Bordeaux, la passe de trois ?

Y a-t-il un pilote dans l'avion ?

Qu’on se le dise, à Strasbourg, les querelles entre actionnaires, on connait. Si vous voulez plus de détails, vous pouvez envoyer un message à @dariusliffe. A Bordeaux, en revanche, la situation est plutôt nouvelle. Petit point sur une situation assez complexe.

Après de longues années aux mains de M6, le club a été vendu à une société américaine, GACP, représenté par Joe DaGrosa. N’ayant pas la puissance financière nécessaire pour acheter et développer le club, GACP est obligé de s’associer à un fond d’investissement américain : King Street. Le montage est simple : GACP (avec 13.6% des parts) manage le club tandis que King Street (avec 86.4%) finance. Deux hommes sont placés à la tête du club : le propriétaire Joe DaGrosa (GACP) et le président Frédéric Longuépée (King Street).
Lors du rachat, Joe DaGrosa a surévalué les recettes du projet en présentant Bordeaux comme un investissement prometteur à moyen terme avec l’ambition de « faire des Girondins de Bordeaux un club de classe mondiale ». Pour cela, il met en avant la future augmentation des droits TV, une hausse des recettes liées au sponsoring et au merchandising, et bien sûr la revente de joueurs bordelais très prometteurs.

Joe DaGrosa a investi massivement cet été sur des joueurs peu chers mais avec des énormes salaires et s’est constitué un staff XXL. La masse salariale a explosé et King Street a dû renflouer les caisses pour éviter la banqueroute. Premières tensions.
Pour tenter de faire pencher les supporters bordelais de son côté, Joe DaGrosa a affirmé dans la presse que certains joueurs ciblés ‒ Olivier Giroud et Milan Badelj entre autres ‒ ne sont pas venus car King Street aurait refusé de mettre la main à la poche.

Parallèlement à cela, des problèmes de billetterie ont empêché les Ultras de se rendre dans leur tribune habituelle. Ces derniers reprochent aux dirigeants de faire passer le marketing avant le sportif.
Le fossé se creuse entre les capitaines du navire et les supporters. King Street, voyant l’ampleur de la situation et n’appréciant pas d’être la cible des attaques du public alors que la gestion de l’argent est faite par GACP, tranche donc dans le vif et souhaite maintenant reprendre le contrôle de la situation via le rachat des parts. King Street n’y connaissant rien au football, l’hypothèse la plus probante serait de se séparer au mercato hivernal de tous les joueurs bankables et de chercher un repreneur.

Début décembre, le conflit entre la direction du club et les supporters a pris une nouvelle dimension. Certains membres des Ultramarines ont décidé d’exprimer leur colère au bord du terrain pour protester contre l’interdiction de déployer leurs banderoles ce qui a entraîné l’interruption du match Bordeaux-Nîmes. En conséquence, le virage Sud sera fermé dimanche.
Aujourd’hui, Bordeaux se retrouve avec un effectif plutôt correct pour la Ligue 1 avec un très bon coach mais des comptes dans le rouge (on parle de plus de 30 M€ de déficit) et des dirigeants formant un binôme qui ne fonctionne plus. Les prochaines semaines seront donc décisives pour la survie du club.

Jamais 2 sans 3

Pour en revenir au sportif (c’est finalement ce qui nous intéresse le plus), les Strasbourgeois se déplacent chez des Bordelais plutôt convaincants depuis le début de saison. 5ème au classement avec 26 points, Bordeaux possède la 3ème attaque du championnat (28 buts). Avant leur défaite au Vélodrome (1-3), ils restaient sur un carton (6-0) face à Nîmes et une belle série de 5 matchs sans défaite.

Côté strasbourgeois, avec le retour du 4-4-2 losange, Thierry Laurey semble avoir trouvé son équipe type malgré des ajustements à prévoir en défense centrale. Malheureusement, avec un triste bilan qui comptabilise une victoire et un match nul en 8 déplacements, les Alsaciens voyagent mal cette saison.
Les absences surprises de Mohamed Simakan et Lebo Mothiba obligeront le technicien strasbourgeois à modifier son 11 de départ. On devrait donc voir Lamine Koné associé à Stefan Mitrovic dans l’axe de la défense, et Nuno Da Costa associé à Ludovic Ajorque en attaque.

Après des victoires en 2017 (0-3) et en 2018 (0-2), la tendance logique pencherait vers une victoire (0-1 ?) pour nos Bleus. Mais au Racing, on ne fait jamais les choses comme il le faudrait... La prudence est donc de mise.