Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Dans le rétro : mai 1987

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5.0 / 5 (4 notes)
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Souvenir/anecdote
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Par kitl
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Dernier mois de compétition pour le Racing, qui connaît enfin le nom de son futur entraîneur. Les premières recrues sont annoncées, qui auront pour mission de renforcer une équipe bancale, dont on retiendra davantage le neuvième rang en championnat que le parcours honorable en Coupe de France.

Résumé de l’épisode précédent : Enfin un peu de soleil dans une saison aussi grise que la façade du Printemps. Le Racing s’est offert le scalp du PSG en Coupe de France, avant de prendre une option pour la qualification en quarts face à Toulouse. Place au retour au Stadium…

Ce jour de fête du travail, Strasbourg accueille les Bretons de Quimper, pour un match sans enjeu autre que les débuts de José Cobos, qui n’est alors que le frère de Vincent, et le retour entre les bois de Philippe Schuth, Flucklinger souffrant de la main. Comme deux semaines auparavant face au TFC, Peter Reichert manque un penalty et laisse Viala puis le vétéran algérien Tlemçani porter les Finistériens vers la victoire 0-2). Interrogé sur ce Racing aux deux visages, le capitaine Rémy Vogel, futur Monégasque, reconnaît sans ambages que l’équipe bouclera le championnat « en roue libre » et misera tout sur la Coupe.

Mais ce 2 mai 1987, une autre information fait la manchette des Dernières Nouvelles d’Alsace : « Le meurtrier de deux enfants à Metz : un jeune déséquilibré ». On peut lire dans les pages faits divers qu’un apprenti cuisinier de 16 ans venait de passer aux aveux, à l’issue de trente heures d’interrogatoire.
Le lendemain, on apprenait que Yolanda Gigliotti – rien à voir avec David – avait choisi de mourir sur scène.

Arrive le huitième de finale retour à Toulouse, que les possesseurs de décodeur Canal+ pourront voir en différé à 22h30. Strasbourg s’est imposé d’une courte tête au match aller (2-1) et demeure ce faisant à la portée du troisième du championnat, qui élimina le Napoli de Maradona en début de saison. Les coéquipiers de Jean-Jacques Marx, de retour dans le onze, sont au surplus invaincu au Stadium depuis le 11 octobre 1985, soit trente matchs.
Gérald Passi ouvre le score dès la 10ème minute, puis Assadourian enfonce le clou au retour des vestiaires. Mais Serge Jenner, qui n’a rien perdu de ses talents d’ailier droit, puis Marc Andrieux de la tête et enfin Reichert permettent au RCS de renverser la vapeur ! Il s’agit certainement d’un des plus grands exploits de ces cinq dernières saisons, particulièrement notable en ces temps noirs pour le club. Ce succès 3-2) arraché avec les tripes regonfle en outre le moral de Daniel Hechter, lequel n’a pas voulu commenter la rumeur Kasperczak annoncée par la presse régionale. Le président a en revanche bien voulu confirmer que les finances du Racing allaient être au cœur d’un prochain conseil municipal. On évoque un prêt de 28 millions de francs pour finir la saison…

En ce printemps 1987, la municipalité est déjà confrontée à d’autres soucis : les travaux de voirie s’accumulent, la circulation est impossible au centre-ville. Ajoutez à cela la grève de la CTS, il n’en faut pas plus pour que Robert Grossmann rue dans les brancards. De même, un projet de réduction du nombre de places de stationnement place du Marché-Neuf, à l’arrière du Suma de la rue des Grandes-Arcades, semble mécontenter commerçants et clients. « On n’a pas fini de parler du stationnement à Strasbourg » écrivent, prophétiques, les DNA. De son côté, Marcel Rudloff se veut rassurant et ouvre le parking Austerlitz.

Après une escapade vendéenne guère palpitante (0-0), qui marquera la dernière apparition de Philippe Schuth sous les couleurs du RCS, se préfigure un match piège en Coupe. Dès le tirage au sort, les joueurs avait affiché une certaine gêne, affirmant qu’ils auraient préféré un « gros ». A l’aise devant le PSG et Toulouse, les hommes de Robert Herbin ont sué sang et eau toute la saison face aux galériens de deuxième division. Ils retrouvent un sans grade, Alès, son petit stade Pierre-Pibarot et d’avance on convoque le souvenir de 1979, lorsqu’Auxerre avait privé l’Alsace entière et le Racing triomphant d’un voyage à Paris. La guigne vient se mêler à la superstition, Rémy Vogel devant déclarer forfait, remplacé au marquage du buteur local, Didier Monczuk, par Andrieux.

Comme l’appréhendaient une bonne partie des suiveurs, le Racing ne fait pas le poids dans le Gard et s’incline (2-0). Il faudra montrer un visage beaucoup plus audacieux la semaine d’après. En guise de contrefeu, dès le lendemain, la direction confirme enfin la venue sur le banc d’Henryk Kasperczak, qui devrait être accompagné du Monégasque Liegeon, de l’ailier Lemonnier, du défenseur stéphanois Ferri – finalement retenu par Herbin – et de Léonard Specht. Avec Cyriaque Didaux, annoncé un peu plus tard, sont fixés les contours d’une équipe plus expérimentée, qui n’aura d’autre ambition que la D1.

Dans l’actualité politique, à un an de la présidentielle de 1988, quelques candidats sont déjà en campagne : Jean-Marie Le Pen, que les propos sur le SIDA placent au centre du débat pour plusieurs semaines, Antoine Waechter pour les écologistes et enfin André Lajoinie pour le PCF. Autre « feuilleton », celui du procès Barbie, intégralement filmé (pour les générations futures, l’audience n’est pas retransmise à la télévision) mais tributaire de la volonté de l’accusé de se rendre ou non au palais de justice : le procès sera ainsi suspendu durant une semaine. Enfin, les mines de potasse d’Alsace, qui emploient 4800 salariés, sont secouées par un important mouvement de grève.

Le 16 mai, la venue du champion niortais pour le dernier rendez-vous en championnat ne suffit pas à secouer le public. Normal, toutes les pensées sont tournées vers le match d’Alès trois jours plus tard. Tout juste note-t-on la présence dans les gradins d’Uli Hoeness, venu observer Abedi Pelé pour le Bayern.

Pour ce quart de finale retour, décrit comme « le match de l’année », les licenciés de moins de 16 ans sont invités, comme les équipes de handball et de rugby du RCS, toutes deux titrées et venues insuffler la culture de la gagne à une équipe qui en manque singulièrement. Sous la pluie, en dépit d’une implication sans faille des onze Alsaciens qui auront fait le siège du but gardois durant tout le match, les 17 000 spectateurs se rendent à l’évidence : ce 1-0 signé Mazerand restera insuffisant.
Il est temps pour Simon et Barraja de raser leur barbe « à la nantaise ». Robert Herbin tire sa révérence sur cette élimination peu glorieuse, mais laisse une équipe en bien meilleur état qu’il ne l’avait trouvée en septembre, avec un nouveau portier, un libéro serein et une ribambelles de milieux de terrain prometteurs et aguerris, les Rolling, Cobos, Andrieux ou Niesser, sur lesquels devrait pouvoir s’appuyer son successeur polonais.

Rideau sur cette saison, qui restera longtemps comme « la plus mauvaise de l’histoire du Racing ». Des ambitions estivales présomptueuses, certes plombées par le climat de putsch ambiant, à une phase retour vécue dans l’indifférence et l’abattement, cette saison 1986-87 du RC Strasbourg fut un interminable calvaire: on ne peut que souscrire au jugement lapidaire des Dernières Nouvelles d’Alsace.

Encore faut-il la boucler, la solder, financièrement parlant. Pour ce faire, le Racing est à l’ordre du jour du conseil municipal de Strasbourg du 25 mai. La majorité Rudloff fait bloc, mais on sent poindre des craquèlements, tandis qu’André Bord essaie de se faire tout petit. Avant d’approuver ce prêt de deux fois 14 millions de francs, certains conseillers municipaux ne manquent pas de rappeler les engagements d’Hechter non tenus jusqu’à présent, tels ces cautionnements promis à l’automne qui n’ont semble-t-il pas passé le stade des promesses. Prenant la parole en conclusion du débat, Marcel Rudloff souhaite aider le club et surtout éviter que la Meinau, flambant neuve, soit inoccupée. Il propose d’affecter les recettes de billetterie, au-delà d’un certain niveau, au remboursement du prêt.
Mais pour que cette idée tienne la route, il faudra que l’affluence décolle sacrément. Engagement de l’équipe Hechter, le recrutement de têtes d’affiches devrait participer à reconquérir le public alsacien. Fin mai, outre les recrues déjà annoncées, le Racing confirme être sur la piste de Stéphane Plancque, mais panique à l’idée de devoir tirer un trait sur sa possible tête de gondole, Léonard Specht


Article réalisé à partir des archives des Dernières Nouvelles d'Alsace, consultables à la médiathèque André Malraux.

kitl

Commentaires (4)

Flux RSS 4 messages · Premier message par cernay68 · Dernier message par spiterman67

  • Merci pour cette suite de ta série d'articles 'historiques' sur le Racing ! (+)
  • Sympa. C'est pile poil la période de découverte du racing.pour moi.
    Que de souvenirs.
  • Remarquable, comme d'habitude. Les souvenirs Racing et d'actualités se mêlent et réveillent la mémoire! (mention à la mémorable réunion du conseil municipal qui fit preuve d'intelligence -sinon c'était la DH, ex CFA2. 20 ans de sursis... )
  • Bravo ! Superbe article sur le printemps de mes 20 ans. Le climat de l"époque est parfaitement retranscrit. Que de souvenirs avec une période pleine de promesses qui s'ouvre au racing. Comme souvent, promesses qui deboucheront sur beaucoup de désillusions et de déceptions...

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