Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Dans le rétro : août 1988

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Souvenir/anecdote
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Par kitl
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Bossis taclé par Jean-Pierre Bade

Visage timoré à l’extérieur et difficultés à marquer dans le jeu : ce Racing promu présente un certain nombre de carences. Rien de rédhibitoire, la situation n’est pas aussi désespérée que celle d’Eric Cantona, nouvel ennemi public numéro 1 du football français, coupable d’un dérapage verbal dans les entrailles de la Meinau venu soudainement sortir ce mois d’août de l’assoupissement…

Résumé de l’épisode précédent : Après le coup de massue encaissé d’emblée devant Sochaux (0-3), le Racing s’est bien repris en allant chercher le 0-0 à Geoffroy-Guichard puis en battant Nice (3-0). La défaite en fin de match à Montpellier donne une coloration un peu plus terne à ce bilan quelconque, qui ne demande à s’améliorer avec les premiers pas attendus de Pita

Quatre points en quatre matchs, cela place le Racing au douzième rang. Loin de Sochaux, leader avec sept points en compagnie de ces brigands de Toulonnais, mais largement devant l’autre promu, le SM Caen, scotché à la dernière place avec quatre revers.
Henryk Kasperczak fut contraint de modifier sa charnière centrale à la Mosson, avec les pépins physiques de Specht et Gillot. C’est au tour de Patrice Ferri de faire défection face au Matra Racing, le gaucher étant déjà suspendu pour avoir écopé de deux cartons jaunes, en vertu du nouveau règlement. Nouvelle tuile, on apprend que Peter Reichert souffre d’une légère tendinite au pied. Heureusement Specht et surtout Pita, attendu comme « le Francescoli du RCS », font leur rentrée.

Côté parisien, Luis Fernandez et Aziz Bouderbala sont écartés. Le Matra demeure plongé dans un profond marasme, entre résultats en berne, soutien populaire inexistant et greffe ratée d’une certaine culture d’entreprise dans le football. Reste que le club de Jean-Luc Lagardère, toujours conseillé par René Hauss, conserve les bonnes grâces des personnalités influentes du foot français, de Jean Sadoul à Daniel Hechter, qui voit dans ce club un modèle à suivre.
Devant un peu moins de 10.000 spectateurs, Francescoli ouvre le score d’une frappe des 20 mètres en pleine lucarne. Action de classe du meilleur joueur étranger de Division 1. Les gris d’un soir réagissent juste avant la pause : coup-franc lifté de Plancque, reprise de la tête d’Andrieux sur la transversale, Mège est le plus opportuniste. Bernard Casoni blesse ensuite Péron au visage sur une intervention mal maîtrisée. Carton rouge sorti par M. Sculfort et huit points de suture pour l’ex-Dunkerquois.
Comme la semaine précédente, le RCS cède finalement en fin de match, sur une frappe croisée du plus juvénile chauve de France, Philippe Anziani (2-1). Rageant !

Forcément scruté pour sa première en match officiel, Pita est à créditer d’une prestation quelconque. On apprend que le Brésilien n’était de toute façon pas encore qualifié pour le premier mois de compétition et qu’il serait susceptible d’être appelé en sélection brésilienne pour les JO de Séoul fin septembre…
En attendant, la star reçoit les DNA dans son pavillon de Lipsheim, à la veille d’un rendez-vous crucial face au RC Lens. Sa fracture de fatigue est à présent de l’histoire ancienne, il a pu se refaire la cerise avec les stagiaires d’Albert Gemmrich. Pita a sympathisé avec Patrick Spielmann, membre de comité de gestion, et Jean-Jacques Etamé dont la fiancée est d’origine portugaise. Enfin, il est devenu en quelques semaines un grand adepte des fleischkechle.

Toutes ces informations essentielles ne sauraient nous éloigner de l’enjeu du weekend : prendre les trois points face à Lens. Ce sera chose acquise au bout d’un match « échevelé », selon le mot de Jean-Pierre Meyer. Strasbourg confirme son adresse sur coups de pied arrêtés, avec deux buts photocopiés : corner de Fabrice Mège repris au premier poteau, d’abord par Reichert puis par Sattler.
Pita y va ensuite son premier coup-franc, avant que Reichert ne close la marque d’un solo tout en punch. Le Racing ciel et blanc s’impose 4-1. La cinquantaine de supporters sang et or, qui avaient fait le déplacement munis de leurs oriflammes et autres lampes de mineurs peuvent se faire du mouron…

L’inévitable marronnier estival des drames de la route pousse Georges Sarre, chargé des transports au sein du gouvernement Rocard, à annoncer un doublement du budget consacré à la sécurité routière. Le morbide feuilleton de la disparition de la comédienne Pauline Lafont tient en haleine les estivants qui auront gagné leur lieu de villégiature sans encombre. La trêve aoutienne est parfaitement respectée, il faut dire que la classe politique a bien mérité un peu de repos après une séquence électorale à rallonge.

Nouveau test en déplacement pour Strasbourg, qui court toujours après les points perdus en juillet face au FCSM : il faut rapporter quelque chose de Laval. La troupe de Michel Le Milinaire, plus petit budget du championnat, n’en finit pas de se faire piller à chaque intersaison.
Pita a beau multiplier les tentatives, Pascal Rousseau veille au grain et bénéficie même de l’aide du poteau sur une reprise de Reichert. Monté de sa position d’arrière-droit, Yvon Pouliquen ajuste Flucklinger et consacre la colère de Kasperczak, remonté contre le manque de réalisme de son équipe.

Le technicien polonais récupère ses latéraux pour la venue de l’OM et fera confiance pour la première fois de la saison à Cyriaque Didaux, un de ses hommes de base en D2. C’est la première fois que Marseille débarque à la Meinau depuis l’arrivée de Bernard Tapie. Le Racing a tenté d’appâter l’assistance avec une possibilité de coupler l’achat de billets pour Lens et Marseille à des tarifs préférentiels, mais rien n’y fait : le public alsacien demeure sceptique et seulement 18.200 personnes seront recensées.

L’affiche a valeur de test pour Eric Cantona, transféré d’Auxerre pour 22 millions de francs et auteur d’un début de saison délicat. Sifflé par une partie du public marseillais et bouc-émissaire avec Gérard Banide des premiers résultats poussifs, il vient à peine d’inscrire son premier but et n’a donc logiquement pas été sélectionné par Henri Michel pour la rencontre amicale contre la Tchécoslovaquie le 24 août.
Cantona sera à créditer de plusieurs actions d’éclat : il sert Papin pour l’ouverture du score et réalise surtout une action de grande classe sur le 1-3. Servi dos au but, il se débarrasse facilement de Léonard Specht avant de battre Flucklinger d’une frappe chirurgicale à ras de terre. Mais c’est surtout son missile adressé dans les couloirs de la Meinau après le match que l’on retiendra : « Je lisais un truc de Mickey Rourke, puisque c’est un gars que j’adore, qui disait que celui qui s’occupait des Oscars, à Hollywood là, était un sac à merde (pause). Je pense qu’Henri Michel n’en est pas loin. »

Côté Racing, rien d’aussi fracassant mais tout de même un glissement dangereux vers la zone rouge. Et toujours cette dépendance vis-à-vis des phases arrêtées : les deux buts sont venus d’un coup-franc indirect de Ferri puis d’un corner de Pita, tous deux repris de la tête. Les Strasbourgeois sont effectivement les rois des airs, mais souffrent terriblement dans le jeu, manquant souvent de souffle en fin de match.

C’est le moment pour Daniel Hechter de prendre la parole. Le président s’en tient au rythme d’une grande intervention médiatique par trimestre. Son propos demeure dans le droit fil des précédents entretiens : confiance en l’avenir et vision à long terme assez abstraite mais qui sonne bien.
Morceaux choisis : « Cette année, notre objectif est le maintien. Que nous devrions d’ailleurs obtenir sans trop de problème. » Ou bien : « En deux saisons, nous avons tout changé. Et nous mettons en place, étape par étape, l’effectif qui doit nous permettre de créer le véritable fond de jeu Racing. » (en effet, Vincent Cobos, Andrieux et Reichert sont les derniers vestiges de l’éphémère ère Vuillaume de l’été 1986).
« Le véritable fond de jeu Racing », qu’est-ce à dire ? Davantage qu’un style de jeu précis, Hechter évoque certainement l’habitude de jouer ensemble, de parfaire les automatismes, le tout avec des éléments de qualité supérieure chaque saison. Et de prendre l’exemple de Bordeaux, futur adversaire des Ciel et Blancs.

Eric Cantona, devancé par Xuereb et Paille et laissé à la disposition des Espoirs, aura beau s’excuser, il est suspendu jusqu’à nouvel ordre. L’Equipe de France, en chute libre depuis le Mexique mais toujours invaincue en 1988, entend préparer la campagne de qualifications pour la Coupe du monde 1990 qui débutera le mois suivant face à la Norvège. Le chantier est immense. Seuls Joël Bats et Manuel Amoros comptent plus de dix sélections. Henri Michel multiplie les essais face aux Tchécolovaques : si la présence de Franck Sauzée était attendue, celle de Jacky Paillard, troisième Toulousain appelé aux côtés de Despeyroux et Passi, est plus surprenante. Un autre débutant, Bernard Pardo, remplace finalement Ferreri, forfait.
Pas gâté niveau spectacle par le Matra et le PSG, le Parc des Princes est aussi nostalgique des années Platini. A peine 17.000 personnes le garnissent pour un triste résultat nul (1-1). Même la télévision se désintéresse de la sélection et n’a pas souhaité diffuser le match…

Le RCS part sans grande illusion en Gironde, privé de Léonard Specht suspendu – mais est-ce vraiment un handicap, tant le capitaine commence à faire son âge ? Un doublé de Clive Allen, qui aurait pu s’offrir le triplé si Flucklinger n’avait pas détourné un penalty à 0-0.
Strasbourg est dix-septième avec sept points, Lens et Caen en sont à six et Saint-Etienne, surprenant dernier, ne compte que quatre points en neuf journées. Succès impératif contre Cannes le 3 septembre…

Article réalisé à partir des archives des Dernières Nouvelles d'Alsace, consultables à la médiathèque André Malraux ou au Musée historique de Haguenau.

kitl

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  • lamazonienbleu Les Messins vont passer une très belle soirée
  • lamazonienbleu Et on se fait une bataille de fumis à la fin pour le dernier dv dans la Meinau historique !
  • lamazonienbleu Tout le monde en claquettes chaussettes la semaine prochaine : le public et les joueurs !
  • lamazonienbleu Non, non tenseur tu te trompes encore : beaucoup de stubistes préféreraient perdre contre Metz !
  • tenseur Même si le maintien est déjà acquis
  • tenseur Il faut gagner face à Metz à la Meinau
  • arthas Et Ajorque qui renouait avec une place de titulaire, mais pas de but
  • tendedret Mainz toujours barragiste après 1-1 à Heidenheim
  • guigs67 hello savez vous si il y a entrainement demain et si oui vers quelle h? le calendrier n'est pas à jour sur le site officiel. merci
  • cigonhao Je suis d accord. C est pour ca que je souffre moins devant l app FreeLigue1 que devant la télé
  • arthas Voire la Ligue Europa !
  • arthas Et la finale de Coupe d'Allemagne :D
  • indamixe mene actuellement 3-1
  • indamixe restera 2 matchs abordables au bayer pour une saison parfaite
  • gohelforever tu m'étonnes vu le jeu proposé....
  • cigonhao Syndrome dépressionaire aigue
  • lamazonienbleu En plus pour un dernier hommage à Gameiro et à la Meinau version 1984, il faut une victoire !
  • lamazonienbleu Bizarre tous les stubistes qui espèrent une victoire de Metz... Perso je n'y arrive pas
  • nicolesse68 Hopla un dernier match avant les vacances.
  • hoernel Il faudra rendre un grand hommage a kevin dimanche prochain

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