Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Châteauroux-RCS : vis ma vie de supporter

Note
0.0 / 5 (0 note)
Date
Catégorie
Après-match
Lectures
Lu 3.733 fois
Auteur(s)
Par redaction
Commentaires
4 comm.
p1010052.jpg
Environ 150 supporters du Racing étaient à Châteauroux © zero-zero

Dix supporters du Racing triés sur le volet nous racontent en quelques lignes comment ils ont vécu ce match décisif.

> hyrka :
Prague, 15 mai 2010. Je suis condamné à passer la soirée dans une pizzeria de quartier, sans wifi, sans Iphone ni d'oreillette 3G, c'est thomas68 qui me tiendra au courant de l'évolution du score par sms. La pizza sera bonne, le vin chilien également. Mais le téléphone qui n'arrête pas de vibrer pour décrire la fin du naufrage achève tout espoir que le cauchemar se termine un jour. Les 12 prochains mois seront très longs. Après le match, vers 23h, je croiserai un groupe de supporters du Leeds United dans un bar. Fucking mektoub.


> fuchsi :
Départ 8h avec le bus du KCB. Le trajet, interminable, se fait dans la bonne humeur. La petite boule au ventre est bien entendu présente et les paysages de la diagonale du vide sont horriblement déprimants.
Au bucolique stade Gaston-Petit, la première mi-temps se déroule sous le soutien continu des Strasbourgeois. Je traverse tous les états possibles et imaginables, entre inquiétude, espoir et dépit.
La seconde mi-temps se déroule dans un silence morbide dans le parcage. Personne n'y croit mais la flamme n'est pas complètement éteinte en moi (on ne sait jamais...). Malheureusement, la fin du match est un calvaire, nous nous faisons chambrer par la moitié du stade. Au coup de sifflet final, c'est l'explosion de rage et de déception, les sièges volent, dessous, je me réfugie avec tristesse en haut de la tribune et reste amorphe, dépité sur un siège durant quelques minutes, impuissant face à cette tragédie sportive et humaine.
Le retour, tout aussi interminable, ne se fait pas réellement dans une expulsion brutale des sentiments mais davantage dans l'asthénie, dans l'incrédulité la plus totale. Arrivé devant la Meinau, là, tout le monde, y compris moi, prend réellement conscience de la situation. Comment un stade comme celui-ci peut-il être devenu l'égal de Luzenac ?


> oudin :
« Pleurer pour un match de foot ». Ce que je retiens de cette sombre soirée au Mac Carthy ? Cette bribe de conversation entendue dans un coin : « je ne comprends pas comment on peut pleurer pour un match de foot ». Non, vous ne pouvez pas comprendre, et je n'ai plus la force d'expliquer.
Pour tous, cette incompréhension face à ce qui venait de se passer. Chez chacun une gêne, à la fois digne, et contenue. Cette gêne que l'on ressent quand les mots manquent et que l'on redoute de croiser un autre regard, reflet de son propre désarroi.
« J'ai vu mourir le monde ancien » a écrit Alexandre Adler, célèbre éditorialiste, nous, impuissants, on a peut-être vu crever le Racing.


> jpdarky :
Tout avait été bien préparé pour ce qui allait être le bloody friday du Racing Choucroute Saucisse, jugez plutôt : saucisses, moutarde et Meteor en quantités. A part passer le match à la Meinau, qui est la condition optimale pour siroter un match du Racing, on peut difficilement mieux être préparé. Pour l'après-match, il y avait encore d'autres Meteor au frigo, de la musique et du tabac afin de fêter un fabuleux maintien mirobolant et chamarré en D2 jusqu'au bout de la nuit. Nous étions en configuration "Coupe du Monde", l'avant et l'après-match ajustés aux petits oignons.
Malheureusement, entre les deux, il y a eu le match. A partir de l'occasion de Simon Zenke, insensiblement, le canapé semblait plus profond. A posteriori, il semble que l'on savait déjà que c'était fini. Certes, les Meteor coulaient a flot, on faisait comme si, mais non. Les 70 minutes qui suivirent ne sont déjà plus qu'un gros brouillard cottoneux qui enveloppe, absorbe et finalement engouffre ls RCS dans les abîmes de la troisième division et peut-être même pire.
Et finalement, lorsque le calvaire se termine, c'est aux employés du club, déplacés pour venir assister à la rencontre, que l'on pense. Ils viennent probablement de vivre l'entretien préalable de licenciement le plus baroque de l'histoire du travail salarié moderne. Dans un stade de foot, dans le Berry. Blourg, JPDarky.


> mouloungoal :
14h et des poussières : J'arrive en retard au rendez-vous où m'attendent christou27 et zeph.
14h30-18h30 : Passage à proximité d'Angoulême... à bord atmosphère détendue et conviviale.
18h45 : On va fluncher ! Enfin bientôt... le service ne commence qu'à 19h... on attend, la tension monte petit à petit. Après quelques discussions technico-tactiques avec les supporters locaux, départ pour le stade.
20h : On atteint le magnifique parcage visiteur, bien contents de revoir les têtes connues des supporters de l'Ouest que sont rico, romard-du-79 et zero-zero, tueurdedemon1 ainsi que d'autres stubistes sur lesquels on peut désormais mettre un visage (athor, superdou, guigues, cailen et bien d'autres).
20h30-22h15 : Quel plaisir de chanter en choeur pour pousser nos joueurs, les 150 Strasbourgeois font plus de bruit que les 11000 Castelroussins. Puis les catastrophes s'enchaînent. Pourtant, les chants ne faiblissent pas et redoublent même lors de l'égalisation. Metz perd, Guingamp gagne, le destin est contre nous... puis le coup de poignard 2-1 juste avant la mi-temps, c'est la consternation. Au retour des vestiaires, les joueurs qui tentaient des choses en 1ère mi-temps semblent désormais tétanisés et résignés. Plus le coeur à chanter, on assiste tous ensemble à l'inéluctable, totalement impuissants et désabusés.
23h15 : Sortie du stade, un CRS me demande d'enlever mon écharpe, je m'exécute et la remets 10 mètres plus loin... manquerait plus que j'attrape la crève et que j'ai peur (ou honte) de porter mes couleurs.
23h30-3h15 : Après quelques commentaires sur le match et la saison écoulée, le silence s'installe doucement dans la voiture. Retour à Bordeaux, je vais m'endormir et demain ce mauvais rêve sera oublié, le Racing en National... voyons, soyons sérieux tout cela ne peut être qu'un mauvais rêve.


> zottel :
J'espère ne pas trop détonner avec les probables récits de suicides, la fièvre-de-Werther ambiante, etc. Mais enfin, le spectacle d'une fin de saison ratée vient loin dans l'ordre des priorités après la musique, la sieste, les préoccupations génito-gastriques et les cornichons. Donc bon, j'ai suivi le match de loin en loin sur le stub, convaincu d'avance de la défaite, et en préparant une randonnée. Ail mariné (premier but), pain complet (deuxième), Deezer (troisième but) etc. Le reste est un long gag.
Par contre, je ne suis pas sûr que la région, elle, ait beaucoup changé (et pourtant d'aucuns l'écrivent, même des vieillards de 20 ans à peine !). C'est toujours, bien vivace, la même propension à prendre à la tragédie les menues plaies d'argent, les BigMac's de JAF, le temps qui passe ou la camionnette de Binder... Sans beaucoup de dommage pour la douceur de la vie. En tout cas c'était un peu ça le lendemain, chez ces Alsaciens chez qui nous avons atterri par hasard, propriétaires d'un bar entre le Tarn, l'Aveyron et l'Hérault. Bref, même pas mal.


> thomas68 :
La soirée n'avait pourtant pas si mal commencée. La D2 française ne faisant pas recette à Ostrava, direction le boulot (après un bon Picon qui passe bien), pour écouter les cris de Lucille via une connexion internet décente. Arrivée dans les locaux vides à 20h45, pour voir que Guingamp et Vannes mènent, et que toutes les radios sont bloquées par le proxy de l'entreprise. J'aurais du boire plus de Picon, tiens... Tant pis, je « verrai » le but de Baby sur le live non commenté de L'Equipe. Puis l'égalisation de Gueye : mes cris font trembler les murs de mon bureau, ça y est, nos joueurs ont compris l'enjeu et se ressaisissent ! (n'ayant ni image ni son, j'étais resté très naïf).
8 minutes plus tard, l'espoir est déjà parti. Vu le caractère stérile de ma présence sur internet, à actualiser frénétiquement une liste de scores, je décide de rejoindre les copains dans le centre. C'est donc sur mon téléphone que je suis l'absence totale d'évolution du score de la rencontre. Les stations de tram passent, mon visage se décompose : ça va mal... Dernière actualisation à 22h20 devant le bar : les matchs sont finis, le Racing est en National. De toute la saison, et jusqu'au début de cette dernière rencontre, je n'arrivais pas à y croire. Le choc est d'autant plus violent. La rue grouille de monde, mais l'indifférence est générale : seul au milieu de la foule, un Alsacien est abattu et fixe son téléphone le regard vide. Putain, cette fois on y est... Mes amis font la fête, mais difficile d'être dans l'ambiance...


> rachmaninov :
J'ai suivi ce match depuis la Normandie où j'étais parti pour le week-end prolongé. Impossible d'annuler cette virée prévue avec des amis depuis quelques semaines, à une époque où ce match ne s'annonçait pas décisif. C'est donc à la radio que j'ai écouté ce match, tout en échangeant des textos avec le bar Le Mac Carthy à Strasbourg et en jouant au poker. Difficile de se concentrer sur la partie de cartes... Très vite, le maigre espoir de maintien s'est envolé et la résignation s'est installée. Au coup de sifflet final, j'ai vite éteint la radio, n'arrivant pas à croire ce que j'avais entendu. Pas de surprise, vu que je ne me faisais pas d'illusions avant le match. Juste de la colère froide et de l'incrédulité. J'ai pensé tout de suite au nombreux amis qui ont fait le déplacement et envoyé ce sms ironique à l'un d'entre eux : "Cassez tout !". Je ne pensais pas être si bien entendu... Le poker ? J'ai gagné mais quelle importance...


> roquettesyntaxe :
Putain ce qu'on vieillit quand on réalise qu'une fiction qui nous tient en haleine depuis plus de 20 ans va prendre fin. Au fond du salon, entre les bouteilles qui tournent, les blagues pourries qui fusent et les filles qui papotent, un club s'est fait hara-kiri ce soir en éparpillant ses tripes partout. Ca fait longtemps que nous n'avions pas vu un match du RCS en intégralité et on s'est tous demandé comment les plus fidèles que nous avaient fait pour supporter l'horrible brouillon de football proposé ce soir là. Comment ne pas vouloir pendre le dernier des Fanchone avec les tripes du dernier des Marcos, ce genre de blasphèmes fait pour en rire. C'est un peu tout ce qu'il reste à cette passion à part le morbide et le masochisme.


> mosto :
Étrangement, le matin du vendredi 14 je me suis réveillé affamé. Après avoir avalé 2 croissants et 1 baguette (beurre et confiture à la louche), je me suis dit : "ce n'est pas possible, ça ne peut pas arriver". En National, pffff, n'importe quoi. Ca m'a aidé à passer la journée. Ca m'a presque rendu sympa. J'ai aidé la voisine à charger son vieux frigo dans le coffre de sa twingo, j'ai gratté le dos de mon chat, j'ai préparé des pâtes au ketchup à mon fils, j'ai même souri à ma femme. Puis est venu le moment d'allumer la télé et la radio. Sans faire le pipi de la peur avant. Rien. Tranquille. Un match nul et Metz nous sort de ce merdier. Vannes a scoré. Et quelque chose s'est brisé en moi, j'ai bien entendu le bruit, comme un lavabo qui se vide. Je suis entré en léthargie. Je me suis mis à flotter dans le séjour, ange sourd qui compte les lambris du plafond. Je me suis vu transpirant sur le canapé.
23 h le téléphone sonne.
- Putain on est mort ! me dit la voix dans l'écouteur.
- Le Racing n'est pas mort ! Il reprend juste des forces aux côtés d'Elvis et de Michael !

redaction

Commentaires (4)

Flux RSS 4 messages · Premier message par guigues · Dernier message par chris

Commenter


Connectés

Voir toute la liste


Stammtisch

Mode fenêtre Archives