Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

« Le Racing, mon club de coeur »

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Non, Yves Deroff ne figure pas sur cette photo © marco

Gardien emblématique du Racing du début des années 1990, Sylvain Sansone est aussi stubiste ! Forcément, une interview de derrière les fagots s'imposait.

Les stubistes les plus avertis avaient déjà remarqué que Sylvain Sansone avait laissé un message de remerciements aux supporters sur sa fiche joueur. Quelque temps plus tard, c'est son fils Florian, milieu offensif de l'équipe U19 de Nîmes, qui a échangé sur le forum. Et finalement, le père est venu, à l'initiative du fils, dialoguer avec les supporters. Une grande première sur racingstub.com, plutôt bien reçue par ceux qui gardent un souvenir ému des arrêts réflexe du gardien aux tenues bigarrées de l'équipe de 1992.

Contacté par téléphone, il a accepté de compléter ses propos en revenant sur sa carrière à Strasbourg, club qui lui tient à coeur et dont il suit toujours de près l'actualité. Très affecté par la situation désastreuse du Racing, il se prend parfois à parler presque comme un supporter (« J'ai autant les boules que vous » ). Sans doute parce que Strasbourg reste l'apogée d'une carrière à l'époque prometteuse qui a pris un mauvais virage en 1993. Sylvain Sansone est sans doute encore un peu amer, mais il n'élude pas les questions et donne sa vérité. Sa version du départ de Gérard Banide est par exemple bien différente de celle qui est généralement évoquée et sa vision du personnage Gilbert Gress fera sans doute grincer quelques dents, même si le conflit entre les deux hommes est connu de longue date.

Aujourd'hui entraîneur de Rhône Vallées (DH), il espère toujours pouvoir exercer au sein du monde professionnel et a même eu l'occasion de tâter du football international, avec l'équipe de Côte d'Ivoire. Entretien.


(racingstub.com) Comment êtes-vous arrivé au Racing ?

Sylvain Sansone : C'est un peu grâce à l'équipe de France espoirs, où j'étais sélectionné depuis un an. A l'époque, Gérard Banide était entraîneur et il avait des relations étroites avec la Fédération. Ça s'est fait par l'intermédiaire de recruteurs de la région de Sète, où je jouais avant d'aller au Racing. J'étais en fin de contrat et j'ai signé à Strasbourg.

Quelques mois après votre arrivée le coach Gérard Banide était déjà parti. Comment cela s'est-il passé ?

A l'issue d'un match contre le Red Star, Gérard Banide avait plus ou moins été molesté par certains supporters et il n'avait pas supporté ce comportement. Il avait donc décidé de partir. J'étais un peu déçu parce que quand un entraîneur vous fait venir, on se lie vite d'amitié. C'était une personne que j'appréciais. Mais c'est la vie du football, et on continue.

C'est ensuite Léonard Specht qui est devenu entraîneur pendant un an et demi. Là aussi, quelles impressions sur cette époque ?

Quand on est professionnel, on est formé à ce que les gens arrivent et partent. Ça s'était bien passé avec Léonard, dont les joueurs étaient proches, étant donné qu'il venait juste d'arrêter sa carrière. En plus, c'était pour moi une figure du football français, ainsi qu'Albert Gemmrich qui était son adjoint. C'était une belle aventure qui redémarrait.

Un des faits marquants de ces saisons de D2, c'est d'être passé à chaque fois par l'épreuve des barrages. C'est a priori un moment particulier, surtout pour un gardien puisque toute la saison se joue sur une rencontre aller-retour. Comment avez-vous traversé ces matches décisifs ?

C'était assez excitant. Quand on est compétiteur, on veut tout gagner et là nous étions à chaque fois très proches de l'accession en deuxième division. Mais, malheureusement, par manque de maturité et de régularité nous avons échoué deux fois de suite en barrages. C'était très stressant, mais c'étaient aussi des sentiments forts pour un footballeur.

Vous étiez réputé pour votre style plutôt spectaculaire. Y avait-il une vraie envie de faire le show ou était-ce quelque chose de spontané chez vous ?

Je crois que c'était plutôt spontané. On ne peut pas faire semblant. Mon jeu était basé sur la vivacité, les arrêts réflexes. Mais je considère encore aujourd'hui que, quand on est footballeur, on doit fournir du spectacle. Il faut donner quelque chose aux gens et je pense que c'était naturel de vouloir se mettre en évidence. Après, ce sont les qualités physiques et techniques qui font qu'on adopte tel ou tel style.

Est-ce qu'il y a un match en particulier à la Meinau qui vous a marqué ?

Pour moi, celui qui restera toujours en mémoire c'est d'abord le match retour contre Rennes, puisqu'il a permis au Racing de pouvoir à nouveau gouter à la première division. Après, il y a des matches plus personnels, comme contre Annecy où nous nous étions imposés et au cours duquel j'avais réalisé une de mes meilleures prestations au Racing. Mais c'est vrai que le premier match qui vient à l'esprit c'est Rennes, car il marquait l'aboutissement pour pas mal de jeunes joueurs qui composaient cette équipe. Il faut se rappeler qu'à partir de cette époque là il y a beaucoup de joueurs qui ont explosé, comme Frank Leboeuf ou José Cobos. C'était vraiment une équipe de jeunes mecs qui en voulaient et avaient envie d'un statut plus important que celui de joueur de deuxième division.

Quel souvenir gardez-vous de la saison en D1 juste après, la première de votre carrière ?

Les rencontres au PSG, à la Meinau contre l'OM, contre Bordeaux. C'est les matches pour lesquels j'avais bossé les années précédentes, que je voulais vivre. C'était fort en intensité et c'était intéressant de se mesurer à des attaquants de haut niveau. C'est là qu'on s'aperçoit du travail accompli, mais aussi de ce qu'il reste à faire.

Il y a aussi ce but idiot encaissé contre Nantes en 1993, qui a fait le tour des télés. Est-ce que vous pensez que c'est quelque chose qui vous a nui dans la suite de votre carrière ?

Ça m'a nui parce que je n'ai pas touché de royalties dessus ! (rires) Plus sérieusement, je ne pense pas. Quand on est pro, on est formé pour faire de bons matches mais aussi pour rebondir sur les conneries qu'on peut faire. Je ne sais pas quel est le gardien qui n'a jamais fait d'erreur dans sa carrière, même Barthez ou Lloris. Au final c'est plus un problème relationnel qu'un problème technique qui a pesé sur la suite de ma carrière je pense.

On a beaucoup parlé de vos rapports tumultueux avec Gilbert Gress. Avec le recul, où était le problème selon vous ?

[Avec Gilbert Gress] le problème n'était pas dans le champ du sportif. Les problèmes ont commencé à surgir dès son arrivée. Il y avait lui et les autres, « j'ai gagné, ils ont perdu ». Ce sont des choses que je regrette aujourd'hui dans le sens où mon éducation ne m'a pas permis à l'époque de faire la part des choses. Quand on est entier, quand on est contre l'injustice, on se frotte à des caractères comme Gilbert Gress.

Comment avez-vous vécu le fait d'être relégué sur le banc en 1993, et la façon dont Joël Corminboeuf a vite retourné le public en sa faveur ?

J'ai mal vécu la façon dont ça s'est fait. Il y a beaucoup de gens qui pensent que Gilbert Gress est un homme honnête et intègre mais, sur ce coup là, ça n'était vraiment pas très sympa puisqu'on était trois jours avant le début du championnat, donc impossible pour moi de partir dans un autre club. Lors de ce premier match où j'étais remplaçant, contre Auxerre, je me suis aperçu que j'avais le soutien de pas mal de supporters. C'est vrai que Joël Corminboeuf a eu la chance de faire un bon match lors de sa première apparition. Sur le plan sportif, il a été relativement bon même si ça n'est pas mon style de gardien. C'est le football. Il y a des valeurs contre lesquelles je [lien=https://racingstub.com/referees/44/]M. Batta[/lien]is à l'époque... On vous demande d'être un leader, mais au fond, pas tellement, parce que ça peut déranger. Les deux premiers mois ont été assez compliqués. Quand ça fait quatre ans que vous êtes titulaire à un poste et que ça se passe relativement bien, il y a forcément beaucoup de déception. C'est vrai sur le moment, et surtout après, parce que je n'ai pas seulement été tué au Racing mais aussi pour la suite de ma carrière. En termes de contacts, ça a été assez compliqué.

Dans quelles conditions êtes-vous parti du club, pour Sedan ?

J'aurais aimé rester au Racing, où j'avais une certaine cote et qui reste aujourd'hui mon club de coeur. Je n'ai pas pu le faire parce qu'avec Gilbert Gress et Max Hild, c'était compliqué. On ne comptait plus sur moi et, dans ces conditions, c'est difficile de donner son maximum. J'ai quand même bossé aux entraînement lors de cette dernière année mais, comme je l'ai déjà dit, on était plus dans le champ du sportif. A Sedan, je suis seulement parti faire un intérim parce que le gardien de l'époque avait eu une grave blessure. J'avais choisi Sedan parce que j'avais eu la chance d'avoir la confiance de Christian Sarramagna, qui était l'entraîneur à l'époque. J'avais envie de rejouer, je n'étais pas conçu ou formé pour être numéro 2.

Vous avez ensuite passé deux saisons au Portugal. En gardez-vous un bon souvenir ?

Oui, c'était assez exotique. Ça me permettait de connaître un autre championnat. J'ai signé la première année dans un club qui m'a permis d'être recruté ensuite par un club de première division mais là il y a eu un problème administratif qui fait que je n'ai pas pu jouer. J'ai quand même continué à travailler, à m'entraîner et à jouer certains matchs amicaux avant de partir dans un autre club de première division. Mais là, j'avais signé avec un entraîneur et, en revenant de la trêve hivernale, l'entraîneur avait changé... Quelque part ça m'a permis d'avoir une expérience du football à l'étranger, de voir ce que les entraîneurs pouvaient proposer car je suis très curieux. C'était quand même assez enrichissant.


Vous êtes ensuite revenu à Alès avant de vous tourner vers une carrière d'entraîneur. Pourquoi avoir choisi ce métier d'entraîneur ?


C'est un choix que j'ai dû faire dès ma première ou deuxième année en pros. J'estime que quand le football vous a donné beaucoup, la moindre des choses c'est de rendre ce qu'on vous a donné. Un entraîneur à la base est un leader et ça m'a toujours plu de pouvoir transférer, donner, mon expérience des bonnes ou des mauvaises situations. Pour moi c'était la suite logique de ma carrière de footballeur.

Pouvez-vous nous présenter votre club actuel, le FC Rhône Vallées (DH) ?

Après une année en Arabie Saoudite (2006-2007), j'ai voulu rentrer parce que c'était un peu compliqué pour ma famille et mes enfants. J'ai eu l'opportunité de revenir dans ce club, qui descendait de CFA2 en DH. Je suis manager général et entraîneur. Ce qui est très intéressant c'est qu'il y a beaucoup de choses à mettre en place : la politique technique, la formation des éducateurs, la restructuration du club. Il y a beaucoup de boulot et ça me permet de faire mes armes d'entraîneur. Quand je prends un peu de recul sur ma carrière, je me rends compte que partout où je suis passé ça a toujours été des situations de reconstruction. Quand je suis arrivé au Racing le club venait de descendre en D2 et on est remontés en D1. A Alès, je suis arrivé comme joueur en CFA et le club est monté jusqu'en National. Peut-être que je suis destiné à aller dans des clubs pour construire quelque chose. Je ne suis jamais arrivé dans une situation où tout était rose, où tout était en place.

Maintenant, c'est ma quatrième saison à Rhône Vallées et j'ai envie d'aller voir un peu plus haut et de pouvoir partager mon expérience dans des clubs qui jouent au dessus. J'ai le DEF qui permet d'entraîner jusqu'en National.

Vous avez aussi été entraîneur des gardiens pour la Côte d'Ivoire. Comment cela s'est-il passé ?

Fin 2009, j'étais co-organisateur d'un match entre Saint-Etienne et Istres à Pouzin, où j'entraîne. Je me suis lié d'amitié avec le responsable de la société d'événementiel qui s'en occupait, et je lui avais dit que j'étais preneur s'il connaissait un club cherchant un entraîneur. Un soir il m'a appelé pour me dire qu'Halilhodzic était limogé, que l'équipe n'avait plus de staff technique et qu'il y avait un match important à Londres en mars. On m'a proposé d'être entraîneur adjoint chargé des gardiens, chose qui ne se refuse pas et pour laquelle j'ai eu l'autorisation de mon président. Je suis parti une petite semaine et j'ai eu la chance de fonctionner avec un entraîneur ivoirien qui m'a confié beaucoup de responsabilités. J'ai participé à la causerie d'avant-match, que nous nous étions partagée. C'est vrai que ça fait tout drôle d'expliquer à Didier Drogba de se positionner sur les coups de pied arrêtés. C'était une semaine très intéressante et quelque part ça prouve que je ne suis pas si nul que ça. C'est une expérience qui a créé chez moi beaucoup d'objectifs et j'espère pouvoir un jour être à la tête d'un club professionnel.

Vous avez aussi eu une expérience d'entraîneur des gardiens avec les enfants...

Oui, à Alès j'ai monté une structure. Aujourd'hui, le rôle du gardien de but et son encadrement ont changé. A l'époque il n'y avait pas de structure de ce type pour faire progresser les gamins. J'ai donc monté cette école de gardien pendant trois ans et j'ai mis deux ou trois gardiens dans des clubs pros. C'était une expérience intéressante, toujours dans l'idée de transmettre ce qu'on m'a donné il y a quelques années. Mais mon objectif maintenant c'est de pouvoir prendre des équipes un peu plus haut que la DH. Il y a deux objectifs qui me motivent, soit prendre des séniors, soit travailler avec des U19 dans un club pro pour pouvoir former parce que l'avenir de tous les clubs, et Strasbourg en particulier, c'est plus la formation. Pour l'instant il n'y a pas de contacts, c'est un peu prématuré mais si vous entendez que Strasbourg cherche un entraîneur, je suis là (rires).


Propos recueillis pour racingstub.com par strohteam. Interview préparée avec filipe, manwithnoname et zottel. Merci à Sylvain Sansone et à son fils Florian pour leur disponibilité.

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