Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Tours operator

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Par zottel
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Étant donné la douceur des moeurs locales, on aurait tort de ne pas se moquer. Tours prends garde.

(NDLR : cet article fait partie d'une série d'articles au ton décalé et résolument second degré. A lire avec précaution et humour !)

Ligérien à voir


Réglons son compte à la légende. Quand l'Alsace – « quel beau jardin ! » s'exclamait Louis XIV au col de Saverne, soulagé après la pénible traversée de la Moselle – quand l'Alsace n'est pas française, la Touraine serait, paraît-il, le jardin de la France par intérim. Possible, il faut bien justifier, rigolent les sceptiques, la coûteuse Guerre de Cent ans qui nous a durablement fâchés avec la fiable Albion.

Soyons honnêtes : beaucoup de Tourangeaux ont joué dans la première division de la littérature française (Rabelais, Ronsard, De Vigny, Balzac, Courteline). La géographie de la Touraine ne porte pourtant pas à l'exaltation: c'est une monotone plaine à melons, complantée de vignes et de châteaux prétentieux, traversée sans honte par la Loire. Du coup le commun, écrasé par la douceur exaspérante du climat entre Bourgueil et Amboise, n'a jamais foutu grand-chose. Même Balzac se forçait : « La mollesse de l'air, la beauté du climat, une certaine facilité d'existence et la bonhommie des moeurs y étouffent bientôt le sentiment des arts, y rétrécissent le plus vaste coeur, y corrodent la plus tenace des volontés ». Alors, qu'est-ce que je disais ?

De toute façon, si le melon, le vin, et le poète y poussent en pagaille, la pénurie en est moins criante que celles des coupes d'Europe françaises. Au fond, de tous nos pièges à touristes du troisième âge, la Touraine est un peu ce que le Y est à notre alphabet, un luxe inutyle - le Y étant du reste une invention, des Grecs certes, mais surtout du lexicographe local Ronsard, criminel considérable à qui l'on doit des générations de dyslexiques et un peu de poésie anti-rides (« Mignonne, allons voir [gnagnagna] la vieillesse fera ternir votre beauté »).

Un Tours sans vainqueur


Puisqu'il n'y a pas, par là-bas, de frontières naturelles autres que les passages de tracteur, la voie est largement ouverte aux mouvements et frontières et autres découpages des administrateurs. Berry, Saintonge, Poitou, Anjou, Maine... l'imagination de la noblesse locale n'a presque pas connu de limite rationnelle à part les Vosges. Au surplus, on se demande pourquoi, dans l'intérêt des rédacteurs d'articles du stub, personne n'a songé à fondre ce magma confus dans une région unique « France de l'Intérieur ».

On objectera que le Haut-Rhinois est, bien, lui invinciblement insoluble dans la culture bas-rhinoise et réciproquement : oui, mais c'est pas pareil, il faut avoir souffert à Kintzheim pour comprendre. Et de toute façon, la vraie particularité locale est que le Tourangeau, sous ses airs débonnaires de marchand de melon au noir, est né traître : vendu historique à l'Anglais, il a fallu la ferme persuasion de Philippe Auguste pour que l'on puisse entretenir l'espoir de n'être plus un jour ridicule en rugby.

Mais, une fois épuisées les possibilités de satisfaire ces pulsions congénitales, l'histoire de la Touraine devient celle de querelles médiocres d'une noblesse inutile, de disputailles dérisoires de gens heureux. Le Haut-Koenigsbourg s'appelle Azay-le-Rideau, on cultive des jardins de Villandry et des femmes (« elle était [...] le lys de cette vallée où elle croissait pour le ciel, en la remplissant du parfum de ses vertus »).

Caprin c'est ici


Dans ces contrées préservées depuis longtemps du passage des militaires, les chèvres prospèrent comme des ongulés. En Touraine, on vit donc aujourd'hui des rentes fournies par un climat d'une douceur réellement douce et sans bouloches, mais aussi du produit de la vente d'un médiocre Chavroux traversé d'une paille : le Sainte Maure. Quand vous achetez un fromage de chèvre de Touraine, exigez la paille, c'est le meilleur. En revanche, le kiri à la paille, le parmesan à la sciure de bois et le munster traversé d'une barre à mine n'ont pas encore dépassé les limites du marché local.

Qu'on se le dise : en Touraine on boit du Coca et on mange des sandwichs. On est bien loin au quotidien du « festin de Rabelais », festivité montpelliéraine. D'ailleurs, Balzac lui-même chipotait, et ne dit-il pas : « Rabelais, homme sobre qui ne buvait que de l'eau, passe pour un amateur de bonne chère, pour un buveur déterminé - mille contes ridicules ont été faits » ? Alors, qu'est-ce que je disais ?

Le Tours du football


Laissons les chèvres un instant et, sans transition, parlons Racing. Tours est surtout la ville du Tours FC, prochain adversaire au calendrier. On apprendra d'abord que Tours est l'ex-club des Docks du Centre, un nom qui n'est pas sans rappeler notre docker intelligent préféré Gonzalo Belloso. Ce n'est pourtant, plus banalement, que l'ancien club de Jean-Marc Furlan, Tony Vairelles, le Lorrain à mulette, ou Ferhat Khirat. Comparé au Racing, un club sans histoire.
On nous objecterait Delio Onnis, nous répartirions Didier Monczuk ou Haikel Gmamdia. Non vraiment, ce club qui s'accroche avec acharnement à la L2 depuis quatre saisons n'inspire qu'une bienveillance paterne. Surtout s'il avait la bonté de ne pas encombrer la route vers la L1. D'ailleurs, Balzac lui-même bienveillait : « La puissance ne consiste pas à frapper fort ou souvent, mais à frapper juste ». Alors, qu'est-ce que je disais ?

zottel

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