Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Dans le rétro : janvier 1982

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Souvenir/anecdote
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Par strohteam
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Il faut serrer la ceinture du côté d'André Bord

Un froid toujours aussi rigoureux, plus un sou dans les caisses et un seul match officiel : le Racing est au régime maigre en ce mois de janvier.

Résumé de l'épisode précédent: Repris par Roger Lemerre, le Racing a enfin brisé le signe indien en s'imposant à domicile contre Lens, mais s'est incliné dans la foulée chez l'ogre stéphanois. Le froid a ensuite fait des siennes, provoquant le report des rencontres prévues fin décembre.


La retransmission en direct est finalement allée jusqu'à son terme, mais dans un « indescriptible chahut » avec insultes, provocations et certains excités qui ont failli en venir aux mains. Il ne s'agit pas ici d'un match de football, mais bien du troisième numéro de l'émission Droit de réponse sur TF1, chaîne encore publique à l'époque. Il faut dire que Michel Polac avait convié pour l'occasion l'équipe au grand complet d'un hebdomadaire controversé et tout juste disparu, Charlie Hebdo, tout en veillant à assurer une contradiction musclée avec notamment un membre de la rédaction de Minute, journal économique s'il en est puisqu'il permet de s'éviter, on le sait, la lecture de deux des oeuvres majeures de Jean-Paul Sartre. Sans surprise, l'assemblage a dérivé en immense bordel, le professeur Choron ne se privant pas de tancer vertement la population lycéenne, dans une admonestation restée fameuse.

Ambiance moins surchauffée dans les campagnes alsaciennes, où les inondations succèdent aux périodes de gel. Si l'ont peut à l'occasion se permettre de déambuler en ski de fond rue Mercière, il faut ailleurs faire sauter les blocs de glace à l'explosif, à Ebermunster notamment où le 1er régiment du Génie est dépêché. Et bien sûr, tout cela finit par fondre, et c'est ainsi que l'on se retrouve avec un mètre d'eau dans les rues de Wasselonne.

Dans de telles conditions, on est peu étonné d'apprendre le report en cascade des matches de championnat du Racing. Les Strasbourgeois reprennent pourtant l'entraînement dès le 4 janvier et parviennent, malgré les conditions draconiennes, à disputer un match amical à Haguenau, remporté 3-1 face à l'équipe de France militaires des Claude Puel, Manuel Amoros, Philippe Anziani ou autres Philippe Thys. Ils s'en vont ensuite du côté de la vallée de Munster pour un stage censé préparer le déplacement à Sochaux, qui est toutefois rapidement annulé au vu de la météo. A la place, l'on caresse un instant la possibilité d'organiser une rencontre de gala face au Hambourg SV de Franz Beckenbauer, mais le froid se charge rapidement de faire taire les velléités. Le Racing finit par mettre le cap au Sud pour jouer deux matches amicaux à Aix-en-Provence (victoire 6-0) et Cannes (victoire 2-1).

En l'absence du football, l'actualité sportive du mois de janvier 1982 est largement dominée par la course automobile. Le rallye Paris-Dakar s'est installé comme un événement d'importance sous l'impulsion de Thierry Sabine, avec son lot d'aventures et de drames. C'est ainsi que l'on craint le pire pendant plusieurs jours lorsque disparaît la Peugeot 504 de l'équipage composé d'Anne-Charlotte Verney et de Mark Thatcher, qui n'est autre que le fils du premier ministre britannique en exercice. Miss Maggie écrase même en public quelques larmes d'anxiété, avant que l'on finisse par retrouver les deux naufragés perdus dans le désert de l'extrême sud algérien. Le rallye-raid est finalement remporté par Cyril Neveu (Honda) chez les motos et par les frères Marreau (Renault 20) côté voitures. Janvier marque également à l'époque le début de la saison de Formule 1, le premier Grand prix de la saison étant remporté en Afrique du Sud par l'espoir français Alain Prost défendant lui aussi les couleurs de la marque au losange. Troisième grand événement du mois en matière de sports mécaniques, le rallye de Monte Carlo est remporté par les Allemands Röhrl et Geistdorfer, sur Opel Ascona.

Le RCS, de son côté, affiche toujours d'une carburation quelque peu souffreteuse. Déjà poussifs lors de leur brève tournée dans le Sud, les Bleus ajoutent à l'inquiétude ambiante par une pâle prestation au stade Georges Dodin de Chaumont face au FC Metz, qui s'impose 2-0 à l'occasion d'un amical à nouveau organisé pour combler le vide laissé par l'annulation des matches de championnat dans le quart Nord-Est du pays. Un Racing qui souffre sur tous les plans, puisque André Bord propose publiquement à la Ligue nationale de Football la mise en place d'une caisse de solidarité pouvant venir en aide aux clubs connaissant des difficultés de trésorerie, suite notamment aux reports en cascade pendant l'hiver. Une proposition pas tout à fait spontanée, puisque le RCS n'a plus disputé de rencontre à domicile depuis deux mois, se trouvant de fait amputé de sa principale source de revenus alors que les charges fixent continuent de peser. On devine en creux l'ampleur des difficultés financières du club, sur lesquelles la presse reste pourtant d'une très pudique discrétion.

Il faut dire que les esprits des journalistes régionaux sont accaparés par d'autres problèmes bien plus graves puisque c'est ni plus ni moins qu'une « guerre » qui se prépare. Le casus belli est imparable, et cher à bien des Alsaciens, puisqu'il s'agit de la bière. Lassée des tracas rencontrés lorsqu'il s'agit de s'exporter Outre-Rhin, la brasserie du Pêcheur de Schiltigheim se décide à attaquer le fameux Reinheitsgebot (décret de pureté) devant la Cour de justice des Communautés européennes. Cette disposition emblématique en Allemagne prévoit que la bière ne peut y être commercialisée que si elle est exclusivement composée d'eau, malt, houblon et levures. Une règle d'or considérée comme un gage de qualité par les multiples brasseurs du pays, mais dénoncée comme une entrave à la libre-circulation des biens par leurs concurrents étrangers. Un sujet évidemment passionnel, et chroniqué à plusieurs reprise dans les colonnes des Dernières Nouvelles d'Alsace, en attendant la décision des juges de Luxembourg.

Du côté du rectangle vert, le Racing réussit enfin à reprendre la voie des compétitions officielles mais doit négocier un périlleux déplacement au Parc des Princes face à l'équipe en forme du moment, le Paris Saint-Germain de Georges Peyroche. Emmenés par l'expérimenté Dominique Bathenay, les Parisiens commencent à montrer le bout de leur nez en championnat, grâce notamment à la montée en puissance du jeune Luis Fernandez. Le pronostic est donc logiquement pessimiste pour les Alsaciens, qui ouvrent pourtant le score en première période sur une action lumineuse de Joël Tanter. Le Breton élimine Domenech sur son aile droite avant de centrer comme à la parade pour un Francis Piasecki qui ne se prive pas pour fusiller Baratelli (0-1 ; 18'). Hélas, les Strasbourgeois retombent dans leur travers et ne parviennent toujours pas à gérer cet avantage au score. Le déséquilibre se fait notamment au milieu de terrain où Félix Lacuesta peine à contenir le virevoltant meneur yougoslave Surjak, qui égalise sur un beau service de Dominique Rocheteau (1-1; 36'). Ce même Rocheteau qui plie le match peu après le retour des vestiaires, sur une remise d'une vieille connaissance, Tokomon Nambatingue (2-1 ; 56'). Une énième défaite à l'extérieur qui renvoie le Racing de 1982 à sa morosité de la fin d'année 1981, en dépit d'une prestation jugée « courageuse » par les envoyés spéciaux des DNA. L'hiver est définitivement rigoureux pour la maison bleuse.

Article réalisé à partir des archives des Dernières Nouvelles d'Alsace, consultables à la médiathèque André Malraux.

strohteam

Commentaires (4)

Flux RSS 4 messages · Premier message par il-vecchio · Dernier message par chrisneudorf

  • Ah, Polac. Après le rachat de TF1 par Bouygues, le médisant-culturel, nous avions eu cette splendide caricature du dessinateur en direct. En direct, car Polac avait des couilles, lui!!
    Une maison de maçon, un pont de maçon (vers l'île de Ré), une télé de m...
    Francis Bouygues n'apprécia pas du tout, mais alors pas du tout.
  • Super la mention de l'arrêt de la CJCE sur la bière, un aperçu des dispositions parfois nationalistes des Etats pour protéger un produit national ! Et l'engouement de l'époque pour le Paris-Dakar.
    Toujours aussi bien ancrée dans le contexte d'il y a 30 ans cette chronique !
  • excellent article je ne me souviens pas de la rigueur de cet hiver 1982.La défection du public a actuellement moins de répercussion sur l'équilibre financier d'un club alors que celà représentait un élément important dans le budget de l'époque
  • a nouveau bravo et merci pour cet article nostalgique.Droit de réponse tous les samedis soirs c'était vrmt le top.Et le Professeur Choron...Qd je pense tout ce qu'on pouvait dire à l'époque(cf Coluche).Et sur la photo derrière André Bord on apercoit sur la droite le très regrétté Eric Sold

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