Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Le Racing m'a ressusciteR

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Par mp67
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« Mourir en combattant, c'est la mort détruisant la mort. Mourir en tremblant, c'est payer servilement à la mort le tribut de sa vie. » écrivait William Shakespeare.

Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu un rapport névrotique au football.

Intime d'abord, au gré des entrainements, des matches, des détections fédérales, des parties ingurgitées d'un coin de tribune. Répulsif ensuite, quand les aléas de la vie font qu'une passion devient déception, que les gradins ou les mains courantes vous sont trop douloureuses pour y user vos premières années d'adultes. La télécommande devient votre meilleure amie quand, par hasard, vous apercevez à la télévision le visage de untel, croisé en détection dans vos plus jeunes années.

Les années passent, et vous déménagez. Beaucoup. Vous recommencez à arpenter les stades, à vous recoletiner peu à peu avec ce sport sous le ciel de Gerland, de la Route de Lorient, de Louis II, de Gabriel-Montpied et autres Bon Recontre.

Vous jetez un nouveau regard, et quelques instants curieux, vers le rectangle vert, sa main courante rouillée et incertaine. Mais sans passion. Sans être pleinement dans cet instant. Sans que les applaudissements et les sifflets ne réveillent en vous le souvenir de votre passion endormie sous le poids de la rancoeur.

Finalement le hasard de la vie vous mène à Strasbourg, peu après une finale de coupe du monde perdue, sur un coup de tête. On vous propose des places pour un Racing Club de Strasbourg – Football Club de Metz un soir de mai 2007. Paraît que c'est un truc à voir en Alsace ces matches, surtout celui là.

Alors, pourquoi pas. Paraît que ce stade, que ce club, ont une âme, et qu'il pourrait vous faire retrouver celle que vous avez perdue sur la table d'un médecin. Alors allons y.

Pendant deux heures, vous retrouvez tout ce qui ne vous a jamais quitté. Vous ne connaissez pas tous les joueurs, mais qu'importe : l'essentiel est ailleurs. Deux buts, un feu d'artifices et une ouverture de la pelouse plus tard, vous sentez qu'il s'est passé quelque chose. Que tout un stade a vibré à l'unisson.

Même vous.

Qu'un match seul vous a réconcilié avec tout un sport. Vous ne verrez pas toute la Ligue 1 et son funeste record, mais en trois ans de Ligue 2 et de National vous réussirez le quasi grand chelem à domicile. A un match près. Du but à l'arraché de James Fanchone au chant du cygne plein de courage de toute une équipe et de ses supporters sur un doublé de Stéphane Noro.

La flamme est réveillée, vous commencez à passer vos diplômes d'entraineur, et vous savez que c'est à ce club que vous le devez. Vous n'avez pas vécu Liverpool, ni Stephen Keshi, ni Gilbert Gress, ni rien de tout ça, mais vous le racontez presque comme ceux qui y étaient.

Jamais l'expression « ce club à une âme » ne s'était mieux imposée à moi au gré de mes pérégrinations. Dans l'argot des vieux Alsaciens, dans le regard des gosses qui continuent à s'enthousiasmer même quand leurs parents savent que l'inéluctable est en route, dans les chants d'un kop qui ne veut pas mourir avant ses joueurs.

C'est tout cela qui est en danger. Mais qui ne mourra surement pas. Même après les juges et les huissiers. Parce que trop insaisissable. On ne dépose pas le bilan d'une passion. Jafar Hilali a fini de mettre le Racing à terre mais c'est une région entière de passionnés qui l'aidera à se relever. Et il y aura toujours des Alsaciens d'adoption comme moi pour grossir les rangs.

mp67

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