Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Clermontois, c'est vraiment ça

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Par zottel
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Si Clermont est une petite ville, c'est d'abord parce la natalité y est très irrégulière ; ça n'est que quand un volcan s'éteint, qu'un être s'éveille ! On se gardera bien, cependant, de leur suggérer une méthode plus ludique.

(NDLR : cet article fait partie d'une série d'articles au ton décalé et résolument second degré. A lire avec précaution et humour !)

C'est vrai, qu'est-ce qu'a jamais produit l'Auvergne, à part des pneumatiques et une certaine proportion de nos présidents de la République ?

De la pluie, des Puys et puis ?

En Auvergne, le ciel est bas, « de plomb » comme le veut un aimable cliché sur plaque d'étain ; à travers la brume, on aperçoit un puy, deux vaches – trois raisons de boire Volvic –, Raël qui course une Elohim à peine pubère. Tout n'est que cheires, maars, caldeiras et même – les volcanologues sont formels – hyaloclastites. Çà et là, l'oeil exercé reconnaît la Saxifrage de Lamotte et la Ligulaire de Sibérie, celle-ci étant souveraine en infusion, dit-on, contre le naevus verruqueux - mais gare, l'heure de la cueillette est primordiale.

Des gens de pneu

Dans ces conditions, pourquoi Clermont (« Pourquoi le Brésil » ayant déjà été traité, chercher à Christine Angot) ? Certes, pour faire vivre la bourgeoisie locale, car sans bourg, elle s'ennuie et pointe à l'ANPE. Etait-ce suffisant ? Et aurait-elle été grise et sombre celle ville, si le hobereau local avait tonné "Petite et sans gloire, oui, mais nous la ferons clairement" ?

On peut avancer l'explication écopaysagère : la grande ressource du lieu est le pneu, qui pousse en grappes noires et lourdes aux flancs du Puy-de-Dôme. Un terroir goûté par les connaisseurs, qui l'identifient sans peine aux dessins des sillons - vous savez, ces motifs étranges qu'on croirait dessinés par un ingénieur alcoolique. Le pneu y fut exploité très tôt pour fabriquer des balançoires, ou des sandales pour Viêt-Cong qui en sont friands (Madame : pour son anniversaire, rien ne peut lui faire plus plaisir). On dit d'ailleurs que si l'Europe ne compte pas là un de ses carrefours, ou même une venelle, elle doit bien à Clermont quelques traces de freinage.

Cette histoire lointaine est bien sûr aussi celle des trois ordres de Dumézil, dont l'origine se confond dans celle des trois clans dominants : les laborieux Michelin qui roulent sur leur or, les avenants Gilbert et leurs speakerines pleines de dents, et les d'Estaing qui se réservent plus volontiers la pompe d'opérette ou l'accordéon.

D'eau et d'air pur

Ainsi va la ville. Enclavée sur sa dalle de basalte, à l'écart du grand axe Mer du Nord-Méditerranée, Clermont a toujours vécu simplement. Contrairement au brontosaure et Claude François, elle doit à la malice de ne pas avoir disparu. Sans la malice auvergnate, il est difficile d'expliquer que Michelin vende encore à l'ère du TGV et de l'aéroplane ! Il faut dire que non loin de là, les couteliers de Thiers prospèrent discrètement de la lutte éternelle du pneu et du canif.

Quand il n'a plus rien à vendre, l'Auvergnat met son eau en bouteille et y écrit Volvic. Il y a peu de numéros 10 qui l'ignorent aujourd'hui, et qui entrent sur la pelouse sans se demander si, bordel, j'ai bien commencé par la jambe gauche. Et tout ça, alors qu'à Paris, l'eau du robinet se vend dans tous les bons bistrots ! On y trouve même des plagistes, et les pontes d'esturgeon se consomme couramment rive droite.

Quand les gens n'ont plus soif ? L'eau qui reste n'est pas perdue. Car il y a des milliers de dignes mères de famille françaises qui gaspillent leur vieillesse - parfois courte, en ce siècle de canicules - à tremper leurs varices à la Bourboule, des mois durant, sous de fumeux prétextes médicaux scandaleusement cautionnés par la sécurité sociale.

L'Auvergne pratique même le commerce du rien. Si l'Auvergne n'a pas de Saint Jacques de Compostelle, deux points définissent une ligne, et elle a su aspirer un peu de suc sacré en inventant le concept de "chemin de Saint Jacques". Depuis lors, on voit des gens espérer leur salut éternel à Conques, à 800km du finish, comme d'autres affirment avoir skié loin de Courchevel ou s'être baigné en Bretagne. Il faut dire qu'une fois passé cinq cols de 1ère catégorie encombré du bâton typique, et moyennant un peu de réconfort religieux, il est aisé de détrousser ce pèlerin dont il revient des vagues inlassables. Et si ce marché traditionnel subit la concurrence de la fête du fémur de porc soufflé de Niederoberbarenbirenbach, on aurait tort de s'inquiéter : pour un prix sensiblement supérieur à celui des mémoires de Katia et Maurice Krafft, vous pouvez désormais dépenser vos congés payés à Vulcania.

Imaginez: le "Strasbourg Foot 67"

A part les testeurs de pneus, et encore c'est de la gonflette, Clermont a peu donné au sport français. Peu si ce n'est son plus magnifique perdant avec Raymond Poulidor - un limousin : presque un consanguin - j'ai nommé l'ASM Clermont Auvergne: 9 finales du championnat de France de rugby perdues sur 9 jouées !

Les sports moins frustres comme le football y sont méconnus. Et il faut pourtant en parler : quel publicitaire cacochyme, quel post-quinquagénaire craquelé à Rolex a décidé de baptiser ce pauvre club Clermont Foot 63 ? Si si, « Foot » ! Mais qui croit encore aujourd'hui que « Foot » sonne chébran, à part les rares nostalgiques de Téléfoot, boudinés dans leur survet' qui gratte et agrippés à leur album Panini 1984 ? La tradition est le vrai trésor : les clubs de football ne jurent plus que par leurs trophées de la ligue 1, leurs coupes du Roi ou la coupe tecktonik, leurs logos à l'héraldique tourmentée, les magnétiseurs et le tarot de Babylone, enfin j'en passe et du plus poussiéreux. S'il veulent encore d'un sponsor, c'est l'UNICEF et du bout des lèvres. Fi ! Du haut de nos 102 ans d'histoire bleu roy, nous et nos vénérables armoiries vintage, souffrez que l'on vous toise, messieurs du Clermont "Foot".

Du reste la Providence, dans sa sagesse et avec les rudes méthodes qu'on lui connait, n'a-t-elle pas épargné à Coco Martins le déshonneur de jouer bien longtemps au Clermont "Foot" 63 ?

Donc pour le match de vendredi : une bonne raclée comme on les connaît ici (si, c'est quand on perd que le public n'y connaît rien), une bonne raclée donc c'est bien le moins qu'on puisse espérer.

zottel

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