Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Rétro 2012 : un samedi à la Meinau

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Souvenir/anecdote
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Par mediasoc
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« Un samedi à la Meinau » est un documentaire sur le match Racing-Vesoul, disputé en avril 2012 par un bel après-midi ensoleillé. Entretien avec son réalisateur, Thomas Lincker.

Le film commence par resituer les lieux, la Meinau, avec son quartier, le tram, les supporters qui arrivent de tous les côtés. Les voitures passent. On voit des maillots, de Barcelone par exemple, mais aussi du Racing. Des maillots de différentes époques, qui sont bien révolues aujourd'hui.

Le public pénètre dans le stade et les joueurs sur la pelouse, pour l'échauffement des voix et des corps. Puis vient le temps du match, les Strasbourgeois tiennent la balle, tentent et finalement Benjamin Genghini fait exulter le stade par un tir de près.

Le stade s'anime, le quart de virage chante, dans les autres secteurs on profite du soleil, on discute avec son voisin, pendant que le match avance tranquillement, dans un rythme qui nous échappe. Les buts arrivent naturellement, pour le plaisir des spectateurs. La fête prévue a lieu.

Ce film appartient à la mémoire d'une saison où tout semblait possible, où l'expression de sa passion était la plus libre, dépendant de ses seules compétences et de sa seule volonté. Est-ce encore possible aujourd'hui ?
Le documentaire : http://vimeo.com/46960997

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Thomas, peux-tu te présenter ? Avec qui et comment as-tu fait ce reportage ?

Je suis originaire des Vosges du Nord, supporter du Racing depuis l'enfance. Je suis pas issu d'une famille très foot, mais mon grand-père m'a un jour emmené voir un match (dans les années 1993-1994)... Enfant je me réveillais, vivais et me couchais Racing. Mais l'adolescence, l'âge adulte, et... Patrick Proisy ont un peu calmé mon enthousiasme. J'ai vécu les années 2000 avec plus de distance, et paradoxalement c'est Jafar Hilali qui a réveillé cette passion pour le RCS.

Sinon, bien plus que le Racing, ce qui m'occupe depuis des années sont un engagement dans le milieu culturel et un petit parcours professionnel dans l'audiovisuel. J'ai aujourd'hui ma structure professionnelle où je travaille de manière autonome. Ce document vidéo (« Un samedi à la Meinau » ) je l'ai donc fait seul. C'est dur de rester lucide après des heures de montage, donc avant de publier un travail je le partage, en l'occurrence je l'ai partagé à des supporters et réalisateurs vidéos, et j'ai tenu compte de pas mal de leurs avis, mais de là à parler d'un travail collectif...

http://mediasoc.racingstub.com/blogs/m/mediasoc/photos/076/samedi...

J'ai voulu, avec mes moyens et mes compétences, aider à la reconstruction du Racing, poser ma pierre. Ce que j'ai fait était finalement très simple : je suis venu avec ma caméra, j'ai saisi l'instant et je suis rentré chez moi. Quand j'en ai eu le temps, je me suis attaqué au montage. Et là, une évidence : laisser parler les images, laisser parler le match, laisser parler le foot !

Tu parles de laisser parler le foot : comment as-tu envie de filmer le foot ? On se demande toujours s'il faut faire des plans larges ou serrés ; s'il faut suivre la balle ou non.

Tout dépend de l'objectif que l'on se fixe : pour un résumé de match informatif, la règle veut le plan large, pour bien saisir les déplacements, et qui est aussi plus sûr pour ne pas rater les occasions de but ou les buts.

Dans mon cas, par « laisser parler le foot », je veux dire sentir le match. Et le match ne se joue pas simplement sur un terrain, il se joue dans un stade. Ca veut dire filmer à l'instinct et être toujours en éveil : au niveau du match être avec les joueurs, anticiper leurs mouvements et leurs gestes, et créer le lien avec l'environnement du match.

Pour ma part ça voulait dire être au bord du terrain (rupture avec les caméras conventionnellement en hauteur, surplombant le terrain), filmer ce qui se passe dans les tribunes et pas simplement lors de temps morts du match (laisser parler le foot c'est laisser parler tous les acteurs du foot), multiplier les points de vue pour retranscrire la vie du match aux 4 coins du stade, filmer les actions par séquence et les garder ainsi au montage (en France la plupart des résumés passent outre la préparation de l'action ou du but, on n'y voit que le joueur pousser la balle dans le but, c'est très réducteur), etc...

http://mediasoc.racingstub.com/blogs/m/mediasoc/photos/076/samedi...

C'est vrai que ce document change de ce qu'on voit traditionnellement, car on s'est habitué au format unique que nous pondent les réalisateurs et les producteurs du foot. Leurs choix visent à sécuriser la retransmission des matchs : un langage qui laisse peu de place à la prise de risque et à l'originalité et finalement peu de place au foot. C'est la même chose dans les tribunes : on veut un langage unique et maîtrisé. C'est la même chose sur le terrain : si t'as pas le Barça comme modèle t'es un naze. Faut arrêter de nous prendre pour des cons, alors débridons tout ça !!!

« Laisser parler les images »   : ce document peut-il être considérer comme documentaire ? Sinon, as-tu des modèles (en cinéma, en documentaire) particuliers ?

J'ai des modèles oui mais ils ne se limitent pas au football ou à la vidéo ! Je place des groupes de musique dans cet esprit aussi, comme Archive, Radiohead ou Pink Floyd, des groupes surprenants, qui défient les conventions, qui dans leurs chansons ou leurs albums construisent une histoire, qui font vibrer, mais qui aussi nous amènent à l'évidence !

De la lecture aussi avec Kafka ou Boulgakov, ou pour revenir au football So Foot plutôt que 11 Mondial... Des gens, comme Cantona, Gascoigne, Maradona... Finalement, ce sont des rencontres que je fais, physiquement ou via des intermédiaires, avec des êtres humains (derrière une production y a toujours un être humain), ce sont des rencontres déroutantes car elles sortent du modèle officiel du comportement de l'être humain que cherche à nous imposer les publicitaires. Par exemple, pour en revenir aux films, les frères Cohen sont très forts pour fabriquer des personnages originaux (voir The Big Lebowski ou Fargo), et pour en revenir au foot Looking For Eric de Ken Loach !

Sinon, mon document je le situe quelque part entre les grands formats de la saison dernière et Forza Bastia de Jacques Tati. Un film à voir pour ceux qui aiment le foot (au sens global du terme !).

mediasoc

Commentaires (4)

Flux RSS 4 messages · Premier message par stragaric · Dernier message par yannick3m

  • Super !
    J'ai essayé de visionner le film mais c'est impossible ( chez moi ).
    C'est pénible car j'ai tout loupé de la fin de saison du racing en 2012 depuis le 3 avril...
    Je ne sais toujours pas bien ce qui s'est passé.
  • J'avais déjà vu la vidéo à l'époque, mais en tout cas la réalisation est très bonne !
    En espérant revoir tes caméras pour RCS-FCM dans le cadre d'un derby alsacien entre 2 prétendants à la montée là aussi... niveau ambiance ça va être classe.
  • mediasoc a écrit :
    Ce film appartient à la mémoire d'une saison où tout semblait possible, où l'expression de sa passion était la plus libre, dépendant de ses seules compétences et de sa seule volonté. Est-ce encore possible aujourd'hui ?
    Quelle tristesse, quelle nostalgie et je les partage. Ça vaudrait un débat.

    Excellente idée que cet entretien avec le réalisateur de cette vidéo pleine d'émotions. Rien à voir avec la partie classique des GF, ou TSL ou StrasTV. C'est de la "caméra 2" en format long. J'avais beaucoup apprécié à l'époque.
    Bon, l'interviewer et l'interviewé, quand nous refaites vous la même? Mais pas Forza Strossburi hein, sinon je me verzírn grave, mais "Hopla Strossburi".
  • Ce film appartient à la mémoire d'une saison où tout semblait possible, où l'expression de sa passion était la plus libre, dépendant de ses seules compétences et de sa seule volonté. Est-ce encore possible aujourd'hui ?

    +1. Et ça me reste parfois en travers de la gorge. On avait peut-être les moyens de faire autrement. On ne saura jamais. C'est comme ça. Reste effectivement la nostalgie d'une saison qui n'avait pas commencé comme les autres. Et qui ne se figeait pas sur des règles conventionnelles permanentes et où le libre arbitre et le bon vouloir avaient leur place. Dans un certain respect mutuel.

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