Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Belfort brune

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Avant-match
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Auteur(s)
Par jpdarky, zottel
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Samedi c'est Belfort. Le Racing a pourtant d'autres félins à fouetter que le pauvre lion décati qui végète à l'orée de la trouée. C'est qu'on a un destin, une montée qui nous appelle fort.

Or donc oui, voilà que sur le chemin pavé d'incertitude mais aussi de gloire qui doit forcément mener notre club au firmament du football européen (voir les nombreuses démonstrations éclairées sur le forum consacré à François Keller) se dresse Belfort.

La stratégie du bonneteau


D'emblée on est perdu : "Belfort ? Belfort ? Mais ils n'ont pas pu monter l'an dernier en même temps que nous vu qu'on était que un club à monter ? - Ouais mais non, la saison dernière c'était Belfort-Sud. - Non, tu confonds avec Jura Sud, ça c'est cette saison - (...) ". C'est très confus. C'est très confus. On se sait trop comment Belfort 'Non Sud - Gauche et Nord' et 'Trois Quart Est' arrivent à ménager les susceptibilités mais c'est un fait, les deux entités cohabitent dans Belfort - tout court. Il faut rendre hommage aux sportifs de cette ville qui arrivent à caser deux clubs de football dans les deux divisions de l'élite purement amateure, le CFA2 et le CFA. Ce n'est pas le Real Madrid qui ferait ça.

Qu'est-ce que Belfort ? Un département ? Un territoire ? Une ville ? Tout cela à la fois, et peut-être même un ou deux terroirs et fromages. On peut lire que Belfort est située dans la trouée de Belfort. Ha ! Vile redondance. Imaginons Strasbourg, préfecture de Strasbourg, capitale du Territoire de Strasbourg située dans le rift de Strasbourg.

Du reste, maintenant que le CTA est jeté aux oubliettes par la faute des foules qui n'ont rien compris au projet ambitieux de la réunification de l'Alsace par l'intégration des composantes odieusement clivées qui la composent, nous devrions peut-être songer à prendre le sens opposé de l'histoire en marche et aller vers une atomisation en strasbourgisant la Strasbourgie. Nous serions maîtres de nous mêmes, en autarcie, mangeant des Mannele et des bretzels à la farine des GMS, buvant l'eau de l'Ill et fumant ce qui est disponible à tous les arrêts de tram à partir de 22 heures ou au parc de la Citadelle pour les plus aventureux (coquinous va). La diététique y perdrait ce que la décontraction des foules y gagnerait. Bien sûr il faudrait annexer Hochfelden et créer un pont aérien pour assurer le ravitaillement en Meteor. Sinon dans quoi pourrions nous bien tremper nos bretzels ?

Mais revenons à Belfort, ville de la duplicité et de la ruse fourbe comme le paragraphe précédent l'a clairement démontré.

Belfort est un humanisme


On trouve des traces d'activité humaine qui remontent au delà même de la plus Haute Antiquité dans les alentours. Les jours y étaient longs, on s'ennuyait beaucoup, d'autant plus que la XBox n'avait pas encore été inventée. Les quelques néandertaliens du bled abandonnèrent rapidement toute volonté et se laissèrent aller à l'oisiveté, engoncés dans leurs canapés en grès bourré de radon, caressant les lions préhistoriques qui vaquaient nonchalamment dans les alentours. Comme le téléviseur n'existait pas non plus, on est pris d'effroi en visualisant le proto-belfortain, c'était Jean-Pierre Néandertal, grattant paresseusement le crâne d'un félin en fixant d'un oeil que l'on devine globuleux une paroi de caverne même pas platonique.

Il faut signaler que l'homme est expert en tout ce qui touche aux félins. Il en caresse, en colle sur son cahiers de texte, "Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux, Retiens les griffes de ta patte, Et laisse moi plonger dans tes beaux yeux, Mêlés de métal et d'agate", c'est de lui, enfin presque, en tout cas il adore. On n'est pas plus ridicule que Belfort et ses félins.

A force de ne rien faire, le temps passa, et on se retrouva vite fait au Moyen-Âge. C'était moyen, mais c'était déjà beaucoup plus animé qu'aux premiers temps, même si on ne voyait toujours pas de XBox pointer leur nez. C'est sous le règne contesté de Frédéric 1er de Ferrette (contesté parce qu'il s'appelait en réalité Jean-Pierre, descendant direct du Néandertal déjà mentionné) que l'on entendit parler pour la première fois de "Territoire de Belfort".

L'affranchissement de la ville fut obtenu de haute lutte au cours d'un "je te tiens tu me tiens par la barbichette" qui dura 8 heures et 42 minutes. On en garde la trace dans la fameuse charte de mai 1307. Nombreuses furent les épiques ballades colportées par les ménestrels à travers le comté, comme cette émouvante ode composé par Jean-Pierre Jagger, un des artistes les plus populaires en ce début de XIVème siècle :

Quand tu sers mon corps
Tout contre ton corps
Comme un volcan qui dort
Dans le territoire de Belfort
Se réveille encore
Passe moi le Lindor
Pour calmer ce feu qui me dévore
Tiens, sinon, t'as des nouvelles de Thierry Pastor ?


Beaucoup d'amour et de passion en tout cas.

Punk's not dead


Là dessus tout s'enchaîne, autrichiens et bourguignons s'échangent le bidule de Belfort régulièrement, en général suite à un long siège où la ville résiste brillamment grâce à un habile stratagème qui se passe de générations en générations depuis la nuit des temps déjà évoquée. Le chef décide de construire un gros minou en bois - on n'en attend pas moins de son goût pour la féline engeance - objet qui est amené de nuit au milieu du camp des ennemis. Mais à l'intérieur sont cachés plusieurs palettes de mini-Mars; et c'est le carnage.

C'est que Le Belfortain s'épanouit dans la résistance désespérée. On a longtemps pensé que le chat était un imbécile; mais en fait non, feint-il d'ignorer "Attention Grigriffe, le gros camion" qu'il choisit en réalité délibérément la voie de l'emmerdement maximal. Il en va pareil de son maître le Belfortain. Belfort devait forcément en venir à énerver les tenants de l'ordre qui ont autre chose à faire que de s'appuyer des punks ruraux en crise d'adolescence permanente.

C'est pourquoi le génie Vauban décida d'entourer la ville de fortifications d'un fort beau gabarit. On expliqua aux rebelz savoureux que c'était pour les protéger de l'Extérieur, quand il s'agissait évidemment de dresser un cordon sanitaire pour protéger l'Extérieur. Le maire de l'époque, Jean-Pierre Louvois décréta 100 jours de fête pour célébrer le mur et ce fut la grosse chouille. La population était en liesse, ça pogotait de partout, on s'amusait comme des petits fous, et tout ça sans la moindre XBox. Quand on vous dit que les mecs sont des punks.

Belfort-titude


Le refus borné de l'avancée du progrès triomphant sur l'Europe abasourdie conduisit la ville à résister aux sirènes de l'amitié franco-prussienne, avec la fourberie qui n'a plus de secret pour vous désormais, aux alentours de 1870. Alors que de Paris à l'Alsace on se rendit aux arguments plus militaires qu'économiques de ce qui servait de chancelier à l'époque, les rebelz obtus s'entêtaient. Ils avaient la tête dure les mecs, et l'ont encore. "Attention Grigriffe, un obus de 75 de marque Krupps", mais non, rien à faire. De là date la célèbre statue du Chat de Belfort, sculpté négligemment dans une crotte de nez de Bartholdi alors que le torturaient les élans de son génie colmarien.

Nul autre n'a mieux exprimé l'âme colmarienne que Bartholdi, nul autre n'en a saisi les affres. Si ce n'est peut être Gilbert Meyer hésitant entre un kouglopff salé ou un deuxième verre de vin blanc.

Ce qui nous amène fort logiquement au héros local moderne qui aura su résister à la Mort elle-même : Jean-Pierre Chevènement. Un Jean-Pierre encore, comme un symbole. Un Jean Pierre descendant de Néandertal, par les sourcils. Descendant aussi des divers Jean-Pierre évoqués précédemment, JPC aura entretenu le feu couvant de la rébellion permanente anti-capitalisme prussien à tendance expansionniste. Il représente à lui seul la quintessence de la belfortitude. Le Chat de Belfort, c'est un peu lui. Sous ses airs débonnaires, il se rebella et/ou résista successivement à la SFIO, à Rocard, Mauroy, Mitterrand et le virage libéral de la rigueur (probablement par anti anglo-saxo-germanisme génétique, voir Figure 2), la guerre en Irak, le Traité de Maastricht et son propre enfant, le PS dont il claqua la porte, Don Pasqua, puis les sauvageons de tous poils et finalement la Mort elle-même, donc, en 1998. Un CV à faire passer les oeuvres combinées de Johnny Rotten et Vinnie Jones pour de pauvres semi-crises d'adolescence de majorettes de patronnage.

Ça fait beaucoup. Ce sont les limites de la position du chat, qui finit toujours par se retrouver en haut de l'arbre en miaulant, ]mais qu'on y abandonne en se souvenant que jamais aucun n'y a fini desséché. Inutile d'appeler les pompiers, le commissaire Zorky, ni même son adjoint Dattel. "Attention Grigriffe, ton maroquin ministériel... oh et puis la barbe".

Belfort Alamo


Ce sont les héritiers de cette histoire, qui n'est qu'une ode sauvage à l'opposition à l'ordre établi, que nos fiers choucroutiers affrontent samedi soir. Attention, ces gens là n'ont cure du juste ordonnancement des choses qui veut que le Très Grand Racing Choucroute Saucisse se doit de monter pour le bien du football national. Ils vont défendre crânement leurs chances de maintien... comme des lions.

Co-écrit par Zottel et JPDarky

jpdarky, zottel

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