Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Paris vaut bien [mɛs]

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Avant-match
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Par jpdarky, zottel, meem
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Terrible scène d'émeute parisienne sur fond de canon à eau © rcstrasbourg67

Strasbourg a peur. Oui, nous avons peur, les commerçants ont peur, la mère de famille a peur, tout le monde a peur de Paris. Mais pourquoi donc ? Décryptage.

Paris est plein plein de Parisiens, pas assez de Parisiennes et trop de Parisiens


D'abord l'habitant.

Le Parisien n'existe pas. Paris est une localisation abstraite dont sourdent des individus indifférenciés, Napoléon, recomptant ses petits soldats morts après Eylau ne s'y trompait pas en disant « une nuit de Paris réparera tout ça ».

Le prolétaire parisien est en fait un provincial (il suffit de remonter dans son ascendance). Le bourgeois parisien n'existe pas vraiment, il horripile de loin, il vit dans la télé ; il survit en réalité, à condition de n'avoir jamais croisé un de ces quidams ultra-majoritaires qui souhaitent lui enfoncer des fourchettes dans les yeux par vengeance légitime. Le journaliste parisien n'existe pas, on le confondrait avec le journaliste-tout-court. Maigret est tourné à Prague. Le footballeur parisien a signé ailleurs à cause de l'arrêt Bosman. Le supporter parisien n'existe plus, parce qu'il n'a pas les moyens et qu'il a été chassé par un Robin même pas du bois.

Ne pas avoir la chance de voir Paris noyé « à hauteur de béret », voire à hauteur de Tour Montparnasse est un regret partagé par des générations d'esthètes. Un paysage splendide attendrait le plongeur, un métro inodore et propre, un trottoir sans matière organique. Il n'est pas interdit de penser que Jacques Mayol poursuit le dauphin parce qu'il cherche un métro propre.

Pariiiiiis, c'est une blonde


Parce qu'une fois éliminée la faune, il reste le décor.

Ville Lumière, phare historique et culturel mondial, juste un cran en dessous de notre Kapitale de la Kulture et de la Bretzel. Dans ce cadre-là, il n'y aura pas de glose poussive passant par Jura-Sud, Villefranche et Nouan-le-Fuzelier. On ne sait même pas par où commencer : l'Aqua-Boulevard ? L'Hippopotamus de la Villette ? Sainte Geneviève ? Dorothée ? David Guetta ? Ça c'est Paris ! Non, pas ça. Voilà, ça, juste là. C'est unique. Il faut savoir écarter les copies sous-préfectorales de la pépite capitale.

Les auteurs, le lecteur, tout un chacun est ébloui par la constellation de monuments et de génies historiques et culturels qui ont fait connaître cette ville jusqu'au Qatar. En qatarien, “acquisition de biens de production” se prononce “Paris”, car le qatarique est une langue très poétique.

Il y a donc l'évident, la pierre, et puis aussi les moments de grâce; les publicités Chanel après le dernier métro; le premier jour du printemps, avec son ondée réglementaire qui dilue la masse des importuns. Woody Allen a gagné des sous avec un film idiot sur Paris, ce n'est pas donné à Vladivostok. Même Claude Lelouch a failli en gagner.

Paris vaut donc bien une messe (alors qu'on ne parie pas sur [mɛs]). Pour se faire une idée de l'essence même de Paris et éviter de raisonner bassement, il suffit de songer à notre contexte alsacien. Comme dans une fractale qui se reproduit identique quelle que soit l'échelle considérée, Paris est à la France ce que Strasbourg est à l'Alsace. C'est une évidence ! L'Alsacien non-strasbourgeois vilipende volontiers la Kapitale à la merveilleuse Cathédrale rose, et ses habitants, avec peu ou prou les mêmes bêlements plaintifs lourds de jalousie que le provincial parlant de Paris. Comme par un fait exprès, au dernier référendum, les Haut-Rhinois ont refusé le rattachement de la non-strasbourgie à Strasbourg, car il ne s'agissait évidemment que de cela. Ha ! C'était bien trop d'honneur qui leur était fait, Strasbourg n'avait rien à gagner à voir souiller son blason par les terrifiants Sundgauviens inconnus, qui sont un peu nos ch'tis mais dans la direction opposée, ou les anthropophages de l'Outre-Forêt.

Pensez donc à remplacer “Paris” par “Strasbourg” et “Strasbourg” par “Fessenheim” ou “Wingen sur Moder” la prochaine fois que vous vous lancerez dans une éructation anti-parisienne. La seule différence c'est que les Carrefour Market n'ont pas le droit d'ouvrir le dimanche à Strasbourg.

Toute critique de Paris vient invariablement de la même sorte de créature, petit provincial à l'horizon généralement bordé de champs emplis de vaches, foulant la terre qui ne ment pas, amoureux de sa (belle-)soeur et ignorant du dernier Daft Punk. C'est commode de hurler à l'odieuse arrogance de la capitale quand on se contente d'un trajet hebdomadaire sur la route départementale pour aller manger chez mémé le dimanche. Paris c'est l'audace, Paris c'est la Vie.

A jamais dans nos coeurs


De même qu'on préfère Paris au Parisien, on préfère le PSG, l'abstraction donc, au PSG-iste égaré sur Racingstub.com.

Le supporter parisien n'existe pas, on l'a dit.

Il y a des supporters parisiens. Au premier rang desquels, honneur aux anciens, le supporter spolié de son club par Leproux et le Qatar. Pour lui : “C'était mieux avant”. On en connaît sur le forum de ce site. Car “avant”, il pouvait même aller au stade. Certes, au prix de plusieurs morts par an, sans parler du bruit et puis - surtout - les banderoles pas chou du tout pour les adversaires. Et Francis Llacer.

“Avant”, c'était aussi ce formidable creuset ignorant les frontières idéologiques et ethniques du Parc des Princes (deuxième plus beau stade de France après la Meinau); le supporter à cheveux courts y côtoyait des groupes aux revendications ethniques marquées, à plusieurs tribunes de distance il est vrai. Un mélange longitudinal des cultures serti dans des tribunes à la déclivité sud-américaine, symboles de l'égalité horizontale entre des hommes unis en dévotion vers le point focal croisant la diagonale du sacré qui passe du Bas - c'est la pelouse et les acteurs de la dramaturgie footbalistique - vers le Haut - à savoir la foule en fusion et sa ferveur païenne. Ou quelque chose de ce genre.

Le supporter parisien est aussi ce VIP venu se faire cadrer en plan de coupe par Canal+. Voilà qui agace le supporter historique et fait rire le reste de la France, secrètement envieux, parce qu'au stade de la route principale à Nouan-le-Fuzelier on n'a pas Patrick Bruel ou Francis Huster - ni même Nicoletta.

Juste autour du VIP grouillent les mouches à VIP, au pouvoir d'achat inférieur mais aux illusions à peine plus médiocres. Elles portent un polo de couleur; ce sont des néo-supporters. Ceux-ci ne diffèrent pas tellement des abonnés à BeIn Sports, si ce n'est qu'ils ont acheté un billet, et ne diffèrent au fond pas tant de n'importe quel supporter post-CM1998. Ne perdons pas de temps à décrire cette engeance, on nous traiterait de snob. Il faudrait même le prendre pour un reproche - et pourquoi d'ailleurs ? La raison en est trouble, mais c'est une autre histoire.

Le pire du PSG est une troupe informe de sauvageons assoiffés de rixes, d'affrontements policiers et de rapines de vêtements de marque. Ah ça ! On l'a bien vu hein lundi dernier sur iTélé, la télé l'a dit. Derrière ces mains, il y a le Qatar. Il est malsain d'être financé par ce micro-pays dont on ne sait rien, dont on ne veut rien savoir, auquel on préférait la Belgique ou même Monaco (si).

Et Paris se met en colère / Et Paris commence à gronder / Et le lendemain c'est la guerre


Non, en vérité, ce qui rend le Parisien insupportable, c'est ce petit air supérieur qu'il prend à chaque fois qu'il daigne s'adresser au provincial, en lui expliquant que non, le métro Rue Montmartre (qui a changé de nom il y a quinze ans mais le vrai Parisien sait, lui, que Grands Boulevards, c'est Rue Montmartre) ne l'emmène pas à Montmartre, à moins de marcher encore et encore pour atteindre cette horrible meringue qui ne sert qu'à expier la Commune.

Et le pire dans tout ça, avec le Parisien-PSGiste, qui nous le rend imbuvable, outre que son pinard est nettement inférieur au nôtre ? C'est bien simple : lui, Amara Diané l'a sauvé de la ligue-deux, il y a cinq ans aujourd'hui.

Pour son dernier match le Racing se doit de puiser dans le fond inépuisable de la haine rurale pour toute supériorité de la capitale. C'est à nous, nous le fer des lances des culs-terreux de moindre envergure de nous dresser comme un seul campagnard sur la route de Paris. Nouan-le-Fuzelier nous regarde. Sus aux plus-belle-ville-du-monde, aux villes tout court même.
Car c'est à nous de leur enfoncer dans la gorge leur moqueries dénuées d'accent, leur traits d'esprit qui dissolvent comme l'acide les ressources limitées de la rouerie agricole, ; enfonçons-y aussi leur opéra Garnier et leur métropolitain, pour faire la mesure !

Strasbourgeois, soyons-en conscients, ce qui se joue contre les Parigots n'est rien de moins que cet enjeu millénaire de l'autonomie des hommes contre l'infâme (Sèvres-)Babylone !

Mais si samedi nous l'emportons, on ne demandera au destin à Raon la semaine suivante rien de moins que exactement l’inverse : que la grande ville impose la “logique”.

Accessoirement : l'enjeu est aussi ce titre considérable de Prince de la division des bras cassés. C'est à lui que nous devrons de pouvoir continuer à regarder de haut notre belle-soeur du val de Villé qui ne reçoit certainement même pas M6. Pas besoin d'une longue enquête de Zorky et Dattel, on le sait. Parce qu'ici, c'est Strasbourg.

Vive la République, vive la France.

Co-écrit par zottel, meem et jpdarky. A la saison prochaine.

jpdarky, zottel, meem

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