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Malgré un proverbe savoyard bien connu, le grand clocher d'Evian-Danone semble tour à tour se déparer des petits villages alentours. Retour sur la naissance d'un ogre régional.
Terre d'asile et de remise en forme des joueurs de Gilbert Gress il y a tout juste un an et demi lors de la pré-saison 2009-2010, les Croix de Savoie avaient jusque là servi de faire-valoir à un Racing huppé et ambitieux. C'était il y a un an, un siècle, une éternité. Nous connaissons tous le refrain.
Entre temps, les Haut-Savoyards ont tranquillement gravi les échelons du football français tandis que leurs homologues alsaciens continuaient leur longue descente enfers. Trajectoires croisées donc, ce qui n'empêchera pas cependant les deux clubs de se rencontrer à nouveau samedi soir à la Meinau, à l'occasion des seizièmes de finale de la coupe de France.
A l'origine, il y a le tout petit FC Gaillard d'un côté, club d'une bourgade frontalière de Genève qui commence à faire parler de lui au début des années 2000 lors de son accession en CFA. De l'autre, il y a le club de Ville-la-Grande, voisin des bas fonds du championnat de France amateur. Des deux lutins régionaux naît le Football Croix-de-Savoie 74 qui parvient à se hisser au rang du National pour l'exercice 2004-2005, non sans avoir atteint les seizièmes de finale de la coupe de France, éliminé par Rennes.
Parcours assez révélateur de la tournure que prirent les représentants du championnat de France amateur au tournant du nouveau millénaire. Classique même, si le processus devait s'arrêter là.
Mais, attiré par la logique de fusion d'entreprises qu'il applique lui-même à son groupe, le PDG de Danone Franck Riboud déboule alors au club avec l'ambition de monter une structure professionnelle en Haute-Savoie. Malgré une relégation immédiate en CFA, les efforts du businessman ne tardent pas à porter leurs fruits. En 2007, une nouvelle fusion s'effectue avec l'Olympique Thonon Chablais, bâti sur les ruines du CS Thonon, ancien pensionnaire de la D2 des années 1970. Cette dernière opération est un véritable coup de force stratégique pour le désormais Olympique Croix-de-Savoie 74, qui se dote ainsi pour un moindre coût de nouvelles structures d'entraînement. Le centre de Thonon-les-Bains sert d'ailleurs aujourd'hui encore à la détection des jeunes Savoyards, qui y disputent leurs matches de club. L'équipe première évolue à Annecy, tandis que la réserve joue toujours à Gaillard.
Coup du sort médiatique la saison suivante, les Croix-de-Savoie remportent leur poule de CFA tout en accueillant sur leurs terres l'Olympique lyonnais lors des seizièmes de finale de la coupe de France. Éliminé au terme d'un match héroïque (0-1) qui sert de fil rouge à l'émission Stade 2, le club peut enfin rêver d'atteindre ses objectifs marketing et se lancer dans la grande aventure de la SASP à l'orée de la saison 2008-2009.
Poussé par le talent de l'entraîneur historique du club Pascal Dupraz, ancien joueur professionnel au FC Mulhouse, le promu termine cinquième du championnat National et enrôle à la mi-saison le premier d'une série de vieux briscards : Nicolas Goussé.
Le projet du club attire également un certain nombre de salariés du groupe Danone, qui chacun à leur tour mettent des billes dans le capital. Le plus célèbre est sans aucun doute Zinédine Zidane, grand mangeur de yaourts et buveur d'eau invétéré, comme chacun sait. Les amis de mes amis étant mes amis, Bixente Lizarazu et Alain Boghossian flairent eux-aussi le bon plan et viennent garnir le panier de fruits.
Chambourcy, oh oui ! La SASP est donc promulguée en 2009 et le club change à la fois de visage et de nom, devenant ainsi Evian-Thonon-Gaillard Football Club. Non pas grâce à une énième fusion avec le club de golf pour milliardaires de la riche station balnéaire voisine, mais bien par volonté affirmée d'associer la marque d'eau minérale au produit de football savoyard en pleine expansion. Naming oblige, le succès commercial de la marque entraîne celui de l'ETG, véritable rouleau compresseur du championnat National. Le succès est total : meilleure attaque, meilleure défense, l'ETG pulvérise le record du nombre de points de la division (85), et accède à la Ligue 2.
A noter également un joli parcours en coupe, où les Roses et Noirs parviennent pour la troisième fois de leur histoire en seizième de finale de la coupe de France, avant de se faire sortir par le PSG au Parc. Cette défaite signifiant l'éviction de l'entraîneur Stéphane Paille, qui a fait couler beaucoup d'encre et de fromage. Le club se tourne vers Bernard Casoni, qui officie toujours à ce jour.
Côté terrain, les hommes de l'ancien entraîneur bastiais présentent un jeu tout à fait agréable à regarder. Composée de vieux briscards et de jeunes premiers, la mayonnaise semble avoir durablement pris cette saison, à tel point que les objectifs de maintien se transforment peu à peu en doux rêve de montée en L1 !
Parmi les tauliers qui animent l'équipe on retrouve au milieu de terrain l'ancien Strasbourgeois Guillaume Lacour, toujours fidèle à sa réputation de travailleur de l'ombre, les ex-Rennais Cédric Barbosa et Olivier Sorlin, Mathieu Lafon ou encore Pierre Bourby qui a fait ses classes aux club.
Si le principal artisan de la montée, Nicolas Goussé, s'essouffle cette saison, notamment en raison de blessures, le Mulhousien Youssef Adnane paraît quant à lui avoir enfin trouvé un club à sa mesure. En tandem avec le jeune Kévin Bérigaud sur le front de l'attaque, il fait parler la poudre qui mènera peut-être aux artifices du championnat de L1.
Mais chut, l'objectif de montée n'est pas officiel. Evian lorgne avant tout sur la coupe de France, qui lui permettrait de briguer un premier titre. Après trois échecs consentis en seizièmes de finale, le leader de L2 espère bien cette fois-ci réussir sur le terrain de la Meinau qui lui a été favorable en coupe de la Ligue au mois d'août dernier.
Et si on y regarde de plus près, à chaque fois qu' Evian a atteint ce stade de la compétition, il a accédé à l'échelon supérieur en championnat de France ! Seule condition pour l'instant, qu'il y soit éliminé. Un challenge à relever qui devrait donc plaire à n'importe quel Bleu et Blanc.
Entre temps, les Haut-Savoyards ont tranquillement gravi les échelons du football français tandis que leurs homologues alsaciens continuaient leur longue descente enfers. Trajectoires croisées donc, ce qui n'empêchera pas cependant les deux clubs de se rencontrer à nouveau samedi soir à la Meinau, à l'occasion des seizièmes de finale de la coupe de France.
De l'étape régionale (2000-2009)...
A l'origine, il y a le tout petit FC Gaillard d'un côté, club d'une bourgade frontalière de Genève qui commence à faire parler de lui au début des années 2000 lors de son accession en CFA. De l'autre, il y a le club de Ville-la-Grande, voisin des bas fonds du championnat de France amateur. Des deux lutins régionaux naît le Football Croix-de-Savoie 74 qui parvient à se hisser au rang du National pour l'exercice 2004-2005, non sans avoir atteint les seizièmes de finale de la coupe de France, éliminé par Rennes.
Parcours assez révélateur de la tournure que prirent les représentants du championnat de France amateur au tournant du nouveau millénaire. Classique même, si le processus devait s'arrêter là.
Mais, attiré par la logique de fusion d'entreprises qu'il applique lui-même à son groupe, le PDG de Danone Franck Riboud déboule alors au club avec l'ambition de monter une structure professionnelle en Haute-Savoie. Malgré une relégation immédiate en CFA, les efforts du businessman ne tardent pas à porter leurs fruits. En 2007, une nouvelle fusion s'effectue avec l'Olympique Thonon Chablais, bâti sur les ruines du CS Thonon, ancien pensionnaire de la D2 des années 1970. Cette dernière opération est un véritable coup de force stratégique pour le désormais Olympique Croix-de-Savoie 74, qui se dote ainsi pour un moindre coût de nouvelles structures d'entraînement. Le centre de Thonon-les-Bains sert d'ailleurs aujourd'hui encore à la détection des jeunes Savoyards, qui y disputent leurs matches de club. L'équipe première évolue à Annecy, tandis que la réserve joue toujours à Gaillard.
Coup du sort médiatique la saison suivante, les Croix-de-Savoie remportent leur poule de CFA tout en accueillant sur leurs terres l'Olympique lyonnais lors des seizièmes de finale de la coupe de France. Éliminé au terme d'un match héroïque (0-1) qui sert de fil rouge à l'émission Stade 2, le club peut enfin rêver d'atteindre ses objectifs marketing et se lancer dans la grande aventure de la SASP à l'orée de la saison 2008-2009.
...A la multinationale (2009-2010)
Poussé par le talent de l'entraîneur historique du club Pascal Dupraz, ancien joueur professionnel au FC Mulhouse, le promu termine cinquième du championnat National et enrôle à la mi-saison le premier d'une série de vieux briscards : Nicolas Goussé.
Le projet du club attire également un certain nombre de salariés du groupe Danone, qui chacun à leur tour mettent des billes dans le capital. Le plus célèbre est sans aucun doute Zinédine Zidane, grand mangeur de yaourts et buveur d'eau invétéré, comme chacun sait. Les amis de mes amis étant mes amis, Bixente Lizarazu et Alain Boghossian flairent eux-aussi le bon plan et viennent garnir le panier de fruits.
Chambourcy, oh oui ! La SASP est donc promulguée en 2009 et le club change à la fois de visage et de nom, devenant ainsi Evian-Thonon-Gaillard Football Club. Non pas grâce à une énième fusion avec le club de golf pour milliardaires de la riche station balnéaire voisine, mais bien par volonté affirmée d'associer la marque d'eau minérale au produit de football savoyard en pleine expansion. Naming oblige, le succès commercial de la marque entraîne celui de l'ETG, véritable rouleau compresseur du championnat National. Le succès est total : meilleure attaque, meilleure défense, l'ETG pulvérise le record du nombre de points de la division (85), et accède à la Ligue 2.
A noter également un joli parcours en coupe, où les Roses et Noirs parviennent pour la troisième fois de leur histoire en seizième de finale de la coupe de France, avant de se faire sortir par le PSG au Parc. Cette défaite signifiant l'éviction de l'entraîneur Stéphane Paille, qui a fait couler beaucoup d'encre et de fromage. Le club se tourne vers Bernard Casoni, qui officie toujours à ce jour.
Des objectifs déjà remplis (2010-2011)
Côté terrain, les hommes de l'ancien entraîneur bastiais présentent un jeu tout à fait agréable à regarder. Composée de vieux briscards et de jeunes premiers, la mayonnaise semble avoir durablement pris cette saison, à tel point que les objectifs de maintien se transforment peu à peu en doux rêve de montée en L1 !
Parmi les tauliers qui animent l'équipe on retrouve au milieu de terrain l'ancien Strasbourgeois Guillaume Lacour, toujours fidèle à sa réputation de travailleur de l'ombre, les ex-Rennais Cédric Barbosa et Olivier Sorlin, Mathieu Lafon ou encore Pierre Bourby qui a fait ses classes aux club.
Si le principal artisan de la montée, Nicolas Goussé, s'essouffle cette saison, notamment en raison de blessures, le Mulhousien Youssef Adnane paraît quant à lui avoir enfin trouvé un club à sa mesure. En tandem avec le jeune Kévin Bérigaud sur le front de l'attaque, il fait parler la poudre qui mènera peut-être aux artifices du championnat de L1.
Mais chut, l'objectif de montée n'est pas officiel. Evian lorgne avant tout sur la coupe de France, qui lui permettrait de briguer un premier titre. Après trois échecs consentis en seizièmes de finale, le leader de L2 espère bien cette fois-ci réussir sur le terrain de la Meinau qui lui a été favorable en coupe de la Ligue au mois d'août dernier.
Et si on y regarde de plus près, à chaque fois qu' Evian a atteint ce stade de la compétition, il a accédé à l'échelon supérieur en championnat de France ! Seule condition pour l'instant, qu'il y soit éliminé. Un challenge à relever qui devrait donc plaire à n'importe quel Bleu et Blanc.
