Dernier Tango à Laval

Un jeu de gauche

Fondé en 1902, Laval est de facto un ancêtre auquel le Racing doit le respect. Pourtant le Stade Lavallois Mayenne Football Club n'a que peu flirté avec l'élite du foot hexagonal. D'élite, il en est néanmoins question dès sa fondation. Son premier président Emile Sinoir est en effet normalien et professeur de rhétorique, un bien beau métier qui a malheureusement disparu depuis que les jeunes portent leurs casquettes à l'envers.

Après avoir évolué dans des ligues diverses et variées, le stade Lavallois réussit son premier gros coup en engageant un joueur gaucho maoïste (Raymond Keruzoré) au début des années 70. Le club accède tout naturellement à la première division en 1976, après un match face au Red Star, le club à l'étoile rouge ... décidément.

L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais contre toutes attentes le club se maintient. Il finit même pas décrocher l'UEFA lors de la saison 82-83, coiffant les rouges monégasques... décidément.

Le club se paye alors le Dynamo Kiev au premier tour - décidément - mais chute ensuite face à l'Austria de Vienne au tour suivant. En 1989, le club retombe en D2 et continue d'écrire son histoire avec des pages plus ou moins belles (deux demies-finales de Coupe de France, la moustache de Denis Troch).

Le reconquête

Nouvel entraineur, nouveau président, retour de la figure historique dans le staff, Michel Le Millinaire; Laval est enfin de retour en seconde division cette saison. Mais le club ne semble pas parti pour jouer les troubles-fêtes, et ce n'est pas la défaite inaugurale chez le voisin brestois qui démontre le contraire.

Néanmoins, malgré les apparences, le Racing, encore convalescent ou même carrément agonisant, tient là un redoutable adversaire. Pour commencer, les Lavallois n'ont été défaits que dans le temps additionnel lors de leur premier match de championnat. Et cela par un but de Roux, et tout le monde sait depuis le Moyen-Age que les roux portent malheur. Ensuite parce que c'est sur le même score qu'ils ont été défaits sur l'Ile de Beauté; jamais deux sans trois ?

Objectif effectif ?

Tel Guy Roux resservant un verre de chablis au journaliste d'une obscure chaîne cablée bourguignonne, l'entraîneur des Tangos Philippe Hinschberger vise un maintien aussi confortable qu'il parait inaccessible. Inaccessible, car le promu ne déroge pas à cette sacro-sainte loi, même si l'accession de Boulogne en première division a évidemment attisé la rage de vaincre des petits Poucets.

On viserait donc le maintien, et pourquoi pas un peu plus, histoire de rappeler qu'à défaut de voir l'orange des shorts Montpelliérains, les pensionnaires de ligue 2 vont devoir composer avec celui des maillots des joueurs lavallois.

Effectif objectif ?

Comme tout promu, le SLMFC a profité de l'intersaison pour se renforcer. Le transfert de l'été sera donc le retour de l'enfant du pays, Ulrich Le Pen, qui arrive de Lorient. Le souvenir de son passage à Strasbourg est encore vif dans beaucoup de mémoires. Si le joueur fait office de leader maximo dans cette équipe lavalloise inexpérimentée, sa condition physique et sa régularité seront des données-clé de la saison.

Autre joueur à surveiller, Romain Jacuzzi, et pourquoi ? Parce que les vannes des commentateurs vont fendre l'air plus vite qu'un Pichot au galop. On notera que l'équipe comprend aussi un Pichot (Matthieu, gardien), un Chapuis (Johann, défenseur) et un Haguy (Steve, Milieu), ce qui fait une belle brochette d'homonymes de joueurs strasbourgeois. Dernier fait anecdotique, l'équipe ne comprend qu'un seul étranger, Do Marcolino, l'attaquant brésilien... ou plutôt gabonais, qui écume l'ouest de la France depuis 1999.

Que voilà un bien bel adversaire. Allez Racing !