Kanté, un géant à la récupération

Originaire des Hauts-de-Seine, Massiré Kanté choisit de débuter le football, contrairement à son grand frère Lamine, aujourd'hui basketteur professionnel à Poitiers (Pro B), chez lui, à Carrière-sur-Seine avant de partir au Vésinet. Il est alors repéré par le Racing, mais le Racing Club de France, club mythique, mais malheureusement englué dans les divisions amateurs. Le club est pourtant plutôt réputé dans la formation des jeunes, mais ne parvient que trop rarement à les conserver en son sein. C'est fut ainsi le cas pour Kanté, repéré par le club du Mans, installé en Ligue 1 et qui se construit tout doucement autour de la formation. Le grand milieu défensif débarque ainsi à l'été 2007 dans la Sarthe, et signe un contrat stagiaire dès le mois de novembre, alors qu'il s'est déjà bien installé au sein de l'équipe réserve, aux côtés de Mathieu Dossevi, Ludovic Baal et du jeune Sébastien Corchia. Le joueur boucle son premier exercice manceau avec un bilan intéressant de 21 matchs et un but marqué. La saison suivant débute sous les mêmes auspices, d'autant que le club s'est empressé de lui faire signer un contrat professionnel de trois saisons, une belle marque de confiance. Installé comme titulaire, Massiré Kanté ne manque qu'un seul match en début de saison en raison d'une expulsion. Malheureusement, durant l'automne, une série de blessure va enrayer sa belle progression.

Tout d'abord, une fracture d'une vertèbre le tient éloigné des terrains quelques mois. De retour, le joueur connait un nouveau gros pépin: « en allant à l’entraînement un matin au Mans, je me suis aperçu que mon poignet était enflé. J’ai donc consulté immédiatement le médecin du club. Les prises de sang ont détecté une polyarthrite rhumatisante. » Une maladie affectant les articulations, et qui le contraint à rester alité, sans pouvoir bouger. Un gros coup dur et surtout, un énorme coup d'arrêt dans une carrière naissante. Là où d'autres auraient renoncé, le grand franco-malien ne lâche pas, bien aidé par le médecin du club, Frédérik Taouss, qui le soutiendra durant cette période.

Après près d'un an loin des terrains, Kanté revient et réintègre progressivement l'équipe de CFA. La relégation du Mans en Ligue 2 lui offre la possibilité d'évoluer enfin en équipe première. Après une apparition sur le banc fin 2010, il obtient enfin ses premières minutes lors de la première journée de la saison 2011/2012, à Arles-Avignon. Une semaine plus tard, il est même titulaire à domicile contre Tours. Mais inexplicablement, il est renvoyé en CFA, l'entraîneur Arnaud Cormier ne semblant pas vraiment compter sur lui. Au mois de décembre, il réalise même un essai, concluant, à Brighton, en deuxième division anglaise. Mais le remplacement de Cormier par Denis Zanko, l'entraîneur de la réserve, change la donne. Le nouveau technicien lui accorde la même confiance qu'en équipe réserve et le géant lui rend bien: « il a ramené une nouvelle dynamique. A un moment, on s'est tous parlé droit dans les yeux. On a la chance que nous les joueurs de CFA, il nous connaît très bien. Il est très sympa et il donne envie de te battre pour lui. » Le Mans parvient finalement à arracher le maintien en fin de saison, avec un Kanté enchainant les titularisations.

La saison suivante se passe dans la continuité, le milieu défensif est un élément important des Sarthois, qui luttent pour éviter une descente qui serait fatale, avec 15 apparitions dont 12 titularisations. Malheureusement, le club terminent à la 18ème place et file tout droit vers le dépôt de bilan, malgré les effort désespérés du président Legarda. De son côté, Kanté obtient la résiliation de son contrat dès le mois de juillet, et cherche alors à rebondir, en multipliant les essais, au Paris FC, à Blackpool ou encore au Cercle Bruges, tout en s'entretenant avec le club de CFA2 de Sablé-sur-Sarthe. Au mois de décembre, le CA Bastia, promu en Ligue 2 qui lutte pour sa survie et cherche donc des joueurs « puissants et athlétiques » selon l'entraîneur Stéphane Rossi, fait appel à lui. Arrivé à court de forme, il débute toutefois en coupe de France, avec deux entrées en jeu. Mais au sein d'un effectif instable, où plus de trente joueurs sont utilisés, il ne trouve pas sa place et achève sa saison avec deux petites apparitions en L2 au mois d'avril.

Massiré Kanté, qui a fêté ses 25 ans, achève donc une saison difficile, marquée par le dépôt de bilan de son club formateur, cinq mois de chômage et un passage raté dans l'une des plus mauvaises équipes de l'histoire de la L2. Pourtant, Steve Marlet, le directeur sportif du Red Star, lui tend la main en lui proposant l'ambitieux projet de son club. D'emblée, le joueur s'impose comme un élément important du dispositif de Sébastien Robert, formant un duo très complémentaire à la récupération avec Florian Makhedjouf, permettant ainsi aux éléments offensifs du 4-2-3-1 audonien de s'exprimer pleinement. Parfois en concurrence avec l'ancien Cristolien Danilson Da Cruz, il réalise une saison bien remplie, avec 23 apparitions et 3 buts, tous inscrits dans le sprint final. Lors de la double confrontation face au Racing, il s'est à chaque fois illustré, par une déviation de la tête pour le but de Nicolas Belvito au match aller, et par une expulsion au match retour à la Meinau.

Sur le terrain, Kanté est un pur milieu défensif, aussi costaud que le laisse deviner son physique de déménageur (1,96m pour 85kg). Au Mans comme au Red Star, il évoluait au sein d'un duo à la récupération, le plus souvent dans un 4-2-3-1, et s'occupait plutôt des basses besognes. On pourrait donc croire à un profil de bourrin, mais selon Stéphane Rossi, son entraîneur à Bastia, il est un peu plus que cela: « il a des qualités techniques bien au-dessus de la moyenne. Lors de son premier jour d'essai nous avons fait un travail de cinq contre cinq et je suis resté scotché devant son aisance technique. Il récupère énormément de ballons grâce à sa puissance mais il profite également d'une très belle qualité de passe. ». Après le départ de Brian Amofa, le Racing a donc un second vrai récupérateur en plus de Jérémy Grimm, offrant à Jacky Duguépéroux une solution supplémentaire pour apporter de l'impact physique au milieu, un élément important pour s'extirper du National.

Citations extraites du Parisien, Ouest France et Corse Matin