Un train d'enfer

Il est donc bien de retour, plus de trente ans après. Vite reparti après l'apothéose du titre, il a souvent fait parler de lui depuis lors, mais jamais il n'était vraiment revenu à la Meinau. Il n'est pas question ici de Raymond Domenech, mais bien du « train bleu », ce mode de transport synonyme de ferveur populaire dans la mythologie du Racing. Nombreux sont les dirigeants qui ont rêvé de ressusciter l'opération, mais la montagne n'avait jusqu'ici accouché que de souriceaux, puisque les différentes tentatives de relances se basaient sur des trains réguliers qui s'arrêtaient et repartaient de la gare de Strasbourg, avec des horaires pas forcément très pratiques. Ce soir, c'est bien un train spécialement affrété, et à destination du Krimmeri, qui va s'élancer depuis la gare de la cité frontalière de Saint-Louis. Le symbole est sympathique, pratique, et cette réussite est encore à mettre au crédit de Frédéric Sitterlé qui, à l'énergie, parvient à chaque fois à créer de l'événementiel autour de rencontres de CFA2, ce qui n'est pas une mince affaire. En sus du voyage en chemin de fer, les supporters friands de goodies pourront également se procurer l'écharpe dessinée par @zitelli, vainqueur du concours organisé par le club et la Fédération des supporters, mais aussi se rafraichir avec de la bière de Noël tout en anticipant la venue de Saint Nicolas avec un maenele.

On en oublierait presque qu'il y aussi match, diablement important même. L'adversaire du soir faisait partie en début de saison des prétendants sérieux à la montée, et affiche même son ambition de rejoindre à terme le National. Dans les faits, les choses se sont révélées plus compliquées qu'escomptées pour les Ludoviciens, qui ont commencé par une défaite à domicile contre le leader vésulien (0-2), ont perdu chez le promu Belfort sud (3-1) et ont même rechuté à domicile il y a deux semaines contre Thaon les Vosges (1-2). Le reste du bilan est plutôt positif – cinq victoires pour un seul nul – mais au classement Saint Louis n'est que sixième, avec déjà sept points de retard sur Vesoul. Comble de malheur, les frontaliers viennent de se rajouter un lest d'ampleur sur le porte-bagages en engageant comme secrétaire général, un certain Jean-Luc Witzel, qui est au management sportif ce que Samuel Le Bihan est à l'Actor's Studio. On comprend dès lors que le Racing dispose d'une belle occasion de distancer déjà un adversaire qui dispose d'un effectif tout de même bien fourni où l'on retrouve l'ancien gardien du Mans Rodolphe Roche, l'ancien Nancéen et Colmarien Amin Thigazoui ou l'ex-Belfortais et Mulhousien Yoann Grosperrin.

L'effectif du Racing n'a cela dit évidemment rien à envier à celui de Saint-Louis Neuweg, mais se trouve quelque peu déplumé ces dernières semaines au gré d'une cascade de blessures. François Keller enregistre tout de même les retours des ex-pros Benjamin Genghini et Francisco Donzelot, et la première arrivée dans le groupe de Ziman Duki, mais doit toujours se passer de Thomas Martin, Gauthier Pinaud, Eric Nyatchou Ndema et Aymeric Ounissi tandis que Joris Ursch a rejoint l'infirmerie. L'entraîneur dispose donc d'une marge de manoeuvre réduite et devrait en toute logique choisir une équipe sans surprise mêlant les vainqueurs d'Auxerre et ceux de Verdun.



En cas de victoire, le Racing peut espérer opérer un rapproché sur son adversaire de la semaine prochaine, Vesoul, qui doit négocier un difficile déplacement à Thaon les Vosges. Ce serait ainsi l'occasion de prendre la tête en cas de victoire en Haute-Saône. De quoi passer Noël au chaud, pour un club à qui l'on avait administré l'extrême onction en juillet dernier.