Jouons à Khiter gagne

Un seïde du R.C. Lens ?

Seïd Khiter est un pur produit de la formation du R.C. Lens.

On se souvient comment, dans la foulée de son titre de 1998, le R.C. Lens devint un "Granclub" ordinaire. Entre une demi-finale de la Coupe de l'UEFA en 2000, un nouveau titre manqué d'un cheveu en 2002, on fut là-haut dépassé par les évènements. Comme un smicard à mulette qui viendrait de gagner aà l'Euromillion. Bientôt - la vie est un conte moral - c'est le coup de folie, la ruine des familles, l'achat dispendieux, la prodigalité, le camping-car d'occasion : pour Gervais Martel, ce bibelot rutilant s'appelle La Gaillette.

Centre inauguré en 2002, elle fut présenté, bien entendu, comme un sage investissement d'avenir, quasiment un plan quinquennal permanent - car telle est la meilleure façon d'amadouer la fibre qui résonne à l'idéal ascétique rouge, idéal qu'on célèbre encore dans la région, autour d'une bonne sixième ou dixième bière.

Le niveau de la formation à la Gaillette a longtemps été relativement faible. Classé B en 2007, il était le moins bien noté des centres de catégorie 1, devancé de deux places par le Racing. La faute en revient principalement au faible temps de jeu des jeunes issus du centre. A dire vrai, seul le nom de Kévin Monnet-Paquet émerge réellement de la génération 2002. Notre ami Seïd Khiter, formé attaquant, est aussi de ceux-là : Khiter n'a en effet disputé que 11 matchs pour la période 2002-2006, malgré un contrat pro en bonnet difforme. C'est dire s'il a été longtemps barré, comme d'autres, par les "investissements en équipe première", ce que Gervais Martel a reconnu en 2008. Reconnu honteusement, à la vérité, car l'histoire est connue: longtemps déchiré par son statut hybride, moitié grand club prétentieux, moitié terroir-biloute, le R.C. Lens a finit par tomber en L2, désarmé, incertain, un soir de 2008. C'est la justice immanente, Gervais.

La référence ajaccienne

Khiter en garde quelque rancoeur. En 2008, devenu Valenciennois, il se souvient que "Lens ne lui a jamais fait confiance". Comme tant d'autres jeunes négligés, c'est en prêt qu'il se sera le plus épanoui. Ainsi, lors d'une première expérience à Ajaccio en 2006-07, au milieu de terrain, il s'intègre en un clin d'oeil et devient un des meilleurs buteurs du club (7 buts) aux côtés de Mandrichi et Scarpelli, sous la direction de Courbis. Il aligne aussi cette année-là 32 matchs d'affilée, ce qui compte, même si ce n'est que de la L2 - division que le Racing dominait avec Papin. Les grandes lignes de son jeu sont déjà identifiées : vif, dribbleur, percutant, et - du moins cette saison-là - une sacrée motivation. Car comme il l'explique lui-même après coup, l'équipe d'Ajaccio tournait bien et n'a pas songé un seul instant à la relégation ; bref, les conditions étaient idéales...

Las, après cette récréation d'un an, Khiter remonte dans le Nord pour une nouvelle année de purge. Nous sommes en 2007-08, c'est la relégation de Lens. De Guy Roux au tandem Papin/Leclercq, le climat est désastreux, la peur gagne tout le club. Peu utilisé, Khiter s'échappe à l'hiver après 11 matchs disputés avec Lens. Il part pour les verts paysages de l'Indre, à Châteauroux, où l'expérience est moins excitante qu'à Ajaccio. En effet la Berri lutte pour se maintenir, mais Khiter enquille tout de même ses 15 matchs et deux buts réglementaires.

Echec, Vannes et Racing

Vient un nouveau et inévitable retour à Lens. On ne sait si Khiter a pleuré à chaque fois qu'il a quitté la région, mais cette fois-ci c'est sûr, il pleure en revenant : le club est en ruines et en L2. Malgré le mea culpa de Martel sur le déficit de formation de Lens, Khiter sait que son heure est passée, et qu'on a déjà plus d'yeux que pour les minots de 16 et 18 ans (Lens a fini champion de France des -18 ans en 2008-09).

Seïd Khiter part, sans laisser de souvenir brûlant aux supporters lensois (qui sont pourtant chaleureux, biloute). Alors ? Sous-estimé le Seïd, ou simplement limité pour la L1 ? A dire vrai le tableau qu'on fait de lui est assez similaire à Lens et Valenciennes, son nouveau club d'accueil en L1. Car là aussi, on boude. Là aussi, le tableau de chasse est maigre (9 matchs, 1 but). Dans ces conditions, Khiter ne reste que six mois: ni une, ni deux, il repart en prêt à Vannes en L2.

Bon choix, le VOC: il vit la belle épopée du VOC en Coupe de la Ligue, qui s'achève brutalement au Stade de France (4-0 contre Bordeaux). Une aventure partagée à fond avec son club d'accueil (bien qu'il soit remplaçant en finale), car Khiter s'impose rapidement et y dispute finalement 16 matchs en inscrivant 3 buts pour la joie des supporters vannetais.

Et voilà ! C'est donc ce joueur bien connu de la L2 – mais globalement indésirable à Valenciennes - que récupère le Racing. Parti pour jouer en attaquant droit dans le 4-3-3 gressien, il devrait quoi qu'il arrive occuper ce même couloir, dont il est le seul spécialiste pour l'instant. Voilà qui devrait nettement trancher avec la technique nonchalante – d'aucuns diraient parcimonieuse – de notre ami James Fanchone, dit "le Fantôme" ou "l'Eternel Estivant". Les gens sont si taquins.

Souhaitons à Khiter de souvent trouver la tête en parpaing massif de Fauvergue, son chtimique compère d'attaque.

Sources : www.lensois.com, www.vannes-oc.forumpro.fr, www.VAENL1.com