Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Ô Capitaine ! Mon Capitaine !

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Même la radio a changé de nom entre temps. © Karim Chergui

Fini notre effrayant voyage.

L'année 2010 restera définitivement marquée sous le sceau de l'inédit. Première incartade avec la DNCG, première relégation au troisième échelon national et maintenant voilà que même Guillaume Lacour s'en va. Si, Guillaume Lacour.

Un départ qui en dit long


134 apparitions de D1, 109 en D2, 9 en coupe d'Europe et 24 en coupes nationales qui nous font donc 276 matches officiels sous le maillot de l'équipe première. Neuf ans au service du club, de l'équipe réserve d'Yvon Pouliquen jusqu'au bal tragique à Châteauroux, en passant par les tréfonds de la Bulgarie ou l'école de musique de Vannes. Durant cette presque décennie les présidents ont valsé, les entraîneurs ont été lessivés, les joueurs transférés et le maillot est passé par toutes les couleurs. Au milieu de ce maelström, Guillaume Lacour était le point de stabilité, l'inflexible, l'invariant. Il était même déjà au club avant la création de racingstub.com, ce qui lui permet de toiser avec le regard de l'ancien le bijou du web strasbourgeois que vous êtes en train de consulter, au lieu de bosser ou d'aller à l'église. Bref, Guillaume Lacour c'était synonyme de solidité et de permanence, un peu comme l'increvable friteuse vintage de votre grand-mère ou l'aire du poulet de Bresse qui se dresse, fière et confiante, chaque année devant les yeux des vacanciers alsaciens en route vers le Sud, avec sa très emblématique sculpture de gallinacé en tubes d'acier, véritable fleuron de l'art autoroutier.

Mais cessons ici les comparaisons hasardeuses entre le capitaine du Racing et le délire sous LSD d'un président du syndicat avicole de Saône-et-Loire. Si Guillaume Lacour nous a marqué, ça n'est pas seulement pour sa fidélité insubmersible, il y a bien plus que ça. L'homme d'abord est aussi discret qu'attachant, à cent milles lieues du prototype du joueur de football égomaniaque et taciturne planqué sous son immense casque et derrière des lunettes de soleil bling-bling. Poli et disponible, il est de ceux qui remercient les supporters qui renvoient le ballon à l'entraînement quand Simon Zenke ou un autre a envoyé un spitz par-dessus le grillage. Le joueur, ensuite, vaut bien mieux que la caricature du porteur d'eau limité qu'on en fait parfois. Milieu de terrain très régulier, Guillaume Lacour a toujours donné satisfaction quand il a évolué sur la durée à son poste de récupérateur, surtout quand on l'a associé à un compère complémentaire. Ce fut notamment le cas en 2006/2007 avec Jean-Pierre Papin, sans doute sa meilleure saison au Racing, quand la paire Lacour-Cohade constituait le socle du bloc strasbourgeois. C'est le dernier nommé qui récolta alors l'essentiel des louanges mais il n'aurait jamais pu briller sans l'efficace travail du métronome ratisseur quelques mètres derrière lui. Lacour, c'est enfin un capitaine dévoué qui n'a jamais bronché quand on lui a retiré le brassard pour le donner à des starlettes et qui a accepté d'évoluer à tous les coins du terrain quand les circonstances le dictaient, souvent au détriment de sa prestation individuelle. Il est d'ailleurs le premier depuis Corentin Martins à quitter le club avec ce statut de capitaine qu'il a dû reconquérir en son temps, tout comme le Breton.

Déjà approché par Christian Gourcuff l'an dernier, Guillaume Lacour avait alors rapidement décliné. Sans doute l'a-t-il regretté cette année à mesure que le Racing s'enfonçait dans le marasme. Blessé en début de saison, il revient contre Sedan pour enchaîner ensuite les titularisations jusqu'au terme. Au coeur de l'hiver, Pascal Janin le renvoie à ses premières amours en le faisant jouer milieu offensif droit, poste auquel il se distingue avant que les blessures, suspensions et l'émergence de Farez Brahmia ne le renvoient à un rôle de couteau suisse des lignes arrières. Responsable comme les autres de la descente, la troisième pour lui, il n'échappe évidemment pas aux critiques même si elles sont peu virulentes. Guillaume Lacour est au fond emblématique d'un Racing 2001-2010 qui a cherché à renouer avec ses supporters après les soubresauts de l'ère IMG mais s'est trouvé engoncé dans une lose aussi lancinante qu'agaçante. Il n'est donc pas surprenant de le voir partir alors que s'annonce une nouvelle période de coupure profonde entre le public et les dirigeants. Libéré de son contrat, Lacour évoluera cette saison à Evian-Thonon-Gaillard, l'ambitieux club de Franck Riboud, le patron du groupe Danone. Il est clair que Zinedine Zidane ou Bixente Lizarazu comme actionnaires, c'est plus aisément identifiable que Jafar Hilali ou Alain Fontenla. On lui souhaite bon vent, en espérant qu'il pourra retrouver les terrains de L1 d'ici à la fin de sa carrière. Un niveau auquel il aurait parfaitement pu évoluer sur le long terme si le Racing avait été moins nul.

Deux arrivées tout de même


Le remplaçant de Lacour au milieu du terrain devrait être Yohann Betsch, qui patientait dans la coulisse depuis quelques temps déjà. Originaire de la région parisienne, Betsch a débuté en séniors sous le légendaire maillot ciel et blanc du Racing Paris en 2005/2006. Il a ensuite rejoint le FC Metz, où il a évolué en équipe réserve sans réussir à avoir sa chance avec les pros. Après deux saisons en Lorraine, il retourne en Ile de France, à Créteil en National. Le club du Val-de-Marne a été relégué un an plus tôt et ambitionne de retrouver la Ligue 2. Il n'y parviendra pas mais Betsch s'impose comme la plaque tournante du milieu, un joueur indispensable des équipes d'Olivier Frapolli puis Laurent Fournier. Ce dernier en avait fait sa priorité dès son arrivée au même titre que son coéquipier Julien Outrebon. Le profil de Betsch correspond bien aux attentes du Racing puisqu'il s'agit d'un joueur connaissant la division, peu gourmand sur le plan salarial et pour qui une signature à Strasbourg se présente comme une chance en or d'accrocher enfin le wagon du professionnalisme.

Francisco Donzelot, l'autre recrue de la semaine, n'est pas exactement taillé dans le même moule puisqu'il a été formé chez les pros, à Nantes. Malheureusement pour lui, la maison jaune est entrée en crise d'identité au moment même où il terminait ses classes. Pris dans une frénésie de transferts, les dirigeants nantais ont oublié que ce sont les talents issus de la Jonelière qui ont toujours fait le club sur la durée. Ils ont ainsi négligé les joueurs issus de la génération 1986 comme Bocundji Ca ou Guy-Rolland N'Dy Assembe, et donc Francisco Donzelot. Après une année d'errance, le latéral droit a rebondi à Fréjus pour une saison de CFA avant de rejoindre le Red Star au même niveau. Il évoluait la saison passée au Paris FC d'Anthony Weber et Mickaël Bergueira, en National où ses performances ont attiré l'oeil de Pascal Camadini. Si les esprits se sont focalisés sur son origine colombienne – il a été adopté enfant par des parents français –, cela ne doit pas occulter sa qualité de Breton. Les Bretons sont en effet traditionnellement associés à des périodes de succès sportif du Racing, de Jacky Duguépéroux à Ulrich Le Pen, en passant par Joël Tanter, Yvon Pouliquen ou Corentin Martins. A l'opposé, leur absence se fait souvent cruellement ressentir, comme lors des saisons écoulées. Bien sûr, on pourra ergoter pour savoir si Nantes est bien en Bretagne et on ne sait pas vraiment si Donzelot se conçoit lui-même comme faisant partie de la patrie du Gwenn ha Du, mais espérance est la même : il faut remonter, et fissa.

strohteam

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