Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Cannes - Strasbourg : « Du gâchis »

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Consultant pour le match de samedi, Philippe Raschke n'a oublié ni Cannes ni le Racing. Entretien.

On aurait difficilement pu rêver meilleur consultant pour la retransmission d'un match entres l'AS Cannes et le Racing. Philippe Raschke a bien connu ces deux clubs au milieu des années 1990 et accompagnera David Sandona et Manuel Goetz au commentaire de cette rencontre, diffusée par France 3 Côte d'Azur et France 3 Alsace (samedi, 14h45).

Toujours très attaché à l'Alsace ([i]« C'est une très belle région avec des gens très accueillants dont je garde un très bon souvenir. J'aurais pu m'y installer facilement et y vivre très agréablement. »
), Philippe Raschke a néanmoins choisi de vivre du côté de Cannes, là où il a découvert la coupe d'Europe trois ans avant les exploits face à Liverpool et l'Inter. Ouvert et chaleureux (« Vous n'oublierez pas de transmettre mes voeux», voilà qui est chose faite), il a accepté de répondre à nos questions, à deux jours du match entre deux clubs qui lui sont chers. Une interview qui fait sur de nombreux points écho à celles que nous avaient accordées au printemps dernier ses anciens coéquipiers David Zitelli, Martin Djetou ou David Régis : potentiel inexploité de l'équipe des années 1995-1996, rôle décisif de Max Hild dans le recrutement, changement du style de management avec l'arrivée d'IMG et un même dépit sensible chez les quatre anciens joueurs face à la décrépitude du Racing actuel, qui est encore un peu le leur.
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(racingstub.com) Comment êtes vous passé de votre Auvergne natale à Monaco, où vous avez été formé ?

J'étais à l'époque en détection à l'INF Vichy, qui était l'équivalent de ce qu'est Clairefontaine aujourd'hui. Nous faisions un stage pour la Ligue d'Auvergne. Jean Petit, qui s'occupait du recrutement à l'AS Monaco, était venu pour superviser des cadets et avait vu également un match de minimes, où j'évoluais. Il avait repéré quatre joueurs en tout, et nous avait contactés. Quelques mois plus tard, Monaco est venu chez mes parents pour me faire signer un contrat de non-sollicitation avant que la coupe nationale ne débute.

A Monaco, vous avez assez peu joué, en raison de la concurrence on imagine.

Oui, je pense. J'ai fait toutes mes classes et je suis arrivé à maturité plus tardivement que certains. Des joueurs beaucoup plus jeunes ont saisi leur chance avant moi.

Il y a ensuite eu Bordeaux, en D2.

J'ai fait un passage éclair à Bordeaux puisque je me suis blessé le le 3 août à... Strasbourg. J'ai rejoué simplement sur la fin de saison car l'équipe tournait bien. Ensuite, j'ai fait partie d'un échange entre Cannes et Bordeaux. (ndlr : dans le cadre du transfert de Zinédine Zidane)

Vous avez connu la belle époque de l'AS Cannes avec Luis Fernandez, on imagine que c'est un entraîneur qui a du vous marquer.

A Cannes, je me suis éclaté. Quand j'ai commencé là bas, Luis était encore joueur puis, au mois de décembre, il a repris l'équipe. On a vécu une année et demi extraordinaire, avec la remontée puis la qualification en coupe d'Europe l'année suivante.

A Cannes, il y a notamment ce premier tour de coupe d'Europe contre Fenerbahçe : vous vous imposez 4-0 à l'aller et vous enchaînez sur une victoire 5-1 là-bas.

Le match à domicile avait déjà été particulier, nous découvrions la coupe d'Europe et savions qu'il y avait en face une belle formation. Au match retour ça a été encore plus particulier. Quand nous sommes arrivés le stade était déjà plein. A l'époque il y avait encore les tribunes en bois et, dans les vestiaire, on entendait les supporters sauter, ça faisait un vacarme pas possible. Nous avons a eu de la chance que ça se passe bien, avec une équipe en face qui n'était pas au mieux à l'époque. C'était une belle aventure.

Comment êtes-vous arrivé au Racing ?

J'ai été contacté par Max Hild. Ça a pris un peu de temps car à l'époque j'étais en contact avec Paris, et notamment avec Luis Fernandez qui était devenu entraîneur là-bas. Il avait pris contact avec mois dès le mois de septembre, en me disant de ne pas resigner à Cannes car il souhaitait que je vienne à Paris. Mais le PSG a fait traîner le dossier, je n'étais pas un joueur prioritaire. Strasbourg est arrivé, j'ai eu Jacky Duguépéroux au téléphone et j'ai senti une réelle volonté du club pour que je vienne. D'où mon choix, pour des raisons sportives puisque j'avais envie de jouer.

Dans So Foot (n°70, novembre 2009), vous évoquez l'existence de « clans » au sein du club lors de votre première saison. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Il y avait deux clans, qui étaient issus de la saison précédente. C'était un groupe avec de forte personnalités et ça se passait moyennement. Ce qui est dommage, car je pense que cette année nous avions réellement les moyens de finir dans les trois premiers du championnat. C'est la plus belle équipe dans laquelle j'ai pu évoluer. Il y a la qualification en Intertoto, une belle prestation contre Milan et ensuite le groupe s'est effiloché. Nous avions vraiment le potentiel pour rivaliser avec les trois ou quatre premiers du championnat.

Lors de cette saison 1995/1996, il y a aussi ce match face au PSG, où vous êtes victime d'un tacle plus que rugueux de Pascal Nouma qui deviendra votre coéquipier quelques mois plus tard. Comment se sont passées les retrouvailles ?

Très bien. D'ailleurs, je croise assez régulièrement Pascal sur Cannes et il en parle à chaque fois. J'avais senti le coup arriver, et il ne m'a pas blessé donc il n'y a pas eu de problème ou d'animosité après, bien au contraire. S'il m'avait blessé ça aurait peut-être été autre chose ! Mais je pense qu'à ce moment là il entrait, il avait envie de démontrer certaines choses. Des fois c'est beaucoup plus spectaculaire que méchant, surtout avec des joueurs au physique imposant comme Pascal.

Vous avez commencé la saison 1996/1997 comme capitaine, mais avez rendu le brassard en septembre. Comment s'est déroulé cet épisode ?

A cette période, le club avait laissé partir plusieurs joueurs. De mon côté, j'étais approché par Lyon et Marseille et j'avais émis le souhait de partir, parce que je trouvais le challenge très intéressant, à titre personnel et sportif. A l'époque, Roland Weller m'a fait une promesse qu'il n'a pas tenue. Partant de là, je ne me sentais pas d'être le capitaine d'un président qui n'avait pas respecté ses engagements.

La saison 1996/1997 est, pour vous comme pour l'équipe, la meilleure de la période. Qu'est ce qu'il y avait en plus cette année par rapport aux autres ?

Nous avons mis un peu de temps à démarrer, et l'équipe était certainement moins forte au niveau du potentiel, mais collectivement nous étions bien ensemble. Il s'est instauré une dynamique, nous avons eu de la réussite et il y a enfin eu l'éclosion de jeunes joueurs comme Olivier Dacourt ou Valérien Ismaël. Il y avait une cohésion de groupe qu'il n'y avait pas la saison précédente, où l'intérêt personnel primait sur le collectif.

A Lille en février 1997, vous réussissez l'exploit d'enchaîner trois passes décisives et le Racing s'impose (2-4). Vous souvenez-vous de ce match ?

Oui, le premier but a d'ailleurs été marqué par François Keller. Être l'auteur de trois passes décisives dans un même match c'est tout de même relativement rare dans une carrière. Ce sont des moments qui sont ancrés dans ma mémoire.

En finale de coupe de la Ligue, vous êtes le premier joueur qui aurait pu donner la victoire au Racing mais Gilbert Bodart a arrêté votre tir au but. Comment se sent-on dans un instant pareil ?

Très mal, très seul. Ça fait bizarre. Mais la chance que j'ai eue, c'est que j'étais le deuxième tireur de la seconde série, et donc ça a continué. Je l'aurais encore beaucoup plus mal vécu si nous avions perdu cette finale. Mais c'est vrai qu'on se sent bête et il faut un peu de temps. Même dans l'avion au retour je n'étais pas encore complètement heureux. Ça me trottait toujours en tête.

La saison suivante a été belle en coupe d'Europe, mais difficile en championnat, schéma qu'on retrouve chez beaucoup d'équipes. Comment l'expliquez-vous ?

La coupe d'Europe est complètement différente du championnat. Nous avons eu le bonheur de jouer de grosses équipes. On y laisse beaucoup de force, beaucoup d'adrénaline, il y a une tension énorme. En championnat, nous étions peut-être moins concentrés, moins déterminés parce que nous sentions que nous étions capable de faire des résultats. Nous sortions d'une victoire en coupe de la ligue, d'un beau parcours en championnat et le groupe avait peu évolué. Nous avions des certitudes, et les matches de coupe d'Europe nous ont donné encore plus de force. Inconsciemment, en dehors du physique, il y avait peut-être un peu de suffisance. Mais je crois qu'à aucun moment de la saison nous avons douté sur le fait que l'équipe puisse se maintenir.

Il y a eu le changement d'entraîneur en cours de saison, avec le remplacement de Jacky Duguépéroux par René Girard. Est-ce que ça avait eu un impact ?

Oui, bien sûr. Ca remet en question tout un groupe. Avec un nouvel entraîneur, chaque joueur veut se montrer, donner une impulsion. Mais, en dehors de ça, le problème résidait surtout dans la gestion en dehors du groupe, notamment le président et le directeur sportif qui n'adhéraient pas vraiment aux idées et aux desiderata de René Girard. Je me souviens qu'à l'époque nous sommes partis en stage en Tunisie et René Girard nous a interpellé avec Gérald Baticle et David Zitelli, qui étaient en fin de contrat comme moi. Il souhaitait que nous resignions mais, en fait, les dirigeants avaient déjà fait le choix de ne pas reconduire René Girard. Il lui ont fait des promesses qu'ils n'ont pas non plus tenues. C'est plus l'environnement sportif et l'ambiance à l'époque qui étaient à l'origine des mauvais résultats à ce moment là.

A la fin de la saison, vous signez à Sochaux. Pourquoi ce choix ?

Le Racing ne m'avait donc pas proposé de prolongation et à l'époque j'avais des contacts mais ça traînait et on était déjà après la date de la reprise. Sochaux était le seul club qui voulait vraiment m'engager et j'ai donc opté pour eux.

Vous avez joué régulièrement jusqu'à 37 ans. Votre longévité est-elle liée au fait que vous avez débuté assez tardivement en pro ?

Certainement. J'ai débuté ma carrière plus tard que la moyenne et je l'ai finie plus tard. Au final, j'ai eu mon temps de jeu mais davantage sur la fin de carrière. Il y a aussi l'hygiène de vie et d'autres éléments qui entrent en ligne de compte mais, effectivement, si j'avais débuté à 18 ans je ne suis pas certain que j'aurais pu jouer jusqu'à 37 ans.

Vous serez consultant pour le match de samedi entre Cannes et le Racing. Quel regard portez-vous sur l'évolution récente de ces deux clubs ?

C'est du gâchis pour l'un comme pour l'autre. Cannes avait un club bien structuré, avec un centre de formation qui fonctionnait très bien. Strasbourg a connu la dégringolade, et c'est navrant qu'un club comme ça se retrouve à jouer en National. Mais, malheureusement, c'est une question de choix, de présidents notamment. Je pense que tout a débuté sous l'ère MacCormack. Le point de départ est là. C'est regrettable de voir ça, et je pense que toute la région doit être navrée et désolée de voir son Racing en National, avec des problèmes financiers.


Interview préparée par la rédaction de racingstub.com et réalisée le 7 janvier 2011 par strohteam. Merci à Manuel Goetz pour son aide précieuse et à Philippe Raschke pour sa disponibilité. Vous pourrez également entendre Philippe Raschke dans Planète Racing ce soir (19h) sur RBS (91.9FM).

Vous pourrez suivre le match Cannes-Racing, sur grand écran au « 1906 », le local de la Fédération des supporters du Racing, en présence de Joël Tanter. Boissons et petite restauration sur place. Renseignements : fsrcs.local@gmail.com.

redaction

Commentaires (4)

Flux RSS 4 messages · Premier message par guigues · Dernier message par captainflirt

  • Hé là on pouvait pas savoir JagermeisterMannschaft !
  • Il n'empêche, le titre est un bel hommage à son ancien coéquipier bordelais, Christophe D.

    Pour le reste, joli travail et témoignage instructif de la part d'un joueur attachant !
  • Raschke restera pour moi l'homme qui a totalement muselé dans le même match Robbie Fowler puis MichaëlOwen. Ca situe le niveau de l'époque.
  • "C'est une très belle région avec des gens très accueillants dont je garde un très bon souvenir. J'aurais pu m'y installer facilement et y vivre très agréablement. »), Philippe Raschke a néanmoins choisi de vivre du côté de Cannes" : Mouarf ! Faux cul ! Ca me paraît tout à fait improbable. D'ailleurs le contraste est établie dans ces deux phrases...

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  • islay Geiss ©
  • gibi68 J'espère que ça se passera mieux pour Gameiro s'il part ...
  • gibi68 Il aurait pu partir avec les honneurs, mais là ça se finit en eau de boudin
  • guigues hopla
  • il-vecchio Mais on ne sait que pendant, que c'est la saison de trop.
  • il-vecchio Le problème récurrent de la saison de trop qu'on déclare ne pas vouloir faire.
  • chrisneudorf Il s'est ridiculisé en Corse et là à Sochaux
  • chrisneudorf Il aurait mieux valu pour lui d'arreter après saison dernière
  • knack90 @lafoudre Liénard est hors de forme depuis son arrivée à Sochaux. Il nous fait une Chilavert, sauf qu'il joue pas gardien.
  • alainh68 Et une meilleure différence de buts +60 pour le sporting et +44 pour benfica
  • alainh68 Sporting 7 points d'avance sur benfica à 4 journées de la fin
  • alainh68 lafoudre2 , 1 Leverkusen , 2 inter Milan , 3 Sporting je pense
  • lafoudre2 @skusunstar 1.Leverkusen 2.Inter Milan 3 RC Strasbourg
  • lafoudre2 Bizarre que Dimitri ne soit plus sur les feuilles de match de Sochaux. Quelqu'un sait-il s'il est blessé ?
  • alainh68 C'est bon , l'inter champion d'Italie après la victoire à Milan dans le derby milanais 2-1 pour l'inter
  • skysunstar 1.Leverkusen 2.Inter Milan 3. ??
  • alainh68 17 points d'avance sur le 2ème à 5 journées de la fin du championnat
  • alainh68 Pour l'instant l'inter de Milan champion d'Italie
  • alainh68 2-0 pour sochaux
  • alainh68 Et K . Zohi qui marque pour sochaux face au 2ème Niort

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