GFCA - RCS, côté tribunes

Coupe d'Europe car ce déplacement au Gazélec d'Ajaccio est un déplacement à part dans le calendrier du Racing. Dès la publication de celui-ci, les comparateurs d'hôtels et de voyages sont mis à rude épreuve par les fans. Entre mercredi et vendredi ce sont plus de 70 supporteurs du Racing qui se retrouvent en Corse par des moyens aussi divers que variés : voiture, minibus, avion, train, ferry et évidemment autostop. Après un rapide panorama seul le vélo manque à l'appel, avis aux amateurs de la petite reine pour la saison prochaine.

UEFA car Une Equipe Folle Alsacienne écumera pendant trois jours les plages, restaurants et autres estaminets avec comme conséquence des anecdotes qui alimenteront les après matchs et longs trajets en car du reste de la saison.

Championsleague puisque ce seront évidement les champions du savoir vivre à l'Alsacienne et les hérauts du bon goût Strasbourgeois qui referont les matchs jusqu'à tard dans la nuit avec les amateurs de football corse.

Et évidemment Coupe des Coupes, la plus belle, puisque la seule remportée par une équipe française et surtout pour la coupe de cheveux de votre narrateur qui semble-t-il aura fait fureur en Corse.

La mauvaise réputation

La Corse. Ses quatre clubs professionnels, ses chaudes ambiances, son folklore. Son prétendu mauvais accueil des supporteurs adverses. C'est donc avec nos patins que nous arrivons à Ajaccio. Si de nombreux autocollants du principal groupe de supporteurs de l'ACA recouvrent les murs de la ville, ce sont essentiellement des voitures aux couleurs du Sporting Bastia et du Gazélec que nous croiserons durant les deux premiers jours. Si le Sporting est de loin le club le plus populaire de Corse, le Gaz est le club historique d'Ajaccio.

Un rendez-vous est fixé afin de partir tous ensemble au stade. Une majorité de supporteurs résidant dans le même hôtel et ce dernier étant sur la route de Mezzavia menant au stade, il est convenu de se retrouver tous à 18h afin d'accomplir les derniers kilomètres ensemble dans une ambiance conviviale et tolérante. Sur la route quelques klaxons saluent notre cortège, le bus des joueurs du Racing ne dérogeant pas à la règle. Une fourgonnette de police fait demi-tour pour s'assurer de notre destination puis, une fois rassurée, disparaît.

Après une grosse demi-heure de marche, nous arrivons au stade Ange Casanova. A notre arrivée une bombe agricole explose dans le parking voisin, suivie de quelques artifices. Puis nous voyons passer par-dessus le grillage du parking, l'artificier amateur, le bras visiblement échaudé par une explosion précoce. C'est ensuite au tour du président haut en couleurs du Gaz de venir nous souhaiter la bienvenue. Fanfan Tagliaglioli serre des paluches, refait le match face à Monaco, promet quelques apéros en cas de victoire de son équipe.

Arrivé avec lui Marc Keller nous salue avec une sobriété toute alsacienne et nous offre des invitations. Nous souhaitant un bon match, les deux présidents nous laissent rejoindre tranquillement le parcage visiteur située au bout de la tribune d'honneur. La sécurité est sympathique et nous permet de nous rendre à la buvette principale par petits groupes, afin de se restaurer. Dans cette ambiance détendue, le football peut prendre ses droits.

Bancs publics

Les blancs font leur entrée sur le terrain, sifflés copieusement par le kop local. Situé derrière un but, la tribune est presque entièrement bleue et rouge, aux couleurs du Gaz. Outres les nombreux drapeaux corses, deux banderoles se détachent. Celle des Socios et celle des Companeros, visiblement les deux groupes de fans locaux. La seconde bâche dispose d'un logo orignal, une tête de diable bleu et rouge. Lorsque les joueurs corses entrent sur la pelouse, ils sont chaleureusement applaudis. Puis les joueurs s'échauffent sur fond de musique locale.

Le parcage visiteur entonne quelques chants à destination des joueurs strasbourgeois, ces derniers répondent par des applaudissements, tout en préparant le match avec le plus grand sérieux. Outre les 70 supporteurs strasbourgeois, la tribune accueille également 4 fans du Pisa Calcio, venus en voisins et amis assister à la rencontre. Ils sont identifiables grâce au drapeau rouge à croix blanche apposée entre la bâche UB90 et la banderole SOS LIGUE 2. Cette dernière témoigne, rappelons le, de l'engagement des Ultras Strasbourgeois au coté des différents supporteurs de seconde division, pour obtenir des horaires permettant à un maximum de personnes de se rendre au stade. Le tout est complétés par un drapeau alsacien grand format et un cocasse étendard siglé RCS et représentant un bonhomme jetant le A à la poubelle.

Les trompettes de la renommée

Tout est en place, le spectacle peut commencer. Les joueurs font leur entrée devant le kop ajaccien, qui a choisi la combinaison drapeau et lancer de rouleaux de papier WC. Simple mais efficace. Coté visiteur ce sont des ballons de couleurs bleu et blanche qui colorent le parcage.

Les encouragements sont constants du coté visiteur, un peu moins chez les locaux. Néanmoins, on assiste à une belle joute vocale, dans une ambiance à faire pâlir d'envie de nombreux clubs professionnels.

Sur le terrain c'est une autre affaire, et le Racing est cantonné dans sa partie de terrain. Sabo rate la balle de match et les équipes regagnent le vestiaire après une altercation en fin de première mi-temps. Coté tribune le climat est apaisé et nous avons à nouveau le droit de traverser la tribune VIP pour nous rendre à la buvette, et reprendre quelques forces pour la suite.

Malheureusement la seconde période débute mal et moins de dix minutes après le retour des joueurs nous encaissons un but, pas vraiment contre le cours du jeu. Cela a pour effet de sur-motiver les plus virulents des fans strasbourgeois. Torses nuls, debout sur la rambarde ils entonnent l'un des plus beaux chants du répertoire alsacien :

Entendez-vous le coeur des fidèles,
Entendez-vous cette ferveur éternelle,
Pour le plus grand club de l'Est,
Et ce club c'est le RCS.
Depuis toujours au fond de nos coeurs,
Depuis toujours nous chantons tes couleurs,
Nous te suivrons au bout de la terre,
Oh Strasbourg nous sommes tes supporters.

Sur l'air « d'emmenez moi » du grand Charles Aznavour, l'effet est bluffant mais pas suffisant pour renverser la situation. Grimm écope d'un carton rouge et derrière les corses n'ont qu'à finir le boulot. Deux à zéro mais les chants ne s'arrêtent pas au contraire, jusqu'au bout les joueurs seront poussés.

Les copains d'abord

Seconde défaite à l'extérieur de suite pour le Racing et ses supporteurs. Les joueurs se tournent vers le parcage et applaudissent, certains s'approchent mais le coeur n'y est pas vraiment. De l'autre coté les bleus et rouges font la fête avec leur public et prennent le fauteuil de leader du national.

En parcage l'humeur oscille entre résignation et fierté d'avoir représenté dignement les couleurs de Strasbourg et du Racing en Corse. 70, un vendredi soir, en national & des chants qui résonnent encore. Mais ce n'est pas comme ça que l'on obtient la promotion en seconde division, nous ne le savons que trop bien. Les joueurs du Gaz reviennent sur la pelouse pour un décrassage, si l'un d'entre nous chambre les autres rient encore du vibrant plaidoyer incitant Rivieyran à revenir profiter du climat alsacien et à s'engager au Racing.

Deux évènements vont redonner le sourire au contingent alsacien. Tout d'abord le kop local qui après avoir dignement fêté la victoire, nous adresse quelques applaudissements pour notre prestation en tribune. Ensuite, alors que la sécurité nous autorise à quitter le stade, des plateaux de verrines nous sont offerts en remerciement de notre comportement exemplaire. Le geste est aussi symbolique que salvateur. En effet, nos estomacs crient famine. Cela a surtout le don de détendre l'atmosphère et c'est dans la bonne humeur et en plaisantant avec la sécurité que nous regagnons nos pénates. Des supporteurs corses nous attendent à la sortie pour nous féliciter d'être venus encourager notre équipe et nous annoncent leur ferme intention de faire de même au match retour. En quittant le Stade Ange Casanova, toujours les mêmes klaxons pour nous saluer, des souvenirs pleins la tête mais surtout le regard déjà tourné vers le prochain match. Déjà décisif à la Meinau face à Vannes.

P***** de Toi.