Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

«On s'est fait engueuler comme des gosses !»

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Lucien Schaeffer

Il y a 60 ans, le Racing entamait la saison qui l'amena à son premier triomphe : la Coupe de France 1951. Dans les cages de l'équipe strasbourgeoise se trouvait Lucien Schaeffer, qui a accepté de revenir pour nous sur sa carrière.

D'abord amateur
A l'intersaison 1950, les départs furent nombreux au sein de l'effectif du Racing, notamment au poste de gardien où deux joueurs quittèrent le club. Il s'agissait du Letton Janis Bebris, qui arrêta sa carrière tandis que André Thuillier partit rejoindre l'AS Monaco. Au rayon des arrivées, le gardien cannois Paul Altavelle fut engagé comme doublure de Lucien Schaeffer, désormais titulaire indiscutable du poste.
Après des débuts à Eschau puis à la FAIG (Football Association Illkirch Graffenstaden) où le Racing est venu le chercher à l'âge de 17 ans, Schaeffer débuta avec le statut amateur et participa aux Jeux Olympiques de Londres en 1948, en compagnie de son coéquipier strasbourgeois Raymond Krug et de l'ancien joueur du RCS Joseph Heckel (victoire française 2 à 1 face à l'Inde et défaite 1 à 0 contre le Royaume-Uni).
En avril de la même année, il fut également présent dans la sélection de l'Equipe de France amateur qui battit l'Angleterre 2-0 en match amical à Ilford, près de Londres.

Une forte concurrence au poste de gardien
Après son service militaire à Bayonne, Lucien Schaeffer disputa son premier match professionnel à 17 ans sous les couleurs du Racing face à Montpellier, à Paris (victoire 1-0) à une époque où la concurrence était forte au poste de gardien ; pas moins de cinq joueurs pouvaient en effet postuler à la place de titulaire : «tous les jours, c'était la bagarre à l'entraînement pour s'imposer dans les buts. On faisait les mêmes exercices que les autres et quand les joueurs de champ partaient, on continuait l'entraînement spécifique dans le but».
Avec son épouse et ses enfants, Lucien Schaeffer habitait alors au stade de la Meinau, sous la nouvelle tribune assise construite au début des années 1950, dans l'un des sept appartements de deux pièces/cuisine destinés à loger les joueurs du club. «Nous avons ensuite déménagé dans un baraquement à côté du stade où habitait également Raymond Kaelbel et le gardien du stade. C'était plus agréable et confortable, surtout les dimanches quand il y avait les matchs, car on avait des enfants en bas âge et certains supporters venaient au stade dès 9 heures du matin».

L'engueulade de l'entraîneur Charles Nicolas
La victoire en Coupe de France en 1951 reste évidemment un souvenir marquant, surtout que le parcours pour accéder à la finale ne fut pas de tout repos. Notamment lors du premier tour face à Nîmes, disputé au stade Gerland de Lyon : «on pensait le match gagné d'avance... mais, à la mi-temps, nous étions menés 3-0. Dans les vestiaires, on s'est fait engueuler comme des gosses ; l'entraîneur nous pointait successivement du doigt en disant à chaque fois : 10 000 ! 10 000 ! 10 000 ! 10 000 ! C'était une menace d'amende. Finalement on a gagné 5-3.
Souvent, pour retourner une situation aussi compromise, il suffit d'un seul joueur. Là c'était Alexandre Vanags ; celui-là, c'était un bon : pas rapide, mais il voyait parfaitement le jeu et était capable de faire des passes de 40 mètres dans la course des ailiers.»


Une victoire indiscutable en finale
En finale le 6 mai 1951, face à l'US Valenciennes, club de deuxième division, le Racing l'emportait facilement 3-0 et gagnait le premier trophée de son histoire. Lucien Schaeffer se rappelle de n'avoir «eu que trois interventions à réaliser alors que le Racing menait déjà 2 à 0.» Après la victoire, le retour dans la capitale alsacienne fut triomphal.
Un bus traversa la ville le lendemain devant une foule dense et heureuse. Dans les jours qui suivent, Schaeffer se souvient qu'«il était difficile de sortir. Tous les gens dans la rue voulaient des autographes.»

Dix ans à Valenciennes
Mais dès la saison suivante, les résultats du Racing se dégradèrent. Très vite, la victoire en Coupe de France ne fut plus qu'un agréable souvenir - la très belle médaille offerte à chaque joueur est encore aujourd'hui portée quotidiennement par Madame Schaeffer. Par la faute de nombreuses blessures - dont une pour Lucien Schaeffer - et d'un certain manque de réussite, le Racing fut relégué en 1952, pour la première fois de son histoire, en deuxième division.
Lucien Schaeffer participa à la remontée dans l'élite dès l'année suivante, avant de rejoindre Valenciennes. «Les dirigeants de l'USVA me proposaient 10% de plus que ce que le Racing me payait. Le Stade de Reims et le Stade Français m'avaient aussi contacté.» Il y resta durant dix saisons, même s'il aurait pu revenir en Alsace en 1961. «Le Racing m'a appelé pour revenir au club mais j'ai refusé, j'étais très bien et très tranquille à Valenciennes, je ne voulais pas rentrer en Alsace pour remplacer François Remetter qui bouffait la caisse du club d'après ce qu'on m'avait dit au téléphone».

Retour en Alsace
Après un passage de deux saisons dans le club amateur de Chauny, dans l'Aisne (comme entraîneur-joueur), Lucien Schaeffer est ensuite rentré en Alsace, à Eschau, pour travailler à l'usine en tant que tourneur et profiter de sa nouvelle vie, avec ses glorieux souvenirs mais en se tenant volontairement loin du football professionnel, en particulier du RCS. «Lorsque Valenciennes est remonté en L1 il y a trois ans, les dirigeants ont appelé et envoyé une lettre pour inviter les anciens joueurs à fêter l'accession à Valenciennes. Là-bas, chaque ancien joueur a été individuellement appelé sur le terrain pour recevoir un maillot floqué à son nom. A Strasbourg, une telle chose ne m'est jamais arrivée.»


Propos recueillis par filipe et strohteam
Merci à M. et Mme Schaeffer pour leur accueil chaleureux et merci à greg et Maxime pour avoir permis cet entretien.

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