Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Et si Dominique Dropsy avait joué la Coupe du Monde 1982 ?

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Souvenir/anecdote
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Par conan
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Mai 1982. Michel Hidalgo annonce les 22 joueurs qui iront en Espagne. Dominique Dropsy est le seul Strasbourgeois.

La guerre des goals n’aura pas lieu.

L’un des choix les plus difficiles du sélectionneur aura été celui du gardien de but. Le poste semble ouvert car personne ne semble véritablement s’imposer. Durant les éliminatoires, Dropsy a payé très cher la frappe de mule de Muhren lors de la défaite face aux Pays-Bas. Mais à Dublin, c’est Jean Castaneda qui a craqué. Dominique Baratelli quand à lui, semble rechigner à l’idée de ne pas être le numéro un indiscutable. Cette frilosité, exprimée avec un peu trop de véhémence dans la presse, lui est fatale au moment du choix. Jean-Luc Ettori qui sera donc le numéro trois, le Monégasque se contentera d’un rôle d’animateur de vestiaire. Sauf catastrophe et hécatombe, il ne jouera pas, mais sa présence dans les 22 suffit à son bonheur. L’Equipe salue la logique implacable de ces choix du sélectionneur.

Un premier tour dans la sueur.

A la surprise de la presse nationale, Dropsy est préféré à Castaneda pour affronter l’Angleterre. Il est en effet jugé plus costaud pour résister aux assauts des rudes Anglais. Dans la chaleur étouffante de Bilbao, Dropsy montre la pertinence du choix de son sélectionneur dès les premières secondes de la rencontre en détournant en corner la frappe à bout portant de Robson. Soler ouvre le score pour la France peu avant la demi-heure de jeu, contre le cours du jeu il faut bien le dire… Les équipes rentrent dans les vestiaires de San Mamès sur le score, flatteur pour nos bleus, de 1-0.

La deuxième période est abordée avec encore plus de détermination par les Anglais, la France est acculée mais ne craque pas. Dropsy, impérial dans la bataille aérienne, écœure au fil des minutes Robson, Wilkins, Rix et Mariner. Les bleus l’emportent 1-0 aux termes d’un match héroïque. La presse internationale salue le réalisme et le cœur de cette équipe de France. L’Angleterre est en revanche descendue en flamme par la presse locale qui titre « The end of the World ». Dominique Dropsy est comparé à la ligne Maginot imprenable de cette équipe de France.

Poussive dans le jeu, la France se qualifie pour le second tour après une victoire facile contre le Koweit 4-1, ponctuée par l’épisode tragicomique du Cheikh envahissant la pelouse pour annuler un but, et un 1-1 contre la Tchécoslovaquie qui aurait pu se terminer en défaite sans le sauvetage sur sa ligne de Amoros à la dernière minute. La France termine première de son groupe. Pas forcément une bonne affaire, car elle devra affronter la RFA puis l’Espagne chez elle lors du second tour. L’Angleterre deuxième est reversée dans un groupe plus simple avec l’Autriche et l’Irlande du Nord.

La France dans la cours des grands.

Lors de son premier match du second tour, la France est opposée à la RFA championne d’Europe. Un adversaire craint par les supporters Français tant le souvenir de la déroute de Hanovre deux ans auparavant (défaite 4-1) est vivace. De plus, Platini, blessé, ne joue pas. De leurs côtés, les Allemands ne sont pas aux mieux suite à leur défaite surprise face à l’Algérie. Il faut dire que le match arrangé contre l’Autriche pour éliminer l’Algérie n’a pas arrangé leur cote de popularité.

Santiago Bernabeu prend fait et cause pour les Français. Mais le match est mauvais, ennuyeux, sans saveur. La France, craintive, se contente de gérer une RFA incapable de résoudre l’équation posée par ces fins techniciens privés de leur chef d’orchestre. Dropsy s’interpose avec autorité sur les très rares incursions Germaniques. En fin de match, la France manque de marquer le but vainqueur mais Schumacher s’interpose proprement lors de son face à face avec Battiston. Ce sera d’ailleurs la seule image qui restera de cette rencontre insipide : Un Schumacher très fair-play qui aide un Patrick Battiston perclus de crampes à se relever.

Pour l’anecdote, ce match est le point de départ de l’impuissance Allemande face à la France. Ni en demi-finale de la Coupe du Monde 1986, ni en finale de l’Euro 1996, ni en quart de finale de la Coupe du Monde 2014, l’Allemagne sera en mesure d’enrayer la marche triomphale du futur champion. Ce qui fera dire à Franz Beckenbauer ce trait d’esprit célèbre : « Le football est un jeu qui se joue à 11 et ou la France gagne toujours à la fin. »

Victorieuse de l’Espagne 2-1, la RFA doit attendre l’issue de Espagne-France pour connaitre son destin. L’équation est simple, pour se qualifier, la France doit battre l’Espagne par plus d’un but d’écart pour atteindre le stade des demi-finales. C’est chose faite avec beaucoup d’autorité et un Alain Giresse des grands soirs. La France mène 2-0 à Madrid au bout de 25 minutes de jeu, Michel Platini marque sur coup franc à l’heure de jeu. Pour la gloire, Dominique Dropsy arrête même un pénalty en fin de match, dans un Santiago Bernabeu déserté suite à l’échec cuisant de son équipe. La France est en demi-finale et plonge l’Espagne et la RFA dans une crise dont ils ne se sont jamais sortis aujourd’hui encore.

La légende de Séville

La France retrouve l’Angleterre qui s’est requinquée suite à ses succès convainquant face à l’Autriche et l’Irlande du Nord. La presse Anglaise est déchainée et réclame la revanche éclatante de Bilbao. « Après les Falklands, on veut Trafalgar » titre le Sun.

Le match demeure inoubliable. Mariner ouvre le score en début de match, Platini égalise d’un penalty plein de sang-froid. La suite est une longue domination Anglaise. La défense de l’équipe de France est au bord de la rupture, mais les parades de Dropsy et la barre transversale à la 89e minute lui permet de décrocher la prolongation. Aux tout débuts de celle-ci, Robson marque d’une splendide reprise de volée. Trevor Francis, fraichement rentrée en jeu, marque quelques minutes plus tard. Les images de sa joie feront le tour du monde. « L’Angleterre est en finale de la Coupe du Monde » hurlent les commentateurs du monde entier.

C’est sans compter sur la rage de vaincre de Platini qui marque peu avant la pause le but de l’espoir avant que Dominique Rocheteau n’inscrive d’un retourné le but d’une égalisation inespérée. 3-3, il faut jouer les tirs-aux-buts pour la première fois de l’histoire de la Coupe du Monde. Dominique Dropsy, comme possédé, repousse successivement les tentatives de Rix, Wilkins et Francis. Battiston, Six et Bossis font preuve d’un sang-froid impitoyable. Aux termes d’une rencontre de légende, la France est en finale de la Coupe du Monde. Toute l’équipe porte en triomphe son gardien Dominique Dropsy, et fait le tour de la pelouse du stade Sanchez Pizjuan, terre bénie du football Français.

Côté Anglais, c’est un mélange de stupéfaction et de colère. Les Britanniques stigmatisent le jeu dur de Gérard Janvion et dénoncent un arbitrage partial. Michel Platini met de l’huile sur le feu et déclare devant les caméras « nous avons vengés Jeanne d’Arc ». Des bagarres éclatent dès les Ferry entre Calais et Douvres. A Londres, on réclame le retrait de l’Angleterre de la CEE et la rupture des relations diplomatiques avec la France. François Mitterrand et Margareth Thatcher sont obligés de faire une déclaration conjointe pour signifier que ce n’est que du football.

Comme dans un rêve


La finale contre l’Italie est pendant une heure une furieuse bataille, Platini faisant l’objet d’un traitement tout particulier de la part des Italiens, histoire de lui donner un avant-gout de ce qu’il l’attend à la Juventus. Rien ne se passe avant la mi-temps, à l’exception notable d’un penalty pour l’Italie, tiré par Cabrini. Une nouvelle fois, Dropsy, le héros Français de cette Coupe du Monde, le détourne, permettant à la France d’aborder la mi-temps sur un score vierge.

La suite, tout le monde la connait. Battiston au sommet de sa forme inscrit un doublé des plus improbables. Et sur une offrande de Michel Platini, Jean Tigana crucifie Zoff pour la troisième fois et offre à la France la première des 5 étoiles de champions du monde qui orne aujourd’hui le maillot bleu. Les Champs Elysées sont en liesse. On scande et 1 et 2 et 3 zéro, Platini Président et une affiche géante à la gloire de Dominique Dropsy, « la ligne Maginot », couvre l’Arc de Triomphe…

Un héros en terre d’Alsace

Dominique Dropsy revient à Strasbourg en héros et le Racing est fier de compter dans ses rangs un champion du Monde. C’est tout à fait logiquement que son contrat sera prolongé et qu’il terminera sa carrière à la Meinau en 1990, à l’âge de 39 ans. Notre gardien est une star nationale, il est invité à l’émission Champs-Elysées de Michel Drucker, participe régulièrement à l’Académie des neufs. Ici-Paris lui prête même une liaison avec Isabelle Adjani, mais ce sera démenti avec la plus grande fermeté.

Au Racing, c’est un peu la morosité. 15e en championnat en 1983, 8e en 1984, 9e en 1985, le club ne termine qu’à une piteuse 11e place en 1986 et c’est à peine mieux en 1987 avec une 10e. place Pourtant, toutes ces saisons, Dropsy illumine Téléfoot de ses parades et joue un rôle décisif en Coupe de France. PSG, Toulouse et Alès sont éliminés. Bordeaux passe à la trappe en demi-finale, Dropsy est une fois de plus décisif dans l’épreuve des tirs-aux-buts. Le tout nouvel OM de Tapie est vaincu en finale 2-0. La Coupe de France revient en Alsace 21 ans après.

La campagne de Coupe des Coupes 87/88 reste gravée dans toutes les mémoires. Le Lokomotiv Leipzig, finaliste de l’édition précédente, est éliminé au premier tour. Hadjuk Split explose 4-0 à la Meinau. Si les modestes Finlandais de Rovaniemi donnent du fil à retordre au Racing en quart, la demi-finale contre l’Ajax d’Amsterdam rentre dans la légende. Vainqueur 1-0 à l’aller dans une Meinau en fusion, le Racing résiste 90 minutes à Amsterdam et arrache le 0-0 avec une fois de plus un Dropsy souverain.

Le Racing a l’honneur de jouer sa finale à domicile, au stade de la Meinau, considéré déjà à l’époque comme l’un des plus beaux d’Europe. Vainqueur 1-0 des surprenants Belges de Malines, Racing ramène à la France sa première Coupe d’Europe. Cinq Champions League rejoindront la galerie des trophées de la Meinau à partir de la fin des années 90.

Jusqu’à la fin, Dropsy participe à la construction de ce Racing qui aujourd’hui fait rêver l’Europe entière. En 1989, il est décisif lors du deuxième titre décroché par le club. Tout le monde garde en mémoire la performance de notre champion du monde au stade Vélodrome ou il a écœuré l’armada Marseillaise quasiment à lui tout seul.

Quelques mois avant de nous quitter, Dominique Dropsy partagera la joie des héros de Berlin qui ont triomphé 6-1 du Barcelone de Messi et Neymar. Ce Racing, dont il a été l’un des piliers de l’essor dans les années 80, a parfaitement négocié les virages de l’arrêt Bosman et du foot Business. La rigueur, le bon sens, le dynamisme et l’imagination de ses dirigeants Alsaciens constitue aujourd’hui un modèle pour toute l’Europe du football…

… et même si en fait, ça ne s’est malheureusement pas tout à fait passé comme ça, le bonhomme l’aurait quand même un peu mérité. Mais non, Hidalgo a préféré aligner Ettori en Espagne…

Salut l’artiste !

conan

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