Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Disparition de Georges Sesia

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Portrait
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Par strohteam
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Doyen des internationaux français (une sélection en 1948), l'inter droit de la belle équipe du Racing de 1955 s'est éteint la semaine dernière.

Né à Villerupt en 1924, Georges Sesia fut, un temps avant Roger Piantoni et bien avant Michel Platini, un précurseur de la belle lignée de footballeurs aux racines italiennes que la Lorraine a donné à l'équipe de France. Des hommes dont les parents étaient venus avant ou peu après la Première guerre mondiale extraire et exploiter le fer, et notamment à Villerupt qui leur doit l'essentiel de sa croissance démographique dans le premier tiers du XXème siècle - un certain Carlo Molinari y a également vu le jour neuf années plus tard. Il y a quatre ans le petit-fils, Julien Sesia, leur rendait d'ailleurs hommage dans un documentaire diffusé sur la station locale de France 3.

Georges Sesia débute chez les seniors au sein de l'équipe fédérale "Nancy-Lorraine", avec laquelle il remporte à 20 ans la coupe de France 1944 face à la sélection Reims-Champagne. La coupe est alors la seule compétition de haut niveau dans le football français, puisque Vichy a banni le professionnalisme et le championnat "National". Il enchaîne après guerre au FC Nancy - très lointain préfigurateurde l'actuelle ASNL - où il glane ses galons d'international en 1948 à l'occasion d'un match amical face à l'Ecosse, au côté notamment de la vedette de l'époque, Larbi Ben Barek, et de Roger Marche, longtemps recordman des sélections en Bleu. L'équipe de France est alors coincée entre deux générations. Les joueurs de la solide équipe d'avant-guerre n'ont au mieux fait qu'un bref rappel après 1945, à l'image d'Oscar Heisserer, et leurs remplaçants ont vu leur début de carrière largement perturbé par le conflit mondial. C'est aussi une époque où l'on ressent le besoin d'élargir le recrutement, alors que dans les années 1930 la sélection était surtout un florilège très gaulois des places fortes du championnat : RC Paris, Sochaux, Marseille, Sète, Lille... voire Strasbourg les bonnes années. On multiplie donc les essais au profit de profils plus diversifiés, mais pour Sesia il sera sans lendemain.

Georges Sesia rejoint la même année 1948 l'équipe première du club formé par l'éphémère fusion du Stade Français et du Red Star. Il s'agit là de l'une des multiples bizarreries du football francilien de l'époque, qui débouchera sur un échec dès 1950 à l'image de bien des futurs projets du même type. Dans le partage des meubles, Sesia atterrit au Stade français, mais le club est relégué dès 1951 et le joueur passe donc à Roubaix-Tourcoing, où le Racing fraîchement relégué vient le chercher en 1952.

Le recrutement de Sesia, moyennant 3M de francs et Emile Vrand, correspond à un vrai coup d'éclat pour le tout nouveau comité Scheuer. Il sera accompagné de pas moins de trois autres internationaux, Roger Quenolle, Désir Carré et Henri Baillot, ainsi que de l'entraîneur Pépi Humpal. Il faut dire que la relégation, la toute première de l’histoire du club, a été vécue comme un vrai séisme, un an à peine après le triomphe en coupe de France.

Avec son équipe, probablement plus forte que celle de la saison précédente en D1, Strasbourg remonte illico mais non sans mal, contraint de passer par des barrages contre Rennes. La saison suivante est honorable, marque la stabilisation dans l'élite et permet de ce fait le transfert de la star autrichienne Ernst Stojaspal. Soixante ans plus tard, on peine à réaliser ce que pouvait signifier l'arrivée du maître à jouer d'une sélection troisième du récent Mondial au sein d'une équipe française de milieu de tableau. A titre de bancale comparaison, c'est comme si Robin Van Persie ou Arjen Robben avait signé à Rennes ou Toulouse en 2014. Une perspective évidemment inconcevable dans le football contemporain mais possible à l'époque. Le Racing réalise une saison 1954/1955 de feu mais vierge en terme de palmarès, l'équipe s'étant sans doute épuisée à courser deux lièvres à la fois : demi-finaliste de la coupe de France et finalement quatrième du championnat en terminant la saison par cinq matches sans victoire.

Au cours de ces trois années, Georges Sésia est un titulaire indiscutable à son poste d'inter droit - soit le grossier équivalent d'un milieu offensif de nos jours. Il se montre très efficace, notamment lors des matches décisifs. On le retrouve par exemple buteur lors de cette victoire à l'extérieur à Reims ou en coupe contre Sochaux. Il est le très bon pendant de Stojaspal, qui évolue inter gauche.

Malheureusement, cette belle équipe sera démantelée dès l'été 1955. Peut-être encouragés par l'émergence du jeune Lucien Muller, les dirigeants choisissent de se passer de Georges Sesia, qui rejoint en D2 l'ambitieuse équipe de Béziers, où il poursuit deux saisons durant la collaboration avec Pépi Humpal.

Après sa carrière de joueur, l'homme est impliqué également dans la naissance du FC Toul. Selon plusieurs échos, il était, à 91 ans, le doyen des internationaux français. Le Racing lui rendra hommage le 3 juin à l'occasion du dernier match de la saison. On espère que le club sera en transit vers la D2, situation où Sesia l'avait trouvé 64 ans plus tôt.

strohteam

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Stammtisch
  • guigues hopla
  • clutch Les autres, comme nous, font des passages dans cette zone et ils ressortent
  • clutch Lens est effectivement le seul « nouveau » club qui réussit à s’installer durablement dans le top 8
  • iron-foot67 Et encore ils peuvent aussi faire une saison blanche cette année
  • iron-foot67 Les seuls qui ont plus ou moins réussi après une saison extra est Lens
  • iron-foot67 Comme la saison dernière avec la saison de Lorient et Clermont il aurait fallu prendre exemple ils disaient
  • bleu2bleu Bravo a Brest
  • tenseur Ça va être dur pour Brest l'année prochaine. Mais incroyable Brest, bravo à eux
  • chrisneudorf Comme nous il y a 2 saisons!On verra sur la durée et surtout saison prochaine avec Coupe d'Europe
  • chris3fr Le changement de dimension, c’est pour Brest
  • iron-foot67 L'équipe 2 par contre est officiellement relégué avec les résultats de hier
  • lafoudre2 Aucun bon pronostic pour la dernière journée, une première pour moi
  • tenseur Ça ne passera pas chaque année
  • tenseur Notre maintien très probable tiens du miracle, tant le niveau du racing à été souvent décevant
  • titof67 Un joueur à 24 ans voir 26 peux déjà aider mais pas que des jeunes de 19 ans
  • takl +1000 pour le patriarcat
  • takl je vous laisse deviner à quel niveau je place l'instinct
  • takl si déjà on fait les trucs sans réfléchir, autant se laisser guider par l'instinct.
  • takl J'espère qu'on fera surtout avec ni tête
  • takl :)

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