Sentiments pas du tout objectifs

Bon ! Un sentimental est sensible, romantique, fleur bleue, c’est-à-dire un peu fleur de nave quand même. Un supporter répond-il exactement à cette définition ? J’aurais tendance à dire que non, en observant les clients avec lesquels je me retrouve dans la Tribune ouest. Des gars qui ont tous une bonne trentaine d’années de moins que moi et qui m’ont adoubé tout naturellement parce que je suis le père de l’un d’entre eux. Mais on n’tire pas sur les vieux, car on n’tire pas sur Gemmrich. Et puis, on a tous probablement un papa. Même moi.

Metz et la Ligue, on t’enc..e !

Mais quand même, je vois le fossé à chaque fois. Ces gars-là sont pointus à mort concernant le foot, ils savent à-peu-près tout sur les équipes du monde entier, ils sont impitoyablement impitoyables dans leurs jugements, pleins de dérision et d’humour délirants. Ils se sautent dessus comme des sauvages, donc sur moi, à chaque fois qu’il y a un but pour nous. Et n’hésitent pas à utiliser des mots que la morale ambiante, c’est-à-dire celle de Marlène et de Roxana, réprouve à l’encontre de la Ligue ou du FC Metz. Ils sont trop sympas !

Courtois, quoi ?

Alors bon, moi dans tout ça, j’essaye de réprimer mes pulsions judéo-chrétiennes. Même qu’un jour, je leur ai dit : « Restons courtois ! » Alors Max m’a regardé comme si j’étais un flan et m’a dit : « Courtois, i joue au Real ! » Donc, j’ai remballé vite fait le mot et je me suis mis à hurler encore plus fort qu’eux que Metz et la Ligue, on allait leur faire un sort. Même que ça m’a vachement fait plaisir vu qu’il y avait longtemps qu’j’avais envie de dire ça à un tas de gens. C’est ça aussi le foot. Un exutoire populaire et il vaut mieux qu’il explose dans les stades que sur les barricades. Mais rev’nons à nos boutons. Suis-je le seul sentimental de la Tribune ouest ?

Martin-ez et Gonçalves sont chez Blayac à l’aise

Un club de foot, c’est une ville et concernant le Racing, surtout une région. Bref, c’est une identité et pas besoin de carte. Mais plus encore, une équipe, c’est des joueurs. Et ces gars, on a à chaque fois l’impression que ce sont des cousins. On est persuadé qu’ils sont collés au Racing comme la moule au récif. Et vlan, ils se barrent ! Et moi, à chaque fois, comme disait le Président Giscard déteint, et ben moi, « ça m’fait quelque chose ! » Notez bien, pas pour tous. Mais pour certains d’entre eux, c’est franchement un crève-cœur. Regardez, Blayac. J’arrive toujours pas à entraver pourquoi on l’a pas gardé un peu chez nous. Quand j’ai abordé ce sujet avec mon Seb de fils, il m’a dit à peu près : « Papa, t’es vraiment le seul sentimental de la Tribune ouest ! » Bon, ça m’a permis de répondre à la question d’avant.

Ensemble avec des gens qui te ressemblent

Donc, où voulais-je en venir ? Mais oui, c’est bien sûr ! J’voulais dire que le foot, dans sa diabolique machinerie à tondre le pognon des supporters, c’est pas seulement des stats qui s’tâtent, des passes décisives que même ça avait pas d’nom quand j’étais jeune, des « célébrations » dont certaines ne resteront pas célèbres ou des tifos que je m’demande à chaque fois comment ils arrivent à fabriquer des machins aussi invraisemblables (un beau sujet d’article pour notre Stub préféré ! Qui s’y colle ??). Le foot, évidemment quand tu aimes un club parce que c’est lui parce que c’est toi, c’est finalement pas uniquement du foot. Ou du moins, le foot, c’est une sorte de détail sympa et distrayant, sauf quand c’est Liénard évidemment. Imaginons un instant que le Racing joue sur un terrain en Guyane, ou en Nouvelle-Calédonie… Imaginons même qu’il soit Champion… Tu dis quoi ? Ben oui, c’est plus la même chose ! Il manque l’essentiel. Le lieu, c’est-à-dire la terre que t’a refilée ton paternel. La communauté, c’est-à-dire le groupe auquel tu appartiens et qui s’identifie à ce lieu et à son biotope. Les acteurs, c’est-à-dire des joueurs dont tu es fier vu que t’es persuadé qu’ils appartiennent à ta famille et que même tu les rencontres parfois aux Halles. Et surtout, c’est la joie d’être ensemble avec des gars qui te ressemblent et en plus ça rime, à la Meinau par exemple et par-dessus tout, en te fabriquant une nouvelle petite nation, pour remplacer la grande, celle qui fait tellement défaut aujourd’hui. Bon, mais ne serais-je pas en train de débiter des évidences pour remplir ma copie et avoir au-moins la moyenne ?

Voilà néanmoins pourquoi je suis footballistiquement sentimental, notamment quand Blayac, chez qui Martin-ez et Gonçalves sont à l’aise, se barre. Même que j’ai entamé une préparation psychologique pour le jour où Liénard fera définitivement une Meinau pause. Quelqu’un veut v’nir avec ?