L'adversaire : Dijon

Club relativement récent dans sa forme actuelle, puisque né en 1998, le Dijon Football Côte d’Or, ou DFCO pour les intimes, a longtemps été un club stable de deuxième division, depuis sa montée à cet échelon en 2004 sous la houlette de Rudi Garcia. Malgré le relatif désintérêt du public dijonnais pour son équipe locale, le président Gnecchi parvient à construire un édifice relativement solide, en s’appuyant notamment sur une politique de recrutement alors assez inédite, celle de la post-formation et de la détection dans les divisions inférieures. C’est Sébastien Larcier, un ancien joueur arrivé dans les valises de Garcia, qui en a la responsabilité. Celui-ci a su peu à peu développer un réseau fiable du National à la DH pour repérer les joueurs à la relance après un échec en centre de formation ou bien au parcours plus cabossé encore. Les exemples sont nombreux, de Benjamin Corgnet à Baptiste Reynet, en passant par Eric Bauthéac, ou encore Pierre Lees-Melou et Loïs Diony pour les plus récents. Un succès qui permet aujourd’hui au DFCO d’être une référence en la matière, comme l’indique Larcier : « on tourne sur les championnats et les gens s’aperçoivent de la crédibilité du projet. On a amené beaucoup de joueurs de CFA au niveau L2, ça nous a donné de la crédibilité, ce qui fait qu’on est sollicités maintenant. Avant, on roulait beaucoup pour avoir l’info. Maintenant, l’info nous arrive et on roule pour la valider. Ça nous fait gagner du temps. » La montée en L1 à l’été 2016, et l’augmentation du budget, a tout de même élargi l’horizon des recruteurs bourguignons, qui ont tenté des paris plus exotiques comme le Suisse Vincent Rüfli, le Hongrois Adam Lang et le Sud-Coréen Kwon Chang-hoon, qui, après une période d’adaptation, commence à bien s’installer dans le onze.

Outre le développement de son staff sportif, le DFCO a mis l’accent sur le renforcement de ses infrastructures. Véritable priorité du président Delcourt, arrivé en 2012, le centre de formation sort de terre à l’été 2013, à proximité du site des Poussots, où s’entraînent les professionnels. L’agrément de la FFF est obtenu en 2014 et dès lors, Dijon se voit en concurrent de son rival régional, Auxerre, sur le plan du recrutement des jeunes joueurs, concluant des accords avec des clubs de Côte d’Or ou du Jura notamment. L’autre volet du développement des infrastructures est évidemment la rénovation du stade. En 2007, la municipalité valide le projet de construction sur site d’un nouveau stade, en remplacement du très vétuste Gaston Gérard et ses virages en béton. Une enceinte entièrement fermée, d’une capacité totale de 20 000 places (« le plus grand stade de Bourgogne » comme indiquaient les affiches d’alors), qui est prévue à l’horizon 2010. Mais quelques soubresauts, tant politiques qu’économiques, font que seules deux tribunes, celles derrières les buts, sont livrées. Il faut attendre 2014 pour que les élus du Grand Dijon valident la poursuite des travaux, sur un plan réalisé par un nouveau cabinet d’architectes, et en premier lieu la construction de la tribune est. Inauguré il y a quelques semaines, elle permet de porter la capacité du stade à 18 000 places.

Sur le terrain, Dijon entame sa troisième saison en première division, la seconde consécutive. Le club a su tirer profit de son expérience compliquée en 2011/2012, et est parvenu à accrocher le maintien la saison dernière, malgré un budget limité. La recette de ce succès, encore une fois la stabilité, avec l’entraîneur Olivier Dall’Oglio, arrivé en 2012, avec un plan de jeu précis, qui perdure dans le temps. Ainsi, plutôt que de chercher à bétonner, le DFCO tente de développer un jeu tourné vers l’avant, n’hésitant pas à aligner deux attaquants (le duo Tavares-Diony a ainsi fait des merveilles la saison dernière). Le recrutement de cette saison a bien ciblé les points faibles, notamment la défense, qui a été renouvelée en grande partie. Si Wesley Lautoa a rapidement été écarté sur blessure, Papy Djilobodji et Cédric Yambéré forment une charnière très solide et physique, quoiqu’un peu lente, tandis que le jeune Valentin Rosier, arrivé en provenance de Rodez (encore un coup de Sébastien Larcier), fait figure de révélation de ce début de saison. Au milieu, le club à la chouette a réalisé un joli coup dans les dernières heures du mercato estival en enregistrant le prêt du Portugais Xeka, en provenance de Lille. Le récupérateur s’est d’ailleurs montré très à son avantage à Lyon, d’où son équipe a ramené le match nul (3-3). Autre homme fort du milieu, et autre ancien Lillois, Naïm Sliti semble enfin en mesure de montrer tout l’étendue de son potentiel, entrevu notamment au Red Star. Offensivement, le DFCO semble toutefois avoir encore un peu de mal dans la finition, les attaquants recrutés (Saïd, Jeannot) n’ayant pas encore tout à fait pris leurs marques et Julio Tavares étant actuellement blessés.

Le DFCO présente un effectif plutôt cohérent, qui semble suffisant pour affronter la lutte pour le maintien. Les résultats enregistrés jusqu’à présent (une victoire, deux nuls, quatre défaites) le placent juste au-dessus de la zone rouge. Toutefois, à l’exception de la déroute à domicile face à Monaco et à un Falcao de gala, on observe une vraie progression dans le jeu de l’équipe.