquera que de la même façon que nos cousins d'Amérique nous gratifient régulièrement de leurs dernières créations, tantôt une Céline Dion, tantôt un Marcel Béliveau, comme un neveu gluant les dessins de ses « matières », les Bretons aiment aussi beaucoup nous infliger leurs Alan Stivèle, leurs Yann Tire-scène et autre Tri Yann. A croire que le soleil ne se couche jamais sur l'Anti-France ! Non, le mot n'est pas trop fort concernant la Bretagne ; songez que si le Royaume-Uni s'appelle aussi Grande-Bretagne, c'est que le Breton est logiquement un petit-rosbif, et ça, ça n'est pas rien dans l'abjection !
Notons quand même que le message politique des cornemusiers est du genre incertain. Tiens, prenez la phrase :
Citation:
Hunvreet 'm eus ur wech, pa oan Yves Deroff bihan, 'vefen war vrasañ leurenn 'vez

Pour certains spécialistes, cela signifie « J'ai vu le loup, le renard et l'alouette dans les prisons de Nantes » ; pour d'autres, ça n'est rien de moins que « A mort les Francs et les Jacobins, pendons-les tous par les oreilles ». Avis aux bretonnants qui y voient plus clair, le panier garni tient toujours.

Mais dans les deux cas, comptine ridicule ou brûlot régionnaliste : à voir ces foules de colonisés, transies et estudiantines, ânonner en choeur ce charabia sans jamais rougir de honte ou fureur davantage que leur oeil troublé par les cigarettes de maïs, on comprend combien le bilinguisme a reculé !

J'ai (failli) manquer Télé-foot


Bref, ce n'est pas tout ça, mais « il va falloir y aller », comme le dit à sa femme éplorée - assise sur une bite, d'amarrage, mais si vous la connaissez - comme le dit à sa femme le pêcheur de morue, laconique et têtu comme le sont ces gens-là. Il va falloir y aller chez ces drôles. C'est d'autant plus ennuyeux qu'il y pleut, ne vérifiez pas, c'est acquis.
Les archéologues des vignettes Panini signalent qu'une équipe de football y aurait sévit au siècle dernier : gare tout de même, bien que la probabilité de revoir Bernard Lama plonger ailleurs que dans l'oubli est très faible, bien que Stéphane Guivarc'h est aux dernières nouvelles parti tuer les mouettes à Guingamp. Restons calmes, le Racing devrait s'en sortir sans problème : pas de quartier, à l'abordage, tonnerre de Paimpol !

zottel

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