Pleurer est plus Doubs qu'on ne le croit

Echecs et Dalmat

Depuis la belle année 2007, où Sochaux cumulait Coupe de la Ligue et septième place en championnat, le FC Sochaux s'ennuie un peu. Deux fois quatorzième, seizième l'an passé (quoiqu'à bonne distance cette du calamiteux trio de relégués)... Autant dire que l'équipe de Stéphane Pichot et du poussah adoré de Jean-Marc Furlan, Alvaro Santos, doit sembler appartenir à un bel âge révolu.

Francis Gillot, sauveur en 2008, est toujours là et commence presque à faire partie du paysage sochalien (au même titre que les palmiers et les plages de sable fin). Le FCSM a su, il faut le dire, élever au plus degré la stabilité de l'équipe dirigeante, technique et dans l'actionnariat.

Bien sûr, l'équipe proprement dite est plus instable. Sochaux avait certes réussi à immobiliser Stéphane Dalmat pendant trois ans - un exploit inédit à ce jour. Mais sous la houlette de Gillot, et conformément à son histoire, Sochaux vit les cahots habituels des clubs formateurs ; les années incertaines et la lente éclosion de talents trop tôt envolés (Mevlut Erding, parti au PSG en 2009, en est un bel exemple), l'attente des jours meilleurs. Car comme l'a rappelé crûment leur ancien président Jean-Claude Plessis, c'est par millions que le club vendait pendant ses belles années.

En début de cycle, l'équipe actuelle est notablement jeune. Seuls Jérémie Bréchet, David Sauget (tout récemment rentré dans le Doubs) et le préhistorique Teddy Richert peuvent faire valoir une certaine expérience. Las, ce dernier a justement annoncé hier qu'il serait forfait pour quatre mois. Le départ du trentenaire Dalmat à l'intersaison pèse aussi sur l'avenir des Lionceaux.

Si le coach assure qu'il ne faut pas désespérer de sa jeune équipe, qui progresse et va encore apprendre, les matchs de préparation n'ont pas apporté beaucoup de satisfaction ; outre les déculottées contre Bâle (0-5), et Fribourg-l'Allemande (0-3) il y a quatre jours, Sochaux a aussi perdu contre les promus d'Evian-Thonon-Gaillard (0-1). S'il l'on ajoute la défaite à venir contre le Racing et quelques menus matchs nuls, il reste cette unique victoire contre Southampton (2-0), la ville qui a vu signer Morgan Schneiderlin et partir le Titanic. Et ça n'est pas rien. Si quelqu'un a vu un Titanic à Bâle, il gagne un panier garni.

Le Racing, même pas mal

Il lui a suffi qu'il toise la DNCG droit dans les yeux, comme ça, de l'air de celui à qui on ne la fait pas, pour que le Racing la renvoie dans sa tanière. Ça, c'est le Racing comme on aime, teigneux et pas d'humeur à louvoyer ; on dirait Fonzie, sa veste en cuir et sa brosse impeccable comme celles d'Alain Fontenla.

L'amateur qui avait perdu le club depuis quelques temps sera étonné d'y trouver Jean-Claude Plessis ou Laurent Fournier, des visages tellement connus que le Racing ressemble quand même drôlement à un club de foot. Pire que ça ; pour avoir éliminé Liverpool avec le PSG en 1996-1997, selon un scénario identique à celui que vivra le Racing en 1997-1998 (3-0 puis 0-2 à Anfield), il sera beaucoup pardonné à Laurent Fournier. Disons- le tout net, l'homme est sympathique. Alors que le personnel du club est renouvelé de fond en comble, y compris des figures historiques comme Alexander Vencel, Guillaume Lacour ou Stéphane Cassard, c'est bon à prendre.

Coïncidence ? Même s'il a fallu attendre les délibérations de la DNCG pour l'entériner, un recrutement en apparence cohérent a été mené, incluant de nombreux éléments de National repérés par Fournier (Julien Outrebon, Yohan Betsch, Francisco Donzelot, Tristan M'Bongo). Mieux encore, l'équipe se dessine et semble avoir été épargnée par les flottements de la direction. Les matches amicaux sont pour l'instant un sans-faute, le Racing s'étant même permis de chahuter l'Eintracht de Francfort (2-3). A une division près, on se croirait revenu aux belles heures où le Racing remontait avec le coeur, avec Papin et fessait le Bayern Münich à la Meinau.

Osons une ébauche d'équipe type :



On devrait revoir Correia, ou même Mathlouthi, buteur contre l'Eintracht. Par contre, pas de Patrick Mevoungou, bloqué pour énième histoire de passeport, mais soyons en sûrs, sans préjudice pour la victoire ce soir. Songeons que Sochaux est moins peuplée que Plabennec ou n'importe quel village du vignoble, il est des anomalies qui ne sauraient durer.