Nul n'est censé ignorer la Loire

Un match de football peut parfois s'apparenter à une course de demi-fond, domaine de prédilection du néo-médaillé Mehdi Baala, qui a donné le coup d'envoi en cette soirée olympique. Il faut savoir gérer son effort, jauger la concurrence et placer le sprint qui fait mal au bon moment, et surtout pas trop tôt. En ce sens, le Racing a plutôt bien maîtrisé une partie cadenassée par la volonté nantaise de ne surtout pas jouer. L'orgueilleuse maison Jaune en est désormais réduite à jouer le 0-0 à l'extérieur, au besoin en ne rendant pas des balles arrêtées suite à l'une ou l'autre blessure. C'est attristant.

Disposés dans un désormais traditionnel 4-4-2 à plat, les Strasbourgeois auront au moins eu le mérite de tenter tout au long du match diverses combinaisons dans le petit périmètre, notamment à l'entrée de la surface et sur coup de pied arrêté. Malheureusement, ces tentatives se sont dans l'ensemble révélées brouillonnes et les Bleus sont progressivement revenus à une ligne de conduite moins élaborée, mais plus efficace, consistant à renverser le jeu sur le latéral opposé et à alerter systématiquement Nicolas Fauvergue, jamais le dernier pour aller au duel avec la défense centrale adverse. On aura pu apprécier au passage la relative cohérence du onze du Racing qui, contrairement à son homologue nantais, ne s'est pas désorganisé au milieu de cette bouillie de jeu. Difficile en effet de dire quelle était l'idée directrice imposée par Jean-Marc Furlan à ses ouailles, si tant est qu'il y en ait eu une. L'emblématique 4-2-3-1 observé jusqu'à la nausée à Strasbourg n'a fait que de fugaces apparitions, la faute notamment au placement erratique de Stéphane Darbion et surtout Djamel Abdoun. Les Nantais ont multiplié les erreurs techniques et les mauvaises passes, un festival d'imprécisions qui semble bien devoir s'expliquer par un manque d'implication et une volonté bien molle de défendre un coach menacé. Ce déficit n'a été que très partiellement compensé par une agressivité supplémentaire dans les duels, parfois à la limite de la règle. C'était en tous cas trop peu pour inquiéter une défense strasbourgeoise plutôt sereine, si l'on excepte le jeu au pied décevant de Stéphane Cassard.

Sans doute soucieux de ne pas s'exposer aux contre-attaques, les joueurs du Racing ont globalement peiné à emballer le match, malgré les encouragements plutôt soutenus d'un public qui a répondu présent. Basile De Carvalho s'est attaché à harceler la défense mais sans grand succès. Les milieux axiaux n'ont pas eu un rendement suffisant pour véritablement déstabiliser le bloc adverse, même si les choses se sont largement améliorées après les remplacements. Mamadou Dioulde Bah a en effet apporté un appréciable surcroît d'activité tandis qu'Emil Gargorov a su trouver sa place entre les lignes. Le petit coup de rein du Racing a été suffisant pour lâcher l'adversaire dans les derniers hectomètres. Point faible de l'équipe, la défense centrale du FCNA a fini par craquer sur une passe lobée de l'indispensable Quentin Othon. Nicolas Fauvergue contrôle de la poitrine et enchaîne avec talent, un beau but qui dénote toute la confiance de l'attaquant prêté par Lille, chaudement acclamé.

Les Strasbourgeois ont donc dominé sans brio, mais avec application, une très inquiétante équipe de Nantes. Ils l'ont fait sans forcer leur talent mais en laissant inévitablement un peu de jus sur un terrain lourd, où le moindre contact fait mal. Il faut espérer qu'ils pourront enchaîner dès vendredi contre Clermont pour, enfin, intégrer la première partie du classement.